Egeablog - Algérie2023-06-28T12:43:19+02:00Olivier Kempfurn:md5:fc9dfa5de5fd9856c4c7bdd45e8ff3c1DotclearL'Algérie, le hirak et la France (La Vigie)urn:md5:758bed1446f927b4ab25d227c0d7876e2019-06-11T18:44:00+01:002019-06-11T18:44:00+01:00Olivier KempfAlgérieAlgérieDossierHirakLa Vigie<p>J'ai peu publié sur l'Algérie dans Egéa, même si j'ai toujours suivi attentivement ce qui se passait dans ce pays si proche. C'est pourquoi il est important de vous signaler le récent dossier, en lecture gratuite, que La Vigie consacre au sujet avec son dossier stratégique n° 11 : L'Algérie, le hirak et la France (daté du 30 mai 2019).</p>
<p><img src="https://2.bp.blogspot.com/-grvfRDNKlNM/XNcyKvik1mI/AAAAAAAAYnA/9PKYWXXc1L4gboQ1POewFiUbbMwekxC0gCLcBGAs/s1600/594%2B5120_n.jpg" alt="" /></p> <p>En effet, La Vigie suit attentivement le dossier maghrébin depuis de nombreuses années. Au centre du Maghreb et dans une relation ancienne à la France, il y a l’Algérie. Ce pays proche est un thème d’études régulier du Cercle euromaghrébin de La Vigie (CEM : <a href="https://www.lettrevigie.com/cem/">lien</a>) que nous conduisons depuis plus de deux ans. Ce Cercle réunit pour un échange de vues mensuel et informel quelques spécialistes ou experts intéressés par les questions euromaghrébines et par la perspective stratégique de la Méditerranée occidentale. Il va de soi que le Hirak (le mouvement) déclenché en Algérie depuis plusieurs mois a particulièrement mobilisé le CEM, d’autant plus qu’il entretient des contacts multiples avec des acteurs et chercheurs sur place, ce qui lui offre une vue précise de la situation en Algérie.</p>
<p>Aussi, après avoir été relativement discrets jusqu’ici à ce sujet (tout de même : deux lorgnettes du <a href="https://www.lettrevigie.com/blog/2019/02/27/la-vigie-n-112-des-anomalies-a-lanomie-strategique-fni-nucleaire-plus-queuropeen-lorgnette-manif-a-alger/">LV 112</a> et <a href="https://www.lettrevigie.com/blog/2019/04/10/la-vigie-n-115-europe-et-fantasme-figures-strategiques-libres-lorgnette-manifestations-en-afrique/">115</a>, un article du <a href="https://www.lettrevigie.com/blog/2019/05/07/la-vigie-n-117-la-chine-et-le-coeur-de-la-terre-regard-sur-lafrique-du-nord-lorgnette-elections-espagnoles/">LV 117</a>, un <a href="https://www.lettrevigie.com/blog/2019/04/12/les-algeriens-font-savoir-que-la-transition-se-fera-a-leurs-conditions/">billet sur le site</a>), il nous semble aujourd’hui opportun de faire valoir nos vues sur ce dossier qui intéresse la France au premier chef.</p>
<p>C’est pourquoi les deux rédacteurs habituels de La Vigie se sont associés la compétence et l’autorité du professeur Kader Abderrahim, maître de conférences à Science Po et membre du CEM.</p>
<p>Voici donc un texte à trois voix qui parle surtout de l’Algérie, mais aussi du Maghreb et de la France.</p>
<p><a href="https://www.lettrevigie.com/wp-content/uploads/2019/05/190530-DV-11-Alg%C3%A9rie-v1.pdf">Cliquer ici</a> pour télécharger l'étude au format pdf.</p>
<p><a href="https://lolalgerie.blogspot.com/2019/05/hirak-algerie-10-mai-2019.html">Source image</a></p>
<p>O. Kempf</p>http://www.egeablog.net/index.php?post/2019/06/10/L-Alg%C3%A9rie%2C-le-hirak-et-la-France-%28La-Vigie%29#comment-formhttp://www.egeablog.net/index.php?feed/atom/comments/2252Algérie : oublier, omettreurn:md5:76a39bf65fad70d2b2347f2b3a06e29e2012-12-23T21:40:00+00:002012-12-23T21:40:00+00:00Olivier KempfAlgérie<div class="post-excerpt"><p>Le récent voyage du président de la République s'est donc "bien déroulé". De nombreuses exégèses ont eu lieu dans la presse intelligente. En gros, un président socialiste allait réussir la où ses deux prédécesseurs de droite avaient échoué :J. Chirac pour une loi sur les bienfaits de la colonisation, N. Sarkozy pour avoir voulu à la fois renouer avec l'Algérie et donner des gages aux harkis. Cette fois, des gestes avant-coureurs (la reconnaissance d"événements terribles à Paris) et une attitude très mesurée semblent démontrer que la normalisation est enfin possible. Qu'en penser ?</p>
