Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

Le principe de laïcité dans la société contemporaine

1/ Le sujet est très classique : un excellent sujet de concours, vaste par lui-même pour permettre de s'exprimer, sans qu'il soit besoin d'avoir trois phrases pour poser la question. De ce point de vue là, c'est un sujet facile : du moins dans sa forme.

2/ Il y avait pourtant des pièges. Le premier consiste à parler de l'islam dans la société contemporaine, même si c'est à cause de la visibilité de l'islam (voile islamique, burqa, minarets en Suisse) que la question possède aujourd'hui une acuité prononcée. Celui qui ne traitera que de l'islam, ou pire qui aura des propos trop vifs, serait sanctionné. C'est un vrai danger qu'il faut éviter. On me répondra que cela revient à de l'hypocrisie, de la langue de bois, du politiquement correct.... Peut-être... Mais vous êtes à un concours, où l'on cherche à sélectionner de futurs grands responsables. On vous juge bien sûr à votre qualité d'écriture et de raisonnement, mais aussi à votre capacité à vous situer. On ne vous demande pas un travail de leader politique, ni d'éditorialiste. Toutefois, cela n'empêche pas d'être un peu subtil. Il est des manières habiles de laisser entendre tout ce qu'on veut. Encore faut-il que cela soit bien mené. A l'inverse, on ne peut pas ignorer la question de l'islam dans les sociétés occidentales : il faut en parler clairement.

2/ Le deuxième écueil tient à ce qu'on va traiter : s'agit-il de la laïcité, ou du principe de laïcité ? ce n'est pas exactement la même chose, et la deuxième compréhension, celle donnée par le sujet, amène à un devoir qui devra démontrer des qualités juridiques. De même, la notion de "sociétés contemporaines" est piégeuse, même si elle est classique : en effet, le principe de laïcité existe le plus souvent dans les démocraties occidentales (penser à l'empereur de droit divin au Japon, ou à la société de caste en Inde) : cela impose donc une claire définition des termes en introduction....

3/ La copie ici présentée évite les pièges principaux. On pourrait lui reprocher quelques scories : ne pas mentionner des sociétés extra-européennes ; une dernière sous-partie sociale pas forcément convaincante (ce qui est dommage, car elle clôt un devoir sur une impression mitigée) ; une confusion entre le "dérèglement du monde " et le "désenchantement du monde" (l'un d'A. MAalouf, l'autre de M. Gauchet). Mais elle semble équilibrée, construite, convenablement écrite, avec des démonstrations et une ou deux formules heureuses...

4/ Au total, un censeur exigeant lui accorderait toutefois la moyenne.

O. Kempf

LE PRINCIPE DE LAÏCITE DANS LA SOCIETE CONTEMPORAINE

Le port de la burqa, ce voile musulman intégral, a suscité au printemps un débat qui a provoqué la constitution d’une commission parlementaire sur le sujet. Ainsi, un fait social marginal a pris une importance publique significative : c’est la question du principe de laïcité dans la société contemporaine qui est aussi soulevée.

Au sens premier, la laïcité désigne l’état de celui qui n’appartient pas au clergé. Le mot a pris un sens plus politique pour désigner la séparation de l’Eglise et de l’Etat, et le cantonnement de la religion à la sphère privée. Si elle était impensable dans l’Antiquité (César organisa le culte de l’empereur) ou au Moyen-âge (la monarchie absolue est fondée sur la sacralisation du roi), la question est apparue à la Renaissance et a sous-tendu les guerres de religion. Le principe du « cujus regio ejus religio », formulé au mitan du XVIe siècle, a gelé la question. Pourtant, les Lumières, la Révolution puis l’ancrage républicain ont installé la laïcité au cœur de la société française.

Il n’en est pas de même à l’étranger, ou certains prônent une tolérance absolue envers la religion (Etats-Unis) quand d’autres prônent la fusion de la religion et de l’Etat (charia musulmane).Or, la modernité mondialisée provoque la confrontation de ces logiques. Moderne pour les uns, inadaptée ou dépassée pour les autres, sacrilège pour les derniers, la laïcité est questionnée par l’évolution contemporaine : peut-elle constituer une réponse pertinente aux défis de nos sociétés modernes ?

