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Clausewitz (III, 1) De la stratégie

Clausewitz consacre le Livre III à "la stratégie en général". 60 pages, quand le Livre I comportait 70 pages, et le livre II 56 : on reste donc dans la moyenne. Toutefois, autant le premier livre comptait 8 chapitres et le livre II 6, autant ce troisième en comporte 18 : la pensée de CVC paraît donc, à première vue, plus compartimentée qu'auparavant.

Le premier livre parle de la stratégie.

1/ Que cherche-t-il à y montrer ? que le plan ne peut se résoudre à un travail en cabinet, et qu'il y faut la patte du génie : la stratégie n'est pas qu'affaire de théorie, elle est aussi -d'abord- avant tout ? - pratique.

2/ Il rappelle la définition déjà donnée : "La stratégie est l'usage de l'engagement aux fins de la guerre. Quoi qu'elle ne s'occupe que de l'engagement, la théorie de la stratégie doit englober l'armée, qui est le vecteur de l'engagement". (p. 171). Et plus loin : "La stratégie doit donc être elle-même présente sur le terrain pour pouvoir disposer chaque chose en son heure et place et intégrer au plan d'ensemble les changements sans cesse exigés par les circonstances".

On en retient que la stratégie ne saurait se réduire à un plan. Elle n'est pas qu'une généralité, car elle doit s'occuper de deux choses : les détails, et les circonstances. Cette proposition est extrêmement novatrice, et gageons qu'elle a été oubliée par nombre de lecteurs de CVC.

3/ Prenons l'exemple d'une bataille gagnée. On admire "le prince ou le général". Mais ce qu'il faut admirer, "c'est la justesse des hypothèses imaginées dans le calme, et l'harmonie silencieuse de l'action tout entière, l'une et l'autre ne se révélant que dans la victoire finale" (p. 172). Il faut donc des hypothèses, mais il faut surtout les confirmer dans l'action. La stratégie est d'abord action. Or, le sens commun n'y voit que le dessein original, l'invariant qui s'impose aux aléas des événements pour dessiner, si possible, une ligne directrice. On voit dans la stratégie une orientation. Mais Clausewitz nous répète, invariablement, que c'est le rapport de l'engagement (l'action) aux fins de la guerre (le dessein).

4/ Pourquoi est-ce si difficile, et pourquoi faut-il un grand général ? parce que la stratégie, étant un art d'exécution, un art humain ou la dimension de l'homme prend le pas dans les incertitudes de la guerre,"les rapports entre variables matérielles sont d'une grande simplicité" : ce qu'on croit le plus dur est en fait le plus facile. Car "une fois déterminé ce que doit et peut accomplir la guerre, à partir des rapports entre États, l'orientation est vite trouvée".

En revanche, "ce qui pose problème, c'est d'appréhender les forces morales qui sont en jeu" (p. 173). Et CVC de prendre l'exemple de la campagne de Frédéric II, en 1760, pour illustrer son affirmation (pp. 174-176). Le plus important me semble être cette phrase : "Nous découvrons dans chacune de ses campagnes la même force retenue qui trouve son équilibre". Quelle très belle phrase. Voilà, si je suis bien Clausewitz, le deuxième volet de la stratégie, le plus important. Et celui que doit admirer le critique, et imiter le chef contemporain.

5/ Les pages 177-179 étant des rajouts improbables, nous ne les commenterons pas.

O. Kempf

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