<p><img alt="" src="http://fr.geneawiki.com/images/thumb/d/d0/Carte_Alg%C3%A9rie.jpg/623px-Carte_Alg%C3%A9rie.jpg" /> <a href="http://fr.geneawiki.com/index.php/Fichier:Carte_Alg%C3%A9rie.jpg">source</a></p></div> <div class="post-content"><p>1/ Si l'on a bien suivi, chacun a mis un mouchoir sur sa poche. Les Algériens ont évité de resservir le discours vindicatif dont ils avaient l'habitude, quand les Français ont fait des efforts; Chacun pourra juger que ce n'est pas assez de la part de l'autre, ce qui est finalement un assez bon critère pour dire qu'on va enfin passer à autre chose. Voici peut-être le principal enseignement de ce voyage : un bon timing "historique", chaque partie prenant conscience qu'il est temps de passer à autre chose. Tourner la page sans la déchirer, comme je l'évoquais dans un précédent billet. Choisir non l'oubli, mais l'omission : ne pas mettre les différends au premier plan.</p>
<p>2/ Il reste que d'oubli en omission, il y a plein de sujets dont on n'a pas parlé. Bien sûr, il eut été discourtois d'évoquer la situation politique intérieure, entre un régime arc-bouté sur ses recettes du passé et une population jeune qui ne sait plus ce qu'est cette indépendance, et qui attend le développement. A cet égard, on aura lu, dans un quotidien, que la langue française est aujourd’hui plus parlée qu'à la veille de l'indépendance ! Somme toute, nous n'aimons pas quand les États-Unis ou l’Allemagne viennent nous faire des leçons, et ce n'est pas aux dirigeants français de se laisser aller publiquement à ce genre de choses.</p>
<p>3/ Toutefois, il y eut bien des silences régionaux, qui intéressent à la fois la France et l'Algérie. Pas un mot des révoltes arabes, et notamment de ce qui s'est passé en Tunisie ou en Libye. Pas un mot du Sahara espagnol et donc des relations tendues avec le Maroc, ce Maroc qui attire tant les investisseurs français, au grand dam de bien des élites algériennes. Pas un mot public du Mali, alors pourtant qu'il s'agit d'un sujet faisant l'objet d'appréciations très différentes de la part des deux capitales....</p>
<p>4/ Ce "tour d'horizon" aura bien évidemment dessiné un voisinage géopolitique qui montre en creux la Géopolitique de l’Algérie. Celle-ci n'est en effet pas seulement un héritage de l'histoire, et de relations tumultueuses avec la France, par-delà la Méditerranée. Ses marges lui posent problème, aussi bien vis-à-vis du "Maghreb" que du Sahel. En récupérant les régions sahariennes à l'indépendance, l'Algérie est devenue le plus grand État africain (du moins depuis la partition du Soudan), mais elle a également obtenu des confins difficilement gérables.</p>
<p>5/ La vraie zone lisse n'est en effet pas la Méditerranée, mais le Sahara. Et on ne trace pas des frontières dans un espace lisse, ce qui pose le problème du Mali, mais aussi du Sahara Occidental ou du sud algérien (ou des rapports entre Libye et Tchad, ...). Cette difficulté "intérieure" entre donc logiquement en résonance avec des difficultés qu'on ne peut simplement dire extérieures, puisqu'elles tiennent d'une logique de confins.</p>
<p>6/ Ces contradictions frappent l'Algérie depuis longtemps. Elles expliquent d'ailleurs que l'Algérie ait si longtemps insisté sur le ressentiment avec l’ancienne puissance coloniale, afin de fonder une identité nationale. Le rapprochement avec la France amène, logiquement, à lever le voile de non-dits nombreux. Il est dès lors assez logique qu'ils aient été omis. Y penser toujours, n'en parler jamais...</p>
<p>Mais les réalités sont là, et le mouvement de l'histoire vient désormais du sud, non du nord. La politique du silence ne poura durer bien longtemps.</p>
<p><ins>Références</ins> :</p>
<ul>
<li>Sur les rapports franco-algériens, un <a href="http://www.egeablog.net/dotclear/index.php?post/2012/07/05/Alg%C3%A9rie%2C-50-ans-apr%C3%A8s">billet</a> de juillet</li>
<li>sur <a href="http://www.egeablog.net/dotclear/index.php?post/2011/10/11/Asym%C3%A9trie-historique">l'asymétrie historique</a>, si nécessaire pour comprendre la psyché algérienne, ce billet de 2011.</li>
</ul>
<p>O. Kempf</p></div>http://www.egeablog.net/index.php?post/2012/12/23/Alg%25C3%25A9rie-%253A-oublier%252C-omettre#comment-formhttp://www.egeablog.net/index.php?feed/atom/comments/1636Algérie, 50 ans aprèsurn:md5:96d70cfcbfb756a842fbd920c7e405432012-07-05T19:00:00+00:002012-07-05T19:00:00+00:00Olivier KempfAlgérie<div class="post-excerpt"><p>Il y a cinquante ans, le 5 juillet 1962, l'Algérie proclamait son indépendance. Conclusion logique d'un conflit violent qui avait temriné sinistrement un siècle de malentendus. Les passions avaient été portées au vif, de part et d'autre. Au point de constituer un élément déterminant de la géopolitique des deux pays, l'Algérie bien sûr, mais aussi la France. Cinquante ans après, alors que les passions s’apaisent malgré tout, il est temps de poser avec tact un regard distant sur la question.</p>