Certainement, si l’on considère que la laïcité est autant un principe qu’un résultat. Pour le comprendre, nous verrons tout d’abord que c’est un principe très français ; puis que cette source identitaire est confrontée aux nouvelles dimensions du fait religieux ; avant de montrer la nécessité de consolider la laïcité comme facteur d’équilibre social.


***

Principe très français, la laïcité est au cœur du projet national, et fait exception dans le monde.

La laïcité puise ses racines dans la réflexion philosophique des Lumières, et dans l’événement de la Révolution Française. Elle s’est bâtie en France contre un catholicisme jugé étouffant, et contre l’Eglise qui l’instituait : « écrasons l’infâme », signait Voltaire. Elle fut consolidée à la fin du XIXe siècle, lorsque la IIIe République promulgua un certain nombre de lois organisant les libertés publiques (liberté de penser, liberté d’expression). Il parut à l’époque nécessaire de garantir ces libertés en décidant la séparation de l’Eglise et de l’Etat (lois Combes de 1905). Ainsi conçue, la laïcité permettait les libertés.

La jurisprudence du Conseil constitutionnel a permis, depuis les années 1970, de constituer ce qu’on a appelé le bloc de constitutionalité. En se référant au Préambule de la Constitution de 1958 (et indirectement à celui de 1946), le Conseil expliqua que les grands principes républicains étaient constitutionnels. Dégagés peu à peu par les décisions du Conseil, ces principes regroupent les grandes libertés publiques (droit de grève, liberté d’opinion,…) et le principe de laïcité. Ce principe est donc très intimement lié au fait national français, au point d’être profondément enraciné dans l’inconscient collectif (« l’école publique, laïque et obligatoire »est considérée comme un progrès significatif).

En effet, la laïcité permet, dans cette perspective, de dégager l’individu de ses déterminismes, donc de lui conférer la liberté d’opérer des choix indépendants. La laïcité permet ainsi sa citoyenneté (mais aussi son appartenance nationale, au travers du plébiscite de chaque jour évoqué par Renan). La laïcité permet également d’élever la condition féminine : le citoyen est aussi une citoyenne (même si, en France, le droit de vote ne fut accordé que tardivement aux femmes, en 1946). Ainsi, la laïcité permet l’égalité des individus, elle est donc libératrice.

Or, ce lien entre laïcité, égalité et liberté n’est établi qu’en France, qui constitue pour cela une exception dans l’environnement international.

Hors d’Europe, cette laïcité est incomprise. Aux Etats-Unis, la laïcité est perçue comme attentatoire à la liberté. Ainsi, B. Obama, lors de son discours du Caire au printemps, a critiqué la législation française sur le voile islamique. Celle-ci s’oppose au principe de tolérance religieuse, au cœur du modèle américain. A l’inverse, certains musulmans appellent non à la séparation, mais à la fusion entre la religion et l’Etat. La loi islamique devrait, à leurs yeux, constituer la seule constitution de la société. Le débat renvoie à des situations très concrètes, touchant notamment à la dévolution du pouvoir dans un pays musulman : l’élection est-elle ainsi compatible avec la Charia ? Les événements de juin en Iran montrent que la réponse n’est pas univoque.

En Europe également, on constate des organisations sociales fort éloignées de la laïcité française. Certains pays favorisent un principe de tolérance, un peu à l’image américaine. Ainsi, le Royaume-Uni ou les Pays-Bas favorisent-ils, à cette aune, la mise en place d’un communautarisme : chaque communauté religieuse s’organise comme elle l’entend. Ailleurs, c’est un modèle inverse qui est adopté, celui d’une forte intégration de la religion.C’est le cas de l’Italie ou de la Pologne catholiques, mais aussi de la Grèce orthodoxe où la religion est mentionnée sur la carte d’identité. L’Etat du Vatican ou le mont Athos, bénéficiant d’un statut propre, illustrent la pérennité de cet enracinement religieux. L’Allemagne, qui n’est pas fondée sur une communauté religieuse (elle est partagée entre catholiques et protestants), a pourtant intégré les églises au point de collecter l’impôt à leur profit.

Ces différences ne sauraient masquer un regain d’intérêt récent envers la laïcité française. La question est ainsi apparue aux Pays-Bas ou au Royaume-Uni, lorsqu’on s’est aperçu que le communautarisme pouvait mener à des excès menaçant la cohésion nationale (l’assassinat de Théo Van Gogh dans un cas, les attentats de Londres dans le second, furent les événements qui déclenchèrent ces débats). D’une façon moins remarquée, l’évolution espagnole n’est pas moins significative. En effet, le gouvernement de M. Zapatero a pris, ces dernières années, une série de lois(sur l’homosexualité ou l’avortement) qui allaient à l’encontre des vues de l’église d’Espagne :il s’agissait d’une laïcité dans les faits qui s rapprochait du modèle français.

