Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

Stratégie › Guerre irrégulière, contre-insurrection

Fil des billets - Fil des commentaires

jeudi 4 février 2010

Low-cost : l’approche de la guerre par les coûts

Je vous ai dit que le thème du mois m'inspirait beaucoup. Commençons donc à examiner à quel point il est fructueux.

cover-livre-lowcost-att-basse-def.jpg

Qu’est-ce que le low-cost ? selon une perception courante, il s’agit d’offrir, avec une qualité plus ou moins légèrement réduite, des biens à des produits bas : le consommateur jugeant la différence de prix supérieure à la différence de prestation. Il s’agit donc d’une offre nouvelle, destinée à répondre à une demande privilégiant le facteur du prix. Cette offre est possible grâce à une compression des coûts de production et de distribution.

Enfin, le low-cost se développe parallèlement à la croissance du luxe, tant en chiffre d’affaire qu’en volume, selon une double direction : une démocratisation du luxe (tout le monde a une pochette Vuitton) et en même temps un agrandissement par le haut de la gamme du luxe (avec l’apparition d’un ultra luxe). Ces considérations aident à comprendre la notion de guerre low-cost, en se posant plusieurs questions :

Lire la suite...

mardi 8 décembre 2009

Logistique et temporalité

Je poursuis la réflexion sur ce sujet.

L’une des caractéristiques des guerres irrégulières modernes tient à leur durée. Le facteur temporel devient le plus important, d’où la nécessité d’une chronostratégie. En effet, celui qui tient ne perd pas, donc il gagne. Mais pour tenir, il faut tenir les lignes, surtout dans des dispositifs lacunaires où l’on ne tient plus le terrain. La logistique est ici essentielle : elle seule assure le temps, elle seule permet de ne pas perdre, donc de gagner.

La logistique permet de compenser dans le temps ce qu’on ne détient pas dans l’espace.

O. Kempf

samedi 28 novembre 2009

L'impopulaire guerre populaire

Certains expliquent que la guerre a désormais lieu au sein des populations.

D'autres qu'il faut parler de peuple, pour bien comprendre pourquoi notre intervention passe mal.

On est loin de la guerre populaire énoncée par Clausewitz : populaire en son double sens de guerre soutenue par le peuple, et guerre à laquelle le peuple prenait part.

Ou plutôt, et c'est ça qui change tout : la guerre est toujours populaire... mais c'est d'un autre peuple qu'il s'agit. Celui chez qui elle se fait. Ce qui explique qu'elle soit, chez nous, impopulaire....

O. Kempf

lundi 7 septembre 2009

A propos de la directive Mc Chrystal, et des CDG

Le général Gambotti m'adresse ce commentaire sur la dernière directive du général Mc Chrystal, commandant les troupes américaines en Afghanistan, et disposant la stratégie COIN qui sera mise en place là-bas. Cela parle de Centre de gravité, et de Clausewitz, bien sûr. J'ajoute à l'issue un petit commentaire....

Verbatim :

Sur le chemin de Canossa.

Puisque « tout ce qui est excessif est insignifiant », je ne dirai pas que l’ISAF Commander’s Conterinsurgency Guidance du général McChrystal acte la défaite de la pensée stratégique américaine ! Mais je pense que nous devons saisir cette effarante opportunité pour nous interroger sur les déficiences de la noosphère civilo-militaire américaine responsable de facto de la stratégie occidentale, des ses objectifs, de ses voies et de ses moyens. Comment cette superstructure intellectuelle la plus experte du monde, avec ses hommes éminents, ses remarquables universités, ses centres de recherche dédiés, ses think-tanks de toutes obédiences, ses organismes militaires spécialisés et ses brillants officiers -PhD pour certains ! - a-t-elle dû se résoudre à prendre le chemin de Canossa, avec comme viatique cette Directive qui aurait pu être signée de Lyautey, Beaufre ou Galula ? Pour fouailler un peu plus la plaie, ajoutons que quiconque réfléchit sur les guerres irrégulières conclut aisément et nécessairement que le centre de gravité de théâtre tourne autour de la population, alors que le général McChrystal , huit ans après le début de l’engagement en Afghanistan se voit contraint de construire et d’ordonner son Plan de campagne autour de cette banale évidence.

Tout ça pour ça ! Cette agrégation vertigineuse d’intelligences neuronales et tous ces Téraoctets d’intelligence artificielle pour conclure, comme Clausewitz en 1813, pourtant isolé dans ce combat, à la centralité du Landsturm dans la défense du pays envahi et ce faisant à l’importance cardinale de la population.

