Egeablog - Mot-clé - Snowden2023-06-28T12:43:19+02:00Olivier Kempfurn:md5:fc9dfa5de5fd9856c4c7bdd45e8ff3c1DotclearL’opération Anarchist vue d’Allemagne : quel drone adopter ? (T. Wattelle)urn:md5:33021e80f6444231f7a5ce235aeabd992016-03-04T20:59:00+00:002016-03-05T14:39:41+00:00Olivier KempfIsraëlAllemagnedroneEspionnageEtats-UnisHeronIsraëlNSAROyaume-UniSnowden<p>L'opération <em>Anarchist</em> a été récemment révélé par <em>The Intercept</em>, le journal en ligne de Glenn Greenwald, sur la base de révélations Snowden (<a href="https://theintercept.com/2016/01/28/hacked-images-from-israels-drone-fleet/">voir ici</a> : les Américains et les anglais auraient observé pendant de nombreuses années les évolutions opérationnelles du drone israélien Heron. Or, l'Allemagne a décidé d'acheter les mêmes drones. Quelles conséquences <em>Anarchist</em> aura-t-il sur ce contrat ? C'est l'analyse que nous propose Tancrède Wattelle. Merci à lui. O. Kempf</p>
<p><img src="http://media.defenceindustrydaily.com/images/AIR_UAV_Heron-TP_Israeli_lg.jpg" alt="" /> <a href="http://media.defenceindustrydaily.com/images/AIR_UAV_Heron-TP_Israeli_lg.jpg">Source</a></p> <p><em>Un « tremblement de terre »</em></p>
<p>Considérée comme l’une des pires failles du renseignement israélien, l’existence de l’opération Anarchist est révélée en janvier 2016 par une étude poussée des documents publiés par Edward Snowden. Lancé en 1998, ce pilier de la coopération suivie entre la NSA américaine et le GCHQ britannique a notamment consisté dans la surveillance des mouvements de troupes israéliens durant leurs différentes offensives et opérations contre le Liban (2006) ou la bande de Gaza (2008, 2012, 2014). Le piratage de ces données, mais aussi d’autres systèmes de communication égyptiens, turcs, iraniens ou syriens permit entre autres d’obtenir des images précieuses d’un drone de fabrication iranienne. A partir de la base aérienne britannique de Troudos (Chypre), Londres et Washington visaient en particulier les communications pourtant cryptées entre les drones israéliens et leur centre de commande. Les techniques employées relevaient parfois d’une simplicité étonnante. Ainsi, au lieu d’employer des moyens lourds pour décrypter les données, les intercepteurs ont préféré utiliser des logiciels connus comme <em>ImageMagick</em> ou <em>AntiSky</em> pour regrouper les pixels et ainsi reconstituer les photographies aériennes prises par les drones. De plus, un rapport de 2010 du GCHQ notait qu’il était possible mais difficile d’avoir accès aux vidéos prises en direct par les engins. Durant l’opération israélienne dans la bande de Gaza (2008), les Britanniques réussirent même à obtenir une vidéo de 14 secondes du cockpit d’un F-16 en mission de bombardement. En plus des drones et des avions de combat, une attention particulière était portée à l’utilisation de missiles <em>Black Sparrow</em>.</p>
<p>De même, le mouvement des drones israélien était surveillé depuis la base satellite de Menwith Hill, connu pour être un haut lieu du système ECHELON (1), mais aussi d’interopérabilité et de coopération anglo-américaine en termes de surveillance des communications. En plus de cela, l’un des documents qui a fuité indiquait un intérêt certain pour le retour d’expérience issu de l’utilisation sur le terrain de ces drones à des fins commerciales. En effet, les concurrents du drone israélien <em>Heron TP</em> ne sont autres que les américains <em>Reaper</em> et <em>Predator</em> (produits par <em>General Atomics</em>), les trois étant en concurrence pour de nombreux marchés, notamment en France, aux Pays-Bas et en Allemagne.</p>
<p><em>L’Allemagne achète israélien</em></p>
