Egeablog - De la non-participation de l'industrie d'armement au débat stratégique - Commentaires2023-06-28T12:43:19+02:00Olivier Kempfurn:md5:fc9dfa5de5fd9856c4c7bdd45e8ff3c1DotclearDe la non-participation de l'industrie d'armement au débat stratégique - urn:md5:8a879967caaf695b9a856df4b1f3977d2011-03-28T21:34:00+00:002011-03-28T21:34:00+00:00
<p>Bonjour à tous,<br />
Excellente analyse d'Olivier. Je ne suis pas militaire mais instructeur incendie (je forme des formateurs sapeurs-pompiers) et ce qu'indique Olivier se retrouve à l'identique dans ce secteur. Et les USA en sont le pire exemple.En fait, on a 3 étapes:<br />
1) la persuasion. Vous êtes des héros, vous êtes beaux, vous êtes forts, vous êtes excellent.<br />
2) les finances. Houlala, vous coûtez super cher les gars! Faut faire des économies!<br />
3) la vente. On a un super truc génial, qui va vous permettre de mieux faire. Parce comme vous êtes super bons, si ça marche pas, c'est parce que le matos est pas bon.<br />
4) l'achat. Bon, OK on va vous acheter le super matos. Mais en même temps on va bloquer les embauches.</p>
<p>Or, surtout en incendie, on constate un niveau de maitrise des outils, qui confère à l'ignorance la plus totale. On a donc une illusion de compétence qui ouvre la porte à l'achat de matériel, alors que le meilleur matériel du monde utilisé par quelqu'un qui en ignore le fonctionnement, ça ne va jamais donner de bon résultat.</p>
<p>Pour ma part je ne me risquerais sans doute pas à pronostiquer l'issue d'un combat entre un équipage Français, avec un Leclerc, et Michael Wittmann et son Tigre 7.</p>
<p>Amitiés<br />
Pierre-Louis</p>
De la non-participation de l'industrie d'armement au débat stratégique - Midshipurn:md5:a1a54953bcb875fec901e0c1d40639852011-03-28T21:34:00+00:002011-03-28T21:34:00+00:00Midship
<p>"Parce qu'étant des industriels, ils privilégient systématiquement
une solution "technologique", à l'américaine (voir le dernier article
de Joseph Henrotin dans DSI sur la RAM)."</p>
<p>--> le fait que l'armée de l'air française ait des rafales mais
n'ait pas de "A10-like" est la preuve de la capacité d'influence de
l'industriel sur la doctrine stratégique !</p>
De la non-participation de l'industrie d'armement au débat stratégique - Pierreurn:md5:1c30f382527be5ec34dc8d5945c0ed332011-03-28T21:34:00+00:002011-03-28T21:34:00+00:00Pierre
<p>Les industriels sont-ils associés au débat stratégique ? A la
question naïvement posée par Olivier, à laquelle il répond de manière
un peu expéditive, on serait tenté de répondre d'abord : mais y a-t-il
un débat stratégique en France ?<br />
Si le débat réside dans l'exercice décennal du Livre Blanc, la réponse
est facilement : non, les industriels n'y sont pas véritablement
associés. Lors de la préparation du dernier Livre Blanc, son
responsable Jean-Claude Mallet avait donné des consignes rigides pour
limiter les contacts de la commission à une liste très réduite de PDG,
de peur que les travaux de la commission soient pollués par le lobbying
des industriels. Inutile de dire que l'exercice était resté très
abstrait, de façon assez symétrique à ce qui avait été fait du côté des
militaires, par peur que le débat devienne un grand déballage public...</p>
<p>En réalité, le débat stratégique se situe à d'autres niveaux, en
particulier celui des commissions parlementaires qui auditionnent
régulièrement les responsables du secteur industriel. Un débat
malheureusement trop confidentiel, ce qui est dommage vu le niveau des
idées qui y sont échangées. Quant à l'exécutif, il se réfugie dans le
huis clos des conseils de défense pour faire l'économie d'un vrai débat
stratégique...</p>
<p>Mais revenons à l'argumentaire d'Olivier Kempf. Les industriels
n'ont pas le sens de l'intérêt public, ils privilégient leurs intérêts
propres, s'occupent d'abord d'export... Commençons par rappeler un fait
historique : en France l'industrie de défense est née des arsenaux
d'Etat, elle était un service public par nature et la notion de
profitabilité a été trop longtemps ignorée de son management - on l'a
suffisamment reproché à l'époque au GIAT ou à la DCN ! On a vu les
efforts qu'il a fallu faire dans les deux dernières décennies pour
privatiser les arsenaux et en faire des industries compétitives,
d'abord dans l'aéronautique puis dans le terrestre et le naval, et le
mouvement n'est du reste pas terminé. On a donc trop longtemps reproché
à ce secteur industriel de ne pas être profitable pour lui reprocher
aujourd'hui de chercher la rentabilité, objectif qui lui a du reste été
assigné par les autorités de tutelle.<br />
<br />
Il faut le souligner car la finalité de l'industrie de défense en
France n'a jamais été le profit en tant que tel mais la fourniture à
l'appareil de défense de capacités correspondants aux missions
elles-mêmes fixées par la stratégie.<br />
Cette articulation est illustrée par une particularité française : si
la logique d'arsenal a été dépassée, l'industrie de défense reste
soumise à une tutelle contraignante de la DGA qui intervient comme
planificateur, spécificateur et acheteur des équipements militaires et
contrôleur des exportations. Quel rapport avec le débat stratégique ?
