Egeablog - Stratégie systémique - Commentaires2023-06-28T12:43:19+02:00Olivier Kempfurn:md5:fc9dfa5de5fd9856c4c7bdd45e8ff3c1DotclearStratégie systémique - Jean-Pierre Gambottiurn:md5:212881b832128a62faac90dff00df36b2010-02-21T19:58:00+00:002010-02-21T19:58:00+00:00Jean-Pierre Gambotti
<p>Faut-il qu’il soit des guerres comme des affaires plus communes de
la Cité, que l’on connaisse les solutions pour résoudre les crises mais
que l’on préfère la recette Queuille ? Sur les Théâtres d’engagement
actuels se déroulent de vraies guerres et les stratégies à mener sont
nécessairement globales ou totales, au sens des bons penseurs de la
guerre. Et ce n’est pas sur ce site que je rappellerais que si la
responsabilité de la guerre est l’attribut de Prince, c’est parce que
Le Ziel et le Zweck , le but et la finalité de la guerre, ressortissent
respectivement au militaire et au politique, et que s’ils doivent être
distincts ils n’en sont pas moins symbiotiques. Notons que le Prince
aujourd’hui, est « chef des armées » chez certain, « commandant en chef
» chez l’autre ! La solution ne se trouve plus dans la stratégie
dilatoire de Queuille, elle est par essence dans la Politique et ce
faisant dans l’application d’une stratégie de ce niveau, totale ou
globale. Ainsi penser et conduire la guerre en s’exonérant des « plans
parallèles », pour reprendre l’image du GOP, c’est méconnaître le Ziel
et le Zweck , je ne peux imaginer que les guerres soient considérées
comme si peu sérieuses par le politique qu’il ne les laisse qu’aux
militaires. Mais encore est-il nécessaire pour les co-responsables de
la guerre et responsables des domaines PMESII, qu’ils s’emparent de la
Stratégie et considèrent que c’est essentiellement leur métier, pas
uniquement celui du soldat. Je ne doute pas que le Prince les pousse
dans cette révolution plus que culturelle, puisqu’il s’agit de nos
intérêts vitaux.<br />
Pour revenir à nos états-majors, je ne suis pas aussi péremptoire que
vous quant à l’absence de spécialistes pour traiter des « plans
parallèles » PMESII. Ce que nous connaissons de la stratégie actuelle
en Afghanistan me laisse supposer que l’approche est bien globale. Mais
l’est-elle suffisamment ? Le retex politico-militaire de l’opération
Mushtarak pourra peut-être nous éclairer.<br />
Très cordialement.<br />
Jean-Pierre Gambotti<br />
PS : Excellente prestation sur France 24, le podcast est toujours valide !</p>
Stratégie systémique - Jean-Pierre Gambottiurn:md5:3edf2fc415913e399d1c89b429935f702010-02-21T19:58:00+00:002010-02-21T19:58:00+00:00Jean-Pierre Gambotti
<p>Bien que Foch nous ait exhortés à « Penser la guerre » il y a plus
d’un siècle, nous continuons à nous complaire dans le rôle du traineur
de sabre génial, supposant que dans la contingence l’intuition vient
aux grands capitaines et qu’il n’est point nécessaire de s’oxyder les
neurones avec des méthodes de conception des opérations abstruses.
