Egeablog - Questions de défense2023-06-28T12:43:19+02:00Olivier Kempfurn:md5:fc9dfa5de5fd9856c4c7bdd45e8ff3c1DotclearToujours se méfier des décrets de juilleturn:md5:cde3c1b54620dfedf2ef819ae18ec1b22014-08-01T18:25:00+01:002014-08-04T16:31:23+01:00Olivier KempfQuestions de défenseSaint-Cyr<p>Bien. Ou plutôt mal. Les "gens intelligents et responsables" ont décidé d'agir, par exemple en réformant Saint-Cyr. C'est vrai, cette école fonctionne, forme des officiers qui donnent satisfaction à tous, réussit à de diversifier. Ça fonctionne, donc il faut réformer. Logique imparable. La "cause première", si je comprends bien les débats, consiste à "rentabiliser". Vous comprenez, une école qui forme 120 officiers par an (on oublie au passage de mentionner tous les autres officiers qui sont formés à Saint-Cyr), ça coûte cher. Ce n'est pas rentable (l'école nationale supérieure de police a des promos de 40, au fait). Donc il faut "faire quelque chose". C'est ce qu'on explique à l'Assemblée Nationale comme <a href="http://www.saint-cyr.org/fr/esm-quel-avenir-,article-508.html">le signale le site de la Saint-Cyrienne</a>.</p>
<p><img src="http://www.lepoint.fr/images/2012/10/30/755805-371952-jpg_508146_434x276.jpg" alt="" /> <a href="http://www.lepoint.fr/societe/saint-cyr-deces-d-un-eleve-officier-apres-un-exercice-de-nuit-dans-un-etang-30-10-2012-1523172_23.php">source</a></p> <p>Le quelque chose, c'est "augmenter les volumes". Quand on est contrôleur, on pense qu'il faut parler en termes d’efficience, ce genre de trucs qui font bien dans le civil. Du coup on imagine qu'il faut recruter un plus grand volume d'élèves et en envoyer la moitié dans le civil à l'issue de la scolarité. Car n'est-ce pas, Saint-Cyr est une école d'ingénieur et on manque d'ingénieurs.</p>
<p>Ben non, Monsieur le contrôleur général, Saint-Cyr est une école d'officier. C'est marqué à l'entrée. Son vrai nom, c'est École Spéciale Militaire. C'est donc à la fois Spécial et Militaire. Si, c'est marqué dessus. Il n'y a pas marqué "central" ou polytechnique" ou "arts et métiers" ou "supaéro" ou ce genre de trucs. Spécial, et militaire.</p>
<p>On pourrait en rire s'il n'y avait eu ce <a href="http://www.saint-cyr.org/fichiers/esm/decret-n-2014-823-du-18072014.pdf">décret publié le 18 juillet</a>, lui aussi <a href="http://www.saint-cyr.org/fr/e-s-m-deja-une-evolution-,article-513.html">signalé par la Saint-Cyrienne</a>.</p>
<p>Par le biais de convention avec d'autres établissement, il s'agit donc d'accueillir des volontaires qui en fait n'auront pas vocation à servir dans les armées (comme rappelé dans l'article 1) mais qui pourront bénéficier du "diplôme militaire de l'ESM" comme précisé dans l'article 6 qui organise les modalités dérogatoires à l'article 1.</p>
<p>Bref, monsieur le contrôleur n'a pas perdu son temps entre son entretien du 24 juin et son décret du 18 juillet.</p>
<p>Ce billet au cœur de l'été a deux ambitions :</p>
<ul>
<li>signaler l'existence de cette "réforme"</li>
<li>donner le temps à qui de droit pour déposer un recours en illégalité dans les deux mois, c'est-à-dire avant le 17 septembre, devant le Conseil d’État, en trouvant des arguments de fond et de forme pour pouvoir plaider sur les deux registres. On aura toujours le temps de discuter après mais ce recours est bien évidemment suspensif et empêche le "fait acquis".</li>
</ul>
<p>En ce centenaire de 14, je relisais l'ouvrage du colonel Camus sur "L'histoire des Saint-Cyriens" et notamment les passages portant sur cette période. Le casoar et les gants blancs n'existent que par le feu. Peut-être est-ce à la portée d'un gestionnaire...</p>
<p>O. Kempf</p>http://www.egeablog.net/index.php?post/2014/08/01/Toujours-se-m%C3%A9fier-des-d%C3%A9crets-de-juillet#comment-formhttp://www.egeablog.net/index.php?feed/atom/comments/1937Crise au SHD ? Entre ignorance et mauvaise foi des commentateursurn:md5:ecf703882aa4ff7545fb1aaab75f58552013-06-29T10:36:00+00:002013-06-29T10:36:00+00:00Olivier KempfQuestions de défense<div class="post-excerpt"><p>Je reproduis ici le billet de Rémi Porte, qu'il vient de publier sur son <a href="http://guerres-et-conflits.over-blog.com/en-revenir-aux-fondamentaux">excellent blog</a>. Il s'agit de l'affaire "Paulus", signalée par J. guisnel avec, semble-t-il, un traitement qui mérite des éclaircissements. Je ne connais pas le gEneral Paulus, ne suis pas un historien militaire, mais juge utile d'évoquer ce sujet.</p>
<p>O. Kempf</p></div> <div class="post-content"><p>Garder à l'esprit les fondamentaux ...</p>
<p>Crise au SHD ?
Entre ignorance et mauvaise foi des commentateurs</p>
<p>J'ai été très étonné de lire, il y a trois jours, sur le site Lepoint.fr, l'article de Jean Guisnel titré "Le général Olivier Paulus et son adjoint exclus du Service historique de la Défense" (ici). Mélange de rumeurs et de sous-entendus, avec un soupçon de mauvaise foi pour faire passer le tout. Sagement, j'ai attendu quarante-huit heures pour voir si une réaction était publiée. Rien. Je passe quelques appels à différents camarades, membres du SHD ou non. Tous sont choqués, mais pour les uns (les militaires le plus souvent) le devoir de réserve interdit de réagir publiquement, tandis que pour les autres (historiens civils et universitaires) il faut y voir la partie visible d'un iceberg de lutte pour le pouvoir aux échelons supérieurs au SHD, ce qui impose d'abord de se faire discret. Bref, le "grand silence des espaces blancs", qui accrédite la thèse publiquement diffusée ! Au bilan, il est tellement facile de "charger" un militaire, sans apporter la moindre précision ou référence !</p>
<p>N'ayant jamais servi sous les ordres du général Paulus et n'étant l'obligé de personne, il me parait normal de rétablir quelques vérités. Analysons donc ce texte, paragraphe par paragraphe, et décryptons-le :</p>
<p>- Le premier paragraphe est globalement exact. Oui, l'atmosphère se dégrade au SHD depuis des mois, oui différentes catégories de personnel travaillent sur le site, oui il y a un conflit d'autorité. Mais, immédiatement, une réserve : il ne s'agit pas d'une opposition (qui serait presque statutaire ou de principe selon l’article) sur les archives entre officiers et conservateurs. Il s'agit des conséquences d'une absence de politique claire, d'un "défaut de gouvernance", comme on dit aujourd'hui. Alors, pourquoi existe-t-il un SHD et à quoi doit servir cet organisme ? Nous y reviendrons à la fin de cet article.</p>
<p>- Le deuxième paragraphe est le plus perfide. Après avoir brossé en quelques lignes la belle carrière du général Paulus, Jean Guisnel "glisse" discrètement que celui-ci aime vraiment beaucoup les décorations "qu'il porte pourtant fort bien", d'ailleurs il n'y a qu'à regarder la photo officielle... Monsieur Guisnel est journaliste de défense depuis assez longtemps pour avoir croisé ces dernières années des dizaines (des centaines ?) d'officiers (et d'autres) portant cinq barrettes complètes ou plus, ce qui n'a rien d'anormal depuis que se multiplient les séjours à l'extérieur et les relèves. Certes, la plupart sont des "commémo" (il n'y a pas si longtemps, un séjour de 6 mois en ex-Yougoslavie donnait la possibilité de recevoir jusqu'à 3 médailles, une tous les deux mois), mais en quoi le général Paulus aurait-il à rougir ou à cacher ces témoignages extérieurs d'une longue carrière ? Jouer sur ce registre est petit et mesquin, j'en parle d'autant plus librement que ceux qui me connaissent savent que je ne porte jamais de décoration.</p>
<p>- Les troisième et quatrième paragraphes insistent sur un aspect très particulier, celui des archives "nucléaires", par nature extrêmement sensibles et protégées. Du croustillant donc ? Or il s'avère que le dossier Jupiter (I puis II) remonte à de longues années déjà et que son traitement exige, par définition, une grande précision ... mais aussi des moyens pour assurer la sécurité. Que le chef du service s'en préoccupe semble on ne peut plus naturel. Il n'y a pas là d'opposition entre des catégories de personnel qui souhaiteraient une ouverture plus ou moins large des archives, mais application de la loi et respect des règlements, et tout particulièrement celles et ceux relatifs à la protection du secret de la Défense nationale qui relève du SGDN sous l'autorité du Premier ministre. Faux problème donc, et surtout ce n'est pas sur ce dossier (dont la quasi-totalité des cadres du service ne connaissent au mieux que le nom) que "tout le personnel spécialisé détaché du ministère de la Culture s'indigne". Par contre, et il suffit pour s’en rendre compte de discuter sur place avec toute les catégories de personnel, à tous les niveaux hiérarchiques, le conservateur chef des archives de Vincennes a-t-il bien pris en compte les spécificités d'un Service relevant du ministère de la Défense et dont la collecte et la conservation des documents n'est qu'un aspect des savoir-faire, relevant de la mission archivistique à côté de celles attachées aux bibliothèques, à la symbolique et à l'histoire militaire ? Par nature et par fonction, le SHD n’est pas homothétique des Archives nationales. Qu'on le veuille ou non, le SHD n'est pas qu'un service d'archives. Il a, de surcroît, la mission de contribuer à l'écriture de l'histoire des armées et du ministère, et à l'exploiter pour apporter aux autorités et aux unités la connaissance et la compréhension de la chose militaire. Voilà ce qui différencie fondamentalement le SHD des autres services d'archives ministériels. Nous y reviendrons un peu plus loin.</p>
<p>- Le cinquième paragraphe, à partir du cas particulier de ces archives sensibles, généralise hâtivement le discours : les militaires soupçonneraient les conservateurs de "préparer un hold-up" sur leurs archives ! N..de D... ! Un hold-up ! Parlez-en à la poignée de militaires qu’il reste à Vincennes. Pour eux, ce mystérieux hold-up est inutile : ils sont peu-à-peu dépossédés non seulement de l’autorité mais même de leurs propres marges d’initiative.</p>
<p>- Les deux derniers paragraphes mettent en cause les autorités de tutelle, qui ont "négligé" , "étouffé", "glissé sous le tapis pendant des mois" ce différent. Belle découverte. Qui a réagit lorsque le général Paulus a, à plusieurs reprises, « tiré la sonnette d’alarme » ? Qui a réagit lorsque le conservateur général qui lui était adjoint s’est adressé directement aux cabinets de la Culture et de la Défense pour critiquer et contester son chef (toute l’université parisienne a été au courant) ? Y a-t-il là quelque chose d'original ou d'atypique dans une haute administration où la règle de base est désormais celle du "Pas de vagues !" ? En résumé, un article qui multiplie les sous-entendus à partir des confidences, selon la formule consacrée, de "sources proches du SHD". Lesquelles ? Personne ne le sait ! Alors posons la question : qui a intérêt à déstabiliser le général chef de service ? Qui aimerait être "calife à la place du calife" ? Selon l'ancienne formule des enquêteurs : à qui profite le crime ?</p>
<p>Revenons donc sur le sujet laissé en suspens et qui constitue, au-delà des situations personnelles, le fond du dossier : pourquoi un Service HISTORIQUE de la Défense ?</p>
<p>La sémantique nous donne une première réponse : il ne s'agit pas du service des archives de la Défense, et l'emploi du mot Historique souligne bien qu'il n'est pas simplement question de collecter, conserver et communiquer des documents. Dès le Directoire, le Dépot de la Guerre, "ancêtre" du SHD, reçoit la double mission de "conserver la mémoire de la nation en armes" ET de contribuer à la formation militaire des officiers en permettant l'étude des campagnes passées. Après 1870, c'est autour des officiers historiens qu'est créé le 2e bureau de l'état-major, c'est le général Lewal qui commande la jeune Ecole supérieure de guerre, ce sont les officiers de la section historique de l'état-major qui animent le renouveau doctrinal. Après 1918, Clemenceau affecte une cinquantaine d'officiers à la rédaction des AFGG (Armées Françaises dans la Grande Guerre), monumentale étude jamais égalée, rédigée à partir des archives primaires et des documents originaux, dont les quelques 110 volumes sont publiés au cours de l'entre-deux-guerres. Depuis toujours, les chercheurs du SHD (officiers et personnel civil) participent à la formation, enseignent dans les écoles, dirigent des études tactiques sur le terrain, rédigent des ouvrages de référence en puisant leurs informations à la meilleure source : les archives. Jusqu'en 2005, tant que chaque service d'armée relevait de son propre état-major, ce lien naturel n'a pas été remis en cause. Depuis la fusion de tous les services en un seul ensemble relevant de la chaîne SGA via la Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives (et l'on observe ici que le mot "histoire" est absent), ce lien a été sinon rompu, du moins fortement distendu.</p>
<p>Au fur et à mesure du temps, des spécialistes civils des archives ont été affectés au service, leurs compétences reconnues leur permettant d'être des conseillers techniques écoutés du commandement. Peu à peu, la diminution de plus en plus sensible du nombre de militaires à Vincennes a fait son oeuvre : la nature a horreur du vide. Avec la quasi-disparition des officiers historiens qualifiés, le personnel détaché du ministère de la Culture a naturellement imprimé son style, sa marque, ses priorités, ses choix. Et il devient presque "anormal" ou "méprisable" de vouloir étudier les campagnes militaires, contribuer au RETEX, s'intéresser aux opérations passées, récentes, en cours. En clair, les armées ne sont bientôt plus chez elles dans leur propre service d'archives. Voilà l'origine de la crise. Lorsqu'un général souhaite rééquilibrer le dispositif, redonner à l'histoire une utilité et une visibilité, contribuer aux débats en cours, appuyer les opérations, il devient personna non grata dans son propre service, parce qu'il a été "laché" par les autorités de tutelle qui l'on pourtant nommé. Ce n'est pas le général Paulus qui a fragilisé le SHD : ce sont ceux qui, depuis plusieurs années ont détourné le service de l'une de ses missions, qui ont poussé à la réduction dramatique d'une capacité de recherche, qui ont fermé les yeux sur l'abandon de l'une des richesses du ministère. Notons d'ailleurs que le même journaliste, il y a quelques jours, sous le titre "Exclusif : l'armée de terre dénonce une prise de pouvoir de l'administration sur l'opérationnel" (ici), rendait compte d'une réalité quotidiennement vécue. Le problème est du même ordre à Vincennes. Parmi bien d'autres points, le récent rapport de l'amiral Chomel de Jarnieu, inspecteur général des armées pour la Marine, pointe d'ailleurs cette "faiblesse" militaire de Vincennes. Chacun le sait. Personne n'en parle.</p>
<p>N’ayant, je le répète, aucun lien particulier avec le général Paulus, je m’indigne de la réputation, de la fin de carrière, du sort faits à un homme qui a eu le grave défaut de vouloir remettre le navire sur sa voie, et je m’inquiète d’une évolution qui annonce, si l’on n’y prend pas garde, de tristes lendemains. Alors que faire ? Continuer avec persévérance à défendre une capacité d'étude et d'enseignement au profit des armées. Et donc de recherche, car on ne peut pas admettre que les "officiers historiens du futur" se contentent de recopier et synthétiser plus ou moins bien deux ou trois livres pour dispenser de temps en temps quelques heures de cours. Tout enseignement implique, exige, une recherche. Tout travail au bénéfice d’un état-major nécessite de repartir des archives primaires. Ces officiers doivent non seulement être titulaires de toutes les qualifications universitaires mais aussi, c’est indispensable, s'investir dans les archives, manipuler les dossiers, consulter les documents originaux. C'est à cette indispensable condition qu'ils pourront être utiles à leur institution d'appartenance et que leurs successeurs pourront peut-être rédiger, dans quelques années, les "AFGG de l'an 2000". Encore faudrait-il que les missions soient clairement définies (un petit peu comme à l'armée, désolé !) et que les responsabilités des uns et des autres soient clairement fixées.</p>
<p>Nul doute que nous reparlerons dans l'avenir de ce vaste et important sujet.</p>
<p>N.B. : je n’ai pas abordé ici, du fait du sujet, la délicate question de la communication des archives au public. Tous les universitaires, enseignants-chercheurs, et étudiants parisiens ou provinciaux ont beaucoup à dire sur ce sujet, qui relève totalement du chef des archives de Vincennes A chacun ses responsabilités…</p>
