Egeablog - T'rristes, bande de jeunes c...! - Commentaires2023-06-28T12:43:19+02:00Olivier Kempfurn:md5:fc9dfa5de5fd9856c4c7bdd45e8ff3c1DotclearT'rristes, bande de jeunes c...! - Aurelurn:md5:8ac1cb7f24b435b678a5c8a8b8fa5b2b2010-11-19T14:55:00+00:002010-11-19T14:55:00+00:00Aurel
<p>concernant le point 1) d'Yves Cadiou sur les américains et la
terreur, j'ai posé la question à un collègue qui vient de l'Alabama.
Bien sur ce n'est que son ressenti et ce qu'il a recueilli d'autres
personnes (avant que je lui pose la question).<br />
Toujours est il que d'après lui, les gens ne sont pas terrorisés, ce
serait donc une mise en scène de la terreur. Pour le 11 septembre, il
semblerait qu'il y ai quand même eu un choc violent pendant quelques
mois mais aujourd'hui... "c'était il y a dix ans!" m'a t-il dit, comme
si on parlait d'une époque déjà lointaine et presque oubliée. ce qu'il
constate tout de même c'est un peu plus de vigilance ou d'attention de
la part des gens. mais de terreur pas vraiment.</p>
<p>pour finir il me disait que si il était terroriste, il ferait une
attaque en plein milieu des états-unis, genre Kansas City. Tous les
américains seraient marqués par cet acte, parce-que c'est improbable et
impensable qu'il y un attentat en plein cœur du pays même si il n'y a
aucune cible stratégique. Alors que New-York... c'est la-bas, au bord,
d'une certaine manière c'est compréhensible.</p>
<p>égéa : oui, vous mettez bien en lumière les regard différents que
l'Amérique porte sur elle-même, selon les yeux. On parle de "vision du
monde" : l'expression oublie trop souvent que ce "point de vue" dépend,
toujours, du lieu d'où l'on regarde.</p>
T'rristes, bande de jeunes c...! - yves cadiouurn:md5:3d73b329a02f167989d0e04de3a1c7232010-11-19T14:55:00+00:002010-11-19T14:55:00+00:00yves cadiou
<p>1 / Concernant les Etats-Unis, il faut se demander s’ils sont aussi
terrorisés qu’on le dit ou si ce n’est pas, là encore, une mise en
scène de la terreur.</p>
<p>2 / Sur le « moral resplendissant » et la résilience française du
début des années soixante, je voudrais ajouter un souvenir : les
Nouveaux Francs datent du 1er janvier 1960. Les billets étaient ceux
des Anciens Francs sur lesquels deux zéros avaient été barrés. Ils ont
été remplacés au rythme normal de renouvellement des billets. Les
pièces n'ont pas changé immédiatement mais il fallait dire « dix
centimes » (un mot inusité depuis longtemps) au lieu de dire « dix
francs » :</p>
<p>« ---- Vous m’avez donné seulement trois centimes, Ma’ame Michue, alors que le prix c’est trois francs.<br />
---- Mais… je vous ai pas donné trois francs ?<br />
---- Non, maintenant ça s’appelle des centimes. Pas vrai, les enfants ?<br />
---- Oui c’est vrai, maintenant ça s’appelle des centimes, Ma’ame Michue.<br />
---- Ah, c’est que je m’y perds. Moi j’ai appris avant la Grande
Guerre. Mais avec les Nouveaux Francs, un franc ça fait vingt sous ?<br />
----Non, c’est seulement les centimes qui reviennent. Prenez un caram’bar les enfants, c’est cadeau. »</p>
<p>Avec les Nouveaux Francs, chacun voyait plusieurs fois par jour
qu’on avait changé d’époque, en plus des preuves dont j’ai parlé plus
haut. Alors les autres, là, avec leurs bombes, ils n’étaient que des
ringards. Dans quelque temps ils auraient fini.</p>
<p>3 / Actuellement, en période normale, dans un département moyen (le
Morbihan, six-cents mille habitants), les Pouvoirs publics reçoivent
environ cinq cents alertes anonymes à la bombe chaque année, une ou
deux par jour en moyenne. Les alertes ne sont prises en considération
que dans le cas où l’appelant s'explique de façon crédible et en
