Egeablog - Mélancolie française d'Eric Zemmour - Commentaires2023-06-28T12:43:19+02:00Olivier Kempfurn:md5:fc9dfa5de5fd9856c4c7bdd45e8ff3c1DotclearMélancolie française d'Eric Zemmour - urn:md5:27a2a1f954abbafbca989c720ecb741c2010-08-01T16:08:00+00:002010-08-01T16:08:00+00:00
<p>Le « phénomène de fracture » dont Etienne (pichu) nous rappelle ici
qu’on en entend souvent parler est aussi un de ces thèmes pessimistes
et récurrents évoqués par les discoureurs, chroniqueurs, auteurs,
politiciens, qui n’ont rien à dire mais sont payés pour dire. Le thème
de la fracture est même tellement classique, presque un tic de langage,
que les gentilles spikerines de la météo à la télé en font un usage
habituel pour agrémenter leur bulletin d’une touche d’humour : «
aujourd’hui, la France est coupée en deux ». Selon les jours, on nous
montre sur l’Hexagone une fracture atmosphérique nord-sud ou est-ouest.
Parfois la fracture est même oblique, je vous laisse imaginer la
soudaine angoisse qui étreint alors le téléspectateur.</p>
<p>La prétendue « fracture » que trop de gens croient voir dans la
société française résulte seulement de notre facilité à classer les
gens dans de multiples catégories mal délimitées, mais classement qui
favorise les raisonnements simples : les riches / les pauvres ; les
blancs / les noirs ; les parisiens / les provinciaux ; les syndiqués /
les non-syndiqués ; les …istes / les non …istes (mettez ce que vous
voulez à la place des points devant …istes, toujours au pluriel car il
s’agit de groupes). En catégorisant la société l’on fait apparaître des
différences qui sont extrêmement ténues, voire inexistantes (tous ces
gens se retrouvent dans les mêmes bistrots, les mêmes métros et
regardent la météo devant les mêmes télé), mais différences infimes
qu’il est ensuite commode d’exagérer et de placer sous forme de
fracture-à-réduire dans n’importe quel discours antidiscriminatoire.</p>
Mélancolie française d'Eric Zemmour - Etienne (pichu)urn:md5:27010e567cd1c032b5c0a94bcc95f9aa2010-08-01T16:08:00+00:002010-08-01T16:08:00+00:00Etienne (pichu)
<p>Bonjour,</p>
<p>Je rejoins les précédents posts. Ce qui me dérange avec Eric Zemmour
c'est son discours volontiers provocateur, maurassien, et ce qui le
rend inattaquable (contrairement à ses idoles de l'Action Française)
c'est sa judéité laïque dans laquelle il s'enveloppe pour contrecarrer
toute éventuelle accusation de racisme ou xénophobie et qu'il
revendique à tout bout de champs. Ce type de chroniqueur lambda,
phénomène de foire dans des émissions télévisuelles, ne sert qu'à
exacerber les lignes de fracture d'une société française qui doute,
confrontée à une mondialisation anxiogène, une desindustrialisation
rapide, un chômage des jeunes structurellement haut, bref, une perte de
prestige et de répères. Ce phénomène de fracture n'est pas récent (cf
Pierre Nora dans les Lieux de mémoire qui parle de
bourguignons/armagnacs, droite/gauche, catholiques/protestants.....mais
ces nouveaux déclinologues jouent toujours sur ce sentiment d'angoisse
qui règne dans la société, sans rien proposer de concret. Monter les
communautés les unes contre les autres, sur-réagir sur toute
information (ex: le comportement des Bleus à la coupe du monde est
censé montrer l'échec du modèle français d'intégration....), est ce
cela qui va unir le pays face aux défis du XX eme siècle? Il est urgent
qu'un projet national apaisé et volontariste mobilise nos forces vives.
Constater comme Zemmour et appuyer là où cela fait mal c'est
nécessaire, mais quid des propositions pour en sortir par le haut?</p>
Mélancolie française d'Eric Zemmour - Pierre AGERONurn:md5:8841f76a9d9230695655689403a9c9be2010-08-01T16:08:00+00:002010-08-01T16:08:00+00:00Pierre AGERON
<p>Même si la géohistoire semble un objet flou, il me semble possible
néanmoins d'en donner une définition, si ce n'est consensuelle, du
moins scientifiquement acceptable. Elle émane du géographe C.