<p>Rémi Porte</p></div>http://www.egeablog.net/index.php?post/2013/06/29/Crise-au-SHD-Entre-ignorance-et-mauvaise-foi-des-commentateurs#comment-formhttp://www.egeablog.net/index.php?feed/atom/comments/1839Armées et restructurationsurn:md5:b1f9a6b03249008afe0a459973eb36d42013-04-09T20:14:00+00:002013-04-09T20:14:00+00:00Olivier KempfQuestions de défense<div class="post-excerpt"><p>Cela fait maintenant plus de dix ans que je connais le général <strong>Lafontaine</strong> (Vincent, car il faut préciser). Et le texte qu'égéa publie ci-dessous, et qui vient d'être publié par la dernière livraison des <a href="http://www.cesat.terre.defense.gouv.fr/archives-cahiers-du-cesat">cahiers du CESAT</a> (désolé le lien ne fonctionne plus : le site défense est en panne en ce moment) n'est pas seulement frappé au coin du bon sens : il tort le cou à des idées managériales qui ont inspiré bien des réformes récentes ou futures. Ainsi de la rengaine consistant à préconiser le triptyque « un responsable, un contrat, une performance » qui anime encore certains esprits technocratiques, et qui n'ont éventuellement de militaires que le statut.</p>
<p>Je me retrouve également dans la dénonciation de ce réflexe, vu dans les plus grands états-majors, consistant à croire qu'une réforme c'est d'abord une organisation et donc une diapositive avec des boites et des fils : croire que positionner les boites suffit, c'est ignorer que l'essentiel se situe dans les fils, et donc dans les relations entre boites, jamais assez décrites et explicitées.</p>
<p>Enfin, remarquer que "rationaliser" signifie centraliser et donc perdre la souplesse est une leçon tellement évidente qu'il est surprenant qu'on ne l'oppose pas aux chasseurs de coût. La subsidiarité est source d'efficacité. Bref, que du bon sens : il y en a encore dans les armées, même si elles comptent leur lot de technocrates qui croient que le civil c'est moderne !</p>
<p><img alt="" src="http://img.over-blog.com/600x424/3/58/81/18/organigramme-glnf-uni2r.jpg" /> <a href="http://le-myosotis-paca.over-blog.com/article-le-bal-des-faux-nez-99612259.html">source</a></p>
<p>O. Kempf</p></div> <div class="post-content"><p><strong>Armée et restructurations</strong></p>
<p>Lorsque le Général <strong>Houbron</strong>, directeur de ces cahiers m’a demandé de rédiger quelques lignes pour l’éditorial de la livraison de début 2013, j’ai dit oui sans trop réfléchir. Mais l’échéance approchant, il convenait de se mettre au travail ! Quel sujet traiter ? Bien sûr, il était possible d’évoquer 38 ans de carrière ; l’exercice est cependant périlleux voire prétentieux, surtout avec un lectorat de jeunes officiers brillants, toujours prêts à tailler des « costards »…</p>
<p>Rédiger une sorte de testament pour mes jeunes camarades ? L’exercice est encore un peu prématuré et le risque identique !</p>
<p>Finalement, j’ai choisi d’aborder un thème un peu ardu, mais hélas régulièrement d’actualité : armée et restructurations ! Cherchant à tirer parti de ma modeste expérience dans le domaine, je vous propose ici quelques réflexions à caractère général, qui pourraient, je l’espère, vous être utiles dans votre métier d’officier supérieur.</p>
<p><strong>De la sensibilité du militaire aux effets de mode …..</strong></p>
<p>Alors que l’officier est traditionnellement considéré comme un « conservateur », notamment par les observateurs extérieurs, on peut s’étonner que certains d’entre nous aient une sorte de fascination irraisonnée pour tout ce qui est concept nouveau, tout particulièrement lorsqu’il vient du monde civil. Volonté de briller ou de paraître original ? Complexe du militaire vis-à-vis du civil qui lui fait croire que tout ce qui vient de l’extérieur serait plus intelligent ? Tout cela ne serait pas grave, si ces brillantes idées étaient préalablement passées au crible du réalisme de leur mise en œuvre, en prenant en compte les finalités et les objectifs bien particuliers de nos armées (l’engagement opérationnel et son corollaire la préparation). Or il faut bien le constater : ce pragmatisme et ce bon sens quasi-paysan ne sont pas toujours aussi présents qu’il conviendrait !</p>
<p>L’exemple du « recentrage sur le cœur de métier », régulièrement mis en avant dans nos réformes les plus récentes illustre assez bien ce suivisme dont nous sommes capables. En acceptant sans analyse réelle ce principe venu du monde industriel et, a priori, tout à fait séduisant, nous avons tout simplement oublié que les armées ne constituent pas une entreprise dont la logique est de produire de la richesse, mais qu’elles sont faites pour combattre dans des conditions difficiles, parfois loin de notre territoire. En bref, nous occultons le fait qu’en opération, mais presqu’autant à l’entraînement, le mécanicien et le cuisinier sont aussi indispensables que le grenadier voltigeur !</p>
<p>Dans le même esprit, d’aucuns voudraient pour des raisons économiques nous faire abandonner urbi et orbi le triptyque « un chef, une mission, des moyens » au profit d’un nouveau slogan « un responsable, un contrat, une performance ». Ils oublient simplement que pour être efficace le chef militaire doit pouvoir arbitrer et faire des choix dans le domaine des soutiens en fonction de l’objectif à atteindre, même en garnison, et que la seule logique d’optimisation économique ne saurait fonder l’organisation de nos armées.</p>
<p>La notion de contrat appliquée sans discernement à des domaines de l’administration des armées qui impactent très directement leur efficacité opérationnelle, induit inévitablement perte de réactivité pour gérer les impondérables, délai d’ajustement, suradministration pour élaborer le document contractuel ainsi qu’une forme de dilution de la responsabilité très caractéristique de nos processus modernes, très segmentés (cf. notre aventure avec Louvois !). La tentation du « tout-externalisation », dont nous sommes, on peut l’espérer, déjà en train de revenir, constitue un exemple similaire de ces modes, qu’il ne faut suivre qu’avec discernement…</p>
<p><strong>Du risque d’en rester à des organigrammes…</strong></p>
<p>Lorsqu’il s’agit de réviser une structure (un état-major, des services, …) le militaire, tyrannisé par la manie des planches « Power point », a souvent tendance à se précipiter sur la construction immédiate d’une structure, avec des bureaux, des cellules, des divisions. En bref, son effort consisterait plutôt à positionner des boîtes les unes par rapport aux autres, un peu comme dans un jeu de Lego !</p>
<p>Il oublie parfois qu’avant de se lancer dans l’organisation, il faut d’abord clarifier les objectifs de la structure, préciser les principes qui vont présider à son fonctionnement, identifier les interactions avec l’extérieur en amont et en aval. C’est bien une analyse fonctionnelle qu’il convient de mener en mettant en évidence les besoins en entrée et les produits en sortie. Les choix d’architecture ne doivent être, en fait, que l’étape finale.</p>
<p>Qui plus est, la définition des processus de fonctionnement entre cellules est souvent plus importante que la seule organisation hiérarchique des bureaux entre eux !</p>
<p><strong>Entre centralisation et subsidiarité</strong></p>
<p>Lorsqu’il s’agit d’ « optimiser » une structure, et nous savons combien la crise économique est prégnante, la tentation est forte d’avoir recours de façon unique et systématique à nos vieux démons français : la centralisation, qui serait la seule manière de gagner des postes et de faire des économies. Notre vieux passé jacobin nous poursuit ! Finies les idées innovantes, les recherches de productivité !</p>
<p>Notre seule imagination est dans la <ins>mutualisation par centralisation</ins>. Qui plus est, notre vision rationaliste nous fait oublier qu’en regroupant nos personnels-experts au niveau supérieur et en les cantonnant dans leur domaine de spécialité, nous supprimons la souplesse et la réactivité que nous donnaient leur polyvalence et leur capacité multitâches lors qu’ils travaillaient au niveau juste en dessous.</p>
<p>Souvent, nous avons le principe de subsidiarité à la bouche (principe qui veut qu’on ne fasse pas faire, à un niveau hiérarchique plus élevé, ce qui peut être fait efficacement au niveau inférieur). Pourtant, dans la réalité du quotidien, il faut bien convenir que nos choix d’organisation sont exagérément centralisateurs avec une confusion fréquente entre les différents niveaux d’action : conception, mise en œuvre et finalement exécution.</p>
<p>A titre d’exemple, dans l’organisation actuelle de l’administration générale et des soutiens communs, certains imaginent que l’EMA pourrait à la fois assurer la cohérence des chaines de soutien par le pilotage des directions et services, concevoir les politiques générales, et simultanément diriger les 60 bases de défense réparties sur le territoire national. Cette vision centralisatrice, qui croit faire des économies de personnel en supprimant un échelon intermédiaire, mélange en fait au sein d’un même niveau des responsabilités de nature différente.</p>
<p>Elle fait fi des vieux principes pragmatiques rappelés par Napoléon, vers les quels, d’ailleurs, reviennent les spécialistes en science des organisations, qui veulent qu’on ne commande efficacement qu’à un nombre limité de subordonnés (moins de 10), ou de façon plus imagée que, plus le râteau est large et possède de dents, moins il est manœuvrable! Enfin, cette centralisation excessive en s’éloignant du terrain et de ses dures réalités, facilite et favorise les prises de position théoriques voire technocratiques.</p>
<p><strong>En guise de fin</strong></p>
<p>Il y aurait encore beaucoup à dire sur ces sujets que je n’ai fait qu’effleurer… mais il faut conclure ! L’objet des réflexions ci-dessus n’est en aucun cas de prétendre que les organisations militaires seraient immuables ou de critiquer les évolutions récentes. A l’évidence, les armées doivent s’adapter et, qui plus est, les ordres, une fois donnés, sont faits pour être appliqués ! En revanche avant de décider de nos évolutions en organisation, tâchons d’être pragmatiques et concrets, refusons les positions théoriques voire idéologiques; soyons ouverts aux idées neuves mais conservons notre bon sens pour les apprécier. Surtout, n’oublions pas les spécificités profondes de notre outil de défense par rapport au monde civil, et revenons toujours à ses finalités pour vérifier la cohérence de nos choix. Méfions-nous toujours des chimères ! Il n’y a rien de pire qu’une idée intellectuellement satisfaisante, mais inapplicable concrètement.</p>
<p>Qui plus est, à l’heure où la résilience est un objectif inscrit dans toutes les têtes depuis le livre blanc 2008, acceptons qu’elle est en contradiction avec une optimisation « comptable » et étriquée. Nécessitant des redondances et des modes dégradés, la résilience a un coût, y compris en organisation ! Elle implique des investissements selon une logique d’assurance ou de provisions pour risques. Nos pays post-modernes sont-ils encore capables de tels sacrifices ?</p>
<p>GCA Vincent <strong>Lafontaine</strong></p>
<ul>
<li>Officier Général de la Zone de Défense ouest</li>
</ul></div>http://www.egeablog.net/index.php?post/2013/03/29/Arm%25C3%25A9es-et-restructurations#comment-formhttp://www.egeablog.net/index.php?feed/atom/comments/1756Audition du général Henri Bentégeat sur la politique de défense et l'Europe de la défense par le Sénaturn:md5:a922c4d11470cff5c0ebf2795d5684ef2013-03-04T19:09:00+00:002013-03-04T19:09:00+00:00Olivier KempfQuestions de défense<div class="post-excerpt"><p>Le 12 février, la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées a auditionné le général Henri <strong>BENTEGEAT</strong>, ancien chef d'état-major des armées, sur la politique de défense et l'Europe de la défense. <strong>Pascal Tran-Huu</strong> nous rend compte des débats, merci à lui.</p>
<p><img alt="" src="http://www.la-croix.com/var/bayard/storage/images/lacroix/debats/opinions/debats/general-henri-bentegeat-ancien-chef-d-etat-major-des-armees-francaises-il-est-illusoire-de-penser-que-la-guerre-peut-etre-eradiquee-_np_-2012-04-20-796930/25537058-1-fre-FR/General-Henri-Bentegeat-ancien-chef-d-etat-major-des-armees-francaises-Il-est-illusoire-de-penser-que-la-guerre-peut-etre-eradiquee_article_main.jpg" /> <a href="http://www.la-croix.com/Debats/Opinions/Debats/General-Henri-Bentegeat-ancien-chef-d-etat-major-des-armees-francaises-Il-est-illusoire-de-penser-que-la-guerre-peut-etre-eradiquee-_NP_-2012-04-20-796930">source</a></p></div> <div class="post-content"><p>Pour l’ancien président du Comité militaire de l'Union européenne, depuis 2008, année de la parution du dernier Livre blanc, le contexte stratégique a connu 4 évolutions majeures :</p>
<ol>
<li>1. La crise économique et financière qui a surtout touché l'Europe et les Etats-Unis et qui a eu pour effet de réduire significativement les budgets de la défense partout en Europe alors que les dépenses militaires des puissances émergentes ont continué à s'accroître ;</li>
<li>2. Le« printemps arabe », dont les développements restent encore très incertains, mais qui produisent déjà certains effets avec la crise de la gouvernance mondiale ;</li>
<li>3. Le rebond de l'OTAN, avec le succès de l'intervention en Libye, le retour de la France au sein du commandement militaire intégré et le lancement de deux grands projets : la défense anti-missiles et la « smart defence » ;</li>
<li>4. Le retour de l'Afrique illustré par l’opération Serval.</li>
</ol>
<p>De ces principales évolutions, Bentégeat tire 4 conclusions :</p>
<ol>
<li>1. Un repli des Etats-Unis qui estiment que les Européens devraient jouer un plus grand rôle pour assurer la sécurité dans leur voisinage ;</li>
<li>2. Les évènements en cours dans l’Afrique subsaharienne ont démontré la pertinence de nos bases prépositionnées, gage d’une intervention rapide ;</li>
<li>3. Les Européens manquent de plus en plus de moyens mais aussi et surtout de volonté politique pour bâtir l'Europe de la défense ;</li>
<li>4. Un nouveau mode d'action de la communauté internationale caractérisé par une « guerre aérienne » en évitant d’engager des troupes au sol (cf. l’Affaire libyenne) alors que chaque crise, chaque intervention est spécifique.</li>
</ol>
<p>« la principale conclusion que je retire est qu'il n'y a pas de changements majeurs dans la typologie des conflits auxquels nous pourrions être confrontés, que nos lacunes capacitaires sont bien identifiées, et que les foyers de tension restent toujours aussi vifs et qu'ils se sont même accentués avec des facteurs nouveaux d'incertitude, comme la crise de la gouvernance mondiale, la nouvelle attitude américaine ou les conséquences du « printemps arabe ». »</p>
<p>Face à ce constat, Bentégeat estime que l’OTAN reste indispensable sans « s'illusionner sur le renforcement de la place et de l'influence des Européens au sein de l'Alliance ou sur la création d'un « caucus européen » que les Américains ne pourront jamais accepter. » Sans non plus se laisser dévorer par l’Organisation surtout du point de vue budgétaire. A ce propos, l’ancien CEMA a précisé que « pour financer les projets de l'OTAN, nous devions renoncer chaque année à l'équivalent de trois hélicoptères de combat. »</p>
<p>L'Union européenne reste indispensable et un atout incontestable pour la France et l’ancien Président du Comité militaire de l’UE de préciser que « L'Union européenne est aussi la seule organisation au monde capable d'agir globalement sur une crise, de mobiliser un ensemble des moyens - militaires ou civils, tels que l'aide au développement ou en matière de police, de justice ou de douanes - pour faire face à une situation de crise, dans le cadre de ce qu'il est convenu d'appeler aujourd'hui une « approche globale ». »</p>
<p>Comment faire pour relancer l’Europe de la défense ? Pour Bentégeat il faut :</p>
<ol>
<li>1. Mettre en œuvre le Service européen pour l’action extérieure qui ne dispose toujours pas de procédures, de structures de gestion de crise, de procédures financières ;</li>
<li>2. Soutenir plus fortement l'agence européenne de défense</li>
</ol>
<p>En matière de capacité de la défense française, l’ancien CEMA a rappelé que l'idée générale qui guidait le Livre blanc de 2008 en matière de capacités militaires répondait à trois logiques :</p>
<ol>
<li>1. dissuader toute menace majeure ;</li>
<li>2. être capable d'exercer le « leadership » sur une opération militaire de moyenne envergure ;</li>
<li>3. être en mesure de participer à une vaste opération militaire avec nos alliés en étant capable d'influer et de peser sur la stratégie d'ensemble.</li>
</ol>
<p>Logiques qui restent globalement valables, toutefois la mise en œuvre se heurte, et se heurtera à un problème budgétaire qui imposera de réfléchir sur le poids de l’outil dont l’arme nucléaire.</p>
