Fermeture de Bichkek et logistique de la FIAS
Par Olivier Kempf le dimanche 8 février 2009, 21:50 - Asie centrale - Lien permanent
La Russie a évidemment préparé, avec le Kirghizistan, la fermeture de la base de Bichkek aux Américains (voir ici).
1/ Cela permet tout d'abord de relancer l'organisation militaire de la CEI, que tout le monde avait oublié. Intéressant, alors que ces dernières années, chacun s'inquiétait de la montée en puissance de l'Organisation de Coopération de Shanghaï, avec la Chine. Signe que cette coopération ne donne pas tant satisfaction à Moscou ?
2/ Cela marque bien sûr le grand retour de la Russie en Asie centrale. Mais qui en avait jamais douté ?
3/ Cela permet de faire monter les enchères dans les négociations à venir avec les Etats-Unis : votre logistique n'est pas sûre par le Pakistan, vous avez besoin de routes alternatives, elles passeront à nos conditions.
4/ Allez, soyons provocateurs : cela anticipe peut-être le grande retournement à venir, celui de la prochaine alliance irano-américaine. Ils coopèrent déjà en Irak, ils ont les mêmes ennemis (les talibans), il est donc tout à fait possible que pour ménager une alternative au Pakistan, les Américains préparent en sous-main un accord avec Téhéran pour accéder à l'Afghanistan. Car il n'y a pas qu'à Moscou qu'on joue aux échecs avec plusieurs coups d'avance.
Olivier Kempf
Commentaires
Bonjour,
Quelques commentaires sur votre billet qui, une fois de plus, fait réfléchir.
Concernant vos deux premiers points, il me semble effectivement que la Russie se recentre sur ses zones traditionnelles d'influence depuis au moins 200 ans(Europe orientale, Caucase, Asie centrale) grâce à la nouvelle impulsion qu'elle donne à l'organisation du traité de sécurité collective, bras armé de la CEI.
L'organisation de coopération de Shanghaï regroupe des puisances régionales ou mondiales hétérogènes avec lesquelles la Russie doit composer ce qui limite sa liberté d'action.
Concernant une potentielle "alliance" entre l'Iran et les Etats-Unis, cela remettrait en cause ses "alliés" actuels (pour simplifier pour voire être simpliste) qui sont sunnites. Néanmoins, votre hypothèse est loin d'être à exclure car elle répond à un réél besoin stratégique et des intérêts communs bien compris.