Egeablog - Mot-clé - Europe2023-06-28T12:43:19+02:00Olivier Kempfurn:md5:fc9dfa5de5fd9856c4c7bdd45e8ff3c1DotclearColloque bruxellois sur La numérisation et la modernisation économiqueurn:md5:0d51cd82cd89cbbb5044cb96b79d0bff2021-02-01T17:34:00+00:002021-02-01T17:42:21+00:00Olivier KempfColloques et conférencesCyberEuropeSOuveraineté numériquetransformationnumériqueUEvoisinages<p>J'interviendrai demain à l'occasion de la Conférence annuelle "Voisinages" organisée par nos amis de l'institut d'études européennes de l'Université Saint-Louis de Bruxelles. Elle portera sur le thème suivant : <em>Quid de l’après Covid 19 pour la relation entre l’UE et ses voisinages : compagnonnage renouvelé ou proximité distanciée face aux défis commun ?</em> (<a href="https://www4.usaintlouis.be/4DACTION/WEB_Agendafiche/311/44038">détails ici</a>)</p>
<p><img src="https://www.usaintlouis.be/sl/images/53567.png" alt="" /></p>
<p>J'interviendrai dans la troisième session qui traitera : La numérisation et la modernisation économique : quelle approche partagée ?</p>
<p>Vous lirez ci-dessous les éléments clef de mon intervention.</p> <p><ins>1/ La pandémie et la crise économique qui s'ensuit ont suscité deux types de démarches :</ins></p>
<ul>
<li>- d'une part une accélération de la transformation numérique des organisations privées et publiques. Le télétravail est devenu massif alors que la plupart du temps, rien n'était préparé : ni dans les procédures, ni dans le soutien technique. L'adaptation sur le tas ne peut pas dire que ce soit très satisfaisant et il manque encore à consolider cette démarche qui n'est pas une parenthèse.</li>
<li>- d'autre part, une réflexion approfondie sur la souveraineté et la maîtrise des chaines de valeur. Il devient de moins en moins pertinent de dépendre exclusivement de productions venues de l'autre bout de la planète, d'autant que cette organisation aggrave le réchauffement climatique.</li>
</ul>
<p>Il s'ensuit deux phénomènes :</p>
<ul>
<li>- une réorganisation profonde des économies avec l'inclusion de plus de numérique et l'invention de nouveaux modes de production décentralisés : fabrication additive ou <em>edge computing</em> mais aussi amélioration des infrastructures de proximité (<em>smart cities</em>, décentrement du travail, 5G) sont ainsi à la pointe de ce phénomène.</li>
<li>- une prise en compte accrue de la cybersécurité.</li>
</ul>
<p><ins>2/ La cybersécurité, facteur d’attractivité économique</ins></p>
<p>Or, l'accélération en 2020 de la transformation numérique s'est accompagnée d'une accélération de la cybercriminalité qui a touché encore plus d'organisations, de toute taille et en profitant justement de leur impréparation. Beaucoup plus de cibles, une automatisation et une industrialisation des attaques en sont la cause. On a vu ainsi de nombreuses collectivités territoriales ou d'hôpitaux se faire agresser.</p>
<p>Ainsi, la multiplication des rançonnage (ransomware) amplifie une vague qui avait commencé en 2018 et qui devient un tsunami. On ne peut plus dire "je suis trop petit pour passer entre les gouttes". Autrement dit, la cybersécurité n'est pas réservé aux gros, elle est un impératif pour tous.</p>
<p>Or, on ne peut pas imaginer développer l'attractivité économique au niveau national, régional ou local sans comprendre qu'une des demandes des entreprises ou des professionnels venant s'installer sera, au même type que l'infrastructure numérique, la qualité de la cybersécurité fournie.</p>
<p><ins>3/ L'UE a pris enfin en compte ces sujets bien qu'ils soient inégalement compris par les Membres ou par les partenaires</ins></p>
<p>Après des débuts hésitants, l'UE a enfin pris en compte l’impératif de la cybersécurité. Elle admet désormais le thème de la souveraineté numérique face aux prédateurs extérieurs. Cela passe bien sûr par la loi. De ce point de vue, les initiatives récentes sont excellentes : Rénovation de la directive sécurité des réseaux informatiques, mise en place du RGPD, adoption avr. 2019 d’un règlement sur la cybersécurité par le Conseil (instauration d'un système de certification de cybersécurité à l'échelle de l’UE, –la mise en place d'une agence de l'UE pour la cybersécurité dotée de compétences plus étendues à Bucarest), projets de Digital Service Act (loi sur les services numériques et les contenus) et Digital Market act (loi sur les marchés numériques pour faire respecter la libre-concurrence par les mastodontes étrangers du secteur)...</p>
<p>Il reste que la prise de conscience au sein de l'UE est inégale car tout ne peut pas se faire au niveau communautaire. La cybersécurité appartient au cœur de souveraineté et c'est à chaque État de la favoriser chez lui.</p>
<p>De même, il faut insister auprès de nos partenaires pour qu'ils la prennent en compte,s 'ils veulent accéder à un marché européen qui se durcit. Là aussi, la prise de conscience est inégale.</p>
<p>O. Kempf</p>http://www.egeablog.net/index.php?post/2021/02/01/Colloque-bruxellois-sur-La-num%C3%A9risation-et-la-modernisation-%C3%A9conomique#comment-formhttp://www.egeablog.net/index.php?feed/atom/comments/2308Le continent de la douceur (A. Bellanger)urn:md5:ad0ef20b1e04ceac144031ff64fc622a2020-08-19T21:49:00+01:002020-08-19T21:49:00+01:00Olivier KempfFiche de lectureBellangerEuropeRoman <p style="margin-bottom: 6pt; text-align: justify;">Aurélien Bellanger est un auteur contemporain important, d’une veine houellebecquienne mais dont les préoccupations tournent autour de l’information (on se souvient d’un remarquable <i>Théorie de l’information</i>) mais aussi de l’espace et de son ordonnancement politique. On avait ainsi adoré <i>L’aménagement du territoire</i> mais aussi <i>Le grand Paris</i>.</p>
<p style="margin-bottom: 6pt; text-align: justify;"><img alt="http://www.gallimard.fr/var/storage/images/product/0ef/product_9782072771798_195x320.jpg" src="http://www.gallimard.fr/var/storage/images/product/0ef/product_9782072771798_195x320.jpg" /></p>
<p style="margin-bottom: 6pt; text-align: justify;">Son dernier opus prend l’Europe comme sujet avec une excellente métaphore, celle d’un pays qui n’existe pas, la principauté de Karst (ex-Yougoslavie). La principauté vit l’invention des machines horlogères à la complication diabolique et l’utilité inconnue, mais aussi accueillit un mathématicien hors pair, dont le souvenir irrigue le roman qui conte l’histoire de la diaspora karste et de la « résurrection » de la principauté.</p>
<p style="margin-bottom: 6pt; text-align: justify;">C’est follement drôle avec beaucoup de références en tout sens, une moquerie gentille de l’UE (la nouvelle machine karstienne), l’inclusion géographique et historique des deux hémisphères européens, un BHL traité pour ce qu’il est, à savoir un personnage farce de roman. On s’amuse beaucoup en se sentant intelligent et cultivé avec une douce ironie, pour ne pas dire moquerie, envers cette Europe qui se croit si importante alors qu’elle n’est plus qu’un doux souvenir.</p>
<p style="margin-bottom: 6pt; text-align: justify;">Le continent de la douceur <span style="font-size:9.0pt"><span style="line-height:115%">Aurélien Bellanger, </span></span><a href="http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Blanche/Le-continent-de-la-douceur">ici</a></p>
<p style="margin-bottom: 6pt; text-align: justify;">O. Kempf</p>http://www.egeablog.net/index.php?post/2020/08/19/Le-continent-de-la-douceur-%28A.-Bellanger%29#comment-formhttp://www.egeablog.net/index.php?feed/atom/comments/2293La crise accélérateur de l'histoireurn:md5:7c92d3b849c90b5dc54f69be373a58572020-04-08T10:00:00+01:002020-04-08T10:00:00+01:00Olivier KempfPlanétisationChineCovid 19CriseEtats-UnisEurope<p>La crise est un accélérateur de l'histoire : en fait, elle ne sera probablement pas un point tournant (signifiant une réorientation des choses, d'un point de vue géopolitique du moins) mais un point d'inflexion. Reste alors à discerner quelles sont les tendances géopolitiques qui vont être accélérées.</p>
<p><img src="https://groupe-ecomedia.com/wp-content/uploads/2020/03/Coronavirus-covid-19-epidemie-savoie-haute-savoie-4.jpg" alt="" /> <a href="https://groupe-ecomedia.com/coronavirus-annulations-en-cascade/">source</a></p>
<p>J'en vois plusieurs que je teste avec vous :</p> <p>- la poursuite de la relativité américaine ou plus exactement : de la sortie de la centralité américaine. L'Amérique restera évidemment une grande puissance, mais de plus en plus relative et donc, reléguée au milieu de ses deux océans. Je ne mentionne pas ici l'hypothèse d'un éclatement américain, qui demeure possible .</p>
<p>- je ne suis pas convaincu de la poursuite de la montée chinoise. Le régime était déjà dans de grandes difficultés, car son modèle économique arrivait à bout de souffle. La crise accélère cette contradiction interne, d'autant qu'à l'extérieur, on va assister à un nouveau regard. De même que les Européens ont découvert l'Amérique de Trump avec un nouveau regard, de même nous allons regarder la Chine de Xi avec un nouveau regard, celui d'une puissance dont nous sommes trop dépendants et qui surtout nous a beaucoup menti.</p>
<p>- sans revenir à la notion de multipolaire, les circonstances permettent un champ des possibles plus ouvert pour l'Europe, pourvu que les Européens cessent de se considérer comme à la traîne, ici des Américains, là des Européens. En fait, il nous faut nous sortir de notre repentance collective, de notre regret d'avoir dominé le monde, de nos complexes. Vous aurez compris que quand je parle de l'Europe, je ne parle pas de l'UE. Cela signifie que les conditions sont possibles pour une nouvelle relation avec la Russie à l'Est et l'Afrique au sud.</p>
<p>O. Kempf</p>http://www.egeablog.net/index.php?post/2020/04/08/La-crsie-acc%C3%A9l%C3%A9rteur-de-l-histoire#comment-formhttp://www.egeablog.net/index.php?feed/atom/comments/2283Une histoire de l'Europe (M. Fauquier)urn:md5:a2f730242904c7305da065dc48b553532018-12-27T10:55:00+00:002018-12-27T10:55:00+00:00Olivier KempfFiche de lectureChrétientéEuropeHistoire<p>Voici un livre paru en septembre dont je ne vous parle que maintenant : c'est qu'il y avait plus de 700 pages à lire, voyez-vous ! Pour tout vous dire, j'aurais pu le feuilleter, lire quelques pages ici ou là et me contenter d'un signalement. Et puis j'ai commencé l'introduction, puis le premier nœud, puis le premier chapitre... et il a fallu que j'avance jusqu'au bout, intégralement. Voici donc un ouvrage stimulant, sur une matière que l'on croit connaître ; mais son traitement renouvelle l'approche, paradoxalement.</p>
<p><img src="https://www.editionsartege.fr/pfs/vignettes/FIC145651HAB40.jpg" alt="" /></p> <p>De quoi s'agit-il ? D'une histoire de l'Europe. Certes, mais encore ? Et bien d'une histoire de l'Europe qui ne renie pas les racines chrétiennes de celle-ci; En fait, les ouvrages d'histoire contemporains veulent tellement être neutres que pour éviter tout éventuel reproche de manquement à la laïcité, minorent consciencieusement cette dimension-là. Or, il n'y a pas de neutralité historique, comme Shlomo Sand nous l'a brillamment expliqué dans son "Crépuscule de l'histoire" (<a href="https://editions.flammarion.com/Catalogue/champs-essais/crepuscule-de-lhistoire">lien ici</a>) (autre ouvrage que j'ai lu cet été et que je m'aperçois ne pas avoir chroniqué, fichtre : il vaut le détour, incontestablement).</p>
<p>L'auteur, Michel Fauquier, a donc le projet d'une histoire européenne qui ne cache pas les fameuses "racines chrétiennes de l'Europe", celles qu'il est malséant de relever car ce serait attentatoire à je ne sais pas très bien quoi. Pour autant, il ne s'agit pas d'une œuvre apologétique, on a depuis longtemps quitté le XIXe siècle et à défaut d'être neutre, l'écriture de l'histoire peut être sérieuse, appuyée sur de multiples références, laissant la part aux discussions, présentant les points de vue opposés. "<em>Au demeurant, la subjectivité - ce mot mal aimé et mal traité qui ne sert plus qu'à dire l'erreur dans un monde qui ne croit plus à la vérité- rappelle simplement que l'historien est sujet de l'histoire qu'il écrit et non un menteur compulsif</em>" (p. 13)</p>
<p>M. Fauquier est Professeur, agrégé, docteur ès lettres, et incontestablement un bel érudit. On sait d'où il parle mais il se garde d'être obtus. Par exemple, il fait très bien le point sur l'expression de "Fille aînée de l’Église", qui est selon lui plus "allégorique qu'historique", contrairement à ce qu'un certain discours voudrait faire accroire (pp. 155-156).</p>