<p>« La dissuasion nucléaire représente aujourd'hui environ 20 % des crédits d'investissement en matière de défense. Mais, dans l'éventualité d'une diminution du budget de la défense, notamment en matière de dépenses d'investissement, cette proportion pourrait augmenter pour atteindre 25 à 30 %. Est-ce qu'un tel poids de la dissuasion au sein de notre effort de défense est supportable ? Ne risque-t-il pas d'avoir un « effet d'éviction » insupportable sur l'équipement des forces classiques ? C'est un vrai sujet. »</p>
<p>Plus loin, Bentégeat estime que « Si l'on cherche vraiment à réaliser des économies, je pense qu'il faudra passer à plus de « rusticité » dans nos équipements, ce qui demande un effort conjoint de la part des chefs d'état-major des armées, de la direction générale de l'armement et des industriels. »</p>
<p>Concernant la réorganisation du ministère de la défense etla redéfinition du rôle du CEMA que prépare le cabinet du Ministre de la défense, Bentégeat avertit que « l'organisation du ministère de la défense passant ainsi d'une finalité opérationnelle à une finalité administrative et gestionnaire… Or, en retirant au chef d'état-major des armées les bases de son autorité sur les trois chefs d'état-majors de l'armée de terre, de la marine et de l'armée de l'air, on relancera inévitablement les guerres intestines interarmées, les querelles stériles et incessantes entre les uns et les autres, qui avaient cours avant la réforme de 2005, avec les incohérences et les distorsions qui en résulteront »</p>
<p>Un exposé qui s’est conclu par des réponses, à découvrir dans le document joint, à une salve de questions posées par nos sénateurs…</p>
<p>Pascal TRAN-HUU</p></div>http://www.egeablog.net/index.php?post/2013/03/04/Audition-du-g%25C3%25A9n%25C3%25A9ral-Henri-Bent%25C3%25A9geat-sur-la-politique-de-d%25C3%25A9fense-et-l-Europe-de-la-d%25C3%25A9fense-par-le-S%25C3%25A9nat#comment-formhttp://www.egeablog.net/index.php?feed/atom/comments/1719Le livre blanc lave plus blancurn:md5:89bda867771de7b29277ec46182d386b2012-10-22T21:29:00+00:002012-10-22T21:29:00+00:00Olivier KempfQuestions de défense<div class="post-excerpt"><p>XYZ, qui se reconnaîtra, m'envoie ce texte, amusant et nettoyeur. Je respecte son anonymat. Et les questions qu'il pose. Car si le LB lave plus blanc, il rince bien : mais qui ?</p>
<p><img alt="" src="http://2.bp.blogspot.com/-udJSfYjOEKs/T840VTTwwhI/AAAAAAAAF20/A3S4enetjgA/s320/Persil4.jpg" /> <a href="http://meli-melo-sobieraj.blogspot.fr/2012/06/persil-lave-plus-blanc.html">source</a></p>
<p>O. Kempf</p></div> <div class="post-content"><p><strong>Comment aider les nettoyeurs à laver plus blanc, alors que la machine est sur le mode lavage rapide?</strong></p>
<p>Alors que sont lancés les travaux du livre blanc dans un contexte difficile, il est permis de s’interroger sur ce qui pourrait sortir de la machine à réfé. Mais comment y voir clair sans prendre un minimum de recul. Pour cela, penchons nous sur les exercices précédents pour en tirer “un retour d’expérience”et tentons de suggérer quelques pistes décapantes qui pourraient, peut-être, aux penseurs-nettoyeurs de laver plus blanc sans craindre que des tâches ne ressortent d’ici deux ou trois ans.</p>
<p><strong>Les nettoyages de 94 et 2008 ont-ils évité que les tâches ne ressortent?</strong></p>
<p>L’exercice lancé en 1994 sous autorité du premier ministre constituait une étape importante de l’après guerre-froide. Il succédait au livre blanc de 1972, “passage de la période douloureuse de la décolonisation à l’ère moderne”. Sans porter une appréciation exhaustive sur cet exercice de prospective, force est de constater que le modèle de Défense prônait à l’époque était une armée mixte: Le service national co-habitait avec l’armée professionnelle. Nos penseurs-nettoyeurs de l’époque, s’abritant derrière des arguments notamment financiers, n’avaient pas pu mettre en avant l’option d’une armée uniquement professionnelle comme celle dont disposaient les Britanniques.</p>
<p>Trois ans après, la réforme de la professionnalisation était lancée. Cette transformation voulue par le Président de la République, remettait profondément en cause les analyses qui avaient prévalues en 1994. Pourtant, la dimension humaine n’avait pas été négligée. Les hommes et les femmes de la Défense étaient placés au premier rang du chapitre consacré aux ressources, prenant le pas sur les aspects économiques.</p>
<p>Si l’on se souvient des débats parfois polémiques autour du caractère inégalitaire de l’appel sous les drapeaux, il est permis de se poser la question: Le livre blanc n’a pas permis de résoudre un problème qui était dans tous les esprits mais qui n’avait pas pu se traduire concrètement? Le livre blanc n’a t-il pas pu faire partir définitivement cette tâche, cette inégalité devant la nation?</p>
<p>En 2008, l’exercice livre blanc s’est démarqué du précédent sur de nombreux points. Les enseignements de l’après-guerre froide ont été tirés, les penseurs-nettoyeurs ont tenté de répondre au défi du terrorisme à l’échelle planétaire dans un monde pleinement transformé par les flux économiques, humains et numériques.</p>
<p>La démarche était moins conceptuelle. Des conséquences concrètes y sont insérées, ouvrant la voie à une loi de programmation sans surprise. Au passage l’économie de Défense avait pris le pas sur les hommes et des femmes qui servent la défense, civils et militaires. Même si des mesures détaillées ont été envisagées par le document, notamment, pour la révision des statuts particuliers, le relevé de conclusion final n’y consacre que quelques lignes. La condition militaire qui faisait l’objet d’un chapitre dans le livre blanc de 1994, n’y était plus ici pensée en tant que réalité à part entière. Les aspects humains sont rétrogradés au point 15 des 17 points du relevé de conclusion du livre blanc de la défense et de la sécurité nationale.</p>
<p>Mais même si on peut regretter que cette place relative n’est pas été préservée, le point le plus remarquable est qu’une nouvelle fois, une question était présente sur toutes les lèvres mais qui a fait l’objet d’une réponse “qui fait tâche”, comment tout financer? Pourtant, la question est enterrée puisque les financements sont prévus jusqu’en 2020...D’ici 2020, l’effort total consenti pour la défense, hors pensions,s’élèvera à 377 milliards d’euros. Dépenses d’équipements s’élèveront à 18 milliards d’euros en moyenne sur la période 2009-2020.</p>
<p>Les pressions particulièrement fortes sur les finances publiques conduisent aujourd’hui à reconsidérer l’exercice de 2008. 50 milliards d’euros pourraient manquer à l’horizon 2020 sur l’ensemble de la période considérée par le livre blanc. Il ne s’agit donc pas d’une simple réactualisation.</p>
<p>Au bilan, si en 1994, nos stratèges n’avaient pas vu ou anticiper le passage inéluctable à l’armée professionnelle, en 2008, ils n’ont pas non plus anticipé la tempête budgétaire qui s’annonçait. Les tâches sont ressorties dans les deux cas trois à quatre ans après la diffusion du livre blanc.... Dans le même temps, l’ordre des priorités a changé. Par ailleurs, entre 1994 et 2008, l’économiste et le financier semblent avoir pris le pas sur l’humain.</p>
<p><strong>Quelles conclusions en tirer pour notre lavage rapide?</strong></p>
<p>Tout d’abord il est indispensable de constater que tout exercice de prospective comporte des risques. Il vaut mieux réfléchir et imaginer que de rester à regarder le bout de ses pieds. L’exercice mérite donc d’être conduit. Deux types d’enseignements peuvent être tirés des lavages précédents:
- les questions qui sont écartées ou les non-dit au moment de leur réalisation ont été traitées par la suite. Enseignement numéro un: intéressons nous aux sujets sur lesquels nous disons qu’il n’y a pas de problème ou qu’il y a consensus: la dissuasion nucléaire, la condition militaire, l’adhésion de la nation, ...
- malgré la volonté des penseurs-nettoyeurs de 2008 et contrairement au mouvement amorcé, les aspects interministériels sont-ils réels? Quelles ont été leur traduction concrète? Le livre blanc sur la défense et la sécurité nationale a t-il réellement franchi les frontières du ministère de la défense?</p>
<p>Voici identifiées quelques pistes qui comportent des similitudes avec celles non dites de 94 et 2008.</p>
<p>Parmi celles-ci, intéressons nous à ce qui sous-tend toujours l’effort de défense: l’adhésion de la nation et au delà la capacité des français à s’engager concrètement dans cet effort de défense. Au cœur de ces questions la condition militaire tient une place particulière. Sujet apparemment consensuel, il mérite aujourd’hui probablement un coup de projecteur pour ne pas devenir une tâche qui va ressortir.</p>
<p>L’adhésion de la nation se traduit par l’effort consacré aux équipements et au personnel. Dans une armée professionnelle, la relation de l’individu avec l’institution militaire passe par une adhésion volontaire. Celle-ci peut être difficile à obtenir car le métier est singulier. Il est donc essentiel que le militaire se sente bien dans l’institution. Il en est alors le meilleur porte-parole. La condition militaire est l’une des clefs de cette volonté de rayonnement. Elle constitue un signe tangible pour les militaires de la reconnaissance de la nation.</p>
<p>Alors que nous sommes lancés dans un cycle de lavage court, il est d’autant plus utile de s’appuyer sur des travaux de fond récents. Une institution indépendante a été instituée par la loi, dans le statut général des militaires de 2005. Le Comité d'évaluation de la condition militaire remet un rapport sur cette condition militaire tous les ans.</p>
<p>La mobilité est au cœur des préoccupations. Elle conditionne le regard des militaires et de leur famille. Elle rejaillit sur l’attractivité du métier. Des recommandations existent dans les rapports qui seraient susceptibles de créer de nouvelles conditions de reconnaissance de la condition militaire. Elles nécessitent une approche sans tabou qui dépasse les frontières du seul ministère de la défense. Citons par exemple: Réserver 20% des postes vacants au ministère de la défense pour le rapprochement des conjoints; Conclure des accords avec les principaux ministères concernés pour faciliter le rapprochement des fonctionnaires conjoints de militaires;</p>
<p>Il ne s’agit pas simplement d’inclure quelques mesures supplémentaires dans le prochain lavage. Il paraît nécessaire de redonner davantage de lisibilité à la condition militaire afin de garantir aux militaires mais aussi à l’ensemble des citoyens que les militaires sont à leur place dans la société du XXIe siècle.</p>
<p>De cette forme d’assurance réciproque pourra naître une adhésion de la nation, sans non-dit. Ainsi éviterons nous sans doute de faire ressortir une tâche que seule un pressing américain pourrait rattraper comme ce fut le cas à plusieurs reprises au XXème siècle...</p>
<p>“La défense n’est réelle et solide que si elle repose sur une conception politique juste, et considérée comme telle par l’ensemble de la nation.” Extrait de l’introduction du livre blanc de 1994, le premier ministre.</p>
<p>XYZ</p></div>http://www.egeablog.net/index.php?post/2012/10/22/Le-livre-blanc-lave-plus-blanc#comment-formhttp://www.egeablog.net/index.php?feed/atom/comments/1570Réserve opérationnelleurn:md5:6d41caca8760aa94bd06aba74c27cd642012-09-22T13:16:00+00:002012-09-22T13:16:00+00:00Olivier KempfQuestions de défense<div class="post-excerpt"><p>Un de mes correspondants, Alkidias, me fait part des difficultés qu'il a eues pour trouver un poste dans la réserve opérationnelle. Celle-ci rencontre des difficultés, ainsi que me le disent nombre de réservistes. Et au-delà des difficultés particulières évoquées ici, la réserve mérite une réflexion sur son emploi, à l'heure des débats sur le livre blanc.</p>
<p><img alt="" src="http://www.defense.gouv.fr/var/dicod/storage/images/base-de-medias/images/marine/ressources-humaines/manoeuvriere/364447-1-fre-FR/manoeuvriere.jpg" /> <a href="http://www.defense.gouv.fr/marine/ressources-humaines/politique-des-ressources-humaines/les-ressources-humaines-de-la-marine-nationale">source</a></p>
<p>O. Kempf</p></div> <div class="post-content"><p>Quatre ans après la parution du Livre Blanc, la réévaluation de la réserve ne semble pas en voie d’être annoncée. Le LBDSN avait pourtant pour objectif de renforcer la réserve suite à l’amaigrissement programmé en améliorant la communication mais aussi en modifiant la législation du travail (LBDSN, p. 245) pour apporter plus de souplesse.</p>
<p>Pourtant il nous semble qu’il y a encore d’autres obstacles au renforcement de la réserve alors qu’il n’y a qu’un réserviste pour 7, 6 militaires d’active (hors gendarmerie, chiffres du Bilan Social du Ministère de la Défense 2011). Nous n’aborderons ici que deux de ces problèmes (celui des retards de solde n’est pas circonscrit aux réservistes) :</p>
<p>1) Il existe un criant problème de communication entre les unités et les CIRFA, conduisant à une sorte de ping-pong administratif. Cette trop forte étanchéité est à notre sens pas indépendante du manque de vision à moyen terme du point de vue des effectifs (des moyens donc), alors que chaque année voit une baisse des effectifs des militaires d’active.</p>
<p>2) Le second problème est celui du facteur temps. Mener à bien un projet d’intégration dans la réserve opérationnelle prend un temps … certain. Une réponse négative de la part d’une unité a pour conséquence une certaine démotivation des postulants (qui peut être aggravé par un changement au niveau professionnel ou personnel), faisant ainsi perdre des compétences qui pourraient être employables ailleurs. Par loyalisme anticipé (peut-être mal employé ici), le postulant ne candidate souvent qu’auprès d’une seule unité en même temps, et recommence donc le décompte du temps avec une nouvelle candidature dans une autre unité. Si en plus jouent des limites d’âge (35 ans pour un candidat civil) …</p>
<p>Au vu de ces rapides constatations, il nous apparaît souhaitable d’améliorer le lien entre les CIRFA et les cellules réserve des unités, en tout premier lieu en établissant les besoins de chacun. L’orientation des postulants en sera améliorée, pour le bien de toutes les parties. On pourra alors se concentrer, dans le but d’appliquer le Livre Blanc de 2008 (en attendant celui de 2012), sur les moyens alloués à la réserve opérationnelle …</p>
<p>Alkidas</p></div>http://www.egeablog.net/index.php?post/2012/09/22/R%25C3%25A9serve-op%25C3%25A9rationnelle#comment-formhttp://www.egeablog.net/index.php?feed/atom/comments/1539« La défense française après les élections » (1er Séminaire sandwich IFRI)urn:md5:847425c15f434ea43286c865d46f6fa12012-09-21T20:33:00+00:002012-09-21T20:33:00+00:00Olivier KempfQuestions de défense<div class="post-excerpt"><p>Jeudi midi a eu lieu le premier séminaire sandwich, organisé par l'IFRI dans ses locaux. L'excellent <strong>Philippe Coquet</strong> a pris des notes et me les a gentiment transmises : merci à lui de ce compte-rendu.</p>
<p><img alt="" src="http://www.lexpress.fr/pictures/744/381371_le-president-francais-francois-holland-avec-le-ministre-de-la-defense-jean-yves-le-drian-le-11-aout-2012-a-chambery.jpg" /> <a href="http://www.lexpress.fr/actualites/1/actualite/malmene-par-l-ump-et-un-sondage-mitige-hollande-occupe-le-terrain_1148774.html">source</a></p>
<p>O. Kempf</p></div> <div class="post-content"><p>Ce séminaire s'est tenu jeudi midi, autour de 3 intervenants : <strong>Etienne de Durand</strong> (EdD) (IFRI) ; <strong>Jean-Dominique Merchet</strong> (JDM) (journaliste, animateur du blog Secret Défense) ; <strong>Camille Grand</strong> (CG) (directeur de la FRS).</p>
<p>Lors de cette séance inaugurale du cycle 2012-2013, les organisateurs ont souhaité proposer un large panorama de la situation de la défense française et de ses enjeux alors que les travaux du LBDSN 2012 progressent et augurent de coupes supplémentaires. Abordant initialement le contexte international stratégique (CG), le débat a porté ensuite sur la situation française (EdD) pour mettre en exergue qq points critiques de la réflexion en cours.</p>
<p><strong>I – Environnement stratégique (CG)</strong></p>
<ul>
<li>- Nous sommes à la fin d’un cycle d’intervention initié dans les années 2000 (RCI, Afgha, Liban…) mais notre environnement est caractérisé par la persistance de l’onde de choc des révolutions arabes ;</li>
<li>- Ces sociétés arabes en transition démocratique sont vulnérables car les nouveaux pouvoirs peinent à gérer les montées de tension ;</li>
<li>- La zone sahélienne est au cœur de nos intérêts stratégiques.</li>
<li>- On assiste à un accroissement des tensions inter-étatiques en Asie-Pacifique (dominante navale et cyber).</li>
<li>- la menace terroriste persiste, même si elle opère de façon plus décentralisée avec un risque d’importation sur le TN.</li>
<li>- les tensions dans le Caucase (à nos portes donc) et la prolifération balistique autant que nucléaire complexifient encore la donne.
