Outre les commentaires qu'on peut lire dans la presse, on retiendra quelques leçons de la victoire gouvernementale sri-lankaise sur le mouvement Tamoul. Carte
1/ Encore une guérilla révolutionnaire qui est vaincue, après les FARC en Colombie (voir ici les commentaires que j'en ai fait) Mais dans ce dernier cas, le processus est d'abord politique, quand dans le cas de Ceylan, il est militaire. Toutefois, en commun, les deux guérillas avaient leur ancienneté, et leur incapacité à évoluer : le cantonnement dans la logique de la guerre irrégulière, sans transformation politique, condamne tout mouvement. D'une certaine façon, à long terme, cela inverse le théorème de la guerre irrégulière : une non défaite n'est pas une victoire comme à court terme (pratique des Palestiniens depuis des années ou du Hezbollah en 2006), Dans la durée, une non-défaite est une défaite. Cela vaudra pour l'Irak. Et probablement pour l'Afghanistan.
2/ Les Tamouls avaient inventé l'attentat suicide : eh! non, ce n'est pas une invention des musulmans, comme on le croit trop souvent. Or, cette arme ne gagne pas non plus dans la durée.
3/ Autre intérêt, la guérilla tamoule est une guérilla séparatiste (différente donc de ce qu'on voit en Colombie et en Afghanistan). Cet échec suggère que le séparatisme, qui semblait être devenu une loi politique, peut buter sur une réalité. Même s'il est évident que cette victoire de Colombo n'est qu'un étape militaire vers un objectif politique, et qu'il faudra bien trouver les voies politiques de la réconciliation nationale. A défaut, ce serait une victoire temporaire.
O. Kempf
1 De -
Je ne suis pas tellement optimiste sur la fin de ce conflit. Les extrémistes Tamouls vont se rabattre sur le terrorisme comme ils l'on déjà fait par le passé. Et le gouvernement ''nationaliste'' ne m'a pas l'air d'avoir une politique de ''réconciliation nationale''. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, on peut risqué de voir renaître une nouvelle guérilla à la prochaine génération.
A signaler que cette guerre qui à dépassé les 70 000 victimes qui en autre particularité est la seule à avoir une guérilla ayant une flotte de guerre est très loin d'occupé l'esprit de tous ceux qui se focalise sur une ''petite guerre'' qui est loin d'avoir atteint un tel niveau de pertes humaines...
Frédéric
SUr la politique de réconciliation, je partage vos inquiétudes. Et donc votre pronostic. Merci de vos informations sur cette guérilla.
OK
2 De -
Bien vu pour l'ensemble (FARC / Tigres Tamouls) mais je suis moins optimiste pour l'Afghanistan. Le rapport de force global demeure un des meilleurs indicateurs. Exemple: les Tribunaux Islamiques en Somalie n'ont pas pu être totalement défaits et leur retour via la présidence démontre la capacité de certains mouvements insurrectionnels nationaux à s'adapter aux réalités politiques nationales / régionales (d'ailleurs, il me semblerait plus juste de dire que c'est le gouvernement Karzaï qui ne sait s'adapter correctement).
De même le chaos national à grande échelle (organisé par plusieurs forces dans la durée) peut profiter aux séparatistes (Puntland, Somaliland, Erythrée, Timor Oriental) ou geler des conflits (Géorgie, Azerbaïdjan, Taïwan, Palestine) - cela confirme ton point sur les séparatistes qui savent évoluer (les Talibans se retrouvent dans ce scénario il me semble).
Il me semble donc difficile de spéculer lorsque les forces insurrectionnelles / séparatistes / autonomistes se renouvellent (OLP / Hamas / Djihad Islamique, Seigneurs de la Guerre / Tribunaux Islamiques, Kuomintang / Minjindang, etc.), ce qui n'aura pas été le cas en Colombie ou au Sri Lanka (ou autre exemple, en Tchétchénie / Itchkérie).
En Irak, il faudra voir quel rôle se réservent les sunnites, kurdes, et ex-miliciens sadristes dans la nouvelle architecture politique du pays (in fine, l'objectif des insurrections sunnites et chiites aura avant tout cherché à sortir les américains de l'équation, avant de trouver leur place dans un système national nouveau, et à défaut rechercher l'autonomie; le premier objectif est en cours de réalisation, les deux autres demeurent ouverts).