<p>Il organise son ouvrage en quatre parties : Les fondements (Athènes, Rome et Jérusalem), pp.19-134 - Les temps médiévaux : un Occident chrétien (pp. 135- 280) - L'époque moderne : une difficile gestation (pp. 281-498) - L’époque contemporaine : à la croisée des chemins (pp. 499-716). Chaque partie est elle-même divisée en "nœuds", expression qu'il trouve plus appropriée "<em>Nous avons parlé de nœuds et non de tournants car à force de tourner, l'histoire aurait dû revenir d'où elle provenait, ce qu'on ne constate pas</em>". Bref, le mot nœud est préférable à celui de racine, sur lequel il écrit un petit développement intéressant (pp 13 - 14). Chaque nœud fait donc l'objet d'un chapitre. Chaque partie et chaque chapitre se concluent par une bibliographie de "dix titres pour aller plus loin", chaque référence étant commentée.</p>
<p>L'auteur s'intéresse également à la vie des idées : au fond, plus qu'une histoire de l'Europe, c'est presque une histoire philosophique et théologique de l'Europe. Son chapitre sur le "désenchantement du monde" est très représentatif à cet égard. M. Fauquier insère de nombreux extraits des documents au fil du texte. Cela rend l'exposé très riche et très détaillé, notamment sur des périodes moins connues (monachisme, Moyen-Âge voire Renaissance). On le sent moins enthousiaste pour le monde moderne, mais le lecteur l'aura deviné.</p>
<p>Pour finir, notons qu'il s’agit surtout d’une histoire française de l'Europe. On n'y dit quasiment rien de la Russie, de la Scandinavie, des Balkans voire de l'Europe centrale. La question impériale qui touche Italie et Germanie est très approfondie, tout comme la rivalité avec les autres grandes monarchies européennes, Angleterre et Espagne. Le reste est négligé.</p>
<p>Voici donc un ouvrage très personnel et surtout très éloigné de ce que l'on lit habituellement sur le sujet. En ce sens, un ouvrage "radical" qui a les mérites et les défauts des parti-pris. Extrêmement fouillé et érudit, témoignant d'une culture impressionnante, centré sur l'évolution des idées en préalable aux événements, écrit par un auteur catholique et qui ne s'en cache pas, le livre vaut la lecture justement sur ces critères là : quelque chose de différent et (l'auteur nous pardonnera cet adjectif qui ne lui plaira sans doute pas) engagé, utile justement pour ces caractéristiques-là.</p>
<p>Michel Fauquier, <a href="https://www.editionsdurocher.fr/livre/fiche/une-histoire-de-l-europe-9782268096360">Une histoire de l'Europe</a>, Ed; du Rocher, 2018, 750 p. 29 €</p>
<p>O. Kempf</p>http://www.egeablog.net/index.php?post/2018/12/24/Une-histoire-de-l-Europe-%28M.-Fauquier%29#comment-formhttp://www.egeablog.net/index.php?feed/atom/comments/2228Forum de Krynicaurn:md5:3e8c1400e9f771ba783df44e641a94962018-08-29T13:36:00+01:002018-08-29T13:36:00+01:00Olivier KempfColloques et conférencesEuropeForumKryniçaPologne <p>Je participerai au prochain forum économique de Kryniça, en Pologne, du 4 au 6 septembre prochain. Cet événement qui devient le Munich de l'Europe de l'est prend chaque année plus d’ampleur (3000 participants en 2016).</p>
<p><img src="https://r-scale-75.dcs.redcdn.pl/scale/o2/tvn/web-content/m/p121/i/d1a69640d53a32a9fb13e93d1c8f3104/e876af4d-b44d-4fb1-aa4d-9cd3bc030745.jpg?type=1&srcmode=0&srcx=1%2F1&srcy=0%2F1&srcw=1%2F1&srch=85%2F100&dstw=1260&dsth=708&quality=75" alt="" /> <a href="https://tvn24bis.pl/z-kraju,74/we-wtorek-rusza-forum-ekonomiczne-w-krynicy-zdroju,574973.html">Source</a></p>
<p>J'interviendrai à la table ronde : <strong>Federalisation of Europe - Is It Possible?</strong></p>
<p>Présidée par Slawomir Debski, Director, Polish Institute of International Affairs, Poland, elle réunira :</p>
<ul>
<li>Francesca Traldi, Independent Expert, Italy</li>
<li>Manuel Sarrazin, President of the German-Polish Parliamentary Group, Bundestag, Germany</li>
<li>Marcin Swiecicki, Member, Sejm, Poland</li>
<li>Dan Petre, Director General, Romanian Diplomatic Institute, Romania</li>
</ul>
<p>Aler en Europe de l'est, rencontrer à la fois la défiance envers la Russie (que j'avais beaucoup ressentie il y a trois ans, lors de ma première venue) et peut-être la défiance envers l'UE, voilà qui va être intéressant.</p>
<p>O. Kempf</p>http://www.egeablog.net/index.php?post/2018/08/29/Forum-de-Krynica#comment-formhttp://www.egeablog.net/index.php?feed/atom/comments/2204Les failles du CloudActurn:md5:ddc86af12bd41e8c1e8f7e6ed35de1fe2018-05-23T22:29:00+01:002018-05-23T22:29:00+01:00Olivier KempfCYber et économieAmériqueCloudCloudactEtats-UnisEuropeextraterritorialitéFranceNuageOVHSouveraineté numérique<p>En décembre 2017, Amazon AWS annonçait l’ouverture - promise de longue date - de sa “région de Paris” s’appuyant sur 3 centres de données. En Mars 2018, Microsoft suivait, ouvrant deux nouvelles régions Azure en France, à Paris et à Marseille. Leur objectif, au delà des besoins techniques de latence et de haute-disponibilité (assurés pour la très grande majorité de leurs clients par leurs régions européennes), était d’offrir aux entreprises françaises la possibilité d’héberger leurs données sur le territoire national, nouvelle gouvernance oblige, selon le mot d’ordre de la Souveraineté numérique.</p>
<p><img src="https://www.eff.org/files/cloud-leaky.png" alt="" /> (<a href="https://www.eff.org/deeplinks/2018/03/responsibility-deflected-cloud-act-passes">source</a>)</p> <p>Cependant, le <em>CloudAct</em> (<em>clarifying lawful overseas use of data act</em>), adopté dans la nuit en mars par le Congrès et le gouvernement américains, organise le cadre de la communication de données personnelles hébergées par les fournisseurs de cloud américains. Selon cette loi, les fournisseurs d’infonuagiques (<em>cloud providers</em>) doivent mettre à disposition du gouvernement américain, sur sa demande, les données de leurs clients même si celles-ci sont hébergées à l’extérieur des États-unis, et ce sans avertir les clients. Nuance, cependant, les <em>cloud-providers</em> disposent de 14 jours pour 1) rejeter la demande si le client n’est pas américain et ne réside pas sur le sol américain, et 2) pour contacter le pays hébergeant les données afin d’apporter la preuve que fournir lesdites données enfreindrait la loi du pays d’accueil de celles-ci. Cela étant, cette “protection” est légère et le <em>Cloudact</em> ressemble à une nouvelle forme d’extraterritorialité, conformément à ce que l’on observe par ailleurs avec le régime des sanctions : l’actualité géopolitique nous l’a rappelé avec le retrait américain de l’accord nucléaire avec l’Iran.</p>
<p>Ainsi, nous serions en présence d’une nouvelle manifestation de cette puissance américaine qui édit son droit et le ferait valoir urbi et orbi.</p>
<p>Ce que peu observent pourtant, c’est que le <em>CloudAct</em> met un frein à la stratégie des <em>cloud-providers</em> américains vers la France (et au-delà, l’Europe), puisqu’ils ne peuvent plus répondre aux exigences de leurs clients en matière de gouvernance et de souveraineté de leurs données. Leurs centres de données, même s’ils sont établis en France, ne garantissent plus que ces données resteront en France quoiqu’il advienne. Et les grands comptes français, déjà frileuses à l’idée du cloud, vont être d’autant plus difficiles à convaincre. Les annonces rassurantes d’AWS ou d’Azure ne tarderont probablement pas, assurant respecter la législation du pays d’accueil et prenant à cœur la confidentialité des données de leurs clients. Cela risque d’être insuffisant pour convaincre leurs clients. Aujourd’hui en tout cas, les collaborateurs des grands fournisseurs américains ne savent pas encore quoi très bien répondre et devront probablement botter en touche en attendant les premières applications du texte.</p>
<p>Cependant, le <em>CloudAct</em> est un règlement qui n’a pas encore été appliqué. A l’inverse du RGDP européen, qui a été pensé de longue date et qui a accompagné les entreprises dans la transformation qu’il nécessite en leur accordant un délai de préparation, il faudra attendre les premières jurisprudences pour savoir comment le règlement américain sera appliqué. Ses failles potentielles (notamment la nécessité de respecter la loi du pays hébergeant les données) peuvent amener à rendre le <em>CloudAct</em> impuissant et inutilisable : il est en tout cas parfaitement dissuasif et contraire probablement à ce que recherchaient les autorités de Washington. Il est toutefois trop tôt pour le dire, et il est peu probable que les sociétés françaises veuillent tenter le pari, surtout en ces temps de sanction transatlantique.</p>
<p>Il y a pourtant un gagnant dans toute cette affaire : OVH. Le fournisseur français s’est en effet efforcé de n’installer aucun de ses centres de données sur le territoire américain, allant jusqu’à créer une entité différente (OVH US) pour attaquer le marché états-unien. “<em>C’est par le biais de cette entité et uniquement qu’il sera possible de commander un service OVH hébergé aux États-Unis. Ce cloisonnement des données est clair et permanent</em>” affirme l’hébergeur sur <a href="https://www.ovh.com/fr/discover/us.xml">son site.</a> On peut retrouver une stratégie similaire chez Microsoft qui, avec son offre Office 365 “<em>acloud</em>”, offrent toutes les fonctionnalités d’Office 365, mais sans <em>OneDrive</em>, le <em>cloud</em> de Microsoft.</p>
<p>Aujourd’hui, OVH est le seul fournisseur <em>cloud</em> à être hors d’atteinte du <em>CloudAct</em>, ce qui offre à la France d’héberger un des “Paradis fiscaux de la données”, un <em>Data Paradise</em>, hors de portée des États-Unis. A terme, on pourrait même voir les acteurs européens s’y déplacer, préférant rester sous le giron protecteur de l’UE plutôt que d’être soumis à une justice américaine plus instable. La volonté d’indépendance des groupes français par rapport aux États-Unis est une réalité que les experts français du cloud rencontrent depuis plusieurs années. Alors que l’adoption du cloud s’accélère, c’est souvent des solutions hybrides que les groupes choisissent. Et si OVH leur offre les avantages de souplesse et de haute-disponibilités des fournisseurs américains tout en leur assurant l’indépendance d’hébergement de leurs données, nul doute qu’ils préféreront ce fournisseur.</p>
<p>Quant à OVH, si Octave Klaba a été visionnaire, il ne lui reste qu’à s’assurer d’offrir le même potentiel d’agilité sur les services associés. Le <em>DevOps</em> n’attend pas !</p>
<p>Paul-Antoine Kempf</p>
<p>NB : Egea est heureux d'accueillir ce billet d'actualité, par un bon expert du sujet (K junior!) : merci à lui. OK</p>http://www.egeablog.net/index.php?post/2018/05/23/Les-failles-du-CloudAct#comment-formhttp://www.egeablog.net/index.php?feed/atom/comments/2187La crise des relations germano-américaines vue de Franceurn:md5:17639b35593a954eea5120a79e3c4f0b2017-07-10T21:11:00+01:002017-07-10T21:11:00+01:00Olivier KempfLivres et écritsAllemagneEtats-UnisEuropeFranceItalieLimes<p style="text-align: justify;">L'excellente <a href="http://www.limesonline.com/">Limes</a>, revue italienne de géopolitique dont il n'existe pas de vrai équivalent en France, m'a demandé un article pour sa <a href="http://www.limesonline.com/sommari-rivista/usa-germania-duello-per-leuropa">dernière livraison consacrée à la rivalité germano-américaine</a>. Elle m'autorise à publier ici la version française mais je vous incite à aller acquérir de toute urgence le numéro en italien car il vaut le détour, avec tout plein de cartes comme on les aime. De la géopolitique, je vous dis. OK</p>
<p style="text-align: justify;"><img alt="Copertina di Laura Canali" class="attachment-edicola-medium wp-post-image" height="522" src="http://www.limesonline.com/wp-content/uploads/2017/06/cover_517-370x522.jpg" width="370" /></p>
<p style="text-align: justify;"><a href="http://www.limesonline.com/wp-content/uploads/2017/06/cover_517-370x522.jpg">Source</a></p>
<div class="detail">
<h2 class="post-title"><a href="http://www.limesonline.com/cartaceo/la-francia-serve-a-berlino-contro-trump" title="LA FRANCIA SERVE A BERLINO CONTRO TRUMP">LA FRANCIA SERVE A BERLINO CONTRO TRUMP</a></h2>
<p>Parigi non è mai stata del tutto a suo agio né con gli Stati Uniti né con la Germania. Ma nello scontro fra i due può giocare da sponda per Angela Merkel. Con la speranza di ammorbidirne il rigorismo economico, condizione per far ripartire l’Esagono.<span class="pre_autore"> di Olivier Kempf</span></p>