<ul>
<li>=> pour la 1ère fois, les dépenses militaires en Asie dépassent celles faites en Europe, traduisant iso facto ce basculement géostratégique.</li>
<li>=> le rééquilibrage stratégique US sur la zone Pacifique place dorénavant et pour la première fois les Européens face à leurs responsabilités régionales (crise libyenne et US « leadership from behind »)</li>
</ul></li>
</ul>
<p><strong>II – Situation française (EdD)</strong></p>
<ul>
<li>réductions budgétaires +/- drastiques à venir dans un contexte européen déjà sinistré</li>
<li>A court terme : le LBDSN est d’abord élaboré pour prendre en compte le contexte financier et budgétaire structurellement en déficit depuis 30 ans
<ul>
<li>=> « La défense contribuera comme les autres », soit en encaissant l’inflation (option zéro valeur), soit en réduction à proportion des autres ministères par rapport au budget Etat (-10% ?).</li>
<li>Il y a un vrai risque de scénario « Italie plus la bombe »</li>
</ul></li>
<li>- A moyen/long terme : il y a un problème global de « soutenabilité » économique de notre modèle, cf Loi d’Augustine (valable pour tous les pays)</li>
<li>- Jusqu’à présent, on payait la modernisation techno en réduisant les effectifs et le nombre de plateformes commandées afin de « rester dans la course » : aujourd’hui, l’équation n’est plus possible et il va falloir choisir. (NB : les US ont tiré en Libye seulement env. 200 missiles de croisière, soit ce que nous commandons pour les armées FR en SCALP…)</li>
<li>- Pooling/Sharing et Smart defense : paradoxe fondamental qui consiste à partager dans un domaine où la souveraineté reste essentielle et où le nombre des partenaires « fiables » est restreint. Le vrai problème reste celui de l’assurance d’accessibilité aux ressources ainsi générées dans le cadre d’une crise, dans laquelle un partenaire ne veut pas s’engager.</li>
<li>- Travail de réflexion nécessaire sur la notion de suffisance techno (work-horse vs pur-sang) et la polyvalence des plateformes (coût marginal exorbitant pour utilité discutable), en particulier pour des forces de plus en plus contraintes financièrement.</li>
<li>- Qu’on se le dise : effectifs de la RATP = effectifs armée de l’air ; RATP + mairie de Paris = Ade terre.</li>
<li>- La profondeur stratégique des forces est sans doute en partie à rechercher dans les réserves (cf US et UK).</li>
</ul>
<p><strong>III – Synthèse/ Ouverture (JDM)</strong></p>
<p>Pas grand-chose à attendre du nouveau LBDSN ! L’essentiel a été tranché par le PR : sanctuarisation de la dissuasion et poursuite des interventions (« tenir son rang et assumer ses responsabilités)… Deux questions majeures (« stratégiques ») persistent cependant, pour lesquelles des directives claires manquent encore : l’avenir de l’AdT et la politique industrielle de défense, pour laquelle le gouvernement peut avoir une vraie action. On peut en effet faire remonter en puissance des forces. Ce n’est par contre pas possible pour les industries.</p>
<ul>
<li>AdTerre : mutation profonde en 15 ans et conduite de la transformation en répondant présent sur tous les théâtres extérieurs : quid du post-afghanistan (retour aux camps de l’est de la France vs fidélisation, …). Le virage va être difficile à négocier pour elle, peut être plus que pour les autres. Les signaux sont maladroits pour l’instant (« gel des tableaux »</li>
<li>Politique industrielle : attention aux effets cliquets (15 ans pour reconstruire une industrie aéronautique après 2éme GM, et à quel prix). L’industrie de défense est la deuxième jambe d’une politique de défense, avec les forces armées…sans l’une d’elles, on boite.</li>
</ul>
<p><strong>Questions/réponses</strong></p>
<p>Le principe de polyvalence des équipements est remis en cause par certains experts, considérant que certaines missions ne requièrent pas l’emploi de moyens ultra-sophistiqués en raison de leur polyvalence (EdD cite le cas du Rafale pour la mission de contrôle du ciel).</p>
<p>Il semble également important de conserver des capacités, même en volume échantillonaire, plutôt que de perdre définitivement l’ensemble des savoir-faire (ex : char Leclerc, on garde cette capacité, même réduite,…)</p>
<p>La DAMB est un programme structurant de l’OTAN. La politique de la chaise vide –pour préserver la dissuasion- n’est pas souhaitable.</p></div>http://www.egeablog.net/index.php?post/2012/09/21/%25C2%25AB-La-d%25C3%25A9fense-fran%25C3%25A7aise-apr%25C3%25A8s-les-%25C3%25A9lections-%25C2%25BB-%25281er-S%25C3%25A9minaire-sandwich-IFRI%2529#comment-formhttp://www.egeablog.net/index.php?feed/atom/comments/1538Défense ou sécurité (cyber) ? (1)urn:md5:62d321d3dc879f1be9b4b81cee00df422012-07-06T22:55:00+00:002012-07-06T22:55:00+00:00Olivier KempfQuestions de défense<div class="post-excerpt"><p>Cybersécurité, ou cyberdéfense ? quelles limites ? Ce débat fait rage parmi les stratégistes et spécialistes du sujet (et parmi les amateurs aussi). Mais c'est un débat confus, et la couche cyber ne fait que compliquer un flou préalable, entre défense et sécurité.</p>
<p><img alt="" src="http://militaryblog.free.fr/public/images/livre_blanc_defense.png" /></p></div> <div class="post-content"><p>1/ Le flou vient du Livre Blanc sur la "défense et la sécurité nationale", publié en juin 2008. L'inclusion de la sécurité dans le spectre de la défense était sensée rendre compte d'un monde plus compliqué. Un retour aux textes s'impose.</p>
<ul>
<li>Dans le <a href="http://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapports-publics/084000341/0000.pdf">Livre blanc</a>, l'objet est donné en fin d'introduction (p. 16) : Le LB "<em>expose une stratégie non seulement de défense, mais aussi de sécurité nationale. Son objet est de parer aux risques et aux menaces susceptibles de porter atteinte à la vie de la nation. Les menaces peuvent provenir d’États et de groupes non étatiques transnationaux. Les risques peuvent résulter de catastrophes naturelles ou sanitaires qui appellent des réponses à l’échelle mondiale. Les atteintes possibles à la vie du pays peuvent être la conséquence soit d’intentions hostiles, soit de ruptures accidentelles. Dans tous les cas, la possibilité d’une atteinte à la sécurité nationale appelle un effort d’anticipation, de prévention et de réponse rapide, mobilisant l’ensemble des moyens des pouvoirs publics et la mise en œuvre de coopérations européennes et internationales. Cette stratégie inclut donc aussi bien la sécurité extérieure que la sécurité intérieure, les moyens militaires comme les moyens civils, la politique de défense proprement dite et la politique de sécurité intérieure et de sécurité civile, la politique étrangère et la politique économique. La définition d’une stratégie d’ensemble en matière de sécurité correspond à une nécessité nouvelle, qui s’impose à la France comme à l’ensemble de ses alliés et partenaires : s’adapter aux bouleversements engendrés par la mondialisation</em>".</li>
<li>Constatons au passage qu'il n'y a pas de distinction claire entre défense et sécurité.</li>
<li>C'est pourquoi il est utile de revenir à la loi (sur la distinction entre le LB et la loi, voir ce <a href="http://www.egeablog.net/dotclear/index.php?post/2009/09/22/LPM-et-ordonnance-de-1959">billet</a>) En effet, la Loi de programmation (LPM) de juillet 2009 donne des précisions, d'autant qu'elle modifie l'article 1 de l'ordonnance de 1959. Le nouvel article 1111 affirme : "<em>La stratégie de sécurité nationale a pour objet d’identifier l’ensemble des menaces et des risques susceptibles d’affecter la vie de la Nation, notamment en ce qui concerne la protection de la population, l’intégrité du territoire et la permanence des institutions de la République et de déterminer les réponses que les pouvoirs publics doivent y apporter. « L’ensemble des politiques publiques concourt à la sécurité nationale". « La politique de défense a pour objet d’assurer l’intégrité du territoire et la protection de la population contre les agressions armées. Elle contribue à la lutte contre les autres menaces susceptibles de mettre en cause la sécurité nationale</em>".</li>
<li>On le voit, il y a beaucoup de renvoi à l’introduction du LB. Si on creuse attentivement, on s'aperçoit que :
<ul>
<li><ins>la sécurité</ins> "<em>relève de l'ensemble des politiques publiques pour répondre aux risques et menaces</em>"</li>
<li><ins>la défense</ins> "<em>a pour objet d’assurer l’intégrité du territoire et la protection de la population contre les agressions armées</em>"</li>
</ul></li>
</ul>
<p>Ainsi, selon le nouveau corpus stratégique, la sécurité remplace l’ancienne défense nationale (interministérielle) quand la défense relève simplement de la chose militaire, autrement dit du ministère de la défense.</p>
<p>2/ Pour autant, ce critère organique (pour une même politique, on utilise un mot différent selon l'organe qui va la mettre en œuvre) paraît peu suffisant. En effet, la distinction sécurité - défense a pu recouvrir d'autres articulations :</p>
<ul>
<li>l'une est issue de la prise en compte de la menace terroriste après le 11 septembre. La sécurité lutte contre le terrorisme, la défense contre des menaces plus traditionnelles.</li>
<li>l'autre est également organique, mais va en dessous de l'échelon ministériel, pour s'intéresser aux agents du monopole de la violence légitime : alors, la sécurité serait chose de la police, et la défense serait chose des armées</li>
<li>similaire serait la distinction géographique : la défense serait "à l’extérieur" (aux frontières ou en expéditionnaire) quand la sécurité serait "à l'intérieur", où les armées seraient intruses. D'ailleurs, c'est de façon opératoire ainsi que chacun le comprend, en distinguant la "sécurité intérieure" (sans trop se poser la question de savoir qui l'opère) et la "sécurité extérieure" (où l'on a tendance à considérer naturellement que c'est plutôt l'armée qui s'en occupe.</li>
</ul>
<p>3/ On pourra se reporter à l'excellent article du CC Porcher (alors stagiaire à l'école de guerre) dans un article de la RDN d'août-septembre 2008 qui s’interrogeait déjà sur "<a href="http://www.defnat.com/site_fr/archives/res_auteurs.php?caut=974">défense versus sécurité</a>". Il y montrait que l'élargissement de la défense, proposé par l'ordonnance de 1959, n'avait pas donné satisfaction. Ce à quoi on peut remarquer que son remplacement par "sécurité" ne devrait pas donner plus satisfaction, surtout en l’absence de définition. D'ailleurs, l'auteur poursuit en évoquant "<em>deux conceptions de la sécurité nationale</em>". La première est <em>intravertie</em> (sic), "<em>il s'agit de la sécurité intérieure</em>"; "<em>la seconde dimension est plus globale</em>" et "<em>s'apparente à ce que les Anglo-Saxons nomment "grande stratégie" et que les Français nomment "stratégie intégrale"</em>. " L'auteur s'efforce alors d'expliquer que la défense est plus passive et la sécurité plus active : je dois dire qu'il ne convainc pas. Force est de constater qu'il demeure une certaine confusion. Même si on a essayé, en Afghanistan, de lier défense à l'extérieur et sécurité intérieure (voir ce <a href="http://www.egeablog.net/dotclear/index.php?post/2009/10/23/D%C3%A9fense%2C-dissuasion-et-s%C3%A9curit%C3%A9">billet</a>).</p>
<p>S'étonnera-t-on alors que la même confusion existe également entre les termes de "cyberdéfense" et de cybersécurité" ? Non. Nous verrons cela dans un prochain billet.</p>
<p>O. Kempf</p></div>http://www.egeablog.net/index.php?post/2012/07/05/D%25C3%25A9fense-ou-s%25C3%25A9curit%25C3%25A9-%2528cyber%2529#comment-formhttp://www.egeablog.net/index.php?feed/atom/comments/1465Les 70 ans de l’arme des transmissions (1942-2012)urn:md5:f2981d2e22284b2673e7b024e83b16fc2012-05-02T23:09:00+00:002012-05-02T23:09:00+00:00Olivier KempfQuestions de défense<div class="post-excerpt"><p>Jérôme Pellistrandi m'envoie ce texte : et l'arme des transmissions mérite, en effet, un hommage appuyé.</p>
<p><img alt="" src="http://materiels.trans.free.fr/FH/40-13.jpg" /> <a href="http://materiels.trans.free.fr/">source</a> (un bon site présentant tous les matériels des trans depuis l'origine).</p>
<p>En mai 1942, le Secrétaire d’Etat à la Guerre, le Général Bridoux signait le décret portant création de l’Arme des Transmissions à partir des formations et unités du génie spécialisées dans les transmissions. Cette décision était une conséquence directe de l’analyse des causes de la défaite de mai-juin 1940, où la problématique de la transmission du renseignement et des ordres sur le champ de bataille avait accéléré la désorganisation du commandement. Arme certes récente, mais mission aussi vieille que l’art de la guerre lui-même. En effet, le courage du guerrier et l’intelligence du chef ne suffisent pas à gagner, s’ils ne peuvent pas communiquer entre eux et c’est bien là le défi permanent du transmetteur, hier comme demain.</p></div> <div class="post-content"><p>Jusqu’à la Révolution française, transmettre un ordre ou un renseignement a obéi aux mêmes méthodes issues de la plus haute Antiquité. Le messager se déplace à pied ou à cheval, transportant ainsi le courrier. Au mieux, le pigeon voyageur permettait de franchir de grandes distances en toute discrétion. Sur le champ de bataille, trompettes et tambours donnaient le rythme du combat et transmettaient les ordres. La préservation du secret était aussi une préoccupation permanente avec l’emploi de codes secrets préfigurant la cryptologie.</p>
<p>Mais l’obsession, au cours de ces siècles, restait de raccourcir les distances et le temps. Avant la révolution industrielle du 19° siècle, un courrier de l’Empereur mettait environ huit jours pour aller de Paris à Naples, à la vitesse d’un cheval au galop. Et pour traverser les océans , la durée se compte en semaines, voire en mois.</p>
<p>La révolution technologique est fille du Siècle des Lumières avec le premier progrès majeur que constituât le télégraphe optique développé par Claude Chappe et qui fut utilisé opérationnellement de 1794 à 1855 . L’information commençait enfin à s’accélérer.</p>
<p>La révolution industrielle voit alors la mise au point progressive, à partir des années 1830, de la télégraphie électrique qui permet, grâce à l’ingéniosité de l’alphabet morse, dès lors la quasi instantanéité de la transmission. Le télégraphe morse, la machine à vapeur avec le chemin de fer et les navires transforment alors radicalement la géographie mondiale et deviennent très vite des outils utilisés par les militaires. Ainsi, l’usage militaire de la télégraphie s’est très vite imposé, dès la Guerre de Crimée (1853-1856). Durant la Guerre de Sécession puis la guerre de 1870-1871, le télégraphe est utilisé abondamment par les camps nordistes et sudistes puis ultérieurement par les troupes de l’empereur Guillaume contre les armées françaises, en retard sur l’emploi tactique de ces nouvelles technologies.</p>
<p>A la fin du 19° siècle, une nouvelle aventure technologique et opérationnelle s’ouvre avec les pionniers de la Télégraphie Sans Fil –la TSF, ou radio-. Marconi, Branly et Ferrié en sont les pionniers. La projection d’émetteurs radio dans les Antilles à la suite de l’éruption de la Montagne Pelée en mai 1902, ou le naufrage du Titanic dans la nuit du 14 au 15 avril 1912 illustrent dramatiquement l’apport de la TSF. A Paris, le Capitaine Ferrié sauve la Tour Eiffel –alors promise au démontage- en la transformant en une gigantesque antenne radio.</p>
<p><img alt="" src="http://farm8.staticflickr.com/7206/6907706213_80b3e0a3e7_z.jpg" /> <a href="http://www.monolympus.com/t16921-les-70-ans-de-l-armes-des-transmissions">source</a></p>
<p>En 1913, la création du 8° Régiment du Génie au Mont Valérien marque une nouvelle étape. Le 8 se couvrira de gloire sur tous les champs de bataille de la première guerre mondiale, permettant au commandement français d’avoir tout le temps des liaisons fiables avec les unités au front, y compris lors des offensives allemandes comme à Verdun en février 1916 ou au printemps 1918. A l’issue de la Grande Guerre, les transmissions françaises sont les plus modernes, assurant à la fois, la téléphonie, la télégraphie, la radio, le cryptage et les prémices de la guerre électronique avec l’écoute, la localisation et le déchiffrement des communications allemandes.</p>
<p>Hélas, malgré les efforts consentis et la notoriété du Général Ferrié , les transmissions militaires furent peu à peu négligées au cours de l’entre-deux-guerres. Toutefois, durant cette période, l’essor de la radiodiffusion amène une nouvelle pratique médiatique et les postes de TSF commencent à se répandre dans les foyers les plus aisés. A la fin des années trente, ce n’est plus la voix et la musique que l’on peut recevoir mais bien l’image avec le tout début de la télévision .</p>
<p>Négligeant l’apport de la radio dans la guerre de mouvement, l’armée de terre s’engage dans la guerre le 1° septembre 1939 avec du matériel obsolète et une doctrine transmissions hors d’âge, refusant l’emploi de la radio sur les chars notamment. Seules les installations de télécommunications de la Ligne Maginot sont modernes et efficaces. Dès la défaite de juin 1940, le commandement de l’armée d’armistice, dans un effort de lucidité aujourd’hui oublié, s’efforce d’analyser les causes de l’échec militaire et d’en tirer les conséquences. Est alors identifiée la lacune des télécommunications terrestres tactiques, aboutissant dès lors à la création de l’Arme des transmissions. Simultanément, des officiers et ingénieurs comme les commandants Labat et Leschi s’engagent sans hésitation dans la Résistance en mettant en place notamment une écoute systématique des réseaux de l’occupant allemand, permettant alors de transmettre de précieuses informations aux Alliés.</p>
<p>Après l’invasion de la Zone sud par les nazis en novembre 1942, la renaissance de l’armée française se poursuit désormais en Afrique du Nord. Les Transmissions s’organisent sous l’impulsion du Colonel Merlin. Celui-ci va faire appel aux jeunes volontaires féminines pour tenir les postes dans les centres de transmissions afin de combler les déficits en effectifs masculins. Environ 2000 Merlinettes participeront à l’effort de guerre, initiant ainsi la féminisation ultérieure des armées. Les unités de transmissions reçoivent enfin des matériels radios neufs fournis par les Etats-Unis et sont engagées avec efficacité et héroïsme au profit des grandes unités comme la deuxième division blindée du Général Leclerc ou le Corps Expéditionnaire Français commandé par le général Juin, de la campagne d’Italie jusqu’à la prise du « nid d’aigle » de Berchtesgaden, en passant par la libération du territoire national à l’issue des débarquements du 6 juin 1944 et du 15 août.</p>
<p>Les années cinquante et soixante sont essentielles pour la jeune arme des transmissions à nouveau très vite sollicitée par de multiples défis. Tout d’abord, il y a le défi des guerres de décolonisation en Indochine, puis en Algérie avec de nombreuses difficultés liées à l’éloignement de la métropole, les élongations importantes nécessitant une grande habileté de la part des opérateurs, le vieillissement des équipements qu’il faut sans cesse réparer… Les transmetteurs s’y investissent pleinement faisant preuve de courage mais aussi de beaucoup d’ingéniosité technique à l’image du Lieutenant Deygout .