<p>En effet, en attendant l’aboutissement du projet de drone MALE (2) tripartite (France, Allemagne, Italie), la ministre de la défense Ursula von der Leyen a annoncé le 12 janvier dernier que son pays allait acquérir entre 3 et 5 drones <em>Heron TP</em> auprès de son constructeur <em>IAI</em>. Si cette décision a surpris ses partenaires européens qui se sont tous positionnés pour le MQ-9 <em>Reaper</em>, elle s’inscrit dans la continuité d’un partenariat de longue date avec le constructeur, à qui elle avait déjà commandé des Heron 1, mais aussi entre les deux pays. En effet, la défense est un axe privilégié et historique de leur coopération, qui s’est traduit récemment par l’achat à des conditions très généreuses de sous-marins <em>Dolphin</em> (3). En ce qui concerne les drones, <em>Airbus</em> et <em>IAI</em> avait signé un accord d’association en mai 2014 pour fournir la <em>Luftwaffe</em> en drones, cette dernière ayant le choix entre l’achat et la location. C’est donc un contrat de <em>leasing</em> de 580 millions d’euros qui a été paraphé pour des livraisons d’appareil s’étalant jusqu’en 2018 (4), mais qui reste à être validé par le parlement allemand. D’un côté, il est intéressant de noter que Berlin a sensiblement réduit son ambition, passant de 16 appareils à seulement 5. De l’autre, contrairement à la position française (5), l’Allemagne aux positions ordinairement éthiques a souhaité contre toute attente que ses drones soient armés. En attendant l’Eurodrone, notre voisin semble donc obligé d’assumer son choix et de faire face aux limites décelées, sous réserve d’un vote positif du <em>Bundestag</em>.</p>
<p><em>Une problématique de plus outre-Rhin</em></p>
<p>Au-delà du scandale que provoque l’espionnage d’un allié historique des États-Unis par son principal soutien, l’Allemagne peut exprimer ses inquiétudes autour de son futur drone MALE. La révélation par les journaux <em>Der Spiegel</em> (6), <em>The Intercept</em> et <em>Jedioth Achronoth</em> de l’existence de l’opération <em>Anarchist</em> témoigne de l’existence d’une brèche grave de sécurité qui nuit à un éventuel emploi. En effet, comme en témoigne l’article du journal allemand, les Allemands, probablement influencés par la révélation des écoutes américaines de la chancelière, s’étaient décidés après mûre réflexion pour le <em>Heron</em> en mettant en avant la possibilité d’une « porte de derrière » dans le <em>Predator</em> permettant à la NSA d’accéder aux données du drone. C’est donc un contrecoup sérieux pour la <em>Bundeswehr</em> et pour l’exécutif qui n’avait cessé de se déplacer entre Israël et la Californie depuis 2 ans par l’entremise de Katrin Suder, secrétaire d’état à l’armement. De manière optimiste, les responsables avancent qu’<em>Airbus</em> devait de toute façon réaliser un système de sécurité différent de celui en vigueur. L’élaboration et la mise en place de ce dernier, qui tenaient de la routine, seront donc particulièrement observées. Néanmoins, la morosité est de mise, comme en témoigne un officier de la <em>Bundeswehr</em>, selon lequel « les Américains peuvent tout pirater » (7). Face au condominium américano-israélien sur le marché du drone et aux limites qui en découlent, il semble donc urgent d’accélérer le programme du nouveau MALE européen, qui verra le jour à l’horizon 2025, d’autant que cette problématique ne concerne pas seulement nos voisins allemands, mais aussi l’Italie, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, la France et probablement l’Espagne, tous dotés de drones de fabrication américaine <em>MQ-9 Reaper</em>.</p>
<ol>
<li>Système mondial d’interception des communications mis en œuvre par les Etats-Unis, le Canada, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et le Royaume-Uni</li>
<li>Medium Altitude Long Endurance</li>
<li>Wattelle Tancrède, « L’exception germano-israélienne », Revue Défense Nationale, n°642</li>
<li>Belan Guillaume, « L’Allemagne choisit le drone Heron TP », Air Cosmos, 13/01/2016</li>
<li>Cabirol Michel, « La France va-t-elle se doter d’un drone armé », La Tribune, 27/10/2015</li>
<li>Gebauer Matthias, Repinski Gordon, Stark Holer, « Operation Anarchist », Der Spiegel, n°5, 30/01/2016</li>
<li>Ibid</li>
</ol>
<p><strong>Tancrède Wattelle</strong>, étudiant à Science-Po Paris, Vice-Président Sciences Po Défense et Stratégie, Ambassadeur de la Marine Nationale</p>http://www.egeablog.net/index.php?post/2016/03/01/L%E2%80%99op%C3%A9ration-Anarchist-vue-d%E2%80%99Allemagne-%3A-quel-drone-adopter#comment-formhttp://www.egeablog.net/index.php?feed/atom/comments/2081« Il y a un avant et un après Snowden »urn:md5:8ec02b0896c14258f56feffaaaf807842015-06-07T20:30:00+01:002015-06-07T20:30:00+01:00Olivier KempfInterview et entretiensSnowden<p>Petit interview donné à l'Huma sur l'affaire Snowden, deux ans après.</p>