Ainsi la guerre change une nouvelle fois de forme et nous tentons de
gérer son exponentielle complexité avec un outil de la linéarité !<br />
J’ai relu avec beaucoup d’attention mon billet « Bertalanffy
versus Clausewitz ? » et, permettez-moi cette vanité, j’estime qu’il
est d’une criante actualité. En google-lisant même superficiellement
sur la systémique et la stratégie, le nombre d’études sur le sujet, et
certaines très proches de mes idées, montre le besoin chez les
opérationnels d’outre-Atlantique notamment, d’un outil de conception
plus adapté aux guerres actuelles. Contrairement aux thèses développées
par les critiques les plus virulents, la systémique n’est pas le
produit d’une complexification de la méthode cartésienne, mais au
contraire le Discours de la méthode.., n’est qu’un cas particulier de
la non-linéarité. <br />
Comment refuser d’admettre aujourd’hui qu’un théâtre d’engagement est
un système de systèmes PMESII en interrelations, et que son approche ne
peut être qu’holistique ? Clausewitz déjà avait ressenti la nécessité
de considérer le phénomène dans sa totalité et je vous renvoie à Guerre
et Politique selon Clausewitz, d’Eric Weil <a href="http://www.persee.fr," rel="nofollow" title="http://www.persee.fr,">http://www.persee.fr,</a> qui cite CVC « <em>La
guerre ne peut pas suivre ses propres lois, mais doit être regardée
comme partie d’un autre tout –et ce tout est la politique…</em> »
(Livre VIII Chapitre 6b). Mais je ne voudrais pas affaiblir mon
argumentation par trop peu d’exemples, de la trinité à la polarité dans
toute son œuvre, Clausewitz traite de la guerre en pré-systémicien.</p>
<p>Mais revenons sur deux de vos remarques provocatrices destinées à inciter le lecteur à la relance !<br />
Auparavant votre titre. Il ne s’agit pas pour moi de « Stratégie
systémique » mais de la nécessité en s’appuyant sur la systémique
d’élaborer un « <em>outil d’aide à la conception stratégique</em> », j’y reviens immédiatement.<br />
Car sur l’intellectualisme de la démarche, je plaide coupable, mais
point trop. Comment expliquer plus simplement l’approche système qui
par nature traite de la complexité ? Je vais tenter de faire appel à
vos souvenirs en rappelant que dans une annexe du GOP existe un schéma
montrant le cheminement d’une opération-type, c'est-à-dire le tracé des
lignes d’opérations militaires du CdG ami jusqu’au CdG ennemi et aux
EFR militaire et politique, … pour faire court. Cette représentation
des opérations est faite dans un plan qui laisse découvrir des plans
parallèles nommés, diplomatique, économique…Ce schéma est plein de
sens, puisqu’il explique que pour atteindre l’EFR politique, des
entreprises –ou manœuvres- autres que militaires sont menées
concomitamment et parallèlement. J’insiste sur le « parallèlement » qui
montre que nous sommes dans une démarche linéaire, il n’y pas
d’interrelations formalisées entre les domaines. D’évidence ce schéma
est inadapté aux guerres actuelles qui par nature concernent et
combinent tous les PMESII. Ainsi les lignes d’opérations de chacun des
domaines ne sont plus dans des plans parallèles mais traversent le
faisceau de plans, se combinent entre elles, rendant les points
décisifs de nature PMESII multiple. Nous sommes dans un espace
d’interrelations complexes, d’interactions et de rétroactions, dans un
système de systèmes.<br />
Pour terminer avec votre remarque sur Clausewitz et la linéarité, vous
pouvez constater que son approche de la bataille et de la guerre est
bien contraire à cette idée, puisqu’en permanence et systématiquement (
?) dans ses raisonnements il pose le problème de la rétroaction,
l’action de l’effet sur la cause, un des fondements de la systémique !<br />
Ai-je été moins abscons ?<br />
Très cordialement<br />
Jean-Pierre Gambotti</p>
<p>égéa : ah ! mes remarques à l'emporte pièce suscitent un débat