</div> <p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Les relations entre l’Europe et l’Amérique traversent une période délicate. On peut les ramener à une crise germano-américaine mais ce point de vue mérite, d’emblée, quelques précisions. En effet, il suppose que l’essentiel repose sur une relation bilatérale, selon le vieux vocabulaire des puissances. Il n’est pas faux mais il ne suffit pas. L’Allemagne est effectivement une puissance européenne importante mais c’est son rôle prééminent en Europe qui dépasse son seul cadre national qui intéresse les autres puissances du continent. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Pourtant, si elle est indubitablement européenne, l’Allemagne moderne est aussi très américaine : le parrainage des États-Unis a en effet présidé à sa renaissance après la dernière guerre et il y a une reconnaissance permanente de la part des élites allemandes. Or, cette relation privilégiée a été profondément mise en cause par le nouveau président américain, Donald Trump à cause de son approche de la mondialisation. Vue de Paris, cette crise surprend mais l’élection d’E. Macron devrait susciter un renouveau de la relation franco-allemande et au-delà de la construction européenne, effet paradoxal des exigences du président américain.</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><b><u><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">I Des relations germano-américaines marquées par l’histoire et l’économie</span></span></span></u></b></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">L’Allemagne apparaît en effet aujourd’hui comme le chef de file du continent. L’expression recouvre beaucoup d’ambiguïtés tant l’Allemagne prend soin à justement ne pas « diriger ». Il y a plusieurs raisons à cette abstention apparente. La première tient évidemment au poids de l’histoire. L’Allemagne porte encore la faute du III<sup>e</sup> Reich. Si elle a pu discuter la sanction de la Première Guerre mondiale (le fameux diktat de Versailles joua beaucoup dans la montée de l’extrémisme nazi), elle admet sans barguigner sa responsabilité majeure dans le déclenchement de la Seconde mais aussi les fautes de sa propre conduite totalitaire. De plus, l’Allemagne voulut conquérir l’Europe et ne laissa nulle part de bons souvenirs. Est-ce un hasard si régulièrement à Athènes, des manifestants dénoncent encore les atrocités nazies ? </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">L’Allemagne sait qu’elle devra durablement porter le fardeau de son histoire et que par conséquent son rôle européen devra constamment être abaissé. L’histoire récente force l’Allemagne à jouer « profil bas », dans une humilité structurante qui prend le pas sur sa place géographique au centre de l’Europe. On rappelle souvent que les pays font la politique de leur géographie, selon le mot attribué à Napoléon. Elle serait alors seulement européenne. Dans le cas de l’Allemagne, elle fait la politique de son histoire récente : à ce titre, elle dépend profondément des Américains. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Le poids de l’histoire</span></span></span></b></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Or, son histoire récente est celle d’une rédemption qui passe par deux canaux : l’Europe (et la réconciliation franco-allemande) mais plus encore, l’alliance américaine. Il convient en effet de regarder les dates : l’immédiat après-guerre est d’abord vécu sous la crainte d’un sursaut allemand et d’une répétition du ressentiment des années 1920. Aussi les puissances européennes décident de mettre en place un système de sécurité initialement tourné contre l’Allemagne : traité franco-britannique de Dunkerque en 1947, élargi au Benelux en 1948 dans le cadre du traité de Bruxelles de l’Union Occidentale. L’Allemagne est alors occupée par les quatre puissances qui avaient gagné la guerre. Le coup de Prague et l’émergence d’une « guerre froide » en 1948 changent peu à peu les priorités. Ainsi, les Européens signent-ils avec les Etats-Unis le traité de Washington (l’Alliance Atlantique) en avril 1949 : l’Allemagne n’en est pas partie prenante et déjà, la question soviétique pèse sur la sécurité européenne. Cependant, ce traité est aussi le résultat du blocus de Berlin ouest qui dure de juin 1948 à mai 1949. La République Fédérale d’Allemagne est fondée le 23 mai 1949 à partir des trois zones occidentales, poussant les Soviétiques à créer la République Démocratique d’Allemagne en octobre de la même année. Ainsi, l’Allemagne contemporaine renaît grâce au parapluie américain. Politiquement, la RFA est peut-être un nain, mais elle existe à nouveau.</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">La crise de la Communauté Européenne de Défense (CED) apparaît trois ans plus tard, en 1952. En jeu, le réarmement de l’Allemagne. On pense au début à une armée européenne qui intégrerait des unités allemandes mais les Français, pourtant à l’origine du projet, se raidissent et la refusent en 1954. Là encore, l’insistance américaine joue à plein. La RFA adhère logiquement à l’Alliance Atlantique en mai 1955 entraînant la création par les Soviétiques du Pacte de Varsovie. L’Allemagne peut à nouveau jouer un rôle militaire, dix ans après la fin de la guerre, toujours grâce aux Américains ! Ceux-là seront encore présents au moment de la construction du mur de Berlin (1962) ou de la crise des euromissiles (1979). </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Ce bref rappel historique démontre une chose : l’Allemagne contemporaine s’est toujours vue alliée aux États-Unis et n’a jamais cru à d’autres systèmes d’alliance. Ainsi, quand les Français proposent le traité de l’Elysée au début des années 1960, le Bundestag vote une résolution marquant qu’il sera toujours subordonné à l’alliance germano-américaine. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Il y eut bien sur quelques tensions : l’<i>Ostpolitik</i> de Willy Brandt des années 1970 fut mal vue à ses débuts et la position commune franco-allemande (entre Chirac et Schröder) au moment de l’affaire d’Irak (2003) apparut à beaucoup comme la fin d’une époque. Cependant, dans la durée, ces petites escarmouches ne sauraient affecter une relation pérenne qu’Angela Merkel (élevée dans l’Allemagne de l’Est et peu encline à critiquer les Américains, perçus comme les vainqueurs de la Guerre froide et donc les libérateurs de l’Allemagne de l’Est), s’attacha à renforcer.</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Géoéconomie allemande</span></span></span></b></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Ceci étant dit, l’Allemagne trouva également confortable de ne pas « diriger » l’Europe, du moins pas de façon flagrante Car si l’Allemagne refuse la géopolitique, elle accepte volontiers la géoéconomie. C’est d’ailleurs sur ce point-là que le bât blesse avec l’Amérique.</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Rappelons que c’est parce que l’Allemagne a une dette morale qu’elle n’a pas de dette économique. Le mot allemand <i>Schuld</i> veut dire à la fois « faute » et « dette ». Inconsciemment, pour les Allemands, ne pas avoir de dette c’est ne pas être en faute. D’autant que là encore, l’histoire allemande est cruelle : l’hyperinflation de 1923 est perçue aussi comme une conséquence des « dettes de guerre » décidée par le traité de Versailles au titre des réparations. Il est vrai que les deux efforts de guerre, allemand et français, avaient été gagés par de la dette et qu’au slogan « l’Allemagne paiera », si populaire en France, répondait celui de « la France paiera », tout aussi vivace entre 1914 et 1918 de l’autre côté du Rhin<a href="http://www.egeablog.net/index.php?post/2017/07/10/La-crise-des-relations-germano-am%C3%A9ricaines-vue-de-France#_ftn1" name="_ftnref1" title=""><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">[1]</span></span></span></a>. La fortune des armes décida. Rappelons au passage que si les « réparations » ont été décidées par le traité de Versailles, l’intransigeance américaine dans le paiement intégral de la dette a aussi beaucoup pesé en 1923 : le fait est aujourd’hui bien oublié en Europe mais il dénote un état d’esprit que l’on retrouve aujourd’hui chez Donald Trump.</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Rappelons également le rôle américain dans la reconstruction monétaire de l’Allemagne après la guerre. Là encore, les dettes accumulées pendant la Deuxième Guerre mondiale étaient présentes et la pénurie faisait rage. Au cours de l’année 1947, les Américains préparent dans le plus grand secret la réforme monétaire qui aura lieu dans les trois zones occidentales (hors zone soviétique, donc). Le passage à un Deutsch Mark unique est annoncé en juin 1948 et il va permettre la réforme économique préparée par Ludwig Erhard, celui qui va orchestrer le « miracle allemand » et poser les bases de l’ordo-libéralisme. Ainsi, le pilier actuel de la puissance allemande, l’économie, trouve ses racines dans l’appui américain. Il permet également la création de la RFA un an plus tard. La monnaie précède l’Etat. Symboliquement, elle le crée.</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Ceci explique le culte allemand du Mark fort et l’obsession pour l’exportation. Ajoutons-y les réformes Schröder (dites Hardt IV) qui ont introduit, au début des années 2000, une forte dose de libéralisme qui a dans les faits pesé sur le coût du travail. Autrement dit, faible coût du travail, monnaie forte, excellente image de marque, obsession pour l’exportation : l’Allemagne s’est parfaitement adaptée à la mondialisation qui avait été organisée au cours des années 1990. Elle a su prendre le tournant de la concurrence chinoise au point qu’aujourd’hui, elle est la principale bénéficiaire avec la Chine (et l’Inde) de la mondialisation.</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Mais ce triomphe pèse sur les partenaires de l’Allemagne, en Europe et aux États-Unis. Certaines puissances européennes ont bien essayé de secouer le cadre jugé trop rigide de l’euro ou des règles de Maastricht. L’honnêteté oblige à dire que là n’est pas l’essentiel mais dans la dissymétrie de puissance économique avec l’Allemagne, dans ses trop forts excédents et dans son manque de consommation intérieure. Au fond, l’Allemagne est tellement efficace que ses succès se nourrissent des difficultés des autres qui n’arrivent pas à tenir le rythme ou ne réussissent pas à effectuer des réformes : France, Italie, Espagne…. Mais c’est également le cas avec les États-Unis qui accumulent depuis des décennies des déficits énormes (avec le monde entier mais particulièrement l’Allemagne). La seule différence tient au dollar, à la puissance des nouveaux géants technologiques (GAFA et NATU) et à la puissance de la place financière américaine.</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Pour autant, l’équilibre est imparfait. C’est ce sentiment de déséquilibre qui anime le plus profondément Donald Trump. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><b><u><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">II Les difficiles relations entre MM<sup>me</sup> Trump et Merkel</span></span></span></u></b></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">La remise en cause par Trump de la mondialisation</span></span></span></b></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Les commentateurs se sont beaucoup interrogés sur la ligne politique de D. Trump. L’homme est en apparence imprévisible et en même temps bardé de certitudes. Sa communication par les tweets témoigne à la fois de beaucoup d’assurance et d’une profonde méconnaissance des affaires du monde. On l’a décrit populiste, réactionnaire voire fascisant. À rebours, observons tout d’abord qu’il n’y a aucune idéologie chez Trump. Chacun aura remarqué que ce n’est pas un intellectuel et qu’il n’en a pas la prétention. De même, ce n’est pas un homme politique classique, habitué aux campagnes électorales mais aussi aux nécessaires jeux d’alliance qu’il faut pratiquer pour composer, faire avancer ses dossiers, obtenir des soutiens et les échanger. C’est pourquoi lui attribuer des arrière-pensées extrémistes décrit mal sa personnalité. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Il est cependant roué, intelligent malgré sa brutalité, habitué aux négociations commerciales dures. Cette expérience explique en grande partie son instinct politique. Celui-ci dénonce la mondialisation. Pour les observateurs du reste du monde, une telle attitude surprend tant la mondialisation est comprise comme ayant été initiée par les Américains et diffusant un modèle américain. Longtemps, on s’est interrogé sur l’hyper-puissance américaine. Or, force est de constater un certain déclin, justement de cette hyper-puissance. Autrement dit, même si les États-Unis demeurent une puissance globale (et probablement la seule à ce niveau), ils sont moins dominateurs qu’ils ont pu l’être. Leurs interventions militaires sont au mieux des demi-réussites, ils ne réussissent plus à dicter les ordres politiques comme avant, des États n’hésitent plus à contester ouvertement leur direction… Certes, le <i>smart-power</i> profite à l’Amérique et les entreprises du digital inventent un nouveau modèle économique qui assure une avance insoupçonnée aux États-Unis. Pourtant, même ces grandes sociétés posent problème à D. Trump car il y voit l’expression d’une certaine mondialisation, technologique il est vrai, mais favorisant à la fois la désindustrialisation et l’évasion fiscale.