Egeablog - Histoire - Commentaires2023-06-28T12:43:19+02:00Olivier Kempfurn:md5:fc9dfa5de5fd9856c4c7bdd45e8ff3c1DotclearLe refus de la Victoire, maladie française - Spurinnaurn:md5:33b02fe7d92b3905e8efca7bc9d0b3c62019-01-23T16:46:57+01:002019-01-23T16:46:57+01:00Spurinna<p>"Heureusement que les Cyrards fêtent encore le 2S en l'honneur d'Austerlitz..."<br />
Quand on pense que même pour le bicentenaire, absolument rien d'officiel ne fut fait ... Mais comme les écoliers Espagnols en savent plus que les Francais sur l'Empire ...</p>
<p>" Peut-on quand même rappeler à certains que trois départements étaient en 1914 annexés contre la volonté des peuples depuis plus de 45 ans"<br />
Ce point semble à mon avis moins sûr. Les protestataires sont extraordinairement peu nombreux en 1914. Premièrement parce que les francophiles militants qui le pouvaient sont partis (ils entretiennent la nostalgie à Paris), deuxièmement parce que les années passent et que même en France, ce n'est plus un but politique (on en reparle comme but de guerre qu'en 1917) et enfin, troisièmement, parce qu'en 1911 l'Alsace-Moselle devient un land autonome et n'est plus terre impériale (ce qui contente une partie d'un courant germano-sceptique).</p>
<p>Si on fait un sondage en 1914 sur un retour à la France, le non pourrait être très largement majoritaire (économiquement, l'empire est très florissant et continue son développement).</p>
<p>En 1919, on ne demande l'avis de personne(ce qu'aurait souhaité une partie d personnel politique local, mais bien entendu inenvisageable à Paris après tout le sang versé) mais là encore, la liesse observée doit beaucoup au fait que les populations se réjouissent de la fin de la guerre (région sous gestion militaire directe à cause du front, dans un pays sous dictature militaire et en état de grave pénurie avec des soviets qui se créent un peu partout) et que les troupes francaises ont prévu des victuailles en nombre.</p>
<p>Pour le reste, je vous rejoins.</p>Le refus de la Victoire, maladie française - Yves Cadiouurn:md5:bd004d512abbfb4e05c7aeca8271c9392018-11-05T13:21:10+01:002018-11-05T13:21:10+01:00Yves Cadiou<p>D'accord avec vous je ne reprends pas vos arguments mais, avec votre autorisation, j'ajoute mes propres réflexions.<br />
L'abandon du concept de victoire est « dans l'air du temps » depuis plusieurs années. On pouvait déceler cet abandon conceptuel de deux façons :<br />
1) l'abus du mot « guerre », désormais galvaudé : un attentat (le Bataclan) fait un nombre de morts à peu près égal à celui de deux semaines sur les routes françaises et aussitôt le Président du moment s'écrie « nous sommes en guerre ! » ;<br />
2) l'incapacité de notre personnel politique, lorsqu'il envoie des forces armées en opérations extérieures, à définir la mission, c'est-à-dire l'état final recherché, le moment où la mission sera accomplie, le résultat qu'il voulait obtenir par les armes. Ce résultat s'obtient par la neutralisation de l'ennemi, donc le plus souvent en donnant la mort. <br />
-<br />
Notre classe politique manque de repères dans ce domaine : depuis la Troisième République l'interdiction faite statutairement aux militaires de fréquenter les partis politiques et de siéger dans les assemblées politiques y est pour quelque chose.<br />
Mais au-delà de l'ignorance largement partagée dans notre classe politique, je crois qu'il y a aussi une circonstance particulière et actuelle : le Président actuel a un compte à régler avec les militaires et il n'y manque pas à chaque fois qu'une opportunité se présente.<br />