piquant, et j'en suis heureux. Revenons à la GOP, que j'ai pratiquée et
même vaguement enseignée, autrefois, du côté de la Bavière, lors d'un
séminaire Midex pour ceux à qui ça dit quelque chose.<br />
Oui, je me souviens parfaitement des lignes d'opération qui vont d'un
CDG à un autre, avec EFR, points décisifs etc, plans de manoeuvre
(qu'il faut faire et qu'on fait rarement), etc... Beau comme l'antique,
on arrivait même à formaliser et, <em>horresco referens</em>,
à "modéliser" puisque tel était mon job. Mais il faut bien convenir que
si on évoquait, pour la forme, les autres plans, (diplo, politique,
économique, ..) personne ne les étudiait vraiment. Quant à les tracer
ou, mieux encore, les écrire... ! Ne rêvez pas.<br />
Me dire qu'il faut donc non seulement les décrire mais qui plus est
tracer des lignes d'opérations multiplanaires (puisqu'aussi bien, si
j'ai bien compris votre démonstration pédagogique, le non-linéaire dont
on nous parle revient à du multi-plan), j'en reste ébaubi... et un peu
défait : car qui va décrire les autres plans ? et qui arbitrera les
"sauts" d'un plan à un autre ?<br />
Oui, je sais, il y a les MNE's (<em>multinational experiments</em>),
et d'une certaine façon c'en est l'objet. Mais on voit peu de choses
sortir, m'apparaît-il : ou alors, qu'un participant à ces MNE témoigne
et vienne apporter la pierre à notre débat.<br />
Disons le tout net : chacun voit bien la nécessité d'un interagence,
selon le vocable américain qui décrit, platement, notre
interministériel... à ceci près que je ne vois pas beaucoup les
énarques des autres ministères s'intéresser à la chose (en temps de
paix) et qu'il faut bien que ceux que ça intéresse (stratèges et
stratégistes) le fassent à leur place.<br />
Dès lors, cher mon général (puisque vous acceptez cet affectueux
surnom, qui plus est correct, m'avez vous dit un jour), faut-il que
nous écrivions ces lignes d'opération à leur place ? cela légitime plus
que jamais l'intérêt du stratège, clausewitzien ou non, pour la
politique et pour l'économie.... <br />
Mais je crois avoir suffisamment plaidé cette chose dans ces colonnes
pour ne pas insister, encore une fois, au risque de vous lasser.. <br />
Chacun ses marottes !<br />
Très cordialement,<br />
O. Kempf</p>
Stratégie systémique - Laurenturn:md5:17502a3d20f6dc3723b4afa82a8137f02010-02-21T19:58:00+00:002010-02-21T19:58:00+00:00Laurent
<p>Discussion passionnante et tout à fait bienvenue ! J'oserais dire
qu'il était temps... Mais je passerai pour un cuistre. Toutefois, que
l'on me permette de rappeler que cette pensée systémique était l'un des
fondements des théories soviétiques de l'art opératif, et ce dès les
années 20 !! C'est donc dans cette direction qu'il convient (aussi)
d'aller. Il ne s'agit bien sûr pas de copier l'Armée rouge (qui avait
ses pathologies par ailleurs), ni de se préparer à des guerres
mécanisées lourdes à coup de divisions blindées, mais de s'inspirer, de
s'imprégner de ces penseurs-là. N'en déplaise aux conservateurs et aux
philistins de tous poils :</p>
<ul><li>
- les militaires allemands des 2 guerres mondiales qui n'ont décidément rien compris à rien ;</li>
<li>
- la cohorte encore bien vivante de leurs admirateurs béats (et pas toujours naïfs) ;</li>
<li>- les pseudo-théoriciens crispés qui ne veulent pas admettre
jusqu'à l'existence d'un niveau opératif (il est vrai que, pour eux, la
production intellectuelle de l'humanité s'arrête quelque part entre
1850 et 1890, et ce dans tous les domaines, pas uniquement le militaire
; car après vient le règne de la pensée
"judéo-marxo-américano-décadente") ;</li>
<li>- ceux qui ne veulent rien entendre sur cette affaire car il est
hors de question d'admettre que quelque chose de génial ait pu sortir
de chez les "Rouges" ;</li>
<li>- ceux qui sont incapables de voir plus loin que le bout de leur