s’identifiant clairement, son numéro de téléphone étant immédiatement
vérifiable.</p>
T'rristes, bande de jeunes c...! - boris friakurn:md5:99f6ece1cac4ce7f10a94a3ddadf38c22010-11-19T14:55:00+00:002010-11-19T14:55:00+00:00boris friak
<p>Le bilan d'une action terroriste peut être mesuré selon deux échelles : 1) quels dégâts ? 2) quelle terreur ?</p>
<p>Les premiers vecteurs de diffusion de la terreur sont les gouvernements, et singulièrement les ministères des affaires étrangères, qui s'empressent d'adresser des "avertissements aux voyageurs" au moindre bruit de pétard. Ces conseils portent parce qu'ils sont donnés par des sachants à des citoyens ayant une vue de la réalité déformée par la loupe médiatique.</p>
<p>Boris Friak</p>
<p><ins>égéa </ins>: c'est intéressant de noter que les commentaires abondent dans le sens d'Yves Cadiou : en fait, personne ne croit réellement aux discours sur la terreur. Comme si nous n'étions décidément pas américanisés, comme si le 11/09 n'avait choqué que les États-Unis.</p>
T'rristes, bande de jeunes c...! - oodbaeurn:md5:0db29ef1612d634e1d35f04ba03681fc2010-11-19T14:55:00+00:002010-11-19T14:55:00+00:00oodbae
<p>Bonjour,</p>
<p>Répondant à la question de savoir si je suis terrorisé, je dois
avouer que je suis terrorisé. Plus précisemment, je l'ai été et je ne
le suis plus. J'ai été terrorisé, je me suis senti menacé, exposé à un
risque arbitraire d'explosion d'une bombe dans le RER d'Ile de France
ou dans un train SNCF, je me suis mis à éviter les foules considérant
que leur fréquentation augmente leur attractivité pour un acte
terroriste, de même que les fruits attirent les insectes. je vous passe
d'autres détails.<br />
Puis, un jour, j'ai commencé à compter le nombre de menaces terroristes
que j'ai vécues depuis mon enfance. Il y en a précisemment zéro.<br />
Voyez vous, ceci est analogue à une autre phénomène, celui de
l'insécurité en banlieue et dans les grandes villes. Je ne nie pas
qu'il y ait des gangs, que des cités soient des coupes-gorges, que le
crime organisé sévisse. Mais si je compte le nombre d'agressions dont
je fus victime en vivant dans une ville de la grande banlieue
parisienne à coté d'une cité de HLM moyenne, j'arrive à 1. Pourtant, je
me sentais en insécurité!!<br />
Depuis que j'ai compté le nombre d'agressions et de menaces
terroristes, je ne me sens plus en insécurité, ni terrorisé. En cela,
j'assiste impuissant à cette inlassable rengaine des journalistes et
politiques, que vous décrivez avec votre trrisme, qui nous vendent le
manteau cousu de fil invisible du roi nu. et donc je vous rejoins sur
ce point.<br />
Cependant, suis-je insouciant? j'évite quand même les foules et ai
adopté quelques mesures de précaution, parce que le terrorisme des
illuminés islamistes a certes peu de chances de me concerner, mais le
terrorisme d'abrutis dépressifs qui se suicident en foncant sur une
foule ou d'illuminés écologistes qui se feraient exploser pour
protester contre la société de consommation qui détruit la planète, ca
existe dans nos sociétés européennes.<br />
Ainsi, la propagande sur le terrorisme a cet effet second qu'on peut
être ,à raison, plus prudent en général ,même si on se focalise à tort
sur des innocents, les musulmans. ceci pour le premier point.<br />
Le deuxième point est la question: à qui profite le crime? Par
définition, cette manière d'alarmer les citoyens profite à tous ceux
qui se font de l'argent grâce à la panique et à la peur qu'ils
provoquent. A savoir: les journalistes qui ont ainsi quelque chose à
raconter, les journalistes d'investigation qui ont ainsi des nouveaux