A l'été 2017 la sortie du Général de Villiers sous les applaudissements, une vidéo devenue « virale » sur @internet puis reprise en boucle par BFMTV, c'est une tache indélébile sur la carrière de Monsieur Macron. Si à l'avenir dans l'histoire de France ce Président laisse une trace, ce sera celle de son échec auprès des militaires. Il le sait. C'est ce qui explique selon moi cette nouvelle provocation.<br />
-<br />
J'écris « nouvelle provocation » car ce n'est pas la première : naguère il évoquait, sans rien dire de la soumission inconditionnelle du Soldat au Politique sous la Quatrième République, la bataille d'Alger où les militaires eurent le tort de croire qu'ils seraient couverts par le Gouvernement s'ils en exécutaient précisément les directives.<br />
-<br />
Il y a quelque chose de très mesquin dans l'attitude du Président actuel. Nous avons un problème institutionnel qui va s'aggravant : depuis 1976 le Président est le représentant du monde politique (par les cinq-cents signatures) avant d'être celui de la France. Tout en étant lui-même inamovible il détient le droit de congédier le Gouvernement et celui de dissoudre l'Assemblée Nationale. Et même le droit d'annuler un référendum (traité de Lisbonne) : il dispose ainsi du pouvoir absolu de bafouer le Peuple et ses représentants. Dans ces conditions le Président actuel s'agace à l'idée de son erreur de juillet 2017 où les militaires qui, dans son idée, devraient faire preuve d'une discipline servile, lui collent un bourre-pif. Pour atténuer cette vexation, le seul moyen dont il dispose est de profiter de l'indifférence (ou de l'incompréhension) du monde politique et de prendre les militaires à contre-pied à chaque fois qu'il en a l'opportunité.<br />
-<br />
Aujourd'hui ce refus politicien de la victoire s'inscrit dans l'éternelle incompréhension du Politique envers le Soldat. L'on n'en sortira qu'en autorisant les militaires (voire en les encourageant) à fréquenter les partis politiques. L'arrêt du Conseil Constitutionnel en novembre 2014, qui autorise désormais les militaires à siéger dans les assemblées politiques, va dans ce sens.</p>René de Crécy - Renéurn:md5:722a3f5ff4890e9306ce0b8949397fee2018-03-20T11:03:19+01:002018-03-20T11:03:19+01:00René<p>Le massacre de ma famille (contesté au commentaire 12/1) s'explique par une donnée de base toujours occultée par les historiens : le cannibalisme.<br />
Des chasseurs affamés et rentrant bredouilles n'hésitaient guère, à cette époque sans registre d'état-civil pour les gueux, à consommer de la chair humaine.</p>L'histoire en appui des opérations - urn:md5:5f07102f928d7cbebacae9ef73b540cb2013-06-23T19:25:00+00:002013-06-23T19:25:00+00:00
<p>FM : REMY<br />
C'était même l'objet de la création du Dépôt de la Guerre sous le Directoire : conserver la mémoire de la nation en armes ET permettre aux nouvelles générations l'étude des campagnes passées. Cette dernière mission est hélas celle qui a été très largement oubliée depuis que le SHD a quitté la chaîne "Etat-major" pour passer sous celle du SGA.</p>
L'histoire en appui des opérations - Thémistocleurn:md5:9af441f7acc4ccd359ab3223831acc382013-06-23T19:25:00+00:002013-06-23T19:25:00+00:00Thémistocle
<p>Bonjour,</p>
<p>Je suis ce blog depuis peu aussi peut-être ais-je manqué quelque chose. Si oui, merci de m'en excuser.</p>
<p>Si l'analyse historique demeure déterminante comme ce billet ne manque pas de le rappeler, n'est-il pas "réducteur" de limiter cette importance à la seule géographie physique/cartographie ? Le service historique des armées ou la cellule RETEX se penchent-ils également sur les dimensions économiques (au sens de la géographie économique) et sociologique/anthropologique des territoires anciennement investis et des campagnes passées ?</p>