Le deuxième défi est la modernisation de l’arme : il faut tout reconstruire avec notamment le défi de la formation. Une nouvelle école est installée provisoirement à Montargis dès la fin 1944. Elle va y rester un demi-siècle. Il faut faire évoluer les équipements et relancer l’industrie nationale des télécommunications. Il faut prendre en compte l’essor exponentiel de la transistorisation et de la micro-électronique. Pour les liaisons, les faisceaux hertziens permettent d’augmenter les débits et d’assurer les élongations. Et peu à peu, l’informatique commence à s’installer avec la mise en œuvre de gros calculateurs de gestion…</p>
<p>Le troisième défi est celui imposé par la Guerre froide et qui se traduit, après la fin de la Guerre d’Algérie, par la mise sur pied de la dissuasion nucléaire et le renforcement du corps blindé et mécanisé face à l’ennemi soviétique. Plus que jamais, la fiabilité et la permanence des transmissions sont des éléments essentiels de la crédibilité opérationnelle de nos armées.</p>
<p>Les années 70 et 80 voient ainsi l’aboutissement de grands programmes très innovants qui vont marquer durablement l’arme des transmissions et dont l’héritage se fait encore sentir aujourd’hui. Sur le territoire métropolitain, et tirant les enseignements de mai 1968 , l’armée de terre va déployer le RITTER qui va progressivement assurer le maillage et le raccordement de toutes les garnisons et les multiples organismes de l’armée de terre.</p>
<p>Pour les forces terrestres, ce fut la grande aventure du RITA , un réseau mobile tactique assurant le raccordement automatique des unités déployées à partir d’un maillage de centres nodaux reliés entre eux par des faisceaux hertziens et permettant également de délivrer une couverture radio. A partir de 1983, les régiments de transmissions commencent à mettre en œuvre les nouveaux équipements du RITA. Le RITA a ainsi été une révolution complète : technologique avec un nouveau principe de commutation, tactique en simplifiant la manœuvre, doctrinal et organisationnel. L’arme des transmissions a été à la pointe du progrès en matière de télécommunications et le RITA a préfiguré les réseaux actuels de téléphonie mobile.</p>
<p>Au cours de ces années, l’informatique est également devenue incontournable et les ordinateurs sont venus partout, sur les bureaux des grands états-majors puis peu à peu à tous les niveaux des armées, y compris sur le terrain, amenant les transmetteurs à mettre en œuvre non seulement les systèmes de communication dont le RITA, mais également les systèmes d’information à base de réseaux d’ordinateurs connectés entre eux.</p>
<p>Et depuis les années 90, l’accélération des progrès technologiques est devenue exponentielle exigeant des transmetteurs d’être de plus en plus innovants et réactifs pour répondre à des besoins opérationnels toujours plus complexes et dans un contexte d’explosion du numérique et des besoins en informations.</p>
<p>Pendant des années, la Direction Centrale des Télécommunications et de l’Informatique (DCTEI) implantée à Levallois-Perret, puis au Fort du Kremlin-Bicêtre a modernisé le RITTER, conduit la numérisation et l’informatisation de l’armée de terre. Dans une approche interarmées, elle s’est transformée à partir de 2006 en Direction Interarmées des Réseaux d’Infrastructure et des Systèmes d’Information de la Défense (DIRISI).</p>
<p>Depuis 1986, l’emploi des satellites Syracuse a amené une nouvelle dimension aux unités de transmissions en leur permettant de relier et de couvrir efficacement les théâtres d’opérations extérieures. De l’Afrique à l’Afghanistan, en passant par les Balkans, les antennes paraboliques sont devenues le symbole du lien entre le commandement et les forces projetées. Simultanément, les écrans d’ordinateurs ont envahi toutes les structures de commandement et la maîtrise de l’information en quasi temps réel est devenue un enjeu essentiel pour obtenir la dominance informationnelle et donc le succès opérationnel. La Numérisation de l’Espace de Bataille (NEB) –l’internet du champ de bataille- est devenue incontournable et conditionne désormais tout déploiement tactique. L’interopérabilité interarmées et interalliées, autre facteur clé, passe également par cette maîtrise des transmissions, par nature très complexe et donc demandant des transmetteurs à la compétence sans cesse améliorée.</p>
<p>Et durant toutes ces années, l’arme des Transmissions a su s’adapter tant organiquement qu’opérationnellement, mettant en œuvre toutes les réformes conduites par l’armée de terre, dont la professionnalisation indispensable pour une arme mettant en œuvre des systèmes hautement sophistiqués. Pour ne citer que quelques exemples et sans être exhaustif, en 1994, les écoles fusionnent pour former l’Ecole Supérieure et d’Application des Transmissions (ESAT ) à Cesson Sévigné, dans la banlieue de Rennes. Des régiments ont été dissous (18° RT, 38° RT, 42° RT, 43° RT, 45° RT, 49° RT, 50° RT, 51° RT, 57° RT, 58° RT, 6° RCS, d’autres ont déménagé (28° RT d’Orléans à Issoire) ou ont été recréés comme le 41°RT à Douai…</p>
<p>Au cours de toutes ces décennies, l’arme des Transmissions – à travers ses hommes et ses femmes- a été confrontée à de très nombreuses et profondes mutations liées en partie aux progrès technologiques, mais aussi aux nouvelles exigences opérationnelles. La question de la compétence y a donc été toujours centrale et déterminante. Compétence du commandement, des concepteurs des systèmes et des réseaux, des superviseurs, des techniciens, des exploitants, des dépanneurs, des militaires et des civils de l’Arme des Transmissions… Compétences techniques, mais aussi compétences militaires, car le Transmetteur est un soldat déployé sur le terrain et dont la mission contribue directement à l’effet final recherché.</p>
<p>70 ans après sa création, l’arme des transmissions justifie pleinement son existence. La maîtrise de l’information qui avait tant manqué au commandement au printemps 1940, est aujourd’hui, plus qu’hier, la clé du succès opérationnel. Les Transmetteurs de 2012 peuvent donc être légitimement fiers du parcours réalisé et peuvent être particulièrement confiants pour l’avenir des Transmissions.</p>
<p>Jérôme Pellistrandi</p></div>http://www.egeablog.net/index.php?post/2012/05/02/Les-70-ans-de-l%25E2%2580%2599arme-des-transmissions-%25281942-2012%2529#comment-formhttp://www.egeablog.net/index.php?feed/atom/comments/1399A propos des Livres Blancsurn:md5:4e548eb3b29cfc7721731f63815d67d92012-01-12T19:51:00+00:002012-01-12T19:51:00+00:00Olivier KempfQuestions de défense<div class="post-excerpt"><p>La parution du <a href="http://www.defense.gov/news/Defense_Strategic_Guidance.pdf">document</a> américain de politique de défense est très intéressante : les Américains ont en effet l'habitude des "<a href="http://www.defense.gov/qdr/">Defense review</a>" qui interviennent tous les quatre ans (au nombre de quatre revues : <em>quadriennal, nuclear, ballistic missile, space</em>). Mais dans le cas présent, (<a href="http://www.egeablog.net/dotclear/index.php?post/2012/01/06/La-nouvelle-politique-de-d%C3%A9fense-des-Etats-Unis%2C-par-J-Pellistrandi">analysé</a> brillamment par Jérôme Pellistrandi), nous avons un texte très court de huit pages.</p>
<p><img alt="" src="http://www.ilodeco.com/images/bloc-notes-whbo1.jpg" /> <a href="http://www.ilodeco.com/bloc-notes-atypyk-carnet-original-p-1021.html">source</a></p>
<p>Je me suis alors posé la question : à quoi correspond notre Livre Blanc ? Et du coup, une petite recherche m'a amené à ceci.</p></div> <div class="post-content"><p>1/ La notion de "Livre blanc" serait apparue dans les années 1920, et viendrait des Anglo-Saxons. Intéressons nous à ce qu'on fait les Britanniques :</p>
<ul>
<li>en matière de géopolitique, le premier LB Britannique semble être <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/White_Paper_of_1939">celui de 1939</a> consacré à la Palestine, écrit par Malcom Mc Donald à la suite du rapport Peel de 1937.</li>
<li>en matière de défense, le premier semble être le "<a href="http://en.wikipedia.org/wiki/1957_Defence_White_Paper">Defence White Paper</a>" de 1957, (d'ailleurs cité par Gallois dans son livre sur les stratégies nucléaires). Il sera suivi de <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/1966_Defence_White_Paper">celui de 1966</a>. Après, je ne sais plus, car j'ai l'impression qu'on est passé rapidement, en Angleterre, aux <em>Strategic Defence Review</em> : celle de <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Strategic_Defence_Review">1997</a> (actualisée en 2003 par un <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Delivering_Security_in_a_Changing_World">LB</a>) et celle de <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Strategic_Defence_and_Security_Review">2010</a> (intitulée : <em>Strategic Defence and Security Review</em>).</li>
</ul>
<p>2/ En France, il y a eu de nombreuses lois d'organisation des armées voire de la défense. Mais si l'invention d'un ministère de la Défense date de la IV° République, il faut attendre la V° pour connaître une organisation rénovée.</p>
<ul>
<li>tout d'abord avec la <ins>constitution de 1958</ins> (rôle du président, du premier ministre, domaine de la loi, état de siège, déclaration de guerre, ...)</li>
<li>ensuite et surtout avec l'<ins>ordonnance de 1959</ins></li>
<li>avec les différentes <ins>lois de programmation</ins>, qui mettent en œuvre la politique de défense, ou des textes importants comme le statut général des militaires (de 1972 puis de 2005)</li>
<li>enfin avec le <ins>décret de 1964</ins> confiant la décision du feu nucléaire au PR.</li>
<li>on accédera à ces textes en se reportant à la page défense de la <a href="http://mjp.univ-perp.fr/">Digithèque de matériaux juridiques et politiques</a></li>
</ul>
<p>3/ Le premier LBDN est celui de 1972, principalement écrit par <strong>Michel Debré</strong>, alors ministre de la défense. Composé de deux tomes, le premier (le plus intéressant, où l'essentiel est dit, 68 pages) est consacré aux principes, le second (qui paraît d'ailleurs en 1973, 105 pages) à l'organisation :</p>
<ul>
<li>Tome I.
<ul>
<li>Chapitre premier. La politique de défense de la France.</li>
<li>Chapitre II. Les capacités demandées aux forces armées.</li>
<li>Chapitre III. Le service militaire universel.</li>
<li>Chapitre IV. La politique d'armement.</li>
<li>Chapitre V. Les finances de la défense.</li>
</ul></li>
<li>Tome II.
<ul>
<li>Chapitre premier. L'organisation permanente des forces armées et du commandement.</li>
<li>Chapitre II. L'administration de la défense.</li>
<li>Chapitre III. La fonction militaire.</li>
<li>Chapitre IV. L'enseignement militaire.</li>
<li>Chapitre V. La médecine militaire.</li>
<li>Chapitre VI. La politique domaniale et immobilière de la défense.</li>
<li>Chapitre VII. La recherche scientifique et technique militaire.</li>
</ul></li>
</ul>
<p>On lira sur le blog "le conflit" une <a href="http://www.leconflit.com/article-22688643.html">analyse</a> du LB 72.</p>
<p>4/ Le <a href="http://mjp.univ-perp.fr/defense/lb1994.pdf">second LBDN</a> date de 1994, à la suite de la chute du mur de Berlin et de la mise en place d'un nouvel ordre en Europe. Il compte 178 pages.</p>
<ul>
<li>Une première partie (trois chapitres) décrit le contexte stratégique</li>
<li>Une deuxième (2 chapitres) traite de la stratégie et des capacités</li>
<li>Une troisième (3 chapitres) évoque les ressources</li>
<li>Une quatrième (1 chap) décrit les relations entre défense et société.</li>
</ul>
<p>5/ Le Troisième<a href="http://www.livreblancdefenseetsecurite.gouv.fr/"> LB de 2008</a> devient un LB de défense et <ins>sécurité</ins> nationale. Il est bien connu (avec un premier tome de 350 pages, et un deuxième reportant toutes les auditions de la commission du LB).</p>
<ul>
<li>On lira avec intérêt André Thieblemont qui s'<a href="http://mjp.univ-perp.fr/defense/ds22.pdf">interroge</a> sur la confusion qu'il y a dans ces différents textes : est-ce un "exposé sur la défense" (mots de Michel Debré en avant-propos du LB 72) ? est-ce une "stratégie"? est-ce une politique générale de défense ?</li>
</ul>
<p>6/ A noter que dans le domaine de la "sécurité nationale", il y a eu :</p>
<ul>
<li>un LB de la<a href="http://www.francetnp2010.fr/IMG/pdf/lbre_blanc_terrorisme.pdf"> sécurité intérieure face au terrorisme</a>, publié en 2006, et dirigé par le SGDN</li>
<li>un <a href="http://www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports-publics/084000459/index.shtml">LB sur la politique étrangère et européenne</a>, de 2008, codirigé par <strong>Alain Juppé</strong> et <strong>Louis Schweitzer</strong> qui mentionne le LBDSN dès l'introduction (p 7) puis dans le texte (p 49, 50, 66, 74, 108, 110)</li>
<li>un <a href="http://www.leslivresblancs.fr/download/Livre-blanc_securite_octobre_2011.pdf">LB sur la sécurité publique</a>, publié en octobre 2011 et rédigé par <strong>Alain Bauer</strong> et <strong>M Gaudin</strong>. Il ne mentionne le LBDSN qu'en note de bas de page, à la page 119, puis p 129, dans les deux cas à propos du "renseignement intérieur". On notera deux ou trois occurrences des "zones de défense".</li>
</ul>
<p>Ainsi, s'il y a eu une certaine articulation entre LBDSN et LB PEE, le récent LBSP ne le fait pas autant. Or, la plupart des lecteurs avait compris que la sécurité nationale c'était défense (à l'ext + sécu du territoire) et sécurité intérieure. Certes, il s'agit de "sécurité publique" et non de "sécurité intérieure", ce qui explique peut-être cela.</p>
<p>7/ Revenons à notre question initiale. Au fond : à quoi sert un Livre Blanc ?</p>
<ul>
<li>à décrire un environnement géopolitique ? (le LB de 1972 ne mentionnait même pas les Soviétiques)</li>
<li>à décrire une stratégie ? (le LB de 1994 maintient la conscription, alors que les appelés n'ont pas été engagés lors de la guerre du golfe et que la conscription est "suspendue" deux ans plus tard)</li>
<li>à décrire l'organisation générale de la défense ? (mais il y a nombre de lois et décrets dont c'est la fonction) ? et faut-il se centrer uniquement sur les armées, ou évoquer aussi le périmètre du ministère de la défense, voire de la mission défense (au sens LOLF) ?</li>
<li>à décrire les moyens et ressources ?</li>
</ul>
<p>En fait, on a le sentiment qu'il s'agit aujourd'hui de quelque chose qui ressemble plus à une <a href="http://www.leconflit.com/article-22688643.html">quadriennal defence review</a> qu'à une déclaration de principes stratégiques.</p>
<p>8/ Alors, on a le sentiment qu'il y a besoin de deux types de documents :</p>
<ul>
<li>une déclaration de principes, brève stratégique. Entre les 10 pages du document américain et les 68 pages du LB 72. Qq chose de 30 pages (regardez le bouquin d'<strong>Hessel</strong> : une part de son succès de librairie tient à ce qu'il est ultra court). Il y aurait ainsi deux parties : l'exposé des grands constats géopolitiques, suivi des principes de défense et de politique étrangère.</li>
<li>On renverrait la définition des formats, ressources et moyens à l'exercice qui y est dédié, à savoir la LPM qui a valeur de loi.</li>
</ul>
<p>O. Kempf</p></div>http://www.egeablog.net/index.php?post/2012/01/11/A-propos-des-Livres-Blancs#comment-formhttp://www.egeablog.net/index.php?feed/atom/comments/1283Don du sangurn:md5:b0549960af522dbc4a89fb56c7282b442011-12-17T19:53:00+00:002011-12-17T19:53:00+00:00Olivier KempfQuestions de défense<div class="post-excerpt"><p>Comme nous voici entrés dans la période de Noël, je fais exception à mes principes d'écriture et signale une bonne action : je respecte tous ceux qui s'investissent bénévolement, notamment auprès du soutien moral à nos soldats ou à nos blessés, mais égéa ne les mentionne pas habituellement. Or, plus que de soins affectifs ou de messages, ce dont nos soldats ont besoin, aujourd’hui, c'est tout simplement de sang.</p>
<p><img alt="" src="http://premiereslignes.blogs.nouvelobs.com/media/01/02/158473747.jpg" /> <a href="http://premiereslignes.blogs.nouvelobs.com/archive/2010/11/10/les-deux-jambes-arrachees.html">source</a></p>
<p>Je vous demande donc de réserver un bon accueil à la prestation organisée ci-dessous et de la faire circuler à vos proches, notamment ceux qui seront sur Paris le 29 décembre. Quant aux provinciaux, ils peuvent aller donner leur sang au CHU le plus proche, car je devine que les structures civiles sont également en panne.</p>
<p>Voir détails ci-dessous. Mais on ne peut ignorer cette "logistique" particulière, à laquelle nous pouvons, individuellement, apporter quelque chose. Vous tous qui râlez parce que le budget baisse, montrez que vous êtes disposés à augmenter vos cotisations....</p>
<p>O. Kempf</p></div> <div class="post-content"><p><img alt="" src="http://files.servirlafrance.com/space/ctsa-clamart/A66E2231-3F8D-44CA-A67D-36F976733EA2.image_200.jpg" /></p>