<p><img src="http://img.humanite.fr/sites/default/files/styles/abonnez_vous/public/images/snowden_0.jpg?itok=rO-jriU6" alt="" /></p>
<p>Deux années au compteur. Le 6 juin 2013, les premières révélations du lanceur d’alerte Edward Snowden concernant la surveillance de masse conduite par l’Agence nationale de sécurité (NSA) des États-Unis, étaient publiées. Aujourd’hui, quel bilan des avancées et reculs peut-on dresser ? Entretien avec Olivier Kempf, chercheur à l’Institut de Relations internationales et stratégiques (IRIS) et co-auteur de « L’affaire Snowden, une rupture stratégique », publié le 4 décembre dernier.</p> <p><strong>Comment jugez-vous l’état du débat mondial, que ça soit au niveau étatique ou des citoyens, à propos de la surveillance de masse, à deux ans des révélations ?</strong></p>
<p>Il y a un avant et un après Snowden. Une prise de conscience est apparue dans le débat public avec de multiples réactions. Un processus de « balkanisation du cyberespace » s’est amorcé. On considérait auparavant le cyberespace simplement comme un grand espace transparent et ouvert, indépendant des Etats. Dorénavant, le cyberespace est au cœur des souverainetés : les citoyens et les Etats veulent avoir le contrôle de leur espace numérique.</p>
<p>Les effets de cette démarche sont visibles en Allemagne. La chancelière Angela Merkel a de grosses difficultés à gérer la colère des citoyens concernant le Service fédéral de renseignement (BND), accusé d’avoir collaboré avec l’Agence nationale de sécurité (NSA). Outre-Atlantique, le Sénat états-unien a récemment adopté le USA Freedom Act, qui restreint la collecte des données téléphoniques des États-uniens. De plus, un débat s’est engagé sur la place publique mondiale. Des associations françaises, telles la « Quadrature du Net », qui alertaient depuis longtemps du danger d’une surveillance de masse, ont fait beaucoup de bruit à ce sujet et ont mené des batailles citoyennes.</p>
<p><strong>Précisément, la Quadrature du Net, association de défense des libertés sur Internet, s’est aussi battue contre le projet de loi Renseignement en France, voté mardi prochain au Sénat. N’est-ce pas un recul pour la vie privée et une défaite pour Edward Snowden ?</strong></p>
<p>C’est en fait un débat qui oppose la liberté et la protection des citoyens. D’un côté, on demande aux Etats de protéger le bien commun, de l’autre il y a leur vie privée. C’est un dilemme qui traverse toutes les sociétés.</p>
<p><strong>Le USA Freedom Act, qui succède au Patriot Act adopté sous George Bush, est-il aussi protecteur des citoyens qu’on a pu l’entendre ?</strong></p>
<p>C’est une première étape très importante. On a restreint le USA Patriot Act, adopté en 2001 à la suite des attentats du 11 septembre, et qui a autorisé la NSA à surveiller les États-uniens. En revanche, le Freedom Act ne tient compte que des données téléphoniques. Or, de nos jours, il y a convergence de tous les types de données. En d’autres termes, les données téléphoniques peuvent être numérisées et conservées.</p>
<p><strong>Il serait donc toujours possible de traquer les données téléphoniques numérisées ?</strong></p>
<p>Tout à fait.</p>
<p>L'Affaire Edward Snowden, de Quentin Michaud et Olivier Kempf (Edition Economia, 19 euros)</p>http://www.egeablog.net/index.php?post/2015/06/07/%C2%AB-Il-y-a-un-avant-et-un-apr%C3%A8s-Snowden-%C2%BB#comment-formhttp://www.egeablog.net/index.php?feed/atom/comments/2028Affaire Snowden : une rupture stratégique (Q. Michaud)urn:md5:fc4bbb1f4567c08cf2fda2f007b7644c2014-12-05T19:50:00+00:002014-12-05T20:04:57+00:00Olivier KempfLivres et écritsCyberstratégieSnowden<p>Quentin Michaud, jeune journaliste talentueux qui anime le blog <a href="http://www.operationnels.com">opérationnels</a>, vient de publier dans <a href="http://www.economica.fr/livres-cyberstrategie,fr,3,65.cfm">la collection "Cyberstratégie"</a> un livre passionnant : "<a href="http://www.economica.fr/livre-l-affaire-snowden,fr,4,9782717867534.cfm">L'Affaire Snowden, une rupture stratégique</a>". Le livre sort à pic puisque Edward Snowden parlera en France le 10 décembre prochain, pour la première fois... Ce livre n'est pas simplement un livre d'enquête, il cherche aussi à expliquer et à réfléchir. Ainsi, une première partie rappelle le déroulement de l'affaire, une deuxième explique le rôle des différents acteurs et leurs interactions, une troisième (que j'ai commise) propose l’interprétation stratégique. L'ensemble est précédé d'une préface inédite de Bernard Barbier, ex Directeur Technique de la DGSE au moment de l'affaire... Un véritable scoop, sans même parler de queqlues témoignage directs que Quentin a également réunis.</p>