<p><ins>égéa </ins>: bienvenu sur égéa. Je ne sais si le Retex est concentré sur les seuls aspects géographiques : je pense qu'il regarde surtout ce qui a trait aux procédures et aux actions, pour comprendre ce qui a marché ou échoué, afin d'en tirer des leçons. </p>
<p>Quant aux autres dimensions (éco, socio, ...) , elles sont fort à la mode depuis que l'Approche globale est populaire, comme réponse principale de lutte contre le terrorisme.</p>
<p>Mais il s'agit du retex contemporain. Pour l'histoire militaire, je ne connais pas assez pour vous répondre : un lecteur peut-il nous dire ?</p>
La guerre, chose sérieuse - urn:md5:9d210f5a6d1f2dece944c0d0e099946d2013-04-18T12:52:00+00:002013-04-18T12:52:00+00:00
<p>Bonjour,<br />
Clemenceau aurait lâché cette boutade, devenue fameuse, au moment de l’affaire Schnaebelé en 1887 : « La guerre ? C’est une chose trop grave pour la confier à des militaires ».<br />
Mais vous pouvez voir à ce sujet :<br />
1) Marcel Wormser (dir.), Clemenceau et la Grande Guerre, actes du colloque tenu au Sénat à Paris les 20 et 21 novembre 2009, Paris, Geste, 2010.<br />
2) Jean-Baptiste Duroselle, Clemenceau, Paris, Fayard, 1988.<br />
3)Jean-Noël Jeanneney, Clemenceau, portrait d’un homme libre, Paris, Menges, 2005<br />
4) Georges Clemenceau, Correspondance (1858-1929), édition établie et annotée par Sylvie Brodziak et Jean-Noël Jeanneney, Paris, BNF-Robert Laffont, 2008.<br />
4) Michel Winock, Clemenceau, Paris, Perrin, 2007.<br />
5) Georges Wormser, Clemenceau vu de près, Paris, Hachette Littérature, 1975.<br />
Sinon, vous trouverez aussi des choses dans les livres du général Mordacq, chef du cabinet militaire de Clemenceau, quand ce-dernier était président du Conseil et ministre de la Guerre à la fin de la Première Guerre mondiale.<br />
Bien à vous<br />
Michaël Bourlet</p>
<p><ins>égéa </ins>: mille mercis</p>
La guerre, chose sérieuse - AGERON Pierreurn:md5:690d570d8847b77fa0465afaee7646822013-04-18T12:52:00+00:002013-04-18T12:52:00+00:00AGERON Pierre
<p>Je n'ai pas de réponse directe mais la meilleure bio de Clémenceau est le livre de M. Winock, Clemenceau, Perin, coll. Tempus, 2011</p>
La guerre, chose sérieuse - AGERON Pierreurn:md5:fff5a45b22d117955d68a7d5d08718202013-04-18T12:52:00+00:002013-04-18T12:52:00+00:00AGERON Pierre
<p>Une piste: Source peu fiable mais à vérifier : <a href="http://www.devoir-de-philosophie.com/dissertation-clemenceau-guerre-chose-trop-grave-pour-confier-des-militaires-commentez-78415.html" rel="nofollow" title="http://www.devoir-de-philosophie.com/dissertation-clemenceau-guerre-chose-trop-grave-pour-confier-des-militaires-commentez-78415.html">http://www.devoir-de-philosophie.co...</a><br />
"rapportée par Georges Suarez dans son livre sur « le Tigre ». [GC était ] Républicain et radical d'extrême-gauche au moment où il la lança (1886)."<br />
En fait seule œuvre de G. Suarez sur Clémenceau "La vie orgueilleuse de Clémenceau", 1932 en deux tomes Clemenceau. [Tome I], Dans la mêlée et Clemenceau. [Tome II], Dans l'action rééditée en 1987 dispo à la Sorbonne BIU centrale, à la BDIC à Nanterre ou à Ulm ou à Lille 3 ou à Rennes I selon SUDOC.</p>
<p><ins>égéa </ins>: merci, cela confirme que cela ne date pas de la 1GM mais de bien avant, et que cela concerne le Ministère de la guerre, on y reviendra.</p>
La guerre, chose sérieuse - NBC fixeurn:md5:5ba1f588cbeea9c004de143d22aff32e2013-04-18T12:52:00+00:002013-04-18T12:52:00+00:00NBC fixe
<p>Il me semble que la formulation exacte était "...pour être confiée aux SEULS militaires".<br />
Cette phrase aurait été prononcée en référence à BOULANGER et sa nomination, ou plutôt reconduction potentielle (car justement cette citation appuyait l'opposition du Tigre à cette éventualité) au ministère de la guerre. Au final, cela situerait l'affaire vers 1886-1887.</p>
