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Retraits

Il y a eu un débat animé, la semaine passée, sur AGS, autour de la notion de retrait d'Afghanistan : allez le voir, c'est intéressant.

Du coup, j'ai eu quelques réflexions sur ces histoires de retrait : sans aucune prétention, et sans la charge idéologique qui entoure le sujet d'habitude (du style on est pour / on est contre) : faux problème et mal posé, mais c'est une autre histoire.

1/ Le retrait constituait l'alfa et l'oméga de la politique obamienne, celle sur laquelle il s'est fait élire, en continuité avec la politique bushienne, d'ailleurs. Que constate-t-on : après la réussite du Surge, le retrait américain d'Irak s'accompagne d'un gel politique (dans un pays qui pourtant a vécu un Etat et une laïcité), et d'une recrudescence des combats : et si la réussite du surge n'était que temporaire ?

2/ Dès lors, le débat sur le retrait en Afghanistan pose problème, car on semble vouloir recopier une recette (irakienne) qui ne fonctionne pas forcément. D'où la controverse entre R. Gate et D. Petraeus.... (je la relève dans le discours des ambassadeurs hier)

3/ Oui, mais B. Obama avait une perspective plus large : l'invention de l'Afpak : je crois qu'il faut désormais apprécier la question du retrait afghan dans une perspective régionale. Nombreux sont les commentateurs à dire qu'il faut non seulement considérer le Pakistan, mais aussi l'Inde voire la Chine. Ils ont raison...

4/ mais je me fais une autre réflexion : après un retrait irakien (qui laisserait le chaos à la seule zone sunnite, qui de toute façon est la moins riche en pétrole), un retrait afghan dégagerait des marges de manœuvre, et donc des possibilités d'intervention. Sur d'autres théâtres. Y compris dans cette région entre Moyen Orient et Asie centrale....

Vous avez dit l'Iran ?

O. Kempf

Commentaires

1. Le vendredi 27 août 2010, 22:22 par

L’hypothèse que vous émettez au point 4 m’incite à élargir le questionnement. Il est vrai que les Etats-Unis ont acquis une si mauvaise réputation que lorsqu’ils retirent leurs armes d’un pays l’on suppose aussitôt que c’est avec l’intention d’aller bombarder un autre pays.

Mais l’on peut imaginer une autre hypothèse : ils ont peut-être tout simplement envie d’arrêter les frais. Au sens budgétaire de l’expression. Que l’Administration Obama s’en charge conviendrait assez aux Républicains eux-mêmes parce qu’ils ont la certitude, ou du moins le projet, de revenir au pouvoir. Un retrait effectué par les Démocrates leur laisserait à la fois la faculté de critiquer la politique étrangère de leurs adversaires et une situation budgétaire un peu améliorée. L’on peut donc supposer qu’il y a, aux Etats-Unis, un consensus tacite pour un retrait et que celui-ci ne constitue pas nécessairement la préparation d’une attaque sur une autre cible.

Vous savez, cher Olivier Kempf, que je me livre assez volontiers à un anti-américanisme primaire, semi-séculaire et sincère. Pourtant dans le cas présent l’on assiste peut-être à un infléchissement durable de la politique américaine, sous l’effet de trois facteurs qui ne sont pas à négliger : le déficit budgétaire ; l’Europe qui s’éloigne ; la cohésion interne des Etats-Unis qui devient de moins en moins certaine.

Peut-être assiste-t-on seulement à une péripétie dans une politique incorrigiblement hégémonique, on peut le penser au regard de la médiatisation qui accompagne le retrait d’Irak. Mais peut-être assiste-t-on au début d’un positionnement moins hégémonique, marque d’un siècle qui « ne sera pas américain ». Pour savoir ce qu’il en est vraiment, nous devrons observer le repli, ou non, des bases américaines négociées dans les pays de la région.

égéa : vous avez parfaitement raison. Peut-être formulerais-je différemment votre deuxième cause : est-ce l'Europe qui s'éloigne, ou les États-Unis ? il n'en reste pas moins que vous avez décrit, en peu de mots, le déclin américain.

2. Le vendredi 27 août 2010, 22:22 par Christophe Richard

Bonjour, pour ma part cette question du retrait m'interpelle à un niveau plus opérationnel.
En terme de perception, l'effet risque d'être catastrophique. Il renvoie dans l'imaginaire Afghan au retrait de l'armée rouge, et finalement au lâchage de Najibullah...
Quelles que soient les arrières pensées politiques autour du thème du retrait, je craint comme beaucoup que cela ait surtout un effet particulièrement délétère sur la conduite des opérations.
Quand on a la force objective de son coté, pour la transformer en puissance politique, ce dont il faut avant tout faire preuve, c'est de volonté.
Donc, "partir" si il le faut pour satisfaire les nécessités stratégiques d'une "guerre limité" vis à vis des opinions publiques et ainsi éviter les chocs en retour de ce qui apparaitrait comme une "guerre de cabinet" anachronique en démocratie, mais bien définir ce que signifie "partir" pour satisfaire les nécessités opératives et donner du grain à moudre aux OI.
Je crois que Petraeus est tout a fait dans son rôle de chef militaire dans ce débat.

Pour ce qui est du problème Pakistanais, je ne peux m'empêcher de songer a Carl Schmitt. Sans désigner l'Inde comme l'ennemi, quels ressorts politiques pour une mosaïque ethnique et culturelle aussi jeune que le Pakistan?

Bien cordialement

égéa: oui, au sujet du Pakistan. J'y reviendrai un de ces jours...

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