</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Autrement dit encore, D. Trump n’est pas contre « la » mondialisation, mais contre cette mondialisation-là. Il la juge déséquilibrée et au désavantage des États-Unis et veut donc corriger la balance en faveur de ses intérêts nationaux. Voilà au fond le principe fondateur de sa politique étrangère. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Cibler l’Allemagne</span></span></span></b></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Cela hiérarchise ses priorités, une fois évacuées les outrances de la campagne électorale. Il s’agit tout d’abord de peser sur les principaux bénéficiaires de la mondialisation : la Chine et l’Allemagne. Cela impose des attitudes différentes puisque la Chine est un challenger quand l’Allemagne est un allié. Mais la Chine est plus puissante que l’Allemagne même si celle-ci s’appuie sur l’Europe. Aussi D. Trump voudra-t-il peser et négocier avec Pékin. Il se permet d’être beaucoup plus direct avec l’Europe en général, l’Allemagne en particulier.</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">De ce côté-ci de l’Atlantique, on ne soupçonne pas à quel point les Américains perçoivent d’abord l’Europe au travers de l’Otan. Dans leur inconscient collectif, l’Otan est principalement une organisation européenne (quand dans notre propre inconscient collectif, l’Otan est l’affaire des Américains). Cela explique les remarques désobligeantes de Trump contre l’Otan (jugée obsolète pendant la campagne) mais aussi pourquoi, une fois les corrections diplomatiques effectuées (l’Otan n’est plus obsolète, dit-il après avoir rencontré le Secrétaire Général Stoltenberg), il continue sa pression : les Européens doivent payer plus pour leur défense. On voit précisément à quel point cette question du rééquilibrage est centrale dans la pensée de Trump. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Ce n’est pas un hasard si cette demande d’augmentation s’adresse prioritairement aux Allemands. En effet, les Britanniques sont épargnés parce que leur budget de défense est élevé et surtout parce qu’ils ont décidé le Brexit, augurant des relations renouvelées avec l’Amérique. Quant aux Français, ils jouent le jeu avec leurs interventions militaires en Afrique et au Moyen-Orient et leur efficacité prime sur le montant de leur budget (même si cela leur sera rappelé en temps utile). Mais les Allemands ont un niveau de à 1,18 % du PIB en 2016, ce qui est fort éloigné de l’objectif des 2% décidé par les Alliés lors du sommet de Galles en 2014.</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Réponse allemande</span></span></span></b></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Ainsi, au lendemain de sa première rencontre avec Mme Merkel, le 45<sup>ème</sup> POTUS déclara, le 18 mars 2017, que l’Allemagne doit « d’énormes sommes d’argent à l’OTAN ». Et dans un tweet, il ajoutait : « <i>Les États-Unis doivent être plus payés pour la défense très puissante et très coûteuse qu’ils fournissent à l’Allemagne</i> ». La chancelière a beau avoir annoncé que l’objectif des 2% sera atteint en 2024 et qu’elle a augmenté son budget de 1,4 milliards d’euro en 2017, rien n’y fait. </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Il reste que voir un budget de défense allemand porté à 60 milliards d’euros (cible des 2%) poserait à coup sûr de sérieuses difficultés en Europe. Le budget français est aujourd’hui à 32 milliards et il resterait en dessous des 50 milliards si lui aussi atteignait, dans les temps voulus, le seuil de 2%. Autrement dit, avec un budget à 60 milliards, l’Allemagne serait la première puissance militaire européenne. L’Allemagne en est bien consciente et M. Sigmar Gabriel, ministre des affaires étrangères, l’observa crûment le 1<sup>er</sup> mars lors d’une visite en Estonie : « </span></span></span><i><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Ce serait notre suprématie militaire en Europe et je pense que nos voisins n’aimeraient pas cela</span></span></span></i><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif""> ». </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Ceci explique la position allemande : tout le budget de défense ne doit d’abord pas être dédié à l’OTAN, ce qui sous-entend qu’il faut à la fois renforcer les moyens de l’UE mais aussi les moyens nationaux. Surtout, il faut réfléchir en termes de sécurité globale ce qui passe non seulement par la sécurité intérieure (lutte anti-terroriste notamment) mais aussi par l’aide au développement afin de résoudre au loin les difficultés sécuritaires et économiques et d’éviter qu’elles se dégradent et provoquent migrations et terrorismes.</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><b><u><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">III Et la France ?</span></span></span></u></b></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">La traditionnelle posture ambivalente française</span></span></span></b></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">La France est traditionnellement mal à l’aise avec les deux puissances.</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Elle a certes toujours soutenu les États-Unis (qui se souviennent peu que leur indépendance est largement due à l’appui du roi Louis XVI) mais cette amitié ancienne est toujours entachée de soupçons et récriminations. Certes, les Américains sont venus en 1917 ce qui contribua sans conteste à la victoire. Mais leur retrait rapide, leur dureté financière et la non-ratification du traité de Versailles sont couramment vus, du côté de Paris, comme la manifestation d’un manque qui explique en grande partie la crise économique des années 1930 mais aussi la montée du nazisme. De même, la libération du territoire avec les débarquements de 1944 est toujours célébrée avec pompe (les Français, comme tous les Européens de l’Ouest, croient n’avoir été libérés du nazisme que grâce aux Américains, oubliant l’effort incroyable fourni par les Soviétiques sur le front Est) mais l’ordre imposé à l’issue et le manque de soutien lors des guerres de décolonisation (Indochine, Suez, Algérie) provoquèrent le sursaut gaulliste, la recherche d’une indépendance et le pari nucléaire. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Ainsi, pour les États-Unis, la France a toujours été un allié indocile. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Vis-à-vis de l’Allemagne, les relations sont encore plus compliquées. Elles viennent du fond de l’histoire : les Francs étaient des Germains qui se sont autonomisés dès le V<sup>e</sup> siècle, ce que l’on vit lors du partage de l’empire carolingien en 843 (Charlemagne est revendiqué par les deux nations). Toutefois, au cours des siècles, l’Allemagne resta le plus souvent désunie : Saint-Empire Romain Germanique et empire austro-hongrois assuraient une complexité des affaires allemandes qui convenait tout à fait à Paris. Paradoxalement, ce furent les Français qui lancèrent l’unification allemande. La bataille d’Iéna en 1806 lança la prise de conscience par l’Allemagne de la nécessité de s’unifier : y assistent Hegel et Clausewitz tandis que Fichte prononce son <i>Discours à la nation allemande</i> en 1807 à la suite de l’invasion du pays par Napoléon. Le reste du XIX<sup>e</sup> siècle écrit l’histoire de cette unification achevée à Versailles en 1871. L’empereur croit alors clore une longue prise de conscience. Il ouvre simultanément les germes d’une discorde profonde qui donnera deux guerres mondiales.</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Face à un tel passif bi-séculaire, la réconciliation franco-allemande constitue une nouvelle option. Elle est rendue possible par les deux défaites : celle des Français en 1940, celle des Allemands en 1945. Certes, la méfiance dure dix ans, jusqu’à l’échec de la CED. Mais dès 1950, le discours de l’horloge par Robert Schuman lance les germes d’un autre projet, celui de la construction européenne. On en connaît les étapes (CECA en 1951, CEE en 1957, Acte unique en 1986, Maastricht en 1992, Euro en 2002).</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Il est surtout rendu possible par la trajectoire française : en effet, la fin de la décolonisation au bout des années 1950 et l’arrivée du général De Gaulle obligent à trouver une nouvelle voie géopolitique : ce sera l’Europe et le nucléaire. Autrement dit, alors que la France suit à peu près le dynamisme économique allemand, elle compense son retard par sa puissance militaire et diplomatique. La France équilibre son grandissant retard économique, rendu patent avec la crise pétrolière des années 1970, par sa position politique et stratégique.</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">La rupture des années 2000</span></span></span></b></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Ce système fonctionna bien jusqu’au milieu des années 2000. Plusieurs éléments affaiblirent cet équilibre. En premier lieu, les réformes économiques allemandes déjà mentionnées aggravèrent la disparité de compétitivité. Ensuite, le référendum sur la Constitution européenne, refusé en 2005 par les Français, fut approuvé technocratiquement par le traité de Lisbonne en 2006, portant un coup à la réputation démocratique de l’UE. Enfin, la crise de 2008 fut comprise par beaucoup comme la preuve que l’UE et l’ouverture économique ne protégeaient pas contre les chocs.</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Du côté des relations franco-américaines, les choses évoluèrent différemment. Après la tension maximale à cause de l’affaire d’Irak (en 2003, le <i>French Bashing</i> atteint des sommets outre-Atlantique), la France se raccommoda peu à peu avec l’Amérique. Le philo-américanisme d’un Sarkozy joua beaucoup, lui qui décida sans prévenir de rejoindre le commandement militaire intégré de l’Otan. Son successeur, François Hollande, renoua avec la tradition atlantiste des socialistes français et ne modifia pas la ligne de son successeur. Au fond, une grande part des élites françaises était néo-conservatrice et s’accommodait bien d’un certain interventionnisme, que ce soit en Libye (2011) ou en Syrie (2013, lorsque F. Hollande était prêt à bombarder Damas ce que B. Obama refusa au dernier moment). De même, les interventions françaises en Afrique furent appuyées par les Américains qui y virent un fort moyen de consolider l’endiguement des djihadistes du Sahel. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Ainsi, la France devint finalement plus à l’aise avec les Américains et plus gênée avec l’Allemagne qu’il lui fallait pourtant suivre. Chacun a pu voir l’épuisement du « moteur franco-allemand » et son incapacité à tirer l’Europe. De même, tout le monde a noté la discrétion française au moment de la crise des migrants lorsqu’Angela Merkel se débattait avec une opposition intérieure très vive. Le Premier Ministre français, Manuel Valls, avait eu des mots assez durs laissant à l’Allemagne ses responsabilités. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Par conséquent, vu de Paris, il y avait une certaine disjonction d’intérêts. La France était obligée de suivre l’Allemagne sur l’orthodoxie européenne (budgétaire) mais s’accommodait de la politique d’Obama. Elle réussissait à capitaliser sur sa puissance politique et militaire auprès des États-Unis pour compenser sa faiblesse économique, d’autant que ce n’était pas un critère déterminant pour Washington à l’époque.</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Le cycle électoral 2016-2017</span></span></span></b></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">En quelques mois, énormément de choses ont changé. La Grande-Bretagne a voté sa sortie de l’Union Européenne, ce qui redistribue les équilibres européens : en effet, les trois capitales (Berlin, Londres et Paris) jouaient un jeu presque vaudevillesque de relations bilatérales pour contrer la puissance supposée du troisième. Ce schéma de comédie disparaît avec la mise à l’écart du troisième : Berlin et Paris sont désormais obligés de se rapprocher, pour la simple nécessité de préserver l’acquis européen qui autrement se déliterait rapidement, d’autant que les populismes sont en force partout, comme on l’a vu dans toutes les récentes élections. Dès lors, les deux sont obligés de composer et de faire des efforts pour ici adoucir des règles trop rigides, là trouver un nouveau projet mobilisateur. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Peu après, Donald Trump était élu. Comme on l’a dit, il est moins politique et plus porté sur les questions économiques. S’il vise l’Allemagne, c’est au fond le rival européen qu’il cible. Dès lors, la coopération bilatérale franco-américaine peut perdurer dans le champ militaire, l’essentiel se situe sur le terrain politique et économique. D. Trump s’était de plus déclaré assez partisan de M<sup>me</sup> Le Pen, y voyant le pétard final qui allait achever l’UE, après la détonation du Brexit.</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">C’est ici qu’intervient le troisième choc, celui de l’élection surprenante d’E. Macron. Pétri de culture économique, partisan de l’UE qu’il a défendue tout au long de la campagne, promoteur de réformes libérales, il est finalement assez proche de l’ordo-libéralisme allemand et du pragmatisme américain. Il n’a en tout cas aucun complexe, ce qui change beaucoup des mentalités du personnel politique français. Simultanément, c’est peu de dire qu’il ne goûte pas la posture de Donald Trump. Aussi va-t-il très rapidement rejoindre M<sup>me</sup> Merkel pour organiser un front commun. Celui-ci pourra survivre aux élections allemandes de l’automne puisqu’entre Angela Merkel et Martin Schultz, peu de différences essentielles se font jour, vues de Paris. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Pour Berlin, l’arrivée d’E. Macron est une divine surprise. Alors que l’Allemagne était en difficulté avec Washington, voici que le couple franco-allemand pourra afficher un front uni face à la Maison Blanche. D’une certaine façon, les exigences de Trump vont forcer l’UE à se réformer, ce qui semble d’autant plus possible qu’enfin elle sort d’une terrible décennie économique passée à digérer les excès de la crise de 2008. Partout en effet, les taux de croissance reviennent en Europe, tout comme l’investissement, ce qui laisse augurer enfin d’une baisse du chômage. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Cet alignement des planètes économiques et politiques constitue une grande surprise. Il reste aux dirigeants des deux pays de savoir en tirer profit.</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"> </p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Olivier Kempf</span></span></span></p>
<div>
<hr align="left" size="1" width="33%" />
<div id="ftn1">
<p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><a href="http://www.egeablog.net/index.php?post/2017/07/10/La-crise-des-relations-germano-am%C3%A9ricaines-vue-de-France#_ftnref1" name="_ftn1" title=""><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri","sans-serif"">[1]</span></span></span></a> Voir <i>La Tribune</i>, Comment 90 ans après l’hyperinflation pèse dans la conscience allemande, 18 novembre 2013, <a href="http://www.latribune.fr/espace-abonnes/la-chronique-du-jour/20131118trib000796341/comment-90-ans-apres-l-hyperinflation-pese-dans-la-conscience-allemande.html">http://www.latribune.fr/espace-abonnes/la-chronique-du-jour/20131118trib000796341/comment-90-ans-apres-l-hyperinflation-pese-dans-la-conscience-allemande.html</a> . Voir également Frederick Taylor<b>, </b><i>The Downfall of Money</i><b>, </b>Bloomsbury 2013, 432 pages.</p>
</div>
</div>http://www.egeablog.net/index.php?post/2017/07/10/La-crise-des-relations-germano-am%C3%A9ricaines-vue-de-France#comment-formhttp://www.egeablog.net/index.php?feed/atom/comments/2141OTAN : quelle stratégie sous l'administration Trump ? (entretien radio Vatican)urn:md5:0c160d9ce197d4b6d540844232f8fdb12017-02-24T21:24:00+00:002017-02-24T21:24:00+00:00Olivier KempfParoles orales et visuellesEtats-UnisEuropeOTANRadioStratégieSécuritéTrumpVatican <p style="text-align: justify;">Lundi 20 février dernier, j'ai accordé un assez long entretien (4mn 40) à Radio Vatican qui m'interrogeait sur l'attitude de l'OTAN (et au-delà des Européens) vis-à-vis de l'administration Trump. J'y ai fait part de mon analyse assez sceptique.</p>
<p style="text-align: justify;"><img class="img-art-foglia" itemprop="image" src="http://media02.radiovaticana.va/photo/2017/02/20/REUTERS1985890_Articolo.JPG" /></p>
<p style="text-align: justify;">Voici le lien <a href="http://fr.radiovaticana.va/news/2017/02/20/otan__quelle_strat%C3%A9gie_pour_ladministration_trump/1293640">http://fr.radiovaticana.va/news/2017/02/20/otan__quelle_strat%C3%A9gie_pour_ladministration_trump/1293640</a></p>http://www.egeablog.net/index.php?post/2017/02/24/OTAN-%3A-quelle-strat%C3%A9gie-sous-l-administration-Trump-%28entretien-radio-Vatican%29#comment-formhttp://www.egeablog.net/index.php?feed/atom/comments/2127Trump, les États-Unis et l’Europeurn:md5:9fc86ffe58484c1ca97db51d49ec1a1b2017-01-08T21:48:00+00:002017-01-08T21:50:29+00:00Olivier KempfLivres et écritsAmériqueEuropeTrump<p style="text-align: justify;">CI-joint, ma dernière chronique dans <a href="https://www.revueconflits.com/">Conflits</a>, le numéro 12, qui vient de paraître... Bonne lecture.</p>
<p style="text-align: justify;"><img alt="Trump" class="size-full wp-image-38182" data-height="640" data-width="960" height="370" src="http://blogs-images.forbes.com/robertwood/files/2016/02/Trump1.jpg?width=960" width="555" /> <a href="http://www.forbes.com/sites/robertwood/2016/08/02/trump-tax-returns-are-no-holy-grail/#593707655825">Source</a></p>
<p style="text-align: justify;">L’élection de Donald Trump n’a pas seulement surpris les élites européennes, elle les a sidérées. Mais au-delà de la remise en cause de l‘établissement politique, cette nouvelle a sonné comme la remise en cause d’un monde que l’Europe croyait, malgré tous ses discours, globalement stable. En effet, elle se pensait depuis la Deuxième guerre mondiale comme appartenant à l’Occident, conjointement avec les États-Unis. Cette perception avait traversé la fin de la guerre froide et perdurait. Les bouleversements récents (crise de l’euro, crise migratoire, crise ukrainienne, guerres moyen-orientales) ne l’avaient pas psychologiquement affectée : au fond, les dirigeants européens pensaient que toujours, l’Amérique serait là. Ce n’est donc pas simplement une affaire d’argent : augmenter les budgets de défense au-delà de 2% ne suffira peut-être pas à satisfaire le nouveau POTUS.</p> <p style="text-align: justify;">D’une certaine façon, Trump remet en cause cette certitude et déstabilise beaucoup plus le système. Il va en effet plus loin que G. W. Bush et B. Obama qui depuis quinze ans, déjà, demandent aux Européens de dépenser plus en matière de défense. Obama parlait même de « passagers clandestins, accusation à peine entendue. Avec Trump, chacun se dit désormais que les négociations vont être plus dures et que l’acquis ne l’est pas indéfiniment. Son élection affecte donc profondément les psychologies politiques.</p>
<p style="text-align: justify;">Toutefois, Trump repoussera d’autres habitudes européennes. Il partage en effet avec de nombreux leaders contemporains un néo-réalisme qui leur fait agir dans le monde à la seule aune des intérêts nationaux. Ce sera particulièrement vrai avec V. Poutine, avec qui le nouvel élu négociera, durement (car parler de son alliance avec lui relève de la caricature) mais sans s’embarrasser de beaucoup de contraintes : autrement dit, la préservation d’un ordre international ne sera pas un objectif majeur des négociations, juste un argument au cours de celles-ci. Là encore, cela risque de froisser des principes qui sont au fondement de la posture géopolitique de l’Europe. Celle-ci, depuis des années, promeut un multilatéralisme dont elle se veut l’avant-garde éclairée. Le porte-à-faux avec l’<a name="_GoBack"></a>attitude probable du futur gouvernement américain sera de ce fait très prononcé.</p>
<p style="text-align: justify;">Dernière remise en cause, dans le droit fil des précédentes, celle touchant à la mondialisation. Trump a été élu sur un programme « anti-globaliste » grâce à un électorat qui ne croit plus aux promesses faites depuis trente ans. Or, de larges pans de l’électorat européen pensent de même. Les dirigeants européens sont donc confrontés à une opposition sur deux fronts, à l’extérieur contre le nouveau président, à l’intérieur à l’endroit de leurs populations sceptiques.</p>
<p style="text-align: justify;">L’élection de Trump marque donc l’heure de la grande remise en cause européenne, bien plus peut-être que les crises que celle-ci connaît depuis cinq ans.</p>http://www.egeablog.net/index.php?post/2017/01/08/Trump%2C-les-%C3%89tats-Unis-et-l%E2%80%99Europe#comment-formhttp://www.egeablog.net/index.php?feed/atom/comments/2122Europe Mad Max demain (B. Wicht)urn:md5:ca98095ff4bf519c2316a1d38f3f189e2016-03-17T21:40:00+00:002016-03-17T21:40:00+00:00Olivier KempfFiche de lectureEuropeStratégieStratégie d entreprise<p>Le titre de l'ouvrage est tellement "racoleur" qu'on est forcément méfiant en saisissant le volume : va-t-il être sérieux ? Mais comme c'est un ami qui vous l'a instamment conseillé et prêté, vous y jetez un coup d’œil. Au bout de dix pages, vous foncez sur la FNAC, achetez ledit bouquin, rendez l'original à l'ami : voici un livre qu'on doit garder chez soi, dans toute bibliothèque stratégique sérieuse, un livre qu'on peut annoter et crayonner comme on veut, un livre "à soi". Car il met à plat en 144 pages tout un tas de bouts d'idées qu'on avait par devers soi, qu'on ne savait pas vraiment comment articuler même si on sentait qu'il s'agissait de quelque chose d'important.</p>
<p><img src="http://static.fnac-static.com/multimedia/FR/Images_Produits/FR/fnac.com/Visual_Principal_340/7/5/5/9782828913557.jpg" alt="" /></p> <p>Cela fait en effet quelque temps que j'estime Bernard Wicht, notamment pour l'avoir entendu lors d'un colloque à Genève mais aussi pour l'avoir lu de-ci, de-là. Les auteurs suisses sont suffisamment hors du moule pour avoir une pensée originale. Celle-là, elle l'est car je ne l'ai jamais lu ailleurs. Que nous dit-il ?</p>
<p>Que la guerre a changé/ Cela, vous l'aviez noté. Mais il explique qu'alors que nous vivions sur un paradigme liant l’État à la guerre (s'il ne cite pas Norbert Elias, curieusement, il pense bien sûr à Charles Tilly), il explique que ce paradigme touche à sa fin. Désormais, les grandes structures ne font plus la guerre ou sont inefficaces, à cause de la mondialisation, à cause de la pulvérisation des formes combattantes : entre le terroriste et la société militaire privée, il ne s'agit plus simplement d'une guerre asymétrique ou irrégulière, mais d'un nouveau mode de guerre qui entraîne un nouveau mode d’organisation politique, selon un "nouveau Moyen-Âge" (oui, il cite aussi Minc, mais il faut dire que son livre était prémonitoire).</p>
<p>La décentration de la guerre entraîne donc la décentration de l'organisation politique et donc invalide tous les modèles que nous poursuivons vainement depuis la fin de la guerre froide. Autrement dit, il y a un "déclin irrémédiable de l'Etat-nation". IL pense donc à la fois les nouvelles formes de guerre (avec des pages les plus convaincantes sur la "criminalité armée", phénomène autour duquel je tourne depuis plusieurs années sans arriver à bien le conceptualiser).</p>
<p>Notons également que "c'est la fonction coercitive de l’État qui se réoriente : le passage d'un <em>État militaro-territorial</em> tourné vers la guerre externe à un <em>État pénal carcéral</em> accentuant le rôle répressif à l'intérieur" (p. 46) : cela a été écrit en 2013 ! L'évolution récente de nos sociétés (affaire Snowden ou réaction sécuritaire française à la suite des attentats de 2015) confirme, s'il était besoin, ce diagnostic. "Dès lors, on assiste mutatis mutandis au retour des classes dangereuses : les groupes sociaux marginalisés se détachent de la trame sociale dominante et se réorganisent au niveau local pour assurer leur survie" (p. 47).</p>
<p>Il évoque aussi des notions comme "l'obsolescence de la Nation en armes", "la perte de pouvoir politique du peuple", le "changement dans la désignation de l'ennemi ("l'ennemi extérieur commun est replacé par un ennemi intérieur"). En fait, "un nouvel espace stratégique se redessine". "L’État se reféodalise et ses concurrents se réarment" (p. 59). Trois archétypes militaires occupent le champ guerrier : le terroriste, le combattant des forces spéciales et le contractor (p. 60). Par conséquent, on peut se demander "quel est le marchandage que le citoyen peut faire fonctionner pour retrouver ses droits et ses libertés politiques" (63).</p>
<p>Reprenant le Machiavel de "l'art de la guerre", il montre comment l'armée peut redevenir l'ossature d'une ressaisie du politique par le citoyen, mais en l'articulant avec autonomie, récit, loi des petits nombres, et capital guerrier.</p>