<p>Ce ne sont que des souvenirs, a priori d'une biographie de Boulanger, mais sans aucune référence malheureusement. Une rapide recherche google ne m'a d'ailleurs rien donné de significatif.</p>
<p>J'espère aider et ne pas, au contraire, créer d'entropie par de mauvais souvenirs!<br />
Merci pour votre blog.</p>
<p><ins>égéa </ins>: merci, cela confirme mes pistes.</p>
La guerre, chose sérieuse - urn:md5:78e465555667fb21ab6da5b3c9904d132013-04-18T12:52:00+00:002013-04-18T12:52:00+00:00
<p>Bonjour Olivier,</p>
<p>Quelques éléments d'information sur cette phrase célèbre et bien souvent utilisée contre les militaires. Cela a été le résultat de près de six mois de recherches il y a une dizaine d'années pour justement trouver la "vérité" sur cette phrase et sur son origine.</p>
<p>la phrase est citée originellement dans un ouvrage de Georges Suarez (Journaliste qui eut par la suite une vie sulfureuse le conduisant à être fusillé en 1944 lors de l'épuration) intitulé "La vie orgueilleuse de Clémenceau" publié en 1930 aux éditions de Paris (637 pages).<br />
<br />
C'est une phrase "attribuée" et je n'ai pas trouvé la référence à un témoin direct de son expression par Clémenceau. Ci joint le paragraphe concerné qui se trouve en page 172 de l'ouvrage.</p>
<p>"Lors de l'enlèvement de Schnoebele par les Allemands en France le 20 avril 1887, Clémenceau fait ce commentaire sous forme de boutade, "la guerre ! C'est une chose trop grave pour la confier à des militaires !" Devant la réaction du général Boulanger, son protégé et alors ministre de la Guerre, qui s'exclame, "je ne vois pas de réponse sous une autre forme que celle de l'ultimatum"."</p>
<p>Bien amicalement</p>
Pour Churchill - urn:md5:d942573226326d707e30732bfadc316e2013-03-22T22:38:00+00:002013-03-22T22:38:00+00:00
<p>Bonjour,</p>
<p>L'homme est réellement singulier, et si l'on évoque à juste titre l'homme d'État, l'on omet trop rapidement (en France j'entends) le journaliste et l'écrivain. J'ai été replongé dans son histoire à travers Robert D. Kaplan qui tenait l'individu en très haute estime et remontait à sa jeunesse pour démontrer toute la force de caractère nécessaire qu'il en tira lors des évènements de la Seconde Guerre Mondiale.<br />
Je suis aussi convaincu que Churchill, même s'il n'appréciait pas forcément ce général flamboyant, était conscient qu'il fallait cette flamme pour inciter les français à continuer le combat. De même qu'il entrevoyait l'après-guerre, dont le discours de Fulton ne fut que la partie émergée de sa clairvoyance et qui avait son pendant militaire qu'était l'opération Unthinkable.</p>
<p>Oui, l'on ne parle pas assez de Winston Churchill en terre de France : celui que je surnomme pour ma part le poivrot magnifique. En toute affection il va de soi...</p>
<p>Cordialement</p>
Pour Churchill - Ok certesurn:md5:2ecbf17e0664fe6b2aa8f33fc7176f482013-03-22T22:38:00+00:002013-03-22T22:38:00+00:00Ok certes
<p>et Mers-El-Kebir...?</p>
<p><ins>Egea</ins> : l'hommage à une flotte française qu'il croyait dangereuse, ce qui montre d'une certaine façon l'estime dans laquelle il la tenait. Or, elle n'a pas toujours eu besoin des Anglais pour sombrer....</p>
Pour Churchill - Cotardurn:md5:9758a0aa92f25825c6f3ec1d7009246d2013-03-22T22:38:00+00:002013-03-22T22:38:00+00:00Cotard
<p>Tu devrais lire le bouquin de Max Schiavon sur le général d'armée Georges qui était un ami personnel de Churchill.</p>
<p><ins>égéa </ins>: je prends une fiche de lecture, très cher !</p>
Pour Churchill - Mannerheimurn:md5:36e7345950ed739232ef806bc7bea16f2013-03-22T22:38:00+00:002013-03-22T22:38:00+00:00Mannerheim
<p>Il est difficile pour nous de parler de Churchill sans faire référence au Général De Gaulle aussi je vous recommande ce livre qui m'a beaucoup plu.</p>