sujets d'investigation, les politiques qui ont ainsi des nouvelles
raisons d'accuser leur concurrent d'incompétence, les politiques qui
peuvent justifier des situations d'exception (la réquisition des
raffineries en france, le Patriot Act, la guerre d'Irak et celle
d'Afghanistan, la DAMB, etc.), les entreprises et les lobbies qui les
représentent qui ont un tas d'argent á se faire, notamment avec la
DAMB, la production des tasers, le développement de nouvelles armes non
létales, etc.<br />
J'en passe.<br />
Voilà pour le second point.</p>
<p>Ma conclusion est la suivante. J'ai cru comprendre que vous avez
travaillé dans l'administration publique. Vous devez donc,
probablement, avoir conscience que cette rengaine continuelle sur le
terrorisme n'est qu'une nouvelle figuration de l'activité principale
des politiques: créer des problèmes là où il n'y en a pas afin d'avoir
des problèmes á résoudre qu'on ne résoudra pas mais pour la résolution
desquels on se fera quand même payer et tout en faisant porter la
responsabilité de leur persistance à d'autres.</p>
<p>Il faut un certain fatalisme pour accepter qu'on ne sortira jamais,
absolument jamais de ces cycles politiques d'alarme, de panique, de ...
terrorisme</p>
T'rristes, bande de jeunes c...! - yves cadiouurn:md5:36c843a5622e88def55cd8e3d3250a892010-11-19T14:55:00+00:002010-11-19T14:55:00+00:00yves cadiou
<p>Nous sommes d’accord : il ne faut pas négliger les phénomènes que révèle la mise en scène de la terreur.</p>
<p>Surtout dénoncer l’abus de langage, qui n’est jamais innocent. Par exemple on peut penser que le trrrisme est pratique pour cacher quelque chose : récemment les Guignols de C+ ont lourdement fait observer que les alertes au terrorisme, ces derniers temps, coïncidaient avec l’affaire Woerth-Béthencourt. Après ces alertes récentes aucun attentat n’a eu lieu, mais on n'a pas su pourquoi : fausses alertes ou résultat de la vigilance des anti-trrristes.<br />
Autre cas de diversion probable : nous sommes militairement en Afghanistan pour, paraît-il, « lutter contre le terrorisme ». Personne ne croit plus à cette explication mais on n’en a pas d’autre. Par conséquent, il ne faut pas négliger le trrrisme.</p>
<p>Par ailleurs, je ne partage pas complètement l'analyse concernant un prétendu « refus de la fatalité » qui serait nouveau, la nécessité de trouver « à tout problème un responsable qui est forcément coupable ». C’est possible mais ce n’est pas nouveau : les victimes, réelles ou supposées, ont toujours cherché à récupérer de l’argent. Ce qui est peut-être nouveau, c’est qu’il y a maintenant des procédures de dédommagement faciles et accessibles à tous : je pense notamment à la déclaration de catastrophe naturelle, au statut de « victimes de guerre » pour les victimes d’attentats, au dédommagement des propriétaires de voitures brûlées. Dans tous les cas, c’est l’Etat (donc vous et moi) qui paie. C’est ça qui est nouveau : à chaque fois qu’un sinistre se produit, l’Etat paie. Je ne dis pas que c’est mal ou que c’est bien, je dis que le prétendu « refus de la fatalité » n’est pas du tout un changement de mentalité mais seulement une impression créée par l’utilisation de procédures financières qui ont progressivement été mises en place et vulgarisées pour dédommager facilement les victimes.</p>
<p>.<br />