Ainsi, la laïcité pourrait être considérée comme moderne en Europe, quand elle est ancienne pour les français. C’est toute la question de son adaptation aux circonstances qui est ainsi soulevée.




***

En effet, la laïcité comme source identitaire est confrontée à une affirmation religieuse renouvelée ; l’islam étant un cas particulier de cette évolution.

Historiquement, on l’a vu, la laïcité s’est affirmée contre une Eglise puissante et un clergé établi. Il fallait amender la puissance d’une organisation en place. Or, le fait religieux contemporain apparaît comme fort différent de cette expérience. C’est vrai de son organisation. Certains affirmations religieuses contemporaines sont en effet soit peu organisées (cas de l’islam en général, cas des évangélistes protestants), soit elles le sont excessivement (cas des sectes qui oppriment la liberté individuelle). C’est vrai de son expansion, puisque le trait commun à tous ces mouvements tient à leur prosélytisme. Il semble d’ailleurs que cette émergence religieuse soit un signe paradoxal de la modernité.

Le fait religieux contemporain peut être ressenti comme une menace contre la laïcité. En effet, ces initiatives multiples ont en commun de s’affirmer, de s’extérioriser. Ainsi, les évangélistes pratiquent de grandes cérémonies où les corps participent à la prière (gestuelles, transes) : celle-ci devient visible. Il s’agit pourtant là de cérémonies privées. Or, la visibilité religieuse s’observe désormais dans l’espace public, notamment de la part de l’islam : le musulman peut effectuer une de ses cinq prosternations rituelles dans la rue, sa femme se couvrira d’un voile, plus ou moins intégral mais toujours observable. Pour certains, ce conformisme pose la question de la liberté individuelle :ces comportements ostentatoires sont perçus comme le signe d’un enfermement sectaire, surtout quand la condition féminine paraît menacée, sous prétexte du refus de la mixité « impure »(que ce soit à la piscine ou lors des consultations médicales).

Pourtant, cette affirmation religieuse n’est pas forcément une atteinte à la société, elle peut être considérée comme son produit contemporain. La société moderne serait en effet tellement déstructurée et inquiétante qu’elle serait profondément angoissante. La religion, opium du peuple au sens marxiste (médicament qui soulage la douleur), serait considérée comme le moyen de surmonter la désespérance quotidienne. Elle serait une réaction à la société contemporaine, un refuge identitaire. Et la laïcité ne serait alors que le luxe d’une société établie, un signe extérieur de notabilité.

Outre ces considérations générales, il faut évoquer plus en détail la question de l’islam. Il doit cette considération particulière à sa place démographique : c’est en effet devenue la deuxième religion française, puisqu’un français sur dix ou douze est musulman. C’est le résultat de l’immigration, mais aussi de la fécondité, enfin des conversions. Celles-ci sont significatives, en ce qu’elles illustrent les atouts de l’islam : sa pratique est assez simple et ne demande pas l’introspection d’autres démarches spirituelles ; elle est rassurante car elle inclut dans une communauté.

Mais l’islam est soumis à des influences multiples : il est peu organisé, puisque l’islam sunnite ne connaît pas de clergé. La connaissance du Coran impose en outre de pratiquer la langue du prophète, l’arabe. Dès lors, l’islam peine à s’inculturer. Il est dès lors soumis structurellement à des influences extérieures : soit par le biais des communautés nationales d’origine (Algérie, Turquie, Maroc,…) soit d’autres plus popularisées et médiatisées, grâce aux moyens modernes de communication (Egypte, salafisme).

Au fond, l’islam est trop minoritaire pour organiser culturellement la société selon une charia ; à l’inverse, il est trop important pour n’être qu’une minorité marginale (bouddhisme, sikhs,…) dont la laïcité s’accommoderait.

C’est pourquoi la laïcité paraît remise en cause, aujourd’hui, par le renouvellement du fait religieux. Celui-ci est la conséquence de l’évolution contemporaine, et sa visibilité, notamment dans le cas de l’islam, empêche qu’on le néglige. Il faut donc cimenter le principe de laïcité.