<p>"De Gaulle et Churchill. la mésentente cordiale"<br />
de François Kersaudy</p>
<p><ins>égéa </ins>: j'avais donné<a href="http://egea.over-blog.com/article-24796217.html" rel="nofollow"> sur le vieil égéa une fiche de lecture </a>de la biographie du même par le même. Il est aussi à l'origine du mot Tank, <a href="http://egea.over-blog.com/article-23779907.html" rel="nofollow">cf ici</a>.</p>
René de Crécy - Lambert Francisurn:md5:c7183dab15328b01f53a42fd16de25862012-06-15T21:11:00+00:002012-06-15T21:11:00+00:00Lambert Francis
<p>Bravo rené.<br />
Je recopie le texte pour l'analyser (en couleur, c'est mon truc).<br />
Moi aussi j'ai peur ... qu'il ny en ait plus<br />
.</p>
René de Crécy - yves cadiouurn:md5:cbde2a1b25ae57a98581a554b5ebe1e82012-06-15T21:11:00+00:002012-06-15T21:11:00+00:00yves cadiou
<p>Médiéval, certes, mais il y a des enseignements qui sont éternels. J’en vois au moins deux : 1 le caractère douteux de l’opinion que l’on se fait sur un événement où l’on n’était pas ; 2 l’initiative fait la force des armées, on en a déjà parlé sur egeablog en février 2011 <a href="http://www.egeablog.net/dotclear/index.php?post/2011/02/07/L-indiscipline%2C-force-des-arm%C3%A9es" rel="nofollow" title="http://www.egeablog.net/dotclear/index.php?post/2011/02/07/L-indiscipline%2C-force-des-arm%C3%A9es">http://www.egeablog.net/dotclear/in...</a><br />
Les deux points ci-dessus amènent un point 3 qui est d’une brûlante actualité : l’inadéquation des procédures judiciaires pour juger d’une action de guerre, egeablog en a parlé en février dernier <a href="http://www.egeablog.net/dotclear/index.php?post/2012/02/09/Juridicisation%2C-judiciarisation" rel="nofollow" title="http://www.egeablog.net/dotclear/index.php?post/2012/02/09/Juridicisation%2C-judiciarisation">http://www.egeablog.net/dotclear/in...</a><br />
Je ne développe pas les points 1 et 2 parce qu’ils sont assez évidents. L’inadéquation des procédures judiciaires est ce qui me semble le plus important : on en parle beaucoup depuis quelque temps dans les popotes virtuelles. Du fait que les militaires ou anciens militaires montent au créneau sur cette question, l’on va les accuser de faire du corporatisme mais il n’en est rien : les militaires, qui prouvent tous les jours leur dévouement à l'intérêt général, ne font pas de corporatisme.<br />
L’intérêt national est de préserver notre armée et notamment ses qualités humaines, on en a déjà abondamment parlé ici, avec deux billets et trente-huit commentaires <a href="http://www.egeablog.net/dotclear/index.php?post/2011/03/10/Faut-il-supprimer-l-arm%C3%A9e-fran%C3%A7aise-suite" rel="nofollow" title="http://www.egeablog.net/dotclear/index.php?post/2011/03/10/Faut-il-supprimer-l-arm%C3%A9e-fran%C3%A7aise-suite">http://www.egeablog.net/dotclear/in...</a><br />
Or les qualités humaines de notre armée se perdraient, à la fois parce qu’elle attirerait moins de personnels de valeur et parce que, parmi ceux qui resteraient, l’esprit d’initiative s’éteindrait si l’on traitait les décisions prises au combat comme si c’était des décisions ordinaires.<br />
Les décisions prises au combat se prennent dans l’incertitude et parfois même dans l’incertitude sur le résultat voulu par le Politique. La prise d’initiative est impossible à expliquer devant un tribunal parce que celui-ci ne se réfère qu’aux règlements.<br />
Commander, ce n’est pas seulement manager, egeablog l’a dit en janvier 2011 avec un billet et onze commentaires. <a href="http://www.egeablog.net/dotclear/index.php?post/2011/01/23/Les-relations-entre-le-commandement-et-le-management" rel="nofollow" title="http://www.egeablog.net/dotclear/index.php?post/2011/01/23/Les-relations-entre-le-commandement-et-le-management">http://www.egeablog.net/dotclear/in...</a></p>
