Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

Identité

Un débat est, paraît-il, en cours. Il semble mal posé, alors qu'il est géopolitique.

1/ L'identité est foncièrement liée à l'individu : le mot vient de la philosophie, puis de la psychologie.

2/ Au plan politique, l'identité est une conséquence : elle marque l'individualisation d'une organisation politique (donc, collective). L'identité est ainsi la caractéristique de la citoyenneté. La cité donne l'identité. Plus eactement, l'identité est la traduction individuelle de la cité. La cité, composée de citoyens, ceux-ci définis par leur "identité". Mais là encore, l'identité est individuelle.

3/ La cité peut se dénommer "nation". C'est le cas français. Alors, l'identité vient de la Nation.

4/ Il s'ensuit que l'identité ne peut pas être collective. C'est une déviation de sens. Il n'y a pas d'identité collective. Ce qu'on tente de nommer une "identité collective" (nous les Arméniens, nous les Hutus, nous les Périgourdins, nous les adorateurs du dieu Zô, ...) ne sont que des constructions ex post. Ce sont des discours politiques. Ce sont des "représentations", pour reprendre un concept classique de géopolitique. (remarquons au passage qu'il s'agit, en quelque sorte et si j'ai bien compris, de nominalisme, cf mon billet d'hier).

5/ Mais il s'agit, foncièrement, d'une déviation intellectuelle.

6/ remarquons en passant que les mots "d'identité nationale" n'ont pas posé de problème (alors que la notion fait grand débat), car ils "sonnaient" bien. La raison en est qu'en France, chacun a à l'esprit la notion de carte nationale d'identité. Les deux termes sont donc "naturellement associés", et on ne note usuellement pas l'inversion que constitue l'expression identité nationale.

7/ Toutefois, dire cela ne signifie pas que le débat est vain : il est légitime de discuter de la nation, ou plus exactement de la cohésion nationale. Autant le faire en utilisant les bons mots.

C'est un vieil admirateur de Renan qui vous le dit...

O.Kempf

Commentaires

1. Le jeudi 26 novembre 2009, 22:13 par Romain Lalanne

Tout à fait d'accord : l'identité est individuelle et sa dimension collective est nécessairement une construction sociale, mais surement pas un fait de société. Tenter de définir le contenu d'une identité collective/nationale française revient à faire des choix normatifs dans lesquels certains discours s'imposeront au profit d'autres.

Le problème finalement avec ce débat, c'est qu'il pourrait bien affaiblir involontairement l'approche fondatrice "du vouloir vivre ensemble" de Renan au profit d'une vision beaucoup plus objective de l'identité, mais productrice de divisions.

Romain Lalanne

EGéA : merci Romain de ce commentaire : j'étais surpris de ne pas provoquer plus de débat.....

2. Le jeudi 26 novembre 2009, 22:13 par

Il y a effectivement de nombreux éléments gênants dans l'approche et les termes employés. Si l'on exclut l'hypothèse d'une démarche purement électoraliste, s'agit-il de :

  • -Réhabiliter ou réaffirmer les principes de la République, censée être "une et indivisible", faisant fi de la notion de "communauté" ?
  • -Définir un cadre plus ou moins rigide que chacun des membres de la Nation devra intégrer dans son identité propre, sous peine finalement d'être déchu ou exclu de cette Nation ? Quid des effets secondaires sur l'individuation ?
  • -Afficher tout simplement des drapeaux aux immeubles, s'assurer que chacun connaît la Marseillaise par cœur ainsi que les dates de Marignan, Valmy, Austerlitz...?

EGEA : une démarche électorliste ? quelle idée !

Ajouter un commentaire

Le code HTML est affiché comme du texte et les adresses web sont automatiquement transformées.

La discussion continue ailleurs

URL de rétrolien : http://www.egeablog.net/index.php?trackback/397

Fil des commentaires de ce billet