<p><img src="http://www.egeablog.net/public/.Couv_Snowden_m.jpg" alt="Couv_Snowden.JPG" style="display:block; margin:0 auto;" title="Couv_Snowden.JPG, déc. 2014" /></p>
<p>Le livre arrive donc à point nommé. Il a d'ailleurs été cité par la presse :</p>
<ul>
<li>Lire <a href="http://www.lepoint.fr/editos-du-point/jean-guisnel/l-affaire-snowden-vue-par-l-ex-directeur-technique-de-la-dgse-05-12-2014-1887055_53.php#xtor=CS1-32">l'article sur lepoint.fr</a> (J. Guisnel)</li>
<li>Retrouver une<a href="http://www.portail-ie.fr/article/1105/L-affaire-Edward-Snowden-une-rupture-strategique"> interview de l'auteur</a> sur le portail de l'IE</li>
<li>Lire <a href="http://www.leparisien.fr/espace-premium/actu/-04-12-2014-4345511.php">l'article sur leparisien.fr</a> (il est aussi paru en papier!)</li>
<li>Lire<a href="http://www.lopinion.fr/blog/secret-defense/l-affaire-snowden-rupture-strategique-19023"> l'article sur lopinion.fr</a> (JD Merchet)</li>
</ul>
<p>Vous trouverez ci-dessous la quatrième de couverture ainsi que la table des matières.</p>
<p>O. Kempf</p> <p>Edward Snowden était un « contractor » (« sous-traitant ») parmi des milliers d’autres qui travaillent pour le compte de la National Security Agency (NSA). En juin 2013, il orchestre la publication de nombreux documents sensibles internes à la NSA qui dévoilent pour la première fois l’existence de programmes d’interception massive opérés par l’agence américaine de renseignement. Les plus grands dirigeants de la planète sont mis sur écoute, les câbles sous-marins de communication sont scannés automatiquement par les ordinateurs de la NSA, des milliards de données sont stockées chaque jour.</p>
<p>L’ancien employé de la NSA est aujourd’hui réfugié à Moscou. Devenu une icône pour la liberté d’Internet, Edward Snowden continue de faire des apparitions médiatiques poursuivant son combat pour la protection des données des internautes. Parallèlement, Glenn Greenwald, le journaliste américain qui a travaillé à la plupart des publications de ces documents, ne faiblit pas dans ce combat qui ne connaît pas de fin.</p>
<p>Le déroulement du scandale ainsi que les données révélées par Edward Snowden sont décortiqués et analysés dans ce livre. Il permet de mieux comprendre le bouleversement stratégique que cet ancien sous-traitant de la NSA a déclenché au nom de la défense des libertés individuelles.</p>
<ul>
<li>L’affaire Edward Snowden : Une rupture stratégique</li>
<li>Préface Bernard Barbier</li>
<li>Introduction</li>
<li>Chapitre 1 – Juin 2013, le scandale éclate</li>
<li>Chapitre 2 - L’expansion du scandale au cours de l’été 2013</li>
<li>Chapitre 3 - Un scandale entretenu (automne 2013)</li>
<li>Chapitre 4 – L’accoutumance (hiver 2014)</li>
<li>Chapitre 5 - Printemps 2014 : de nouvelles formes de révélations nourrissent la polémique</li>
<li>Chapitre 6 : Les origines de la NSA</li>
<li>Chapitre 7 : Qui est Edward Snowden ?</li>
<li>Chapitre 8 : Les médias et les autres acteurs</li>
<li>Chapitre 9 : Les réactions aux révélations d’Edward Snowden</li>
<li>Chapitre 10 : La France et PRISM</li>
<li>Chapitre 11 : PRISM et les autres programmes de la NSA</li>
<li>Chapitre 12 : Aspects politiques de l’affaire Snowden</li>
<li>Chapitre 13 : Aspects géopolitiques de l’affaire Snowden</li>
<li>Chapitre 14 : Aspects stratégiques de l’affaire Snowden</li>
<li>Conclusion</li>
<li>Bibliographie</li>
</ul>
<p><a href="http://www.economica.fr/livre-l-affaire-snowden,fr,4,9782717867534.cfm">L'affaire Edward Snowden, une rupture stratégique</a></p>
<ul>
<li>Quentin MIchaud</li>
<li>Olivier Kempf</li>
<li>préface de B. Barbier</li>
<li>Economica, 19 euros</li>
</ul>http://www.egeablog.net/index.php?post/2014/12/05/Affaire-Snowden-%3A-une-rupture-strat%C3%A9gique-%28Q.-Michaud%29#comment-formhttp://www.egeablog.net/index.php?feed/atom/comments/1982