<p><img alt="INdep_Algerie.jpg" src="http://www.egeablog.net/dotclear/public/.INdep_Algerie_m.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="INdep_Algerie.jpg, juil. 2012" /> <a href="http://etu.univ-lyon2.fr/agenda/recits-d-engagement-1954-1962-451232.kjsp?RF=ETU-Rub1">source</a></p></div> <div class="post-content"><p>1/ D'emblée, précisons que je n'ai pas été marqué par la guerre d'Algérie, que ce soit par histoire personnelle ou par tradition familiale, en pour ou en contre. Ce n'est qu'adulte que j'ai abordé le sujet, avec donc sinon une neutralité (est-elle possible ?) du moins une distance qui permettait, un peu, de se tenir éloigné des passions. Aussi, quand bien des années plus tard je lisais sous la plume d'<strong>Yves Lacoste</strong> que cette indépendance avait profondément marqué la géopolitique française, j'en ai été quelque peu troublé. Certes, je vois là le reflet de l'expérience personnelle de <strong>Lacoste</strong>, né à Fez au Maroc en 1929, et donc très touché par la question d'Afrique du nord, sans même parler de son parcours politique (il enseigne au lycée d'Alger entre 1952 et 1955 et se met aux côtés des indépendantistes). Toutefois, de la part d'un esprit clairvoyant, tout particulièrement en géopolitique (c'est quand même le père de l'école française de GP), il y avait un indice qu'on ne pouvait évacuer d'un revers de main. Et si l'indépendance est logiquement une date marquante de l'Algérie, il fallait creuser la chose du côté français. L'écriture d'une Géopolitique de la France m'a aidé à approfondir cette réflexion.</p>
<p>2/ Du côté algérien, l'indépendance est très logiquement une date marquante de la géopolitique nationale. Elle est le reflet certes d'une guerre d'indépendance, guerre sanglante (qui fit 1,5 millions de morts), guerre déchirante également. Mais <ins>guerre fondatrice en tant qu’État, j’allais dire comme État westphalien</ins>.</p>
<p>3/ Auparavant en effet, l'histoire de l’Algérie est tumultueuse : des premiers berbères aux Carthaginois, des Romains aux Vandales, l'Algérie n'est qu'un trait de côte, à la jonction de plusieurs mondes : l'orient musulman à l'est et l'occident catholique à l"ouest et au nord. Elle est divisée en tribus et en seigneuries, soumise à des influences diverses : Portugais, Espagnols, Arabes.... La "Régence d'Alger", installée en 1515 par <strong>Khayr ad-Din Barberousse</strong>, est une sorte de protectorat ottoman : la distance permet une vraie autonomie, et le proto-État vit de la guerre de course, une quasi piraterie. L'Algérie vit vers le nord, c'est-à-dire la mer, et délaisse le sud (le Sahara, l'Afrique) qu'elle ne cherche pas à dominer. L'Algérie est un État d'abord méditerranéen. <ins>Un trait de côte, un protectorat, un pouvoir faible...</ins></p>
<p>4/ <ins>La colonisation française</ins> à partir de 1830 est un peu le fait du hasard, <ins>sans véritable intention géopolitique</ins>. Le pays est soumis vers 1870, avant donc la III° République ! Très tôt, elle est administrée sous une forme quasi française : on crée trois départements (auxquels on ajoutera plus tard les départements du Sahara), et on pratique une colonisation de peuplement (des Français et des Espagnols), à la différence des autres colonies qui sont toute conçues comme des colonies d'exploitation.</p>
<p>5/ Voici donc plusieurs éléments fondamentaux qui sont mis en place :</p>
<ul>
<li>une administration simili française, mais qui ne va pas jusqu'au bout (puisque les indigènes sont sujets, et ont un statut spécial qui ne leur accorde pas la nationalité) ;</li>
<li>une population allogène qui s'installe durablement, sans pourtant réellement se mélanger à la population indigène ;</li>
<li>enfin, l'intégration d'un gigantesque arrière-pays, le Sahara, qui fait de l'Algérie le plus grand pays d'Afrique.</li>
</ul>