nez (et de leur cerveau d'adolescent "qui aime la bagarre"), et pour
lesquels l'art de la guerre commence et s'arrête à la tactique (dans le
meilleur des cas) ou au "professionnalisme" militaire (certes
indispensable, mais qui ne constitue qu'une petite partie des domaines
d'excellence à maîtriser) ;</li>
<li>- la catégorie - très proche de la précédente - des "adolescents
boutonneux", cette fois, pour lesquels tout est une question de
technologie, en d'autres termes, les "idiots utiles" des industriels ;</li>
<li>- à l'autre bout du spectre, la catégorie des authentiques
cuistres, snobs, suffisants et méprisants, pour lesquels l'art de la
guerre commence et s'arrête aux questions diplomatico-stratégiques
("science-poteux" et autres mauvais spécialistes des relations
internationales) ;</li>
<li>- l'establishment militaire américain, qui ne fonctionne que par
"modes" et s'avère donc incapable de creuser à fond une piste
intellectuelle, même quand elle est bonne et que c'est eux-mêmes qui
l'ont mise en lumière (ce sont eux à qui l'on doit la redécouverte des
théoriciens soviétiques de l'art opératif, mais ils l'ont déjà laissé
tombé sans l'avoir véritablement exploitée ; ce sont eux qui ont lancé
l'excellente idée de "RMA", mais qui se sont avérés incapables de
transformer l'essai et d'en faire un authentique concept, d'où son
abandon, exactement comme un gamin impatient qui jette - après l'avoir
cassé - un jouet dont il ne parvenait pas à comprendre le
fonctionnement ou l'intérêt) ;</li>
</ul>
<p>
Je m'arrête là. Je pourrais continuer encore longtemps ma "target designation".<br />Toujours
est-il que, s'il convient en effet de se pencher avec attention sur la
pensée systémique, alors il faut reconnaître qu'il convient également
d'étudier ces glorieux précurseurs. Après tout, cela nous ferait
peut-être gagner du temps et nous éviterait peut-être aussi de
réinventer l'eau chaude ?</p>
Stratégie systémique - JHurn:md5:3fbfa848afcda0db85d3aa3dfc9d4c992010-02-21T19:58:00+00:002010-02-21T19:58:00+00:00JH
<p>Merci m'sieur ;o) A vrai dire, on a commencé y'a quelques temps, en
revenant d'abord sur les travaux de Shimon Naveh et son application de
la théorie du système à l'art opératif. Benoist a embrayé et
maintenant, c'est la folie ;o)</p>
<p>Plus sérieusement, sur CVC, je pense qu'il faut distinguer "rapport
de force" et (non)linéarité; les deux évoluent sur deux plans
différents. On peut la jouer non linéaire et être adepte du rapport de
force (Mao, Guevara) et être linéaire en rejetant le rapport de force
(dans une certaine mesure, Brossolet).</p>
<p>D'ailleurs, Beyerchen, Chris Wasinski et d'autres ont bien mis en
évidence le fait que tonton Carl était sans doute un des premiers
penseurs de la théorie du chaos (et donc du non linéaire - le chaos
pouvant être ordonnancé en théorie, au contraire de l'anarchie, qui ne
procède d'aucun ordre, aucune rationalité). Là, je me permet de
renvoyer à un chapitre d'ouvrage que j'avais écrit en 2004 pour "Au
risque du chaos" et évoquant ces question dans le cadre de ce qu'on
appelait alors du "néo-clausewitzianisme".</p>
<p>L'ouvrage de Motte et Bardiès (Dir.) sur le colloque de Coët
consacré à Carl allait aussi dans le même sens. Et je pense que Benoît
Durieux ne nous contredira pas, et pas uniquement parceque CVC cherche
à penser l'incertain ou le brouillard de la guerre...</p>
<p>Tout cel, selon moi, va dans un sens : celui des engagements
hybrides avec un renouveau des formes de la techno-guérilla, non
seulement au plan des groupes subétatiques mais aussi au niveau
étatique. Une série d'exemples, chinois ou iraniens, m'y incitent. Mais
bon,j'ai déjà pas mal écris sur le sujet ;o) Sur ce, je retourne à mes
sous-marins ;o)<br />
Egéa : salut Joseph, merci de tes commetnaires : Benoît, j'espère que
de tes perms tu suis le débat et que tu vas réagir, toi aussi ?</p>