Grataloup,Pr à Paris VII, principal théoricien de cette approche.<br />
"<em>Etude
géographique des processus historiques, la géohistoire consiste à
mobiliser les outils du géographe pour composer une explication des
événements et des périodicités partant de l'hypothèse que la
localisation des phénomènes est une dimensio fondamentale de leur
logique même [... Elle] analyse des découpages spatiaux et [...] leurs
articulation scalaire. [...]. Cette échelle d'espace est également une
échelle de temps</em>." CG in Lévy et Lussault (dir) Dictionnaire de géographie et de l'espace des sociétés, Belin, p. 401.<br />
Cf. son ouvrage théorique fondamental "<ins>Lieux d'histoire. Essai de géohistoire systématique</ins>" Reclus/Doc Française, 1996.<br />
Parmi les influences à l'origine de ses travaux, citons
l'incontournable Braudel, Wallerstein, Dolfuss, Alain Reynaud (Une
Géohistoire, la Chine des Printemps et des automnes, 1992).<br />
Cette approche vise à comprendre les processus à l'œuvre dans la
Mondialisation, définie comme "émergence du Monde en tant que lieu" (J.
Lévy), échelle désormais pertinente d'appréhension des phénomènes
spatiaux.<br />
Cf. J. Lévy L'invention du Monde, Presses de Sc Po et le très bel essai
de S. Gruzinski "Les quatre parties du Monde" (Points Seuil Histoire)
sur les relations entre Chine et Amérique des Grandes découvertes à
l'époque moderne"</p>
<p><ins><br />
égéa </ins>: vous avez raison de citer Grataloup, qui est
effectivement le réinventeur de la géohistoire. Toutefois, depuis
l'invention du mot par Braudel, et son abandon par le même, le mot n'a
pas d'acception agréée (pas plus,d 'ailleurs, que géopolitique, puisque
ce mot là aussi suscite débat, d'ailleurs autour de "l'école" Grataloup
Rosière etc... et la revue <em>espaces-temps</em> (qui malheureusement tourne un peu "entre elle" ....)<br />
S'agissant de Grataloup, je rendrai compte très bientôt de son magnifique ouvrage "<ins>l'invention des continents</ins>" que je viens d'achever.</p>
Mélancolie française d'Eric Zemmour - Thibault Lamidelurn:md5:ae09430928d031529ae1a0b64e4a90c22010-08-01T16:08:00+00:002010-08-01T16:08:00+00:00Thibault Lamidel
<p>Je raccroche à Yves Cadiou... Ce qui me fait bien rire, étant donné
que je collectionne tout ces fabuleux livres qui prédisent la fin de la
France (je ne me lasse pas des les lire, c'est paradoxale). Citons le
fameux "Réformer ou abdiquer" qui prenait le relais. Je lierai bien
celui-là pour voir ce que cet auteur controversé (par la bien séance
médiatique à deux francs) a dans le ventre.</p>
<p>Plus sérieusement, le débat lancé par monsieur Cadiou rejoint, pour
moi, les débats sur la Défaite de 40 : la vision de Vichy. Et ses
ramifications actuelles : la Crise économique, financière,
existe-t-elle ? Les stations de "vacances" ne désemplissent pas en
France. Les "bouchons" encombrent toujours nos belles autoroutes.
Existe-t-il vraiment une crise ? Le problème c'est peut être de
repenser l'avenir. Ou de proposer un avenir commun. Et de faire
table-rase de certains modèles. Voir de les réinventer.</p>
<p>Et de les rêver ! Le rêve a quitter la société française, ce qui est regrettable.</p>
<p>Le chapitre sur le Commissaire doit être géniale. Peut être qu'il
rendra compte enfin que l'élite de la société française refuse de
prendre l'UE au sérieux et de nous donner les moyens de se
l'approprier. En comparaison, les allemands excellent dans le domaine...</p>
<p>Par exemple, je regarde la couverture du livre présenté. Un grand
drapeau, un aigle. Empire ?... Françafrique ? Mais " L'Empire français"
a-t-il disparu ? Souvenez vous dont des capitales africaines qui ont
voté en masse pour la candidature du Brésil au JO de 2016 contre le
Chicago d'Obama. Ce n'était pas une victoire du seul Empire français.