Tout simplement que ce ne sont pas les industriels qui influent sur les
missions en proposant spontanément leurs systèmes d'armes mais,
inversement, les industriels reçoivent commande de ce qui correspond
aux besoins en équipements déterminés par la tutelle (le cas de
Dassault étant l'exception notable).<br />
Conséquence, l'industrie française a trop longtemps produit des
équipements sur-spécifiés donc trop chers à la fois pour les forces et
pour l'export, sans parler de la difficulté à faire des programmes en
coopération européenne ou OTAN par multiplication des spécifications et
des standards différents.</p>
<p>Lorsqu'il arrive qu'un industriel produise un équipement dépassant
les capacités initialement demandées et susceptibles de produire des
développements stratégiques, il est prié de ne pas en faire état. C'est
le cas du missile de croisière franco-britannique Scalp/Storm Shadow,
dont les performances exceptionnelles constatées en Irak en 2003 en ont
fait de facto un instrument de dissuasion conventionnelle. Le concept
même de dissuasion conventionnelle étant interdit en France, comme tout
ce qui peut porter atteinte au dogme de la dissuasion nucléaire, la
réflexion sur cette capacité nouvelle n'a pas été poursuivie.</p>
<p>Sans essayer de conclure sur la question posée par Olivier, il
faudrait justement se demander où se situe aujourd'hui le débat
stratégique, s'il peut encore être purement national et surtout s'il
peut se dérouler de façon réaliste sans partir des moyens et des
capacités d'une France aux ambitions contrariées par la réalité
économique. Alors oui, la question prend tout son sens.<br />
Analyser ce qui restera de l'outil industriel européen dans quinze à
vingt ans, notamment pour les avions de combat avec un Rafale et un
Eurofighter sans successeurs, pour imaginer quelle pourra alors être la
position de défense de la France et de l'Europe. Sans cette dimension
incluant évidemment les industriels, le débat stratégique restera au
niveau irréaliste de la guerre des étoiles...</p>
De la non-participation de l'industrie d'armement au débat stratégique - Sdemaupeouurn:md5:8184b5406faf154de41314a1f1684b002011-03-28T21:34:00+00:002011-03-28T21:34:00+00:00Sdemaupeou
<p>Beaucoup d'affirmations dans ce post....sans doute pour faire réagir!!<br />
Le constat est donc quasi unanime : "les industriels de défense ne
participent pas au débat stratégique"...mais sont ils vraiment associés
à y participer? Recherche-t-on un sponsor ou une expérience, une
approche différente? Quel a été le niveau d'implication demandé aux
industriels lors des travaux du livre blanc?</p>
<p>"Parce que comme dans toute industrie, ils sont peu portés à la
recherche, et en tout cas pas à la recherche fondamentale"...un peu
rapide comme affirmation quand on songe au dernier prix Nobel de
physique décerné en 2007 à Albert Fert qui dirige une unité mixte
Thales/CNRS.</p>
<p><ins>égéa </ins>: moi, vouloir faire réagir ?</p>
De la non-participation de l'industrie d'armement au débat stratégique - Midshipurn:md5:7b2b9bb3c4fe4b11295dc4ca089bc6932011-03-28T21:34:00+00:002011-03-28T21:34:00+00:00Midship
<p>sur le point concernant la recherche, il est à noter que les entreprises d'armement ont deux types de dépenses :</p>
<p>- la recherche financée par le client. L'entreprise vend une
prestation (plan d'étude amont, levée de risque, démonstrateurs, etc).
L'industriel est alors un bureau d'étude.</p>
<p>- la recherche financée par l'entreprise (private venture = self
funded R&D). C'est l'entreprise qui "réfléchit" pour créer de
nouvelles solutions (à des problèmes qui n'existent pas forcément
encore, d'ailleurs). Les entreprises ont donc des laboratoires dans
lesquels les chercheurs essayent de faire progresser la technologie
dans leurs domaines. Ils sont en lien avec les responsables des
services "stratégie" qui essayent de percevoir les grandes orientations
du marché et de les traduire en objectifs pour l'entreprise. Ces
laboratoires travaillent souvent en partenariat avec des organismes
publics, des universités, etc.</p>
<p>Toutes les raisons que vous citez sont pertinentes pour expliquer la
chose. Peut être aussi qu'elles ne perçoivent pas forcément l'intérêt
au niveau où il se situe vraiment. Peut être enfin que la notion de
périmètre a une importance. Aujourd'hui, le périmètre de la plupart des
grandes entreprises d'armement dépasse celui d'une zone géographique
nationale où les stratégies seraient cohérentes. Il apparaît par
exemple difficile à un industriel français de consacrer beaucoup de
moyens à une réelle recherche stratégique lorsqu'il est implanté dans
50 pays, alors que culturellement, un industriel dont le but est de
fournir une armée nationale est plus enclin à développer une réflexion
stratégique de concert avec elle.</p>