***

Consolider la laïcité équilibrera les sociétés, tant en Europe qu’en France.

La laïcité paraît au cœur du projet européen, il faut donc la favoriser. Pour cela, il paraît nécessaire de trouver l’équilibre entre la conscience des racines et le communautarisme. Ce débat a été soulevé lors des travaux préparatoires à la Constitution européenne : le texte ne retint pas la notion de « racines chrétiennes de l’Europe », ce qui demeure controversé. Or, ce texte n’a pas été adopté. Il convient donc pour l’avenir de ne pas promouvoir une vision de la laïcité trop française : elle serait perçue comme idéologique et surtout dépassée. Plus habilement, il faudrait présenter la laïcité comme une solution pragmatique, et surtout partagée par l’ensemble des Européens. Cela nécessiterait d’accepter l’attachement de certains à leurs traditions nationales, et en même temps d’adopter un principe permettant de cantonner le renouveau religieux dans une sphère privée.

Cette démarche européenne soulève la question des lieux. Il semble aujourd’hui difficile que l’Union Européenne soit cet endroit. En effet, à la suite de l’échec du traité constitutionnel, les Européens ont adopté un traité simplifié à Lisbonne. Il est peu probable qu’ils se remettent de sitôt à l’ouvrage pour adopter une déclaration de principes qui intégrerait la laïcité. Le Conseil de l’Europe paraît par conséquent l’instrument adéquat pour installer la laïcité au cœur du système européen des droits de l’homme. Encore faut-il que la cour européenne des droits de l’homme n’adopte pas une position radicale, cherchant à imposer une laïcité absolue et obsolète, comme elle vient récemment de le faire au sujet des crucifix dans les écoles italiennes. Une conception apaisée et partagée de la laïcité ne souffrirait pas des excès militants.

C’est qu’il faut rendre la laïcité plus tolérante, du fait religieux. L’exemple pourrait être d’abord donné en France. Ahmin Maalouf, dans « Le désenchantement du monde », remarque que l’islam souffre de ne pas avoir d’institution ni de clergé, qui auraient permis de constituer une altérité au pouvoir. Or, pour dialoguer, il faut être deux. C’est pourquoi les tentatives pour organiser les faits religieux contemporains vont dans la bonne direction. Il faut bien sûr mentionner le conseil français du culte musulman, dont on espère qu’il acquerra, à la longue, autonomie et cohérence. Mais il faut saluer également l’heureuse initiative du mouvement protestant, qui a réunion l’autre jour toutes les branches, les ecclésiales comme les évangéliques. De même, il semble utile d’enseigner les religions, en dehors des cadres religieux. Pour certains, élevés en dehors de toute tradition, cela permettra de découvrir des richesses culturelles et spirituelles qui leurs étaient étrangères, et qui sont nécessaires pour comprendre le monde contemporain. Pour les autres, imprégnés d’une tradition religieuse, cela permettra de rencontrer d’autres perceptions, de comparer, et donc de s’enrichir tant par élargissement que par approfondissement. Paradoxalement, l’enseignement des religions, dans des sociétés européennes déchristianisées, constitue le ferment d’une laïcité renouvelée.

Il faut également lutter contre les exclusions, qui apparaissent comme le terreau de réactions radicales, y compris religieuses. La laïcité constitue ici non seulement le principe, mais le résultat d’un équilibre social. En rétablissant l’équilibre de la société, on favorise un apaisement des mœurs et donc une laïcité de bon aloi. Pour cela, les pistes sont connues : il faut mener une politique de désenclavement spatial pour éviter la constitution de ghettos : à cet effet, on poursuivra avec détermination l’obligation d’accueillir, dans chaque commune, une proportion minimale de logements sociaux ; il faut renouveler la formation de tous : l’initiative de parcours spécifiques pour accueillir à sciences-po des étudiants venant de zones défavorisées a démontré sa pertinence ; il faut enfin lutter contre les discriminations économiques : tester les curriculum vitae anonymes pourront être un instrument de cette politique.


***

Le principe de laïcité paraissait ainsi très spécifique à la cohésion française, fort éloignée en cela de modèles étrangers, en Occident comme en Orient. La mondialisation d’une part, et l’individualisation déstructurante des sociétés contemporaines d’autre part, ont doublement remis en cause ce principe. Or, s’il est ancien, il peut tout à fait être adapté aux conditions du moment, pourvu qu’on abandonne la vision militante dont la laïcité s’est longtemps revêtue, tout en travaillant concrètement à la réduction des discriminations de toutes sortes, terreau des extrêmes qui menacent la laïcité.