<p>Pour répondre aux besoins des forces engagées en opérations extérieurs et des 4 hôpitaux militaires rattachés, le Centre de Transfusion Sanguine des Armées (CTSA) doit collecter 400 poches de sang total, 40 plasmas et 20 plaquettes par semaine.</p>
<p>Les stocks du CTSA sont en tension permanente de par la consommation et la péremption des produits.</p>
<p>Les moments les plus problématiques sont les périodes de vacances scolaires et plus particulièrement les congés d'été et les fêtes de fin d'année : les donneurs sont en vacances, pas les malades ou les blessés !</p>
<p>Par exemple, cet été, à la mi-août, entre deux collectes et après avoir approvisionné les différentes opérations extérieures et dépôts de sang hospitaliers, il n'y avait plus que 5 poches de sang de groupe 0 dans la banque de sang, du jamais vu depuis 30 ans... Aussi, certaines interventions chirurgicales non urgentes ont dû être différées à l'hôpital Percy.</p>
<p>L'Association des entreprises partenaires de la Défense organise le jeudi 29 décembre à 9 heures au CTSA de Clamart (Ilôt Percy) (Hauts de Seine) une présentation du don du sang au sein des armées, suivi d'un éventuel don pour les personnes aptes et volontaires.</p>
<p>L'inscription est obligatoire et se fait à l'aide du <a href="http://www.entreprisespartenairesdeladefense.fr/index.php?option=com_ckforms&view=ckforms&id=16">lien</a> qui se trouve sur le <a href="http://www.egeablog.net/dotclear/www.entreprisespartenairesdeladefense.fr/images/stories/telechargement/Carton_don_du_sang_CTSA_29_dcembre_2011_Association_des_entreprises_partenaires_de_la_Dfense.pdf">carton d'invitation</a></p>
<p>O. Kempf</p></div>http://www.egeablog.net/index.php?post/2011/12/17/Don-du-sang#comment-formhttp://www.egeablog.net/index.php?feed/atom/comments/1253Une armée Second Empire ?urn:md5:90555f802c8115320a1af9437d19c0d32011-09-28T20:57:00+00:002011-09-28T20:57:00+00:00Olivier KempfQuestions de défense<div class="post-excerpt"><p>Un ami avec qui je déjeunais autre chose me filait une métaphore qui m'a semblé intéressante : l'armée actuelle présente de nombreux traits communs avec celle du Second empire.</p>
<p><img alt="" src="http://www.2blowhards.com/Charge%20de%20Mosbronn%20-%201870%20war.jpg" /> <a href="http://www.2blowhards.com/archives/2009/06/war_detaille_an.html">source</a></p></div> <div class="post-content"><p>1/ En effet, cette armée a eu une <ins>action expéditionnaire</ins> (à visée politique et non colonisatrice) assez efficace et brillante (Crimée, Italie) même si elle a pu se faire fixer (Mexique). D'ailleurs, la III° République se gardera de ces expéditions, ou plutôt les transformera en une colonisation dont on considérait surtout les gains directs.</p>
<p>2/ Armée professionnelle, donc sans service militaire universel, elle était assez éloignée des <ins>préoccupations du citoyen</ins> (un des succès de l'armée de la III° République tiendra au "rôle social de l'officier", véritable action intérieure envers la population nationale)</p>
<p>3/ Malgré les assurances qu'il ne manquerait pas un bouton de guêtre, le <ins>soutien</ins> qui ne suivait pas l'unité de commandement a été présentée comme une des causes de la défaite : la réunification des deux branches (subordination du soutien au commandement, ce qu'on appelle la plénitude du commandement) date de la loi fondatrice de 1882 que j'ai <a href="http://www.egeablog.net/dotclear/index.php?post/2011/01/23/Les-relations-entre-le-commandement-et-le-management.">déjà évoquée</a>. Mais cette disjonction évoquerait la chaîne de soutien par les BDD.</p>
<p>4/ Est-il besoin de rappeler que ce système militaire fut défait en 1870, causant une déroute qui marqua durablement la géopolitique française, au moins autant que la déroute de 1940 ?</p>
<p>5/ Comparaison n'est pas raison. Les similitudes, surtout avec l'histoire, ont peu de valeur explicative. Or, les choses ont changé. L'action expéditionnaire n'a pas duré très longtemps, et pas en coalition, ce qui la distingue beaucoup d’aujourd’hui. La préoccupation de "défense" existait quand même, car alors une guerre "aux frontières" était chose envisageable, envisagée, et d'ailleurs réalisée en 1870 : ce n'est plus le cas aujourd'hui. Enfin, les conditions du soutien étaient radicalement différentes, puisqu'on n'était pas encore entré, à l'époque, dans l'ère d'une guerre industrielle. Surtout, les BdD sont sous la coupe du CEMA.</p>
<p>Il faut donc se méfier de ce parallèle, même s'il était amusant de le présenter.</p>
<p>O. Kempf</p></div>http://www.egeablog.net/index.php?post/2011/09/27/Une-arm%25C3%25A9e-Second-Empire#comment-formhttp://www.egeablog.net/index.php?feed/atom/comments/1164Révision du LBDSNurn:md5:d80b1bd8f6445c74bbc5754b5fb8e7152011-09-08T21:57:00+00:002011-09-08T21:57:00+00:00Olivier KempfQuestions de défense<div class="post-excerpt"><p>On l' appris en cette fin d'été, les travaux de révision du Livre Blanc sur la Défense et la Sécurité Nationale (LBDSN) ont repris. Il s'agit pour l'instant de faire un diagnostic et quelques propositions (d'ici Noël) et ce sera au président choisi et à la future majorité de décider la révision proprement dite, puis la LPM conséquente. En attendant, l'exercice nouveau est bon, et d'abord prévu par le LB lui-même : dans les temps..</p>
<p><img alt="" src="http://militaryblog.free.fr/public/images/livre_blanc_defense.png" /></p>
<p>En effet, comme le <a href="http://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/archive/2011/09/06/livre-blanc-sur-la-defense-un-exercice-de-reflexion-deja-en.html">dit drôlement</a> Philippe Chapleau "personne n'ayant émis de critiques ou de réserves, c'est qu'il était donc parfait." Mais il est vrai qu'il y a eu deux trois petites choses depuis (crises de 2008 puis 2011, Libye, Fukushima, ...) qui peuvent susciter quelques interrogations, diagnostics, propositions..... Quatre thèmes sont retenus.</p></div> <div class="post-content"><p>1/ <ins>les grandes évolutions stratégiques</ins> :</p>
<ul>
<li>c'est probablement le domaine où le diagnostic sera le plus facile : on attend en effet des aperçus sur les révoltes arabes (et donc : quelle pertinence de l'arc de crise?), la croissance africaine (quelle action dans le continent ?), la notion d'émergence, l'arctique.</li>
<li>de même, il y aura des aperçus sur l'espace européen : aussi bien l'UE que les relations avec les voisinages : à l'Est (quid de l'architecture de sécurité européenne, des relations avec Russie et Turquie?), à l'Ouest (le transatlantisme s’essouffle-t-il ?) ou au sud (Méditerranée).</li>
</ul>
<p>2/ <ins>les alliances (UE, Otan Onu)</ins></p>
<ul>
<li>Il faudra faire le diagnostic de l'OTAN après Lisbonne (tiens, je vous en reparlerai bientôt), de l'UE après Benghazi et le SEAE, de l'ONU après la responsabilité de protéger....</li>
<li>au-delà, c'est la question de l’alliance par rapport à la coalition qui devrait être interrogée : avez vous noté que le successeur de l'US JFCOM s'intitule Joint and Coalition Warfighting ? Même les Américains n'envisagent que de la coalition....</li>
</ul>
<p>3/<ins> les menaces "transverses"</ins>:</p>
<ul>
<li>je ne sais pas s'il y aura beaucoup de surprises : on ronronnera sur le terrorisme, les mafias, les zones grises, la notion de sécurité, ....</li>
<li>on pourrait s'intéresser, de façon plus prometteuse, sur la notion de "sphères stratégiques" : matérielles (Terre, air, mer, nucléaire) et immatérielles (électromagnétique, espace, cyber, perceptions) et leurs intersections</li>
<li>là-dedans, peut-être aura-t-on des aperçus sur dissuasion, DAMB, stratégie spatiale, ...</li>
</ul>
<p>4/ <ins>les questions économiques et financières</ins>. C'est une question qui avait été négligée par le précédent LB (où est donc passée la notion de défense économique ?)</p>
<ul>
<li>à l'évidence, la question sous-jacente sera celle de la "souveraineté économique" : en matière budgétaire, quelle est aujourd’hui la souveraineté de la Grèce ?</li>
<li>ça parlera bien sûr de la crise, de la mondialisation, de scénarios : j'espère qu'on ne sera pas trop "techno"...</li>
<li>j’espère surtout qu'on évoquera de vrais sujets stratégiques : maîtrise des approvisionnements, stratégie industrielle (qui n'est plus celle du temps de De Gaulle), privatisation de la guerre, déflation stratégique européenne et baisse des budgets de défense (le monde réarme l'Europe désarme, répète partout le CEMA), gestion des ressources rares (économiques et écologiques), ....</li>
</ul>
<p>5/ On aimera aussi qu'il y ait des précisions données aux notions, finalement peu claires, de surprise stratégique ou de résilience : beaucoup reprises mais peu débattues, elles méritent plus.</p>
<p>Voilà ce que je dirais si on me demandait de travailler sur le LBDSN. Mais, n'est-ce pas.....! En fait, tout ça, je vous en ai déjà parlé Cent six mille fois sur égéa : vous savez, vous... Rien de neuf sous le soleil, comme dit l'Ecclésiaste. Un vrai stratégiste, lui....</p>
<p>O. Kempf</p></div>http://www.egeablog.net/index.php?post/2011/09/08/R%25C3%25A9vision-du-LBDSN#comment-formhttp://www.egeablog.net/index.php?feed/atom/comments/1141Un société sans armée, c'est une nation sans politiqueurn:md5:e3194e032a4dab1fbd1cf657a1c05d792011-04-21T17:51:00+00:002011-04-21T17:51:00+00:00Olivier KempfQuestions de défense<div class="post-excerpt"><p>Je mets en ligne cet excellent article du Général Thomann, paru hier sur <a href="http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/04/20/un-societe-sans-armee-c-est-une-nation-sans-politique_1509969_3232.html">le monde en ligne</a>.</p>
<p><img alt="" src="http://farm1.static.flickr.com/186/442388891_50c48e2643.jpg" /> <a href="http://farm1.static.flickr.com/186/442388891_50c48e2643.jpg">source</a></p>
<p>O. Kempf</p></div> <div class="post-content"><p>juste un extrait :</p>
<p>Les politiques, confrontés à l'immédiateté des menaces internes, à la guerre économique et à la dette publique, leur donnent une priorité absolue tandis qu'ils détricotent allégrement, à coup de réformes successives, l'outil militaire et le budget qu'ils ont pourtant voté, et ce dans une indifférence totale qui ignore délibérément les appels des Cassandre alertant sur une éventuelle surprise stratégique considérée au demeurant comme une coquetterie de langage propre aux experts, autoproclamés ou non.</p>
<p>Cette indifférence, douloureusement vécue par les militaires qui ont bien pris conscience de leur déclassement vertigineux dans la hiérarchie des soucis de nos concitoyens, a de multiples causes. En exergue, la méconnaissance abyssale des armées, de leurs capacités, de leur fonctionnement, tant chez les responsables politiques que chez nos concitoyens pour lesquels, depuis la suspension de la conscription, ces armées sont une véritable "boîte noire".</p>
<p>(...)</p>
<p>La Défense est l'affaire de tous. Elle n'est pas un sujet politicien mais le véritable fondement de la politique d'une nation.</p>
<p>A ce titre, l'institution militaire et ses serviteurs méritent plus d'attention et doivent cesser d'être, pour nos dirigeants, un outil diplomatique auxiliaire et une bien commode variable d'ajustement budgétaire. Les condoléances officielles à l'occasion des obsèques de soldats morts pour la France en opération extérieure et les discours flatteurs sur les prouesses de nos forces ne sauraient masquer l'affaiblissement critique de nos capacités et du lien entre les armées et la nation : sur cette pente, à quand une poignée de mercenaires d'Etat pour une politique toujours plus imprévoyante ?</p>
<p>Général (2S) Jean-Claude Thomann</p></div>http://www.egeablog.net/index.php?post/2011/04/21/Un-soci%25C3%25A9t%25C3%25A9-sans-arm%25C3%25A9e%252C-c-est-une-nation-sans-politique#comment-formhttp://www.egeablog.net/index.php?feed/atom/comments/1002Réquisition, pétrole et défenseurn:md5:4681746c864b2b6b2e888143ce4905762010-10-22T12:40:00+00:002010-10-22T12:40:00+00:00Olivier KempfQuestions de défense<div class="post-excerpt"><p>La raffinerie de Grandpuits a été réquisitionnée au petit matin (<a href="http://www.europe1.fr/France/La-raffinerie-de-Grandpuits-debloquee-de-force-294398/">ici</a>). Le responsable syndical affirme : "<em>Nous ne sommes pas en guerre, nous ne sommes pas en état de siège, le code défense ne s'applique pas dans ce cas-là</em>".</p>
<p><img alt="" src="http://estb.msn.com/i/B3/4F16EC718E47FF862AF9157E54BCE5.jpg" /></p>
<p>Parler de défense sur le territoire national attire forcément l'intérêt. Fouillons un peu pour comprendre ce qu'il en est.</p></div> <div class="post-content"><p>De quoi s'agit-il en effet ?</p>
<p>1/ d'une <ins>réquisition</ins> : voir <a href="http://www.europe1.fr/France/L-Etat-peut-il-requisitionner-Grandpuits-294682/">ici</a>. Mais elle vise à contrer un trouble grave à l'ordre public. L'arrêté est fondé sur le code général des collectivités territoriales, même s'il cite également le code de la défense pour la procédure d'indemnisation (selon l'AFP qui s'est procuré l'arrêté, voir <a href="http://www.ladepeche.fr/article/2010/10/22/933261-Raffinerie-requisition-fondee-sur-le-risque-de-troubles-graves-a-l-ordre-public.html">ici</a>).</p>
<p>2/ Donc, il ne s'agit pas d'une action s'inscrivant dans le cadre de la "défense". Mais cela amène à poser quelques questions :</p>
<ul>
<li>si cela avait été le cas, ce serait-il agit de <ins>défense économique</ins>, ce que m'a certifié qq'1 avec qui j'en discutais ? la notion est intéressante, car elle permet de penser à autre chose que ce qu'on voit d'habitude sur la défense</li>
<li>cette défense économique montre les <ins>aspects non-militaires</ins> de la notion : quelle différence, pour le cas présent, avec celle de sécurité ? la sécurité des approvisionnements entre-t-elle dans le champ du LBDSN ? probablement pour ce qui concerne l'extérieur (d'où tous les développements notamment américains, et par voie de conséquences alliés, sur la sécurité des approvisionnements énergétiques), mais peut-on parler de "<ins>sécurité intérieure des approvisionnements énergétiques</ins>" ?</li>
<li>les crises contemporaines sont multiples et appellent des réponses fort diverses : ainsi, pour agir à Haïti, (crise civile) on a un peu fait appel aux moyens militaires. Cette interaction générale (approche globale, tout ça tout ça) est-elle <ins>valable aussi sur le territoire national ?</ins> faut-il pour le coup parler de théâtre national ? il semble que oui puisque le CIC (centre interministériel de crise) du ministère de l'intérieur a été activé justement pour répondre à cette crise des raffineries (voir <a href="http://www.interieur.gouv.fr/sections/a_la_une/toute_l_actualite/securite-interieure/reunion-cic-approvisionnement-carburant">ici</a>).</li>
<li>mais alors, <ins>la sécurité doit -elle être codifiée</ins> dans le code de la défense ?</li>
<li>et d'ailleurs, <ins>qu'est-ce que c'est qu'une crise</ins> ?</li>
</ul>
<p>On le voit, j'ai beaucoup de interrogations, car tout ceci illustre ce qui paraît assez imprécis :</p>
<ul>
<li>le concept de sécurité mérite d'être explicité (d'autant qu'on l'a justifié notamment pour la sécurité intérieure, mais tout le monde pensait alors au terrorisme).</li>
<li>De même, la notion de crise (extérieure ou intérieure, d'ailleurs) mérite également d'être approfondie.</li>
</ul>
<p>Autant dire que ce billet donne moins de réponses qu'il ne pose de questions... IL s'agit bien, on l'aura compris, non de commenter l'actualité mais de partir d'elle pour engager une réflexion plus stratégique ... Bref, de grâce, pas de commentaire pour me dire que les événements du jour sont justes ou injustes ou... car ce n'est pas le sujet, je trouve.</p>
<p>O. Kempf</p></div>http://www.egeablog.net/index.php?post/2010/10/22/R%25C3%25A9quisition%252C-p%25C3%25A9trole-et-d%25C3%25A9fense#comment-formhttp://www.egeablog.net/index.php?feed/atom/comments/798Crimes & insécuritéurn:md5:4b1e88b40effd0137d3ede4d4688de1b2010-08-02T16:26:00+00:002010-08-02T16:26:00+00:00Olivier KempfQuestions de défense<div class="post-excerpt"><p>Un <a href="http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2010/08/01/01016-20100801ARTFIG00207-meurtres-et-assassinats-en-net-recul-en-france.php">article</a> du Figaro de ce matin attire mon attention, et renvoit, d’une certaine façon, au débat sur le déclin qu’on entend régulièrement et auquel j’ai fait récemment <a href="http://www.egeablog.net/dotclear/index.php?post/2010/07/29/M%C3%A9lancolie-fran%C3%A7aise-d-Eric-Zemmour">allusion</a>.</p>