<p>Je vois une seule limite à son discours, celle où il affirme que "avec la fin de la guerre froide s'est close l'ère nucléaire et opérative de la stratégie moderne, à savoir la période où l'art de la guerre se déclinait en grandes manœuvres réalisées par des armées de masse appuyées par le feu nucléaire". Deux erreurs dans ce fait : la première (fréquente) consiste à voir dans le nucléaire une super-artillerie alors que toute la stratégie nucléaire consiste justement à montrer l'enjeu politique irrémédiable de l'emploi de l'arme ; surtout, il ne voit pas que justement la guerre irrégulière est une conséquence de l'interdiction de la guerre provoquée par la présence du nucléaire (cf. mon article sur "la sphère stratégique nucléaire"). Or, le nucléaire n'est accessible qu'à quelques États mais par là-même pérennise la forme étatique. Il y aura donc demain toujours des États, même si le reste du diagnostic sonne terriblement juste et montre bien par ailleurs la dépossession politique des citoyens (par les pouvoirs) mais aussi des États (par les puissances mondialisées).</p>
<p>Voici donc un livre furieusement emballé, extrêmement novateur, qui apporte plein de réponses théoriques à tout un tas de problèmes stratégiques que nous nous posons aujourd'hui. Qui a dit que les Suisses n'étaient pas révolutionnaires ? B. Wicht vient de publier un <a href="http://www.editions-lepolemarque.com/products/lavenir-du-citoyen-soldat-bernard-wicht/">nouveau livre</a> que je vais me dépêcher de lire mais en tout cas, il a écrit là une œuvre majeure qu'il faut avoir lue. Indispensable. Malgré son titre.</p>
<p>Bernard Wicht, <a href="http://livre.fnac.com/a5556625/Bernard-Wicht-Europe-Mad-Max-demain">L'Europe Mad Max demain, retour à la défense citoyenne</a>, Favre, 2013.</p>
<p>O. Kempf</p>http://www.egeablog.net/index.php?post/2016/03/16/Europe-Mad-Max-demain-%28B.-Wicht%29#comment-formhttp://www.egeablog.net/index.php?feed/atom/comments/2086L'Europe et la guerre contre l'EIurn:md5:0ba4652d1f2ee87340904a8e89567dbf2016-03-01T20:19:00+00:002016-03-01T20:50:01+00:00Olivier KempfColloques et conférencesEtat IslamiqueEurope<p>Voici le texte d'une conférence que j'ai prononcée l'autre jour, le 23 janvier, à l'Université Saint-Louis de Bruxelles. Le thème du <a href="http://www4.usaintlouis.be/4DACTION/WEB_Agendafiche/542/28430">colloque était celui de la Politique Européenne de Voisinage</a>. On m'avait donné la guerre contre l'EI comme sujet, ce qui est, on en conviendra, assez éloigné de la politique européenne de voisinage. Voici comme je m'en suis tiré.</p>
<p><img src="http://md1.libe.com/photo/827263-d6b802cda33870f6a706700c41ejpg.jpg?modified_at=1447704402&width=960" alt="" /> <a href="http://www.liberation.fr/debats/2015/11/16/nous-en-payons-le-prix-et-nous-en-portons-le-deuil_1413920">source</a></p> <p>Évoquer la guerre contre l’EI à l’occasion d’un colloque consacré à la Politique Européenne de Voisinage (PEV) paraît une gageure. Tout d’abord parce que la PEV paraît mal articulée à la PSDC, ensuite parce que la PSDC ne semble pas affirmer grand-chose en ce qui concerne la lutte contre l’EI. Au fond, si les Européens sont au front contre l’EI, l’UE en tant que telle est plus distante. Pour le comprendre, nous dresserons d’abord un état des lieux de la guerre contre l’EI, pour analyser ensuite l’action des Européens avant d’examiner enfin les conséquences pour l’UE.</p>
<p><strong>État des lieux de la guerre contre l’État Islamique</strong></p>
<p>L’intervention russe en Syrie a changé profondément la donne sur le terrain. Alors que la coalition internationale, conduite par les Américains, a réussi peu à peu à stabiliser la situation en Irak (reprise de Baiji, de Ramadi, raid contre la prison de Hawija) ce sont surtout les Kurdes et maintenant les Russes qui font bouger les lignes. Les Kurdes, d’abord soutenus par les Américains, ont réussi quelques reconquêtes significatives, surtout en Syrie (Kobané, monts Sinjar, franchissement de l’Euphrate au barrage de Tichrine) : les Kurdes contrôlent ainsi une vaste zone tampon le long de la frontière avec la Turquie. Les Américains y construiraient une base aérienne, mais aussi les Russes.</p>
<p><img src="http://www.lesechos.fr/medias/2015/12/28/1187926_letat-islamique-subit-revers-sur-revers-web-tete-021582792424_660x647p.jpg" alt="" /> <a href="http://www.lesechos.fr/monde/afrique-moyen-orient/021584007651-letat-islamique-subit-revers-sur-revers-1187926.php#">Source</a></p>
<p>Dans le même temps, l’EI Subit des revers face au régime, appuyé par les Russes, en Syrie. Il a dû évacuer ses positions au nord-est d’Alep et défend difficilement Al Bab, verrou qui contrôle la liaison restante avec la Turquie. Il a évacué les positions qu’il tenait dans la Ghouta (banlieue de Damas) et son offensive contre Deir es Zor, à l’Est, a échoué puisque les Russes ont répliqué vigoureusement avec leur aviation.</p>
<p>Ces revers ne signifient pas que l’État Islamique va disparaître prochainement, car il tient encore la vallée de l’Euphrate mais aussi la zone sunnite d’Irak. Il reste qu’il est moins triomphant qu’en 2014. Ceci explique en grande partie son expansion hors du théâtre syrien : attentats contre l’avion russe sur le Sinaï, attentats de Paris, d’Istanbul, de Jakarta. Il s’agit principalement d’alimenter la machine à propagande de façon à ce que de nouveaux combattants rejoignent les rangs.</p>
<p>Toutefois, la chose est différente en Libye qui constitue une véritable expansion territoriale (voir <a href="http://www.egeablog.net/index.php?post/2015/11/29/Et-maintenant%2C-quelle-strat%C3%A9gie-de-l-EI">billet de décembre 2015</a> selon une analyse reprise depuis par la plupart). Les conditions sont en effet proches de la situation au Levant (Guerre civile et État déstructuré). Surtout, les factions politiques sont séparées entre l’Ouest (Tripoli) et l’Est (Benghazi, Tobrouk). Ceci explique l’implantation de l‘EI en Libye centrale, notamment autour de Syrte, l’ancien fief de Kadhafi (au passage, constatons que l’EI part des fiefs des anciens dictateurs déchus, comme à Tikrit en Irak, ancien fief de Saddam Hussein). Or, la solution politique prônée par le Communauté Internationale n’avance pas. Un accord politique a bien été signé par des représentants des deux Parlements (accords de Skhirat de décembre 2015), mais le Parlement de Tobrouk vient de refuser de l’approuver. Or, pour l’instant, les Occidentaux ne font pas grand-chose. Il y a bien eu quelques raids conduits par l’aviation américaine, les Français tentent de contrôler la frontière sud au moyen de l’opération Barkhane, toutefois la situation demeure chaotique et permet à l’EI de consolider ses bases. D’ailleurs, il dispose de relais alentours : ainsi, plusieurs des attentats qui se sont déroulés sur le sol tunisien en 2015 ont été revendiqués par l’EI, tandis qu’une franchise égyptienne combat durement l’État dans le nord Sinaï. Les choses ne sont toutefois pas aussi simples puisqu’il y a une grande concurrence avec les autres courants islamistes (AQMI), mais aussi avec les logiques tribales (affrontements entre Toubous et Touaregs dans le sud libyen) ou avec les trafiquants transsahariens traditionnels. L’EI n’est donc pas une fatalité en Libye.</p>
<p><img src="http://www.lesechos.fr/medias/2016/01/05/1189746_daech-a-lassaut-du-croissant-petrolier-libyen-web-tete-021596422342_660x628p.jpg" alt="" /> <a href="http://www.lesechos.fr/monde/afrique-moyen-orient/021598390991-daech-a-lassaut-du-croissant-petrolier-libyen-1189746.php">Source</a></p>
<p><strong>Si les Européens sont partie prenante, individuellement, l’UE apparaît peu</strong></p>
<p>Certains Européens sont en première ligne pour combattre l’EI.</p>
<p>D’abord dans le cadre de la coalition menée par les États-Unis en Irak. Ainsi, les Français, les Britanniques ou les Néerlandais participent aux frappes, tandis que les Allemands ont par exemple envoyé des formateurs auprès des Kurdes ou des avions de reconnaissance. De même, de plus en plus d’Européens participent aux frappes en Syrie. De ce point de vue, les attentats du 13 novembre ont constitué une rupture sur ce théâtre-là. Du point de vue européen, l’appel à l’article 42.7 du traité a constitué une première institutionnelle qui a été abondamment commentée. Remarquons ici que cet article permettait une voie intergouvernementale et non une voie communautaire : il n’est donc pas étonnant si ce sont les États qui ont répondu et si aucune action commune n’a suivi le déclenchement de l’article 42.7.</p>
<p>En Libye en revanche, les actions demeurent beaucoup plus discrètes. Les Français, au sud, ne sont pas en contact avec l’EI.
Jusqu’à présent, aucun Européen n’a directement visé les positions libyennes de l‘EI.</p>
<p>Toutefois, il semble que des options militaires soient en préparation : leur hypothèse a été rendue publique par les autorités françaises en décembre et britanniques en janvier. Une réunion de la communauté internationale s’est ainsi tenue à Rome en janvier (ne donnant d’ailleurs lieu à aucun communiqué médiatique…)</p>
<p>L’UE en tant que telle est assez discrète. On ne la consulte pas pour les questions du Levant (processus de Vienne-Genève). Elle a lancé une opération maritime en Méditerranée (opération Sofia) mais celle-ci est orientée contre l’immigration illégale, pas contre l’EI. La HR a promis le 11 janvier une aide financière et militaire, sans pour autant laisser entendre qu’il s’agira d’une intervention.</p>
<p>Hors les déclarations de principe, l’UE paraît donc absente du dossier, même si elle soutient les efforts des Nations-Unies dans les négociations diplomatiques, notamment dans le cas libyen. Autrement dit, la lutte contre l’EI n’est visiblement pas à l’agenda.</p>
<p>Vu de Bruxelles, les Sud (aussi bien Proche-Orient qu’Afrique du Nord) sont donc vus sous des angles traditionnels (coopération économique, aide au développement) et du point de vue de la sécurité, sous l’angle de la crise migratoire.</p>
<p><strong>Conséquences et perspectives</strong></p>
<p>Une des difficultés constitutives de la Politique Européenne de Voisinage est celle de la coordination avec la PSDC. Or, la guerre contre l’EI (mais aussi la crise migratoire) posent d’abord des questions de sécurité et de défense, bien éloignées des préoccupations de long terme de la PEV. Il faut ici faire le constat d’une disjonction des temporalités, entre le temps court des évolutions politiques et militaires et le temps plus long de la politique de voisinage, plus orientée vers la stabilité et le développement.</p>
<p>Or, nous assistons à une accélération de l’histoire et à une montée des enjeux. Les cadres stables que l’on cherchait à influencer s’évanouissent. Remarquons ici que l’UE reste encore empreinte d’un paradigme étatique, malgré tous ses transferts de souveraineté. Son regard vers l’extérieur analyse d’abord ce dernier sous l’angle de relations interétatiques et multilatérales. Or, nous assistons à l’effacement de ce principe étatique : c’est vrai en Irak ou en Syrie, également en Libye. Notons au passage que l’EI sait parfaitement jouer de la conjonction entre des logiques ultra locales (et disons le mot : tribales) et de logiques internationales (venue de combattants étrangers). Mais si on observe attentivement, on s’aperçoit que d’autres États de la région s’affaiblissent considérablement comme le Liban ou même la Jordanie, tandis que des transitions difficiles continuent d’inquiéter (Tunisie et Égypte aujourd’hui, Peut-être Algérie demain, sans même parler du Sahel).</p>
<p>Alors que l’on attend une nouvelle stratégie européenne, il serait bon à tout le moins de penser cette question de l’État et de ce qu’il signifie dans ces sociétés chahutées de notre voisinage sud.</p>
<p>Plus immédiatement, puisqu’il faut toujours faire des propositions, on pourrait espérer de l’UE qu’elle discute rapidement de son action contre l’EI. Ici, la PSDC pourrait-elle jouer un rôle et lequel ? Quitte à être provocant et au risque du cynisme, ne pourrait-on s’interroger sur la possibilité de nouer des contacts avec des acteurs locaux afin de parier sur leur rôle futur ? Pourrait-on envisager de stabiliser certaines zones seulement ? Pourrait-on choisir (faire un choix) et donc décider de soutenir un des acteurs en place ? Autant de questions auxquelles je n’ai pas de réponse : le seul fait de les envisager permet en tout état de cause d’envisager des possibles « hors de la boite ».</p>
<p>De même, puisque les conflits sont en cours, on peut espérer qu’ils prendront fin un jour. Alors l’Europe aura un rôle à jouer. La politique européenne ne consisterait-elle pas à prévoir la « gestion des conséquences » et à planifier la reconstruction de l’après ? Voici qui serait sage.</p>