René de Crécy - Laurenturn:md5:2bb95c00378df2a740d6dc07e3d4ec342012-06-15T21:11:00+00:002012-06-15T21:11:00+00:00Laurent
<p>Je voudrais me permettre d'être assez critique quant à l'écrit de René. Critique à plus d'un titre.<br />
D'un strict point de vue historique, tout d'abord. La thèse qu'il développe ici est certes tout à fait intéressante, et je compte bien l'explorer plus avant dans le cadre de mes recherches personnelles. En plus, le texte est intelligent, en particulier dans sa compréhension des mentalités féodales. Toutefois, il me paraît aller bien trop loin dans sa remise en cause de l'efficacité des arcs anglais (les célèbres Long Bows). Nombre de chroniques, et pas seulement celle de Froissard, disent fort bien tout le mal que ces armes étaient capables de faire ; il me semble difficile de parler alors d'une sorte de "légende urbaine". D'autant que des expériences "en live" ont été faites aux 19e et 20e siècles qui prouvent bien leur efficacité. En outre, il y a eu plusieurs autres batailles où ce sont bien ces arcs qui ont largement contribué à la victoire, et sans l'aide de l'artillerie, comme ce fut le cas à Crécy.<br />
Sur le plan plus "épistémologique" ensuite. De grâce, n'employons pas à tout bout de champ le terme de "révolution militaire", surtout lorsqu'il ne s'agit "que" de l'apparition d'une arme nouvelle, aussi efficace et dévastatrice soit-elle. Les "révolutions militaires" (je déteste ce terme, mais c'est un autre débat) ne sont jamais le résultat de l'apparition d'UNE arme. C'est là une pseudo analyse, superficielle, déterministe et bien pauvre. Elles sont toujours un PROCESSUS et, comme telles, se composent de la combinaison complexe de phénomènes tactiques, stratégiques, techniques, sociaux, politiques, économiques, culturels et anthropologiques (rien de moins !). Résumer une "révolution militaire" à UNE cause, étroitement technique qui plus est (le canon) et à UN événement (une bataille, en l'occurrence, avec un avant et un après, en inférant alors que ladite révolution s'est déroulée dans cette bataille-là, c'est-à-dire en quelques heures), est à la limite du foutage de gueule.<br />
Enfin, dresser un parallèle relativement étroit avec une situation contemporaine à partir d'un simple exemple historique (a fortiori très douteux, et en tout cas largement réécrit et tordu dans le sens permettant son instrumentalisation au profit d'une conclusion déjà tirée) constitue précisément l'exemple "parfait" de la façon dont il ne faut PAS utiliser l'histoire militaire - et de la façon dont elle est hélas utilisée par la plupart des militaires dans nombre de pays, y compris le nôtre...</p>
<p><ins>égéa </ins>: à la décharge de René : 1/ c'est moi qui ai utilisé le terme de révolution militaire 2/ C'est lui qui montre la différence entre Crécy et Patay, qui dure plus qu'une bataille mais un bon siècle ! 3/ c'est cette comparaison entre les deux batailles qui montre l'évolution, voire la révolution. Patay signe la fin du Moyen-Âge, du moins tel qu'on se l'imagine trop souvent. </p>
René de Crécy - yves cadiouurn:md5:da6211f43b6a32a0b71dd1cc5eb72ef62012-06-15T21:11:00+00:002012-06-15T21:11:00+00:00yves cadiou
<p>Ci-après, un plan en trois parties de la pire espèce : thèse, antithèse, synthèse (TATS). Le plan TATS est très pratique pour amener une conclusion qui ne conclut pas. C’est un plan pour ne pas se mouiller : un plan sec, en quelque sorte.<br />
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1 Je serais enclin (thèse) à croire l’histoire de René. J’ai tendance à ajouter foi à son récit en ce qui concerne l’inefficacité des arcs, fussent-ils des « long bows ». Ceci d’abord pour des raisons physiques, puis en considération de la mentalité de l’époque.<br />