<p><img alt="" src="http://www.coolhunting.com/gifts/assets/images/dropdeadrug.jpg" /></p></div> <div class="post-content"><p>Je sais : il faut se méfier de l’instrumentation de cette information qui nous apprend que les meurtres et assassinats sont en net recul en France, notamment depuis 2002 : comme par hasard, la source est une étude de la DCPJ, publiée par le Figaro, et alors qu’il y a un débat actuel sur la sécurité depuis 2002. Je ne suis pas dupe. Aussi n’est-ce absolument pas sur ce terrain là que je veux m’engager.</p>
<p>Savoir que le nombre de meurtres et assassinats a reculé en dix ans est important, mais ce n’est pas, au fond, l’essentiel. L’essentiel est de comparer les chiffres avec ceux d’il y a plusieurs décennies, voire siècles. Dans un entretien publié simultanément (non accessible en ligne, seulement sur la version papier), Alain Bauer précise : « <em>il y a quatre siècles, on comptait 150 homicides pour 100.000 habitants. Aujourd’hui, nous sommes tombés à moins de 2</em> ».</p>
<p>Voilà la donnée essentielle, la tendance de très longue durée, et très lourde : la violence baisse.</p>
<p>Un autre indice : je lisais l’autre jour le premier chapitre de « <ins>l’histoire des saint-cyriens</ins> » du colonel Camus. Aux premiers temps de l’école, à partir de 1802, il y avait, à la spéciale, plusieurs morts par an. Cela n’émouvait pas grand monde, alors.</p>
<p>Relisez les romans historiques qui fourmillent de détails. Chez <strong>Dumas</strong>, on ne sort pas la nuit, à Paris, sans être escorté de gardes du corps (de mémoire, « <ins>les quarante-cinq</ins> ». Autre exemple, le commissaire <strong>Le Floch</strong>, fin du règne de Louis XV, qui s’émerveille que l’on ait éclairé la route de Paris à Versailles ce qui la rend « sûre ».</p>
<p>Bref, la « réalité » est celle d’une décroissance de l’insécurité. Sauf que….</p>
<p>Sauf qu’il y a un sentiment de maintien de celle-ci, voire d’augmentation (cf. l’affaire de Grenoble, ou celle des villages du centre de la France qui viennent de se dérouler au mois de juillet).</p>
<p>Cela est dû à mon avis à un double phénomène :</p>
<ul>
<li>d’une part, la violence diminuant, on est de plus en plus sensible à celle qui demeure, qui paraît, relativement, encore plus intolérable.</li>
<li>D’autre part, la violence semble « localisée » dans des territoires où elle a court. Je ne sais s’il y a une augmentation (en nombre ou en surface) de ces territoires. Il reste que leur présence suffit à accroître le sentiment d’insécurité. (il y aurait ainsi 5% d’opérateurs criminels qui produisent 50 % de l’activité délinquante).</li>
</ul>
<p>Dernière réflexion. La baisse de cette violence « domestique », de « vie courante » accompagne, d’une certaine façon, la baisse de la violence extérieure, la guerre « conventionnelle ». Et simultanément, la guerre irrégulière correspond à la violence domestique « irrégulière », qui justement ne passe pas (ne passe plus) par des meurtres et assassinats, mais par tout un tas d’autres actes délictueux (qui eux ne sont pas en baisse tendancielle).</p>
<p><ins>Réf</ins> :</p>
<ul>
<li>sur les statistiques d'homicides : cette <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Homicide">page</a> wikipédia (avec toutes les pincettes liées à wikipedia).</li>
<li>de même, ce <a href="http://www.ined.fr/fichier/t_publication/530/publi_pdf1_pop_et_soc_francais_395.pdf">numéro</a> de "<ins>population et société</ins>", la revue de l'INED, sur "mes morts violentes dans le monde" paru en 2003, où l'on constate que les homicides bassent avec la modernisation, mais les suicides augmentent.</li>
<li>ce numéro est signé de JCl Chesnais, auteur d'une <a href="http://www.amazon.fr/Histoire-violence-Occident-1800-jours/dp/2010088115/ref=sr_1_2?ie=UTF8&s=books&qid=1280763600&sr=1-2">histoire de la violence</a>.. Voici ce qu'en dit la 4ème de couverture, qui rejoint finalement ce que j'évoque : "<em>Contrairement à ce que prétend la rumeur ambiante, amplifiée par les médias et la classe politique, nos sociétés ne sont pas menacées par une irrésistible ascension de la violence. L'idée d'une poussée continue de la grande criminalité est fausse : seules la petite et la moyenne délinquance ont augmenté. Mais plus un mal diminue, plus insupportable paraît ce qui en reste. D'où le sentiment d'insécurité qui semble croître aujourd'hui dans nos sociétés et qui témoigne, paradoxalement, de cette progressive civilisation des moeurs, partie, du temps de la Renaissance, des foyers de modernisation de l'Europe du nord-ouest, pour diffuser lentement à travers tout l'Occident et atteindre toutes les sphères de la vie quotidienne.</em>".</li>
</ul>
<p>O. Kempf</p></div>http://www.egeablog.net/index.php?post/2010/08/02/s%25C3%25A9curit%25C3%25A9%252C-ins%25C3%25A9curit%25C3%25A9#comment-formhttp://www.egeablog.net/index.php?feed/atom/comments/715Honneur, ou discipline : la marine en 1940urn:md5:c8a3381e5d6f7329769919a9d508c1622010-05-30T19:25:00+00:002010-05-30T19:25:00+00:00Olivier KempfQuestions de défense<div class="post-excerpt"><p>Voici un commentaire d'un lecteur, Thibault Lamidel, qui lance un débat de fond.</p>
<p><img alt="" src="http://1.bp.blogspot.com/_lrV06Vxi0VA/S0szSLlTtwI/AAAAAAAATNw/_2vZICzHRvU/s400/Image+2.png" />
(tiré d'un bon blog de culture pop, <a href="http://pour15minutesdamour.blogspot.com/2010/01/ceux-qui-nous-manquent.html">ici</a>)
Derrière le cas historique de 1940 que je ne connais pas plus que ça, derrière l'éventuelle théorie de la hiérarchie, se pose une question déjà relevée par le <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Crabe-tambour_(film)">crabe tambour</a>, déjà un marin : souvenez -vous de l'excellent Jacques Dufilho, expliquant déjà cette question de l'honneur et de la discipline:</p>
<p>cette articulation simple est-elle toujours possible ?</p>
<p>Cela renvoie à un sujet que je viens de donner à un de mes poulains que je prépare au CID : "éloge de la résistance".</p>
<p>Pas évident, j'en conviens. Il faut bien sûr éviter un débat trop historicisé qui apporterait trop d'affect et d'idéologie. Et en même temps, se garder de l'angélisme spectral du yakafocon qui vient toujours apèrs l'histoire, moralisateur aux mains tellement pures qu'il n'a pas de mains. QUi veut faire l'ange fait la bête....</p>
<p>Il y a donc un profond dilemme moral : il faut l'aborder avec précaution.....</p>
<p>O. Kempf</p></div> <div class="post-content"><p><em>Verbatim</em> <strong>Thibault Lamidel</strong>, en commentaire à ce <a href="http://www.egeablog.net/dotclear/index.php?post/2010/05/11/1940-%3A-Et-si-la-France-avait-continu%C3%A9-la-guerre....">billet</a>.</p>
<p>Je tiens à signaler un ouvrage, "Les Combats et l'Honneur des Forces Navales Françaises Libres 1940-1944" de Etienne et Alain Schlumberger. Le premier est un des Compagnons de la Libération.</p>
<p>Quel intérêt de présenter cet ouvrage ? Il répond à une question fondamentale, et à d'autres auteurs par la même occasion. Dans la première partie, l'auteur présente rapidement "sa" deuxième guerre mondiale. Comment un ingénieur du Génie maritime est devenu Officier de Marine, Commandant de sous-marin et Compagnon de la Libération.</p>
<p>Mais il répond donc dans la deuxième partie a une grande énigme de la défaite de 40. Sur son volet maritime donc. Pourquoi la Marine Nationale a-t-elle abandonné la France ? Je dis crument les choses, la Marine Nationale de la République Française a refusé de combattre, c'est ma conviction. Et cette conviction, je l'ai forgé en "avalant" tout ce que j'ai pu trouver comme récit sur cette période charnière. Qu'est-ce qui fait que la Marine Nationale était autant un rempart qu'un danger pour la sécurité nationale ? A-t-elle fait son "mea culpa" pour éviter de trahir une nouvelle fois ? Je confirme, la légende du Pavillon sans tâche, ce n'est pas ma religion.
René Loire ("Le Frappeur") en pense de même. Il indique que ses connaissances américaines n'ont pas compris officieusement l'attitude française. Lui non plus d'ailleurs.
J'ai essayé de comprendre en lisant "La Marine dans l'Histoire de France" de l'Amiral Auphan (membre du Gouvernement de Vichy). Sa thèse est construite de façon élégante pour ne pas mettre en doute l'Honneur de la Marine. "Elle n'avait pas le choix, elle était coincé (entre un Etat de Vichy et une Angleterre ennemi de toujours), et au nom de l'honneur, elle ne s'est pas donné à l'ennemi (donc a respecté ses obligations)" (je résume de ce que je me souviens).</p>
<p>Malheureusement pour lui, et heureusement pour nous, le livre dont je vous fait part présente une version de l'Histoire qui a le mérite d'expliquer, et presque, de convaincre (je le suis). L'auteur dans sa deuxième partie, analyse ce qu'est l'Honneur d'un Officier de Marine et le met en relation avec l'image qu'il se fait de la Discipline. En caricaturant un peu le propos, il explique que la Marine de 40, c'est une pyramide. Le sous-chef tient l'ordre du chef qui tient l'ordre... Que cette pyramide, et d'autres facteurs, tiennent le marin très près de ce qu'est l'Honneur et la Discipline de "son étage" de pyramide. Mais que cette construction mentale le tient éloigné de la défense de la Patrie. Et in Fine, le sommet de la Marine, c'est le chef qui défend l'Honneur du Pavillon. Avant cette ultime étage, ce sont les amiraux qui, à part défendre ce pavillon, sont incapable d'initiative. Complètement éduqué et moulé dans cet amour de l'Honneur, ils étaient incapable de faire autrement. Ce qui est gênant, puisque ce sont les amiraux de flotte qui avait la garde de la Marine dans les ports hors métropole.</p>
<p>Etienne Schlumberger présente mieux que moi pour les courageux, le livre se lit vite.</p>
<p>Thibault Lamidel</p></div>http://www.egeablog.net/index.php?post/2010/05/29/Honneur%252C-ou-discipline-%253A-la-marine-en-1940#comment-formhttp://www.egeablog.net/index.php?feed/atom/comments/631Les armées, 2ème budget de l'Etat ? par Y. Cadiouurn:md5:86507c5d1061ba8901852fb8ad3320062010-03-13T18:32:00+00:002010-03-13T18:32:00+00:00Olivier KempfQuestions de défense<div class="post-excerpt"><p>A la suite d'un débat qui s'est échangé sur égéa à propos des <a href="http://www.egeablog.net/dotclear/index.php?post/2010/02/17/CR-de-la-conf%C3%A9rence-sur-les-dirigeables">dirigeables</a> (merci Nono), Y. Cadiou nous propose un texte sur le financement des armées, mais aussi des investissements publics.</p>
<p>A l'heure où se profile une RGPP 2, (rasoir à deux lames), et que l'agence de notation MItch <a href="http://www.capital.fr/bourse/actualites/l-agence-de-notation-fitch-presse-la-france-de-reduire-sa-dette-483726">menace de dégrader</a> la note de la dette publique de la France (et du Royaume-Uni et de l'Espagne, je propose immédiatement l'acronyme FRUKS, <a href="http://joan-fruks.blogspot.com/2009/12/bienvenue-sur-le-blog-magic-de-joan.html">nom forcément magique</a>), il semble opportun d'évoquer la question des financements publics des équipements de l'État. Je précise, cela va de soi, que ces opinions n'engagent qu'Yves Cadiou et ne sont présentées ici que pour susciter le débat. Je reste quant à moi partagé quant aux solutions préconisées. Je modérerai, comme d'habitude, les commentaires.</p>
<p>O. Kempf</p></div> <div class="post-content"><p>Le budget des Armées est le deuxième budget de l'Etat, mais il est loin d'être le deuxième budget le plus lourd pour le contribuable. Je vais d'abord expliquer ceci, puis j'en tirerai quelques conséquences pour nos Armées.</p>
<p>Il y a chez nos concitoyens une méconnaissance trop généralement répandue concernant le fonctionnement et le financement de nos services publics. Les budgets des différents ministères sont difficilement comparables avec celui des Armées car il y a des additions qui ne sont pas faites concernant les budgets civils.</p>
<p>Les budgets de TOUS les ministères civils sont en grande partie pris en charge par les Collectivités territoriales alors qu'au contraire le budget des Armées est inscrit uniquement au budget de l'Etat.</p>
<p>Je prends deux exemples, l'Intérieur et l'Education Nationale, mais ces deux exemples de financement s'appliquent à tous les autres ministères.</p>
<p>Pour le ministère de l'Intérieur, rappelons d'abord que les Commissariats et les Gendarmeries sont financés par les collectivités locales.</p>
<p>En ce qui concerne, autre exemple concernant le ministère de l'Intérieur, le budget des Pompiers : le système est intéressant à connaître mais méconnu de ceux qui ne l'ont pas pratiqué. En France deux-cent cinquante mille pompiers civils et leur matériel sont financés par les communes, les intercommunalités et les départements : les SDIS (Services Départementaux d'Incendie et de Secours) sont des établissements publics qui imposent leur budget aux collectivités locales sur la base des directives du ministère de l'Intérieur en application de la loi n°96-369 du 3 mai 1996.</p>
<p>Le budget des pompiers civils passe inaperçu de l'Etat parce qu'il est «dilué » entre une centaine de services départementaux obligatoirement financés par les collectivités territoriales. Ceci se fait en contradiction avec l'article 72 de la Constitution (libre administration des collectivités territoriales), mais la loi n°96-369 n'a jamais été déclarée contraire à la Constitution. Le budget total des SDIS n'a fait, à ma connaissance, l'objet d'aucune étude ni même d'une simple addition. De ce fait les budgets « Intérieur » et « Armées » sont difficilement comparables.</p>
<p>Il en est de même pour un autre service public important : sans même rappeler qu'une petite partie de l'Education Nationale est privatisée, il faut savoir que l'infrastructure nécessaire à l'enseignement public est entièrement prise en charge par les collectivités locales : le Communes financent toutes les écoles primaires ; les collèges et les lycées sont pris en charge par les Départements ; l'enseignement technique par les Chambres Consulaires ; les universités sont financées par les Régions.</p>
<p>Il en est ainsi de tous les ministères civils : le ministère des transports ne finance pas les routes départementales (prises en charge par les Départements), ni les autoroutes prises en charge par des SEMA (Sociétés d'Economie Mixte Autoroutières), ni les réseaux ferrés régionaux (les TER sont financés par les Régions), ni les ports ni les aéroports qui sont financés par les Chambres de Commerce.</p>
<p>Ministère de la Santé : les hôpitaux, financés par les Villes et par la Sécu, n'apparaissent pas non plus au budget de l'Etat.</p>
<p>Quant à la dette publique, celle de l'Etat est considérable mais il faut y ajouter les dettes cumulées de toutes les collectivités territoriales et de tous les établissements publics, qui sont toutes et tous endetté(e)s.</p>
<p>Mais c'est le même contribuable qui paye des impôts à la fois pour sa Ville, pour son Intercommunalité, pour son Département, pour sa Région. Seul le budget des Armées est directement lisible parce qu'il est entièrement inscrit au budget de l'Etat.</p>
<p>Je ne dis pas que le système est mauvais, je dis qu'il faut le connaître. En dépit de quelques imperfections, tout ceci en définitive ne fonctionne pas trop mal : il faut juger aux résultats et non aux méthodes.</p>
<p>Mais il faut comparer seulement ce qui est comparable. Il faut savoir que dans les ministères civils, le principe est solidement établi de toujours trouver des payeurs extérieurs. Chez les militaires au contraire, l'on est trop honnête et l'on pense que l'intérêt général prévaut sur les intérêts de chapelle. Jamais les militaires ne demandent le remboursement des prestations indues effectuées au profit d'autres ministères : Vigipirate devrait être remboursé par le ministère de l'Intérieur ; JDM <a href="http://secretdefense.blogs.liberation.fr/defense/2009/07/opex-la-france-finance-les-marocains-loge-les-polonais-et-nourrit-les-albanais.html">rappelait</a> certaines dépenses supportées par les Armées au profit des AE, des Dom-tom, de la Coopération. Lorsqu'on apprend que les Armées envoient en Haïti un bataillon du Génie transporté par la Marine Nationale, on aimerait apprendre en même temps que le financement est pris en charge par le Ministère de la Coopération. Aider Haïti est parfaitement légitime compte tenu de nos liens culturels et historiques : le Ministère français de la Coopération est parfaitement fondé à y missionner l'une de nos entreprises de travaux publics civiles qui ne demandent qu'à travailler, acheminée par un transporteur civil dont c'est le métier. Mais non : l'on préfère en charger les Armées, de façon illégale au regard de la loi de 2005, article 1er, que je rappelle ci-dessous. Le financement de l'aide (cette aide est légitime, j'y insiste : seul le mode de financement est contestable) est ainsi supporté par le budget des Armées et non par celui de la Coopération à qui elle incombe.</p>
<p>Vingt ans de fonction publique territoriale m'ont appris que la première question à poser est précisément celle-ci : "d'accord, mais QUI PAYE ?"</p>