<p>O. Kempf</p>http://www.egeablog.net/index.php?post/2016/02/23/L-Europe-et-la-guerre-contre-l-EI#comment-formhttp://www.egeablog.net/index.php?feed/atom/comments/2080Élections européennes : plus importantes qu'il n'y paraît.urn:md5:7702f268316b62f36641cba7bf69f2912014-05-20T22:59:00+02:002014-05-20T22:59:00+02:00adminEuropeDroit des peuples à disposer d eux-mêmesEuropeFédération<p>Les élections pour le Parlement européen sont marquées par un désintérêt général qui se traduira par une abstention record. Pire, un récent sondage montre qu'en France, une majorité de sondés trouvent que l'UE est inutile. Le débat entre les cinq prétendants à la tête de la Commission n'a été diffusé que sur LCP et pas sur une chaîne publique de grande diffusion. Autant de signes qui suggèrent l'organisation de la déroute, comme si finalement cela arrangeait bien des intérêts de faire croire à l'impuissance de l'Europe. Oh, certes on fait semblant de cliver et J-L Bourlanges a bien<a href="http://abonnes.lemonde.fr/idees/article/2014/05/18/l-imposture-euro-presidentielle_4420824_3232.html"> démontré ici</a> que Schultz bonnet et bonnet Junker étaient une lutte factice. Bref, ce billet n'a pas pour objet de vous inciter à voter ou même à vous abstenir, mais de regarder un peu au-delà du débat soupeux qu'on nous sert en ce moment.</p>
<p><img src="http://www.taurillon.org/local/cache-gd2/78d0c70eaceeebecd4675e79ac3a1d5c.jpg" alt="" /> <a href="http://www.taurillon.org/Elections-europeennes-de-2014-depasser-les-enjeux-nationaux,05261">source</a></p> <p>Car malgré cette faiblesse démocratique, un regard froid prévoit une autre histoire. Tout d'abord, qu'elle que soit l'abstention, l'Europe ne va pas s'écrouler d'elle même bien qu'elle puisse être la victime d'un écroulement général du système. Mais alors, elle serait emportée avec le système dont elle fait définitivement partie. Tant que le système se perpétue, hypothèse de cet article, il est illusoire d'envisager un démontage par morceaux (genre sortie de l'euro) ou même la sortie de l'Angleterre (puisque la City empêchera à toute force Londres de quitter l'UE).</p>
<p>En revanche on peut prévoir deux éléments de changement. Le premier tient à la désignation du président de la commission (ci après désigné par PC). En effet, une sourde lutte s'annonce entre le Parlement et le Conseil Européen des chefs d’État. Le PE exigera que le futur PC soit désigné parmi les candidats issus de son assemblée. Le CE essaiera peut-être de désigner un candidat extérieur aux six (ici, comptons sur les Britanniques pour pousser en ce sens). Une épreuve de force s'ensuivra qui devrait tourner à l'avantage du PE. Dès lors, le nouveau PE aura une légitimité personnelle qui l'incitera à plus d'initiatives que M. Barroso (euphémisme). Certes, bonnet blanc et blanc bonnet auront à peu près les mêmes options, mais ils auront un poids politique réel face au président du CE (actuellement van Rumpoy) et le chef du SEAE (l'ineffable baronne). Certes, des personnalités faibles mais qui étaient là pour contrôler la Commission.</p>
<p>Remarquons au passage que lors du même débat, M. Juncker du PPE (les conservateurs) s'est prononcé pour un Smic européen qui deviendra de ce fait le projet marquant du nouveau président, quel qu'il soit. Je ne sais pas si c'est une bonne chose mais le discours devrait quand même être moins lénifiant que le deuxième mandat Barroso.</p>
<p>Bref, on le voit, ce Parlement faiblement élu devrait être la cause d'un vrai (mais petit) changement des rapports de force dans la "gouvernance" européenne.</p>
<p>Rapidement pourtant, les problèmes vont survenir avec les référendums de l'automne. Celui en Écosse est légal et son résultat encore incertain. Toutefois, l'hypothèse d'une indépendance n'est plus une vue de l'esprit. Celui en Catalogne est "illégal" mais son résultat est certain. Autrement dit, l'Europe qui jusqu'ici avait été le moyen d'empêcher la fragmentation des États membres échouerait dans cette règle géopolitique.</p>
<p>Elle paierait là les deux erreurs fondatrices : celle de la reconnaissance précoce de la Croatie et de la Slovénie par l'Allemagne et l’Italie en 1991. Alors, en acceptant la dissolution du principe fédératif, les États européens ouvraient la boîte de Pandore. De façon encore plus inconséquente, au nom d'un soi-disant pragmatisme, l'UE bafouait ses principes en acceptant en 2004-2005 l'indépendance du Kosovo. Les meilleurs esprits ont dénoncé cet écart aux principes (vous savez, ceux dont on ne cesse de nous rebattre les oreilles).</p>
<p>Elle s'est trouvée bien désarmée politiquement devant l'affaire criméenne où elle n'a trouvé à arguer que sur l'illégalité du référendum qui traduisait pourtant, de façon évidente, le droit des peuples à disposer d'eux mêmes, surtout à la suite de la rupture de l'ordre constitutionnel à Kiev. Elle sera encore plus désarmée face à une Édimbourg ou une Barcelone indépendantes, fin novembre. Autrement dit, les chocs géopolitiques vont bientôt arriver (et je ne parle pas des surprises...).</p>
<p>Autrement dit encore, ces élections de dimanche dépassent le simple score des partis populistes...</p>
<p>A. Le Chardon.</p>http://www.egeablog.net/index.php?post/2014/05/19/%C3%89lections-europ%C3%A9ennes-%3A-plus-importantes-qu-il-n-y-para%C3%AEt.#comment-formhttp://www.egeablog.net/index.php?feed/atom/comments/2384Ukraine : les fautes de l'UEurn:md5:60b566a2e2efb82587b26d26c09d729f2014-04-16T20:53:00+02:002014-04-16T21:24:06+02:00adminEuropeEuropeUkraine<p>Au suivi de l'affaire ukrainienne, certains se désolent peut-être de l'absence de réaction des Européens, ou de la modicité de leur réaction. Mais c'est ne pas voir que l'UE a eu une géopolitique par défaut, que cette géopolitique fut fautive, et qu'on ne voit pas ce que l'UE pourrait faire désormais sinon attendre, consternée, que la crise se dénoue ou empire... Explications (cliquer sur le titre pour lire la suite)</p>
<p><img src="http://s1.lemde.fr/image/2014/02/19/534x267/4369490_3_2acb_la-haute-representante-de-la-diplomatie_28891e7684c27cb816abf5ee807ff389.jpg" alt="" /> <a href="http://www.lemonde.fr/europe/article/2014/02/24/ukraine-ianoukovitch-recherche-pour-meurtres-de-masse_4372125_3214.html">source</a></p> <p>En fait, l'UE a d'abord péché non par négligence (celle-ci n'est venue qu'après) mais au contraire par excès d'entrisme. En effet, il y eut autrefois un long débat sur les frontières européennes. Ce débat porta sur la Turquie et il fut tacitement résolu (sans déclaration officielle : à la manière sournoise et pleine de sous-entendu qui est la marque des déclarations diplomatiques européennes) de ne plus procéder à d'élargissement, sauf aux pays européens. Parfait, sauf qu'on ne sait pas ce qu'est un pays européen. La géographie ne résout pas le problème puisque la ligne de l'Oural est une fiction et que donc l’Europe est une invention géographique. En soi, ce n'est pas très grave si on sait qui on est.</p>
<p>Pas de chance, l'Europe ne sait pas très bien qui elle est. Elle hésite à l'ouest (puisque pour beaucoup, l'Amérique est encore une sorte d'Europe) et elle hésite à l'est puisqu'elle ne sait pas où s'arrêter. Déjà la Russie est un entre-deux, entre l'Europe et l'Asie ; alors, les confins entre une entité vague (l'Ukraine) et un entre-deux, je ne vous raconte pas.</p>
<p>Tout se concentre donc aujourd’hui autour du quatrième isthme européen, celui qui est probablement la vraie limite (non linéaire) entre l'Europe et ce qui n'est pas l'Europe. L'Europe est marquée par l'eau, les golfes, les promontoires et les isthmes. Le dernier (ou l'avant-dernier, c'est selon, j'ai lu quelque part qu'il y avait un cinquième isthme qu'on pouvait éventuellement identifier encore plus à l'est), donc le quatrième isthme entre mer Noire et mer Baltique est depuis longtemps des plus problématiques. On ne cesse de s'y massacrer allégrement, dans cette région entre pays Baltes et Ukraine, depuis la fin de la première guerre mondiale jusqu'à 1954.</p>
<p>Ces massacres réguliers ont été oubliés et marquent pourtant une constante de l'histoire de cette région. Accessoirement, on est surpris de savoir que les derniers résistants à la mainmise soviétique ont été liquidés en 1952 en Ukraine et en 1953 en Lituanie (<a href="http://www.regard-est.com/home/breve_contenu.php?id=1401&PHPSESSID=389e54d19ef9ff7d02897fa5238e461c">voir ici</a>)..... Autrement dit encore, les massacres de populations ne sont pas une spécialité africaine, entre Rwanda et Soudan du sud : nous autres "Européens" nous sommes capables des mêmes atrocités. Ce qui ne présage rien de bon pour l'avenir immédiat de l'Ukraine, mais j'en ai déjà suffisamment parlé (voir <a href="http://www.egeablog.net/index.php?post/2014/04/09/Ukraine%2C-une-crise-du-21%C3%A8me-si%C3%A8cle-%284/4%29">ici le dernier de la série de 4 billets</a>) pour ne pas vous infliger encore mon pessimisme.</p>
<p>Ce long détour pour revenir à notre hésitation européenne : les derniers entrants (dans l'UE ou l' OTAN) n'ont surtout pas voulu fermer la porte derrière eux. L'avantage s'il y en a un qui vient après vous, c'est que c'est lui qui tient la frontière et se frotte à l'extérieur, tandis que vous êtes protégés, vous. Autrement dit, certains pays d’Europe de l'est ont voulu avoir, eux aussi, leur État tampon à l'extérieur.</p>
<p>Mais un État tampon "à eux", pas partagé. C'est là où le bât blesse. Comme je l'ai déjà écrit, l'Ukraine est une terre frontière. Surtout qu'elle dépend dans une grande mesure de la Russie et qu'en plus, la Russie n'aurait pas vu d'un mauvais œil une sorte de partage pour accéder au marché européen.</p>
<p>Or, ce n'est pas ce que l'Europe a choisi. Vous me répondrez que la politique de partenariat, négociée l'an dernier, proposait justement une alternative à l'adhésion. Mais cet élargissement doux impose malgré tout le suivi très large des conditions européennes. Autrement dit, nous imposions d'une certaine façon notre système juridique, intrusif comme chacun sait. Cela aurait pu être admis si l'on avait réellement décidé de négocier avec les Russes. Ce qu'on refusa. Au lieu de cela, on laissa les pourparlers se dérouler en 2013 comme on sait, seulement en bilatéral, avec la suffisance du nanti : <em>mon jeune ami (Yanoukovitch), on te prête 640 millions (tant pis si tu as quinze milliards à rembourser tout de suite), on t’impose des réformes structurelles que celles du FMI c'est de la rigolade, et en plus tu romps avec ce ...nard de Vladimir, là, le méchant pas beau qu'on n'aime pas</em>.</p>
<p>Je passe sur les postures du genre : "<em>c'est nous qu'on est les meilleurs, les pro de la démocratie et des bonnes mœurs, pas comme ces crétins (là, on ne sait pas très bien de qui on parle, des Russes ou des Ukrainiens) et d'abord on ne cesse d'appeler au dialogue c'est dire si on est de bonne volonté, mais un dialogue à nos conditions, hein, qu'allez vous croire?</em>". Nan, j'déconne, jamais on n'aurait osé sortir des trucs comme ça, nous, les bons.</p>
<p>C'était la première faute. Bon. On s'est pris la claque qu'on sait à Vilnius lorsque Yanoukovitch signe logiquement avec Poutine. Là, Vladimir propose une négo à trois. On prend l'air offensé : "<em>comment, vous sortez quinze milliards et vous osez encore proposer une négociation, mais savez vous à qui vous vous adressez ?</em>" Vlad garde encore son calme. Il a du mérite. Quand je pense à la pauvre Marie Jégo qui <a href="http://www.lemonde.fr/europe/article/2014/04/16/les-calculs-imprevisibles-de-vladimir-poutine-en-ukraine_4402301_3214.html">s'interroge ce jour sur ce que veut Poutine</a> ! Vraiment, il ne la mérite pas, quand même...</p>
<p>Des manifestations s'organisent sur Sainte Maïdan. Je ne sais comment (non, vraiment, je ne sais pas), elles perdurent et se radicalisent. La situation se tend. Yanoukovitch qui n'est pas un génie politique (ça, faut dire...) se laisse déborder. On envoie une équipe de ministres européens, on signe un truc "<em>qui engage l'intermédiation européenne et notre entier soutien à des solutions négociées</em>" (qu'allez vous croire ? je suis aussi capable de parler langue de bois). Mais on n'insiste pas pour le faire respecter, ni par Yanou ni par les autres en face. Ça part en quenouille le lendemain, on ne dit rien: "<em>Ah ben y zont décidé autrement, alors...</em>"</p>
<p>Alors là, Vlad il appuie sur le bouton "plan d'urgence", il lance son truc en Crimée et il nous explique : "<em>dites, les gars, si vous étiez un peu sérieux, là, des fois?. Donc vous faites face à un État failli, qui va déverser quelques centaines de milliers de réfugiés que vous allez adorer, vous avez déjà été obligés de sortir un prêt d'un milliard qu'en plus vous n'avez pas les moyens de payer, et vous continuez encore à tergiverser ?</em>".</p>