<p>6/ Le printemps des peuples qui avait balayé l'Europe au XIX° siècle devait parcourir le monde au XX°, après les guerres civiles européennes. Les Franaçis mirent beaucoup de temps à comprendre que <ins>leur distinction entre le reste de l'empire et l'Algérie ne pouvait être acceptée au regard de l'histoire</ins> : et que s'ils refusaient de donner la citoyenneté française à tous les indigènes, alors l'Algérie ne pouvait être "française".</p>
<p>7/ J'ai expliqué dans un autre <a href="http://www.egeablog.net/dotclear/index.php?post/2011/10/11/Asym%C3%A9trie-historique">billet "l'asymétrie historique"</a> qui expliquait pourquoi de "jeunes" États conservaient pieusement l'opposition fondatrice : car malgré les apparences, leur nation est jeune. Ainsi faut-il comprendre <ins>l'attitude distante et toujours difficile de l'Algérie envers la France</ins>, même si le temps passant, les paraboles et les liens migratoires aidant, la relation transméditerranéenne perdure et devrait permettre de nouer des rapports plus intéressés et moins passionnés. Le long cahier "publireportage" inséré dans Le Monde d'avant-hier est un <ins>signe de cette normalisation</ins>. Le vieillissement de la génération de l'indépendance et les bouleversements actuels devraient l'encourager...</p>
<p>8/ Venons en à la France : en toute logique, celle-ci devrait avoir <ins>négligé cet épisode de son histoire</ins> : on a intégré vaille que vaille les pieds-noirs, négligé les harkis, on était dans les trente glorieuses et il fallait d'abord se préoccuper du développement économique. De Gaulle avait quant à lui une politique arabe, et ses successeurs avaient une crise pétrolière à s'occuper, puis les aléas de l'histoire. La guerre d’Algérie était passée par pertes et profits.</p>
<p>9/ C'est d’ailleurs cette logique qui marqua, je m'en rends compte, mon éducation. Au fond, une histoire nationale consiste aussi à oublier. <ins>L'oubli est vertueux et on oublia la guerre d'Algérie</ins>. Je m'en rendis compte ultérieurement : rencontrez des hommes de cette génération qui y ont fait leur service militaire : ils n'en parlent jamais. Ce silence pose question. A l'examen, j'y décèle l'incertitude et la circonspection des honnêtes hommes placés là, dans un chaudron de passions entre extrémistes de tout bord, et qui refusaient de prendre parti et faisaient simplement, en tant qu'appelés, leur mission. Leur silence trahit une gêne.</p>
<p>9/ Cette gêne est française. Il ne s'agit pas du grand discours sur la colonisation qui anima la troisième république. L'Algérie n'était pas l'Empire. L'empire a pu échouer, il en reste quelque chose, une sorte de "grandeur de la France", avec ses vertus (la francophonie) et ses péchés (la françafrique). Pas de ça en Algérie.</p>
<p>10/ En travaillant sur mon livre, je me suis aperçu que la notion d’hexagone, que nous croyons française de toute éternité, est en fait très récente : elle a été popularisée dans les années 1960, quand justement la France est revenu sur ses seuls rivages européens. La création de l'hexagone va de pair avec l'aventure européenne. <ins>C'était un changement de projet géopolitique</ins>.</p>
<ul>
<li>Le passage d'un projet expansionniste, celui de la III° République, consistant aussi bien en la constitution de colonies pour compenser la perte de l’Alsace-Lorraine et la recherche constante de la récupération de celle-ci : projet quasiment achevé en 1945</li>
<li>passage à un projet de recentrage sur le continent européen, au travers d'une construction communautaire conçue comme une autre multiplication de puissance : c’est le projet de la V° République.</li>
<li>Au fond, la guerre d'Algérie marque ce passage entre deux projets géopolitiques, et ce fut la IV° République qui en fut le promoteur, et la victime.</li>
</ul>
<p>Trois ans après l'ouverture de ce blog, voici donc le premeir billet consacré à l'Algérie : cette attente n'est pas le fait du hasard, mais d'une hésitation. Résolue seulement en parlant simultanément de l'Algérie et de la France. Deux pays distincts, mais dont l'histoire est intimement liée. Deux nations méditerranéennes, qui pourraient orienter durablement le développement de cette région euro-méditerranéenne occidentale.</p>
<p>O. Kempf</p></div>http://www.egeablog.net/index.php?post/2012/07/05/Alg%25C3%25A9rie%252C-50-ans-apr%25C3%25A8s#comment-formhttp://www.egeablog.net/index.php?feed/atom/comments/1464