<p>Yves Cadiou</p></div>http://www.egeablog.net/index.php?post/2010/03/10/Financement-par-Y.-Cadiou#comment-formhttp://www.egeablog.net/index.php?feed/atom/comments/530Entretien avec l'Al Lacoste : cabinet militaire, FAN et porte-avionurn:md5:93e20c3cb5dfcb0003104e35a4598ff62010-02-13T22:23:00+00:002010-02-13T22:23:00+00:00Olivier KempfQuestions de défense<div class="post-excerpt"><p>C'est un très grand honneur que nous accorde l'amiral Lacoste : il a bien voulu répondre à nos questions, prenant sa plume pour écrire en détail les leçons de son expérience. Dans ce billet, il évoque le rôle d'un <ins>chef de cabinet militaire</ins> à Matignon (poste peu connu qu'il faut examiner avec attention), l'importance de la <ins>force d'action navale</ins> et la nécessité d'un deuxième <ins>porte-avion</ins>.</p>
<p>Amiral, merci, au nom des lecteurs d'Egéa, de nous accorder ces propos toujours aussi éclairants.</p>
<p>O. Kempf</p></div> <div class="post-content"><p>1 / <strong>Vous avez été directeur du cabinet militaire d'un premier ministre : quelles relations entretiennent au quotidien les responsables politiques de premier plan avec l'armée? cela a-t-il évolué, et pourquoi ?</strong></p>
<p>J’ai été le<ins> chef du Cabinet militaire du 1er Ministre, de Sept.78 à Sept 80</ins>, deux ans sur les trois ans et deux mois du Gouvernement de Raymond Barre. J’ai eu la chance de servir dans une équipe étroitement unie autour d’un homme d’Etat exceptionnel, qui entretenait des relations de confiance avec le Président de la République. Il avait pour les questions de la Défense, des conceptions authentiquement gaulliennes, sans aucun préjugé défavorable envers « les militaires ». Ces deux années ont été pour moi parmi les plus riches et les plus exaltantes de ma carrière ; j’ai entretenu d’excellentes relations avec tous les membres civils de Matignon et avec les hommes politiques et les hauts fonctionnaires que j’ai rencontrés dans ces fonctions.</p>
<p>A l’époque la réalité de la menace militaire du Pacte de Varsovie était incontestable si bien que les « anti militaristes » de l’administration ne remettaient pas en cause les nécessités de la Défense, même s’ils cherchaient toujours à réduire ses crédits. Mais dans l’opinion publique et surtout dans les milieux de gauche,<ins> l’armée faisait l’objet des sarcasmes habituels</ins> alimentés par les souvenirs de l’Algérie et par les conditions inégalitaires d’exercice du service national. Il y avait déjà de nombreuses enquêtes sociologiques à ce sujet ; la Marine étant relativement plus épargnée que l’Armée de Terre et l’Armée de l’Air.</p>
<p>Je ne peux pas parler à la place de mes successeurs, je ne les ai jamais interrogés à ce sujet. Mon expérience personnelle n’est pas directement transposable à chacun de ceux qui ont connu entre 1980 et 2008, des évènements, des circonstances, des situations très différentes. Je pense en particulier, en politique intérieure, aux périodes de « cohabitation » et en politique extérieure, aux bouleversements géopolitiques d’après Guerre froide. Enfin il faut évidemment tenir compte aussi de la personnalité de chacun des Premiers Ministres qui se sont succédé à Matignon et de leurs positions personnelles sur les questions de défense.</p>
<p>Le chef du cabinet militaire est, au même titre que les principaux collaborateurs des ministres, <ins>un des auxiliaires impersonnels indispensables pour le fonctionnement du pouvoir exécutif.</ins> Une règle non écrite a prévalu pour éviter des déséquilibres entre les trois armées : les postes de chefs des cabinets militaires de la Présidence de la République, de Matignon et de la Défense sont répartis entre Terre, Air et Marine. Cet équilibre est encore respecté de nos jours, comme il l’est pour la répartition des principaux chefs de divisions à l’Etat Major des Armées.</p>
<p>Je vais tenter, à travers quelques exemples, de décrire sommairement le rôle et les activités d’un chef de cabinet militaire à Matignon.</p>
<p>Les collaborateurs d’un Premier Ministre sont répartis en plusieurs sections correspondant aux grandes fonctions du pouvoir exécutif : finances et économie – industrie – agriculture – social – enseignement, etc. et, évidemment, Défense. <ins>Le chef du cabinet militaire instruit à la fois les affaires de fond et les dossiers d’actualité de son ressort qui concernent le Chef du gouvernement.</ins> Il est donc en liaison avec les cabinets de plusieurs ministères et grands services. Au même titre que les autres principaux adjoints du Premier Ministre, responsables des autres sections, Il participe en personne aux réunions hebdomadaires présidées par le Directeur de cabinet. Et il est fréquemment appelé, en fonction des circonstances, à participer et parfois à présider, divers groupes de travail relatifs à des sujets « interministériels » en relation avec la Défense et la sécurité. Autrement dit, sa fonction est étroitement associée à la vie du gouvernement et au traitement des affaires du pays.</p>
<p><ins>Exemples de quelques affaires de fond</ins> : préparation des « Conseils de Défense » présidés par le Président de la République – préparation, suivi, des arbitrages budgétaires pour les crédits militaires – relations étrangères, stratégie et sécurité extérieure. Par ex. à la fin des années 70, dans le cadre de la « guerre froide » : armes nucléaires en Europe, désarmement, position française vis-à-vis des USA, de l’URSS, .. ; accords de défense en Afrique et conflits « hors zones sanctuarisées par la dissuasion », etc. J’étais également concerné par d’autres sujets de fond : les pollutions en mer et la coordination des mesures administratives et opérationnelles sous l’autorité des Préfets maritimes ; la sécurité nucléaire des installations électronucléaires civiles ; les industries d’armement et les exportations,.. </p>
<p><ins>Exemples de quelques affaires conjoncturelles</ins> : la crise de Gafsa ( la Libye de Khaddafi attaque le Sud tunisien ) – la situation au Proche Orient, au Liban.. ;- le projet de vente d’une « marine de guerre » à l’Irak de Saddam Hussein ; – le lancement du contrat Sawari avec l’Arabie Saoudite ; – les troubles au Tchad,…..</p>
<p>Je pense que la fonction est de nos jours, plus encore que de mon temps, particulièrement importante. Le Livre Blanc annoncé par Nicolas Sarkozy, candidat à la Présidence de la République a été mis en chantier tout de suite après son élection. Il marque un tournant capital qui répond aux bouleversements géopolitiques, stratégiques et économiques des dix huit dernières années. <ins>Pour les Armées, c’est une nouvelle rupture.</ins> Après celle de la suspension du Service militaire et de la création d’une armée de métier, c’est un rééquilibrage territorial historique : les Armées de terre et de l’Air ne sont plus majoritairement déployées dans les marches du Nord Est du territoire. C’est aussi un rééquilibrage « fonctionnel » qui a mis fin, dans l’armée de Terre, à l’ancienne structure en implantations territoriales et en « corps d’Armées » remplacées par un ensemble de Brigades capables d’alimenter des formations « à la demande » pour des missions extérieures, et non plus pour les menaces permanentes de la défense du territoire. D’autres rééquilibrages majeurs sont en cours dans l’armée de l’Air et la Marine. La Gendarmerie a quitté le Ministère de le Défense pour celui de l’Intérieur. C’est dire qu’il y a eu et qu’il y aura encore de nombreux arbitrages qui concernent au premier chef le Premier Ministre !</p>
<p>Plus importantes encore sont les conséquences des <ins>nouvelles formes de conflits armés</ins>, la globalisation des risques et des menaces dans les contextes du multilatéralisme et de la montée des puissances émergentes en Asie. Le Livre Blanc en a tenu compte, en tirant les leçons des plus récents conflits pour mettre en évidence les continuités entre Défense, Sécurité extérieure et Sécurité Intérieure. C'est-à-dire que s’imposent plus que jamais toutes sortes de pratiques de coopération interministérielles, intereuropéennes, interalliées et internationales. Matignon est évidemment en position centrale entre civils et militaires, administratifs et opérationnels. <ins>Le rôle du Cabinet militaire me paraît devoir être plus indispensable que jamais !</ins></p>
<p><strong>2/ Vous avez ensuite dirigé l'Escadre de la Méditerranée, l'ancêtre de la force d'action navale. pensez-vous que la marine nationale est encore en mesure de "tenir" les deux façades maritimes ? est-ce d'ailleurs un objectif à lui donner ? un porte-avion est-il assez ? l'alternative n'est-elle pas deux ou zéro ?</strong></p>
<p>En quittant Matignon, alors que la limite d’âge s’approchait, j’ai voulu <ins>commander à nouveau à la mer</ins>, la principale raison d’être d’un officier de marine. C’était aussi pour moi le besoin d’appliquer concrètement les conceptions « opérationnelles » sur l’utilité et l’emploi des forces navales que j’avais défendues pendant plusieurs années, notamment à l’Ecole de guerre. A cette époque nos navires étaient répartis entre deux escadres, celle de l’Atlantique et celle de la Méditerranée, avec un déséquilibre au profit du sud, du fait de la présence des deux porte-avions à Toulon. Nous avions encore un nombre suffisant de navires de surface, de sous marins et d’aéronefs pour justifier la répartition des forces sur les deux façades, mais j’avais réussi à organiser des rencontres entre les deux escadres pour mettre en commun les doctrines et les pratiques.</p>
<p>Dans les années suivantes, les réductions budgétaires et le non remplacement des navires anciens sont évidemment une des premières causes de la création d’ALFAN. Je m’en suis d’autant plus réjoui que le cadre réglementaire de l’époque m’avait empêché de faire aboutir plusieurs de mes projets, et que j’ai pu observer, de loin, les progrès réalisés par mes successeurs. La Force d’action navale constitue un « <ins>réservoir de capacités opérationnelles</ins> » qui est en mesure de fournir « à la demande » des unités, disponibles, entraînées, pour répondre aux situations de crise dans le cadre des interventions décidées par le pouvoir politique. Il reste pour chacune des « façades », comme d’ailleurs pour d’autres zones géographiques d’intérêt national ( Dom TOM, points d’appui outre mer, Océan Indien, Pacifique ), des navires et des éléments d’Aéronautique navale adaptés aux missions permanentes de « service public » ou d’intérêt militaire. Depuis plus vingt ans les occasions n’ont pas manqué pour prouver la validité de cette organisation. Notamment pendant les crises du Proche Orient, du Kossovo, les guerres du Golfe et d’Afghanistan.</p>
<p>Dans les conflits armés de plus grande ampleur, la <ins>force d’action navale</ins> est articulée autour du Porte- avions. Pendant quarante ans, en de nombreuses occasions, le Foch et le Clémenceau ont joué un rôle irremplaçable, démontrant l’importance pour un pays comme le nôtre de pouvoir disposer d’une base aérienne mobile, libre d’opérer à partir des espaces internationaux, hors des contraintes territoires des Etats souverains.</p>
<p>Dans le monde de 2010 notre <ins>aviation embarquée</ins> est la seule, avec celle de l’USNAVY, à disposer encore du savoir faire, unique au monde, pour mettre en œuvre un groupe aérien d’avions de dernière génération. Elle l’a prouvé, avec éclat dans l’Océan Indien aux côtés des Etats Unis quand ils ne disposaient pas encore de bases terrestres en Afghanistan. Les Britanniques ayant perdu ce savoir faire, nous sommes la seule puissance navale européenne qui en dispose encore.</p>
<p>La <ins>question du deuxième porte avions</ins> est évidemment critique ; les raisons budgétaires avancées sont déterminantes dans le contexte économique actuel. Mais si l’on prend en compte le « coût de possession », les intérêts industriels et sociaux de la construction navale, aéronautique et des équipements de pointe et l’importance politique et opérationnelle d’une permanence, le bilan est incontestablement en faveur de la construction d’une deuxième plate forme. L’alternative n’est pas « deux ou zéro » ; c’est l’optimisation de la seule plate forme disponible, la réduction des périodes d’indisponibilité et la poursuite des études pour être prêt à répondre à une montée des périls inattendue. Ou bien à une prise de conscience de nos partenaires de l’Union Européenne, qui auraient tout intérêt à associer leurs Marines pour manifester la présence de l’Europe dans le monde, comme elles le font, modestement en ce moment, pour protéger le trafic maritime dans l’est de l’Océan Indien face aux exactions de la piraterie.</p>
<p>Pierre Lacoste</p>
<p>NB Egéa : j'ai adressé d'autres questions à l'amiral, que je publierai les jours et les semaines qui viennent.</p></div>http://www.egeablog.net/index.php?post/2010/02/10/Entretien-avec-l-Al-Lacoste-%253A-cabinet-militaire%252C-FAN-et-porte-avion#comment-formhttp://www.egeablog.net/index.php?feed/atom/comments/492Esprit de défense, es-tu là ?urn:md5:8a14bf344479156e7c2727bea2c904612009-12-06T15:07:00+00:002009-12-06T15:07:00+00:00Olivier KempfQuestions de défense <div class="post-content"><p>Deux incidents récents posent la question de l'état actuel de l'esprit de défense.</p>
<p>1/ Il s'agit tout d'abord de la plainte d'un parent d'un des soldats tués à Uzbin (voir <a href="http://secretdefense.blogs.liberation.fr/defense/2009/10/embuscade-duzbine-deux-familles-vont-porter-plainte-pour-mise-en-danger-d%C3%A9lib%C3%A9r%C3%A9e-de-la-vie-dautrui.html">ici</a>).</p>
<p>2/ Il s'agit ensuite de cette élue municipale de Vannes qui refuse de s'associer à une minute de silence (<a href="http://secretdefense.blogs.liberation.fr/defense/2009/12/refus-dune-minute-de-silence-lattitude-dune-%C3%A9lue-de-vannes-suscite-une-pol%C3%A9mique.html">ici</a>). L'émotion est vive : je signale notamment le <a href="http://pourconvaincre.blogspot.com/2009/12/de-mortuis-nihil-nisi-bene.html">billet</a> de <strong>Pour convaincre</strong> ou <a href="http://maisonducombattant.over-blog.com/article-nadia-morel-professeur-des-ecoles-40588773.html">celui-ci</a>, mais on peut aussi se référer à des pétitions qui commencent de circuler (<a href="http://www.soldatsdefrance.fr/COUP-DE-GUEULE_a668.html">ici</a> et <a href="http://www.opex360.com/2009/12/05/un-message-pour-soutenir-nos-soldats-en-opex/">ici</a>)</p>
<p>3/ La conjugaison de ces deux événements amène à constater ceci : le sens de la <strong>mort pour la collectivité</strong> est devenu, pour beaucoup, une incongruité. Derrière la maladresse ou la vacuité des discours (tant du père que de cette professeur), on discerne plusieurs choses :</p>
<ul>
<li>le scandale de la mort, quelles que soient les circonstances (cf. <strong>Philippe Ariès</strong>, par exemple <a href="http://bruegel.pieter.free.fr/aries.htm">ici</a>). La mort n'est plus admise, elle fait peur.</li>
<li>la tentation de la négation : que ce soit dans le vocabulaire ou les pratiques (fin de vie pour euthanasie, pratique croissante de la crémation à la place de l'enterrement, ...), on cherche à interdire la mort, à la faire disparaitre.</li>
<li>l'incapacité à percevoir la dimension sacrée de ce moment, que ce sacré soit religieux ou laïc : dans le cas présent, on refuse le sacré collectif qui rassemble la communauté. Sans faire de l'anthropologie de bazar, je ne connais pas de sociétés qui ne soient fondées sur l'organisation du respect des morts.</li>
</ul>
<p>4/ Cette tendance se conjugue, en l'espèce, avec une sorte de néo-pacifisme, à la fois européen et post-moderne. Par exemple, certains diront :</p>
<ul>
<li>nous sommes en paix depuis soixante ans, donc la guerre est un scandale</li>
<li>toute action militaire est forcément une oppression. On ne distingue pas entre la maîtrise de la violence et la violence elle-même.</li>
</ul>
<p>5/ S'y ajoute un <strong>rapport faussé à la défense</strong>, autour de questions qui portent un bon sens apparent, même si elles travestissent la réalité :</p>
<ul>
<li>pourquoi se défende, puisqu'il n'y a plus de menaces, au mieux des risques ?</li>
<li>pourquoi se défendre, puisque la dissuasion empêche la guerre ?</li>
<li>pourquoi se défendre, puisque le problème, désormais, est la sécurité ?</li>
</ul>
<p>6/ Tout cela se résout en un affaiblissement constant de l'esprit de défense. Pour preuve, le glissement sémantique qui s'opère imperceptiblement : on ne parle plus du lien Armée-Nation, mais défense-société. L'abandon des majuscules traduit bien la banalisation, mais aussi la confusion.</p>
<p>Allons au bout de la logique : <strong>c'est d'un affaiblissement tout court qu'il s'agit</strong>.</p>
<p>O. Kempf</p></div>http://www.egeablog.net/index.php?post/2009/12/06/Esprit-de-d%25C3%25A9fense%252C-es-tu-l%25C3%25A0#comment-formhttp://www.egeablog.net/index.php?feed/atom/comments/409