Mais peut être que cet Empire a été repensé entre temps : Francophonie,
Union latine, Union Européenne, etc... Vous avez observé notre
glissement géostratégique de l'Afrique vers l'Arabie ? En coopération
avec le Brésil ? La péninsule arabique se francise...</p>
<p>Actuellement, nous avons qualitativement une flotte qui dépasse,
centimètre après centimètre, la Royal Navy. Et par jeux d'alliances ou
de situations stratégiques, nous avons peut être la deuxième flotte de
Guerre mondiale.<br />
Pourquoi encore la Marine ? C'est peut être le symbole historique de la possession d'un Empire...</p>
Mélancolie française d'Eric Zemmour - urn:md5:6d6d9c2b3435a3d403c26fa413b3b0af2010-08-01T16:08:00+00:002010-08-01T16:08:00+00:00
<p>Merci de cette fiche de lecture qui m’évitera de m’intéresser plus longtemps à ce livre dont le titre, lui-même, est déjà répulsif. Titre répulsif parce qu’il évoque le refrain que j’entends depuis cinquante ans de la part des sempiternels vieux cons. Pas toujours vieux, pas toujours les mêmes, mais toujours le même refrain : « c’est plus comme avant, c’est foutu, on s’en sortira pas, etc ». Depuis un demi-siècle j’entends ça sinon vraiment tous les jours, du moins de façon récurrente, et ça commence à bien faire.</p>
<p>D’autant que mes souvenirs me permettent de voir la France aujourd’hui plus solide qu’elle n’était, de comparer les années cinquante / soixante et l’époque actuelle.</p>
<p>L’évolution qui s’est faite (ne serait-ce que cette Toile qui nous permet de dialoguer, qui n’est pas seulement un progrès matériel mais aussi un support de la francophonie et de notre âme collective), cette évolution est tellement extraordinaire dans tous les domaines que beaucoup de gens sont dépassés et s’inquiètent. Ce n’est pas nouveau : la vieille formule « on n’arrête pas le progrès » contient depuis toujours (probablement depuis l’invention du feu) une nuance d’inquiétude sincère. Sur cette inquiétude « surfent » un certain nombre d’auteurs sans originalité qui espèrent ainsi trouver une clientèle pour leur bouquin.</p>
<p>C’est à peu près toujours le même bouquin, dont la dimension et le ton sont adaptés à chaque lectorat et à la notoriété de l’auteur depuis Platon et son Atlantide qui est déjà une promesse de catastrophe. Plus modeste mais de la même veine, nous avons eu « le mal français » d’Alain Peyrefitte en 1976 et très récemment « le syndrome du Titanic » qu’on oubliera avant épuisement du stock. Toujours le même argument qu’il suffit de réactualiser et d’insérer dans le domaine dont on veut parler.</p>
<p>En ce moment Zemmour n’est pas seul sur ce créneau : Jérôme Duhamel vient de commettre, lui aussi avant les vacances d’été, un « C’était mieux avant ! 250 coups de gueule sur la France d'aujourd'hui ». Voici un extrait de sa fiche de présentation : « Léon Blum, qui n'avait pas de Rolex, a-t-il raté sa vie ? Louise Michel et Jean Jaurès méritaient-ils d'avoir Ségolène et Jack comme héritiers ? A quoi sert l'Académie française si elle ne dénonce pas un président qui massacre notre langue ? La politesse et le respect étaient-ils des valeurs moins sûres que la grossièreté et le je-m'en-foutisme actuels ? »</p>
<p>Le thème de la nostalgie, du tout-fout-l’camp, de la vision pessimiste de l’avenir a toujours été vendeur. C’est facile, trop facile, trop vieux, trop con. Pour ma part, j’ai un antidote : je suis en train de relire « l’histoire de France vue par San-Antonio » et je vous le recommande.</p>
<p>Cette « histoire de France » de Frédéric Dard a le double mérite de ne pas se prendre au sérieux et d’avoir capté la solidité des ressorts de la France éternelle. Peu importe si l’auteur s’égare parfois, par exemple en nous montrant que le Mousquetaire Bérugnan est le père de Louis XIV.<br />
Foin de la mélancolie !</p>