Alors, la laïcité deviendra autant un résultat qu’un principe. Surtout, consolidée et pragmatique, respectueuse des traditions et des consciences religieuses, elle pourra constituer le socle d’une modernité sociale et renforcer ainsi le modèle européen.

Commentaires

1. Le lundi 28 décembre 2009, 21:47 par

Bonjour, petite précision : le titre du dernier livre de Amin Maalouf est "Le dérèglement du monde" et non pas "le désenchantement du monde" ?
Cordialement.

2. Le lundi 28 décembre 2009, 21:47 par

Oups, je n'avais pas vu que l'erreur avait été prise en compte dans l'analyse avant le devoir.
Milles excuses.

3. Le lundi 28 décembre 2009, 21:47 par Jean-Pierre Gambotti

Ce sujet malgré la simplicité de son libellé est pour moi une interpellation vertigineuse. Je ne me risquerai pas d’y apporter la moindre réponse directe sur le fond car, personnellement, ce qui m’interroge dans la laïcité c’est …la morale. Et ce faisant je serais absolument et définitivement hors sujet, ce qui pour le genre d’épreuve à laquelle est proposée cette réflexion est au minimum maladroit, plus surement suicidaire ! Pourtant dès que j’ai lu le mot laïcité c’est à la morale que j’ai pensé, à son absence tellement prégnante, pour faire dans l’oxymore, que je me demande si l’auteur du sujet ne pose pas justement par défaut, la question de la morale dans la société contemporaine! La Loi de 1905 dispose en son article 1er que la République assure la liberté de conscience. On peut donc poser que la laïcité est la liberté de conscience qui peut se caractériser, selon universalis.fr, par « la faculté laissée à chacun d’entre nous d’adopter librement les doctrines religieuses ou philosophiques qu’il juge bonnes et d’agir en conséquence de ce choix … » Bien. Il s’agit donc d’agir en conscience, mais qui formera cette conscience? Si je me fie à l’intervention du Président Sarkozy au Palais du Latran, plus précisément aux réactions qu’elle a suscitées, il y a du rififi dans les prétendants à la formation de cette conscience. Et à mon sens c’est parce que nous sommes en pleine morale :
« Dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur, même s’il est important qu’il s’en approche, parce qu’il lui manquera toujours la radicalité du sacrifice de sa vie et le charisme d’un engagement porté par l’espérance. »
Ainsi pour conduire notre vie selon les règles du bien et du mal, devons-nous agir en conscience, elle-même formée par des principes philosophiques ou religieux dont l’apprentissage est présentement plutôt dicté que choisi, mais toujours discuté dans ses responsabilités didactiques …
A ce petit jeu du sophisme flou appliqué à la laïcité, le vertige n’est pas loin. Mais en l’occurrence le flou qui procure l’harmonie républicaine est, semble-t-il, préférable dans ce domaine à une problématique clarté.
Bonne année géopolitique…
Jean-Pierre Gambotti

4. Le lundi 28 décembre 2009, 21:47 par DanielB

Bonjour ,
Meilleurs voeux à vous et à votre famille et proches .
Certaines églises , la Catholique et l'Orthodoxe par exemple , ont joué un rôle important dans la résistance identitaire des nations d'où l'incompréhension de la notion de " laïcité " .
C'est le cas de la Pologne que vous mentionnez avec l'Eglise Catholique et de l'Orthodoxe en Serbie .
Au moment ou vous écriviez ces lignes , je visitais la Cathédrale Saint-Sava à Belgrade .
A l'entrée , la cathédrale est en restauration , pendent deux immenses bannières aux couleurs de l'Etat Serbe .
Tres Cordialement
Daniel BESSON

EGEA : une des difficultés du sujet conssite justement à en poser les limites... géographiques : s'agit-il de la France? de l'OOccident ? mais le quel ? de l'Europe ? des démocraties? du monde ?

Ajouter un commentaire

Le code HTML est affiché comme du texte et les adresses web sont automatiquement transformées.

La discussion continue ailleurs

URL de rétrolien : http://www.egeablog.net/index.php?trackback/437

Fil des commentaires de ce billet