Même de nos jours avec des matériaux comme par exemple la fibre de verre, plus modernes que le bois utilisé en ce temps-là (bois qui de plus commençait probablement à perdre de sa vigueur après plusieurs semaines de campagne car il n’était pas fraîchement coupé), nous serions incapables de fabriquer des arcs assez puissants pour percer des armures, sauf peut-être à très courte portée et en tir direct. La prétendue « pluie de flèches » ne pouvait qu’infliger des blessures aux combattants non abrités, rarement mettre hors de combat les personnels protégés.<br />
Le fait est que la plupart des combattants français ont eu peur, et pour longtemps : probablement peur des bombardes comme le dit René, mais peut-être simplement peur de la « pluie de flèches » qui est arrivée par surprise et en silence, infligeant de sérieuses blessures à la piétaille avant qu’elle se mette à l’abri. Ainsi tout à coup on prenait conscience du danger, l’affaire n’avait plus rien de commun avec les violences que la chevalerie avait l’habitude de pratiquer sur des gens sans défense. Le manque de combativité des Français à Crécy trouve sa confirmation dans le fait qu’ensuite l’armée britannique a pu continuer son chemin vers Calais tranquillement alors qu’il était facile de la suivre et de l’attaquer sans qu’elle soit en disposition de combat. Dans la suite de la guerre, « l’intox » faite par les chroniqueurs au sujet des « long bows » a cassé pour longtemps le moral des combattants Français jusqu’à ce que le moral revienne grâce à un mot d’ordre clair (il faut bouter les Anglais et couronner le roi à Reims) et que des chefs astucieux éliminent les archers et surtout le fassent savoir.<br />
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2 Toutefois (antithèse) il y a dans le récit de René une incohérence ponctuelle qui fait douter de sa véracité d’ensemble. Si je comprends bien le caractère de René, débrouillard, opportuniste, peu scrupuleux, il n’était pas du genre à retourner auprès de son détestable seigneur après avoir fait bombance du côté de la logistique anglaise. D’autant qu’il avait déjà pensé à changer de camp. C’est pourquoi j’hésite à croire qu’il était réellement à la bataille de Crécy, ou alors il y était mais planqué derrière les lignes britanniques. A l’époque il était facile de ne pas être identifié comme Français parce qu’il n’y avait aucune unité linguistique, ni du côté français ni du côté britannique : les archers gallois ne parlaient pas anglais (une langue germanique) mais gallois, une langue celtique. René (quelle langue parlait-il lui-même, à l’époque ?) n’aurait pas été repéré comme francophone parmi des anglophones, car ce n’était pas exactement une guerre entre deux nations mais entre deux rivaux ayant rassemblé des troupes multiculturelles par différents moyens, souvent en les achetant.<br />
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3 Somme toute (synthèse) le récit de René est comme sont souvent les récits d’anciens combattants : sincère sans aucun doute mais transformé par le temps qui a passé, par les interrogations que les événements ont suscitées dans la pensée du témoin et par la nécessité d’être compréhensible aux auditeurs et lecteurs qui n’ont pas la moindre idée de telles circonstances. Mais un témoignage direct comme celui de René reste plus fiable que les reportages des chroniqueurs, mercenaires de l’information qui racontent ce que leurs employeurs leur commandent de raconter.<br />
