Egeablog - Le Manuel de Tallinn : - Commentaires2023-06-28T12:43:19+02:00Olivier Kempfurn:md5:fc9dfa5de5fd9856c4c7bdd45e8ff3c1DotclearLe Manuel de Tallinn : - bertrandurn:md5:c83db1a771fe0a8a18128a101c21eca02012-12-17T21:53:00+00:002012-12-17T21:53:00+00:00bertrand
<p>Bonsoir,<br />
Tout d' abord merci à O. Barat-Ginies. Devant l' absence troublante de commentaire sur cet article volontariste, je vais me permettre deux ou trois idées, un tantinet à rebrousse poil de ce qui est dit plus haut (j' essaie modestement d' exciter la réflexion...):<br />
Nonobstant les louables efforts de défrichage bien compris, il me semble que ce Manuel de Tallinn n' évite pas un écueil de taille que j' appellerais "l'autisme normatif de l' Ouest" et qui pourrait faire de cet avant-gardisme espéré un exercice de taxidermisme stratégique; soit qu'il s' agisse d' instiller dans les esprits quelque concept américain fumeux, soit qu'il faille à tout prix labourer les champs "cyber" dont la fluidité lisse trop parfaite nous angoisse dans notre rugosité d'esprits très organisés, déterministes - je m' explique;</p>
<p>1 - La volonté louable de vouloir définir des "normes" (j' explique les guillemets plus bas en #4) internationales en cyber-polémologie, ou cyber-conflictualité à tout le moins, va inéluctablement se heurter à la "volonté" des camps adverses - dont la rationalité et les normes sont diverses (Chine ? Iran ? etc?). Si l' on cherche à retrouver une dialectique nouvelle de la conflictualité (qui semble retrouver un champ plus libre dans le cyberespace), quelle pertinence si cela est fait "en interne", a fortiori OTAN, et a fortiori encore lorsque les limites interprétatives ne sont pas même consensuelles dans ce groupe ? Sans compter l'aspect fluide/lisse du cyberespace qui complique presque infiniment (car indéfiniment), déjà, les calculs, l' équation ne sera jamais complète si l'interprétation adverse n' est pas connue a minima (ce qui est aussi presque impossible, de par la "nature" du cyberespace).</p>
<p>2- Nous sommes donc selon moi, avec ce manuel, sur une tentative de définition de la conflictualité dans le cyberespace qui tient plus du réflexe de Pavlov occidentalo-centré que d' une vraie pensée stratégique. Le risque est ici de cristalliser trop tôt une pensée qui doit pourtant rester fluide, propre à son objet. Ainsi, l' affirmation " Il est grand temps qu'une position juridique cyber française émerge" ne me semble pas évidente. Et je ne pense pas que les français aient pour caractère de mal ou peu conceptualiser... Au contraire ! Non, ça n' est pas parce que la complexité du cyberespace est plus rapidement peignée par une approche empire plus typiquement anglo-saxone que les jeux sont faits ! Le premier qui aura parlé n' aura pas forcément raison... à condition il est vrai que le réflexion soit engagée en France, et nous savons qu' elle l' est bel et bien.</p>
<p>3- Autre contrepied, l' exemple des normes internationales déjà présentes dans le champ "classique" (conventions de Genève, Charte ONU, etc.). Ces normes sont allègrement piétinées dès lors qu'une situation devient trop critique pour tel ou tel Etat westphalien qui les placera toujours en dessous de ses intérêts vitaux (USA après le 9/11, Israel vs Palestine). Comment espérer/croire soi-même appliquer des normes similaires au cyberespace, éminemment incertain et propice aux actions clandestines ?</p>
<p>4-En effet, la conceptualisation de normes en cyber-conflictualité est-elle possible, même ? Je postule que le seul vrai déterminant du cyberespace est la couche informationnelle : elle seule apporte la complexité terminale qui - sous-tendue par les réseaux, i.e. la couche matérielle /logicielle tj rugueuse mais portée à une finesse de granularité au mieux asymptotique car toujours physique - fait du cyberespace un milieu véritablement fluide et lisse. Partant, dans un tel milieu, tout se vaut, c' est le libéralisme à outrance et tout azimut. Normaliser la conflictualité cybernétique reviendrait alors à conceptualiser l' Humanité même, unifiée par la Toile et déliée de ses atavismes politiques (puisque la Toile devient trans-frontalière, trans-nationale, trans-étatique, etc.). Possible ? En tout cas bien plus complexe que la déjà très complexe théorie (en admettant qu' elle soit Une) des relations internationales de notre vénérable grand père (par exemple R. Aron, qui en avait poutant compris plus qu'on ne lui reconnait avec sa déjà fluide "praxéologie de l' action"!).</p>
<p>J'arrête ici pour ce soir, mais j' y reviendrai avec plaisir!</p>
<p>Bien à vous.</p>
egea: d'accord avec votre analyse de l'occidentalisme de l'approche. Sur espace lisse voir mon bouquin. Et sur la marginalité de l'approche juridique ou plus exactement son innefficacité, le voir aussi en complement de votre point de vue.