Vers 1960, on n’était pas plus fatalistes ni plus résignés que maintenant : qu’elle est surprenante, cette façon de voir cette époque. Non : c’est que pendant quelques années, la France a eu un moral resplendissant. Pour vous en parler, je prends soin de me garder du vieuconnage, du « bon vieux temps » et du « c’était mieux avant ». Bien sûr la grogne existait comme toujours (la hargne, la rogne et la grogne) mais la Constitution de 1958 avait été approuvée par les Français à 79,25 % ; puis le 8 avril 1962 le referendum sur l’indépendance de l’Algérie répondait oui à 90,80 % ; peu après le referendum sur l’élection du Président de la République au suffrage universel direct (28 octobre 1962) donnait 74,95 % en dépit des protestations politiciennes qui ne faisaient que démontrer à quel point le monde politico-médiatique était coupé de la réalité nationale. Alors que dans les conversations nombre de sobriquets et historiettes brocardaient Charles de Gaulle, ces chiffres montraient que la France se rassemblait autour d’elle-même plus qu'autour d’un homme. La résilience (le sujet d’aujourd’hui) n’était pas due au fatalisme ni à la résignation mais à la certitude que les attentats de l’OAS faisaient partie des séquelles de la Quatrième République. La disparition de la Quatrième République ne désolait que ceux qui s’étaient amusés du régime des partis et de l’instabilité institutionnelle, ou qui en avaient profité.</p>
<p>Avec la certitude que la France repartait sur de bonnes bases, débarrassée du fardeau que constituaient les colonies, débarrassée aussi de mensonges insoutenables (l’Algérie c’est la France), devenus citoyens d'une puissance nucléaire le 13 février 1960, les Français n’accordaient au terrorisme de l’époque pas plus d’émotion qu’il n’en méritait, c’est-à-dire presqu’aucune.</p>
<p>Je peux témoigner de ce qu’au début des années soixante, comme d’ailleurs en chaque période de crise comme nous l’apprend l’histoire notamment depuis le début du XX° siècle (1870), les Français tiennent quand les Institutions tiennent. La résilience n’est pas le fatalisme. Au contraire la résilience, c'est la certitude de lendemains meilleurs.</p>
T'rristes, bande de jeunes c...! - Christophe Richardurn:md5:5b19edcf47a5001134bded3bcb960e2c2010-11-19T14:55:00+00:002010-11-19T14:55:00+00:00Christophe Richard
<p>Bonjour,</p>
<p>Merci à Yves Cadiou de nous faire partager ces souvenirs de jeunesse qui sont édifiants.</p>
<p>Permettez quelques commentaires en plus de ceux d'EGEA.</p>
<p>Ils s'articuleront autour de l'idée de polarisation;</p>
<p>Le terrorisme politique vise souvent à instrumentaliser la terreur dans le but de polariser un conflit.</p>
<p>Pour l'OAS, cette polarisation devait s'opérer autour d'une cause "partisane", on était pour ou contre l'Algérie Française, mais on en était pas moins membres de la même nation. Il s'agissait donc d'un conflit partisan ou "d'opinion" pour lequel tout était affaire de choix individuel (bien que la pression sociale de certains milieux aient pu assurer une certaine préemption sur ces choix). Le fait que la société française de 1960 n'ait pas produit beaucoup d'écho à cette violence terroriste traduit:<br />
1- que cette violence était vécue avec plus de fatalisme par une génération qui savait intimement que la violence est consubstantielle à la politique.<br />
2- que cette affaire d'Algérie intéressait plus vraiment l'opinion pour qui la messe était dite.</p>
<p>Le terrorisme actuel islamiste joue sur d'autres ressorts qui sont identitaires. Se positionner par rapport à cette violence a des implications vis à vis de l'appartenance à la nation en tant que telle. On échappe moins facilement à cette question. Et ce d'autant plus que le postmodernisme est passé par là depuis.</p>
<p>Pour approfondir ces questions je vous renvoie à l'ouvrage remarquable de Jean-Pierre Derrienic "Les guerres civiles" publié en 2001 aux presses de Science-Po.</p>
<p>Bien cordialement</p>