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J’en arrive maintenant à ma conclusion qui, comme le veut la règle du plan TATS, ne conclut pas et se termine par une question bien lourde, complètement hors-sujet : on a le droit de penser que le récit de René est imaginaire. Mais sait-on vraiment quelle est la nature de l’imagination ?</p>
René de Crécy - oodbaeurn:md5:9992a2627ea235bbd0354ae9500f6df82012-06-15T21:11:00+00:002012-06-15T21:11:00+00:00oodbae
<p>Tres joli texte. Mais etait ce vraiment necessaire de fracasser la tete du proprietaire du baton a pointe de fer?<br />
Cordialement</p>
René de Crécy - Renéurn:md5:a7419695c9aec4ae6a1eea78adbc00412012-06-15T21:11:00+00:002012-06-15T21:11:00+00:00René
<p>@ oodbae (n°5) Non, pas nécessaire mais marrant : on avait l’humour un peu lourdingue en ce temps-là.<br />
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Je profite de mon passage pour répondre aussi aux autres questions : étant de Brocéliande, je parlais une langue celtique qui ressemblait un peu au gallois. Les armées de cette époque étaient comme la Tour de Babel et c’est pourquoi elles ne pouvaient exécuter que des manœuvres simples et à vue, avancer quand tout le monde avançait ou détaler et se disperser dans la nature quand le roi quittait le champ de bataille.<br />
« Quitter le champ de bataille » est l’expression polie utilisée par les chroniqueurs parce qu’on n’avait pas encore inventé l’expression, trop amphigourique et trop peu compréhensible par le public de l’époque, du « repli tactique et en bon ordre sur des positions préparées à l’avance ». Un petit siècle plus tard, les manœuvres étaient encore simples et les ordres peu élaborés, mais avec les compagnons de Jeanne d’Arc on savait qu’il fallait bouter les Anglais, puis au contact on comprenait l’intention des chefs en les regardant faire, il suffisait de les imiter et ça marchait.<br />
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Il est vrai, comme le fait observer le commentaire n°4, que je n’étais pas à la bataille de Crécy : j’ai terminé la nuit dans la charrette logistique des british et au matin j’ai été rapidement embauché par le propriétaire de la charrette, un grand rouquin aux larges dents cariées et aux oreilles décollées, pas très malin. Il a apprécié ma débrouillardise parce qu’il en manquait. Et ça tombait bien : il avait justement besoin d’un nouvel assistant, le précédent ayant disparu (pour un motif que j’étais seul à connaître). J’ai donc intégré la logistique anglaise jusqu’à Calais, craignant à tout moment que les Français suivent nos traces et nous tombent dessus mais on n’en a pas vu un.<br />
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Avant de quitter Crécy, je suis allé sur le champ de bataille pour détrousser les cadavres. D’après les chroniqueurs, c’était le deuxième jour de la bataille mais en réalité il n’y avait plus personne d’autre que des gars comme moi qui venaient chercher du butin et aussi des blessés qui agonisaient. Heureusement que j’avais mon bâton ferré parce qu’il y avait de temps en temps de la bagarre entre détrousseurs. Parfois aussi un blessé se défendait et il fallait donc l’achever.<br />
Mon frère, encore vivant mais les reins brisés, terminait d’agoniser coincé sous notre seigneur en armure. Il m’a raconté l’histoire que je vous ai racontée parce que c’est à lui que cette histoire est arrivée. Le seigneur suppliait que je l’aide mais bien entendu je n’en ai rien fait. Je lui ai cependant laissé la vie sauve : non par charité chrétienne mais à l’idée qu’il lui restait assez de force pour agoniser longtemps. L’humour médiéval n’était pas celui d’aujourd’hui.<br />
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Plusieurs années plus tard, je suis mort à Calais : le cholestérol, ça ne pardonne pas.</p>