Pour ma part, en dérisoire observateur de ce méga- système que j’estime déficient, je ne peux qu’apporter une réponse de mécanicien de centre d’opérations, une appréciation d’artisan en quelque sorte. A mon sens, le diable est dans la conception de l’action, et dans ce qu’elle a de plus essentiel, la détermination du centre de gravité. Les opérations de guerre imposent, pour leur maîtrise, l’observance des règles fondamentales de la guerre, et de la première de ces lois, d’origine clausewitzienne, la guerre comme confrontation de deux centres de gravité. La détermination du centre de gravité adverse est donc d’une nécessité dirimante et sa méconnaissance devrait interdire l’engagement de la force pour résoudre les conflits. Tous les concepteurs et planificateurs américains sont culturellement persuadés de cette nécessité, mais mon hypothèse réside dans le fait que cette détermination au cours du processus de planification n’est pas faite avec toute la finesse nécessaire et qu’ainsi le centre de gravité n’est pas toujours pertinent. Trop souvent le choix de ce centre de gravité procède d’un calcul stratégique trop sommaire et consiste à désigner l’outil le plus évident de la puissance adverse – les exemples sont nombreux- alors qu’il est d’une essence plus subtile. C’est l’élément qui fédère l’ensemble des forces jusqu’à la synergie, et qui fait que la puissance de l’adversaire est la résultante optimisée de ces forces. Si j’osais un conseil de « petite main » pour la détermination du centre de gravité, je dirais qu’il faut chercher le foyer du champ de forces considérées. Pour risquer l’exemple de l’Afghanistan je pense que le centre de gravité de théâtre n’est pas la population, mais l’adhésion active de la population. La stratégie de la Force en Afghanistan consisterait donc à gagner cette adhésion et à l’interdire à l’adversaire. L’ISAF CC Guidance est sur cette ligne, la population est à la fois environnement, objectif, et lieu du centre de gravité. Ainsi cette guerre n’est-elle pas simplement une guerre au sein des populations- cette formule qui a fait florès est insuffisante- et pour approcher la vérité il faut faire encore appel à Clausewitz et à « la guerre comme un caméléon » ; dans ce type de guerre, dans ce jeu de «la petite tactique » selon la formule de Jomini, le caméléon est cul par-dessus tête et dans toute tentative pour raisonner ces guerres de limite de spectre il faut absolument considérer cette réalité irréductible : « dans ces guerres irrégulières, l’avant est d’abord l’arrière ».

J’ajouterai pour terminer que j’ai utilisé le mot « population », mais je pense qu’il faut réfléchir à lui substituer le mot « peuple ». Ainsi mon discours serait-il réintégré dans la trinité clausewitzienne de la guerre et l’adhésion du « peuple » afghan à la coalition, voire sa participation assumée à la lutte pour son propre destin, serait la certitude d’une victoire totale, parce que militaire et politique.

Fin de citation du Général Gambotti.

J'aouterai les remarques suivantes : selon ce qu'observent les officiers qui ont l'expérience de ces choses là (CID et MIEDEX d'Oberamergau), les planifications réduisent immanquablement le CDG à "la capacité du pouvoir à poursuivre la guerre avec l'adhésion de la population" (ou formulations similaires, que le général synthétise très bien) : en clair, et cela m'apparaît bien plus clairement aujourd'hui : le CDG est toujours politique !

C'est d'ailleurs une des raisons qui me pousse à ces études "géopolitiques", fondement, me semble-t-il, de la guerre et tout particulièrement de la guerre moderne.

O. Kempf

mercredi 10 juin 2009

Contre le terrorisme

Une question que m'ont posée mes étudiants de Sciences-Po : quelle différence y a-t-il entre anti-terrorisme et contre-terrorisme ?

J'ai bien été en peine de leur répondre.

D'ailleurs, à propos des COIN : pourquoi parler de contre-rébellion et pas d'anti-rébellion ? Y a-t-il une différence conceptuelle entre ces deux préfixes ?

Chers lecteurs spécialistes, me dire ....

O. Kempf

mardi 27 janvier 2009

Tigre tamouls : leçons d'une défaite

Outre les commentaires qu'on peut lire dans la presse, on retiendra quelques leçons de la victoire gouvernementale sri-lankaise sur le mouvement Tamoul. Carte

1/ Encore une guérilla révolutionnaire qui est vaincue, après les FARC en Colombie (voir ici les commentaires que j'en ai fait) Mais dans ce dernier cas, le processus est d'abord politique, quand dans le cas de Ceylan, il est militaire. Toutefois, en commun, les deux guérillas avaient leur ancienneté, et leur incapacité à évoluer : le cantonnement dans la logique de la guerre irrégulière, sans transformation politique, condamne tout mouvement. D'une certaine façon, à long terme, cela inverse le théorème de la guerre irrégulière : une non défaite n'est pas une victoire comme à court terme (pratique des Palestiniens depuis des années ou du Hezbollah en 2006), Dans la durée, une non-défaite est une défaite. Cela vaudra pour l'Irak. Et probablement pour l'Afghanistan.

2/ Les Tamouls avaient inventé l'attentat suicide : eh! non, ce n'est pas une invention des musulmans, comme on le croit trop souvent. Or, cette arme ne gagne pas non plus dans la durée.

3/ Autre intérêt, la guérilla tamoule est une guérilla séparatiste (différente donc de ce qu'on voit en Colombie et en Afghanistan). Cet échec suggère que le séparatisme, qui semblait être devenu une loi politique, peut buter sur une réalité. Même s'il est évident que cette victoire de Colombo n'est qu'un étape militaire vers un objectif politique, et qu'il faudra bien trouver les voies politiques de la réconciliation nationale. A défaut, ce serait une victoire temporaire.

O. Kempf

page 2 de 2 -