<p>Oui, on va continuer à tergiverser. Car on avait inconsciemment une représentation géopolitique. Oh ! très faible, j'en conviens. Elle se limitait à des réflexes très Guerre Froide (vous savez, le truc dont on accuse Vlad, genre "<em>il a conservé une mentalité de Guerre Froide, ouh le vilain</em>"), quelque chose comme <em>ce qui est à moi est à moi et ce qui est à toi est à toi</em>. Une sorte d'exclusivité des territoires, en gros. Un truc pas du tout post moderne, en fait, tout juste moderne... Pour le coup, obsolète. Nous, pas lui. Un truc pas adapté au nouvelles conditions du monde qui sont floues. Au lieu d'accepter le flou, on a voulu réglementer et monter un bastringue juridique et doctrinal.</p>
<p>Et puis on va se réfugier chez le grand frère. Vous savez l'autre qui est un peu européen, même s'il ne l'est plus vraiment et qu'on ne veut pas le voir, surtout (ah oui, ça non plus on ne veut pas le voir et quand ça va nous exploser à la figure, on va encore dire <em>comment est-ce possible ? de quoi, une surprise stratégique ?</em>).</p>
<p>Oui, mais le grand frère, il n'a pas envie. En fait, il n'a envie de rien : ni d’Afghanistan, ni d'Ukraine, ni de Syrie ou de Libye, ni d'Extrême Orient, il voudrait en fait qu'on lui fiche la paix et qu'on cesse de lui demander d'aller partout faire le gendarme. On s'est beaucoup offusqué, au moment de la Libye, justement, sur le "<em>leadership from behind</em>". On s’offusquait sur le "<em>from behind</em>", qui n'était pas <em>fair</em>, vraiment. Sauf qu'on ne voyait pas qu'il manquait surtout autre chose : le leadership. Donc la réponse de Washington est limpide : on ne fait rien en Ukraine mais vous, les Européens, ce serait bien si vous signiez le TIPP, parce qu'on pense que ce serait une solution à la crise.</p>
<p>Là, j'ai pas mal de commentaires qui me viennent à l'esprit, mais je crois qu'il est bon, ce soir, que je les conserve encore par devers moi. Je risquerai de voir ma bile amère s'épancher. Je crois que vous avez perçu que j'étais vaguement en colère, je me suis même laissé aller à des écarts sarcastiques qui ne sont pas mon genre. Tout ça pour dire que l'Europe est bien fautive, dans toute cette histoire. Et qu'elle se trouve à peu près aussi éparpillée et divisée que l'Ukraine. J'ai dit ailleurs que l'Ukraine est un État failli. Il me semble que l'Europe est aussi un État failli, par bien des côtés.</p>
<p>NB : lire ici un billet d'il y a un mois, A<a href="http://www.egeablog.net/index.php?post/2014/03/03/Ang%C3%A9lisme%28s%29-et-cheyssonisme">ngélisme et cheyssonisme</a>.</p>
<p>Le Chardon</p>http://www.egeablog.net/index.php?post/2014/04/16/Ukraine-%3A-les-fautes-de-l-UE#comment-formhttp://www.egeablog.net/index.php?feed/atom/comments/2370Ukraine, une crise du 21ème siècle (2/3)urn:md5:cb0be24ac6b7be01a90d324be750cd6a2014-03-26T22:19:00+01:002014-03-26T22:39:27+01:00adminRussie et confinsAmériqueEuropeRussieUkraine<p>Voici la suite de ma série sur l'Ukraine (<a href="http://www.egeablog.net/index.php?post/2014/03/21/Ukraine%2C-une-crise-du-21%C3%A8me-si%C3%A8cle-%281/4%29">billet précédent</a>). Je vais probablement la réduire à trois car en avançant, je me suis aperçu qu'il conviendrait de fusionner les prochains coups et les possibilités des acteurs : les deux sont logiquement associés dans un prochain et ultime billet. Avant cela, il convient de s'interroger sur leurs positions respectives. Nous verrons l'Ukraine, la Russie, l'Europe, les États-Unis et la France. (cliquer sur le titre)</p>
<p><img src="http://ds1.ds.static.rtbf.be/article/image/624x351/3/d/4/7fc63ff01769c4fa7d9279e97e307829-1395659490.jpg" alt="" /> <a href="http://www.rtbf.be/info/monde/detail_barack-obama-aux-pays-bas-un-sommet-nucleaire-et-un-g7-sur-l-ukraine?id=8229789">source</a> (je trouve cette image géniale : deux puissants d'aujourd'hui posant devant le signe de la puissance passée : un tableau de Rembrandt : qui représente la ronde de nuit, quand ces bourgeois replets payaient des soldats pour assurer la sécurité. C'était avant la crise de la tulipe, premier exemple en 1637 d'éclatement de bulle spéculative. Que de symboles).</p> <p><strong>I L’Ukraine</strong></p>
<p>Commençons d’abord par elle, car si elle constitue un enjeu, bien peu de commentateurs s’intéressent à ce qu’elle peut faire. Constatons que malgré les plaidoyers enflammés sur l’originalité ukrainienne, celle-ci a toujours appartenu à l’espace russe. J’entendais l’autre jour des Ukrainiens m’expliquer que l’Ukraine avait une histoire qui remontait à 800 quand la Russie moderne n’était apparue qu’au XVII° siècle. Peut-être, et j’entends aussi l’argument selon lequel l’Ukraine donne une profondeur historique à la Russie, pas simplement une profondeur géographique. Il reste que par son nom même qui signifie « frontières, confins » et qui rappelle les Krajinas serbes entre la Croatie et la Bosnie, l’Ukraine est une terre d’entre-deux. Son nom désigne sa vocation : tampon, amortisseur, oreiller.</p>
<p>Surtout, c’est un pays extrêmement fragile. Mis en pièce par une corruption insensée depuis vingt ans, menée par tous les acteurs présents (Mme Timochenko n’ayant de leçons à recevoir de personne tant elle maîtrise parfaitement les rouages de l’enrichissement), l’Ukraine est dans une double faillite, politique et économique.</p>
<p>Politique parce que le gouvernement actuel dispose d’une légitimité hasardeuse et peine à contrôler le pays. Il doit attendre avec impatience les nouvelles élections du 25 mai qui lui donneront un semblant de légalité. Il faudra pour cela qu’il surmonte les divisions béantes de l’ex-opposition actuellement au pouvoir, d’autant que les mesures à prendre vont toutes être plus impopulaires les unes que les autres.</p>
<p>Autrement dit, il ne faut surtout rien faire qui empire d’ici le 25 mai, alors que la situation est dramatique. Pendant ce temps là, les oligarques sont à la manœuvre prou préserver leurs actifs, quand les infiltrés russes soufflent sur les braises. La perte de la Crimée constitue enfin une perte nette (même si paradoxalement, cela fait moins d’« Ukrainiens » soutenant les Russes et facilite donc un succès aux élections).</p>
<p>Économiquement, l'Ukraine, c'est Grèce+Chypre+Irlande+Islande+Portugal voire Espagne en termes de charge de dettes. Vous comprendrez que ni les Européens ni les Américains ne vont se précipiter pour renflouer la barque, malgré l’effet d’annonce du prêt de 11 milliards. Le revenu par tête ukrainien est (était) inférieur à celui de l’Albanie, sachant que c’est la partie orientale (russophone) qui est la plus riche des deux parties.</p>
<p>Ceci explique que l‘Ukraine joue principalement une guerre de l’information, avec des déclarations plus sérieuses et morales les unes que les autres et la signature du volet politique d’un partenariat avec l’UE, puisque le volet économique est inatteignable. Bref, l’Ukraine a très peu de marges de manœuvre.</p>
<p><strong>II La Russie</strong></p>
<p>Mme Merkel a dit de M. Poutine qu’il était en dehors de la réalité. Il est certainement en dehors du consensus occidental (mainstream) ce qui ne signifie pas qu’il soit irrationnel. Pour autant, si le Russe joue aux échecs, prenons garde à ne pas lui créditer trop de cérébralité. Je pense en effet qu’il y a une part passionnelle de la part de M. Poutine : celle d’essuyer des rebuffades vécues par la Russie depuis vingt ans. Peu importe que ces rebuffades soient réelles ou pas : l’important ici c’est qu’elles sont effectivement ressenties par le pouvoir russe. Observons que la popularité actuelle de M. Poutine suggère que ce sentiment est partagé par une grande partie de la population russe.</p>
<p>Pour autant, M. Poutine est un calculateur et a une stratégie. Les déclarations fracassantes d’observateurs sonnent le tocsin et annoncent la préparation de l’invasion. Je n’y crois pas, dans l’immédiat du moins. Je pense en effet que M. Poutine est capable de ne pas jouer le pont trop loin. La Crimée est dans l’immédiat un succès. Il va donc avancer prudemment et tout d’abord digérer le morceau.</p>
<p><strong>III L’Europe</strong></p>
<p>L’Europe a affiché sa faiblesse. Sa stupeur fait presque peine à voir. Comment, le soft power en suffit pas ? Non, il ne suffit pas. Comment, la protection américaine n’est pas aussi évidente qu’espérée ? Non, vous le savez fort bien tellement vous cornez les oreilles de Washington depuis des décennies sans faire beaucoup d’efforts. On ne peut à la fois refuser le hard power, faire des économies dessus, s’appuyer sur une garantie américaine et jouer aux grandes vertus sans s’apercevoir, de temps à autres, que le réel est là.</p>
<p>Ce réel enseigne d’autres choses : d’une part, les profondes divisions entre ce qu’on appela autrefois vieille et nouvelle Europe. A ceci près que les groupes ont changé. La vieille Europe est occidentale et méditerranéenne : France, UK, Italie, Allemagne, Grèce… La nouvelle Europe est orientale et nordique : Pologne, Tchéquie, Roumanie, Suède et Finlande. L’Europe était déjà traversée de multiples fractures : celle-ci paraît pourtant plus fondamentale car plus homogène. Cela a déjà des conséquences stratégiques : Finlande et Suède parlent d’intégrer l’Otan, la Pologne et l’Estonie retirent leurs promesses de troupe en Centrafrique… Le maître mot devient « réassurance ». Comme si la principale conséquence stratégique de l’affaire n’était pas d’appuyer l’Ukraine mais de recoudre une déchirure européenne. Dans l’affaire, l’Alliance atlantique montre à la fois son peu de moyens mais trouve un avantage : lors de son prochain sommet en septembre au pays de Galles, personne ne viendra lui demander à quoi elle sert. On n’entend que des discours affirmant partout qu’elle doit se concentrer sur son cœur de métier, entendre l’article 5. Si ces discours sont traduits par des augmentations budgétaires, pourquoi pas ?</p>
<p>Il reste surtout que les sanctions sont cosmétiques. Annulation du G8, liste de noms interdits de visas, … et puis c’est tout. Car l’Europe s’est aperçue qu’elle tenait la Russie autant que celle-ci la tenait. En ces temps de misère économique, on ne peut pas se passer d’un client qui a des taux de dépense importants. Ce n’est pas seulement le gaz, ce sont aussi tous les investissements financiers (Londres) ou industriels (Berlin, Paris, Rome) qui lient l’Europe à la Russie. Cette réalité là aussi a été une découverte.</p>
<p><strong>IV L’Amérique</strong></p>
<p>Comme il y a six ans en Géorgie, comme l’été dernier en Syrie, l’Amérique a choisi de ne pas bouger. Certes, un certain nombre d’acteurs américains ont pu souffler sur les braises ukrainiennes. Il faut ici comprendre que l’Amérique n’est pas une, que le « pouvoir » n’est pas aussi centralisé qu’on le perçoit, que des lobbies peuvent avoir non seulement des intérêts mais aussi les moyens de mener des actions étrangères en contradiction avec la ligne du gouvernement.</p>
<p>On n’y a pas fait attention, mais la dernière QDR est parue au début du mois. Or, c’est la première à être conduite sur des bases budgétaires. Les Européens ont (malheureusement) l’habitude de ces exercices. Pour les Américains, c’est une découverte. Parlons ici de la stratégie de M. Obama. Il a été élu et réélu pour retirer l’Amérique des conflits où elle était engagée (Irak, Afghanistan). Il a conduit un stratégie indirecte (FS, drones et cyber, direction de l’arrière) et promu un pivotement vers l’Asie. Il a fait le pari stratégique d’un accord avec l’Iran comme game changer au Moyen-Orient, appuyé par des négociations de paix entre Israël et l’AP. Enfin, confronté à des difficultés budgétaires, il prend le pari de diminuer l’effort de défense. Autrement dit, sa politique ne le conduit absolument pas à chercher des noises à la Russie. Certains lobbies américains ont pu pousser au crime. Il cherchera quant à lui à apaiser. Ce qui explique à la fois sa promotion de la réassurance, quelques déclarations ici ou là (la Russie comme puissance régionale), des sanctions symboliques, mais il ne cherchera pas à pousser les feux.</p>
<p><strong>V La France</strong></p>
<p>Dans cette affaire, la France est un acteur marginal. Tant mieux, qu’elle s’en tienne là. Les choses peuvent s’apaiser ce qui permettra de poursuivre la vente des Mistral, indispensable pour assoir la réputation des ventes d’armement français. Sursoir au contrat serait annoncer aux clients que nous ne sommes pas fiables. On ajoutera quelques moyens prêtés à nos amis de l’Europe orientale (quelques Rafale pour la police du ciel feront l’affaire) et, en s’abstenant de déclarations fracassantes (là, ce n’est pas gagné parce qu’on a quelques champions du monde), on devrait s’en sortir à peu de frais.</p>
<p>Et surtout, pour une fois, on n’aura pas donné de leçons au monde ce dont il nous sera vraiment reconnaissant.</p>
<p>(à suivre)</p>
<p>A. Le Chardon</p>http://www.egeablog.net/index.php?post/2014/03/26/Ukraine%2C-une-crise-du-21%C3%A8me-si%C3%A8cle-%282/3%29#comment-formhttp://www.egeablog.net/index.php?feed/atom/comments/2363