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Vacances avant déflagration

Tout d'abord, bon 14 juillet, avec une pensée émue pour nos cinq compatrioties, tombés pour la France en Afghanistan. QU'ils reposent en paix, et que cete fête de l'armée soit aussi l'occasion de la reconnaissance de la Nation envers ces héros discrets, et non médiatiques.

Le 14 juillet lance l'heure des vacances, usuellement. J'ai l'impression qu'il faut bien en profiter, car la situation économique paraît de plus en plus explosive, et dépasse le simple cas de la zone euro. J'apprends à l'instant que Moody vient de mettre les USA sous surveillance... Je reproduis ici un article que vous avez peut-être déjà lu, et qui est écrit par un analyste financier, donc beaucoup plus compétent que moi.

source

Il reste que la rentrée va très probablement connaître une déflagration économique. Après, la multitude des facteurs politiques, économiques et sociaux est telle qu'il est extrêmement illusoire de formuler une prospective.... D'une certaine façon, nous avons l'assurance d'une rupture stratégique : la surprise viendra "après".

O. Kempf

Bilan du premier semestre, par Olivier Delamarche, le Président de la société Platinium Gestion

Reprenons, point par point, l'environnement dans lequel nous avons évolué au cours de ce premier semestre.

La Chine est confrontée d'une part, à une forte inflation et tente de la ralentir en montant ses taux, et d'autre part à une bulle immobilière qui ne cesse d'enfler et dont on sait qu'elle contribue largement au montant astronomique de créances pourries dans les banques évaluées autour de 540 MDS de $ soit 10 % du PIB. En outre, 2 000 des 3 000 MDS de réserve de change sont en dollar ce qui, du fait de la politique américaine, est devenue un véritable casse tête pour les autorités chinoises qui aimeraient bien se débarrasser de cette monnaie « fondante » mais qui ont du mal à trouver des acheteurs et des actifs de remplacement(pas le yen pas l'euro….).

Le Japon, déjà en récession avant la catastrophe du 11 mars, est à l'agonie depuis 20 ans, avec un endettement de 225 % avant le tremblement de terre et qui sera probablement de 250 % en 2012.

Ce taux d'endettement qui annihile toute croissance, n'est probablement plus absorbable par une population vieillissante. Il faudra donc aller sur les marchés internationaux où les investisseurs demanderont des taux plus élevés que les taux actuels (1,17 sur 10 ans). Les Japonais ne pourront alors plus payer, et là, fin de l'histoire…

Le Brésil est étranglé par la hausse des taux à plus de 12 % et par celle du real due à la défiance envers les autres monnaies qui pèse sur ses exportations.

La Grande Bretagne, coincée entre récession et inflation utilise la même recette que les américains, la fuite en avant, la planche à billet alors même qu'ils savent que c'est en pure perte puisque l'argent imprimé ne circule pas.

L'Europe, qui a pris une position dogmatique de sauvetage à tout prix de l'euro plutôt que de reconnaître qu'il a été mal conçu au départ, en essayant de gagner un peu de temps, nous enfonce dans la crise et rend la situation de moins en moins maîtrisable.

Les pays aujourd'hui en crise, l'Irlande, la Grèce, le Portugal, l'Espagne ne rembourseront jamais car ils sont structurellement incapables de générer une croissance suffisante pour faire face au coût et au remboursement de leurs dettes.

Combien de temps les peuples des pays en crise vont-ils accepter de se sacrifier sur l'hôtel idéologique d'un euro mal conçu par de petits fonctionnaires européens à la pensée étriquée, pour sauver des banques dont la seule fonction est de distribuer des bonus à ses dirigeants et de tondre leurs clients ?

Combien de temps les peuples des pays soi-disant en bonne santé vont accepter de payer pour les autres et pour éviter la faillite de quelques banques qui ont multiplié les erreurs mais qui ne s'en sentent pas le moins du monde responsables ?

Le Moyen Orient mérite plus que jamais son statut de poudrière avec les révolutions du printemps arabe qui sont loin, pour la plupart, d'avoir connu leur épilogue, avec l'Iran qui continu d'enrichir de l'Uranium pour fabriquer une bombe nucléaire, les Israéliens qui ne pourront pas vivre longtemps avec une telle menace et l'Arabie Saoudite qui elle aussi a peur et qui a annoncé qu'elle se doterait de l'arme nucléaire si l'Iran en avait une.

Le Pakistan, repère de terroristes, qui, lui, a déjà l'arme nucléaire…

Les Etats-Unis, repère de deux terroristes nommés Bernanke et Geithner, qui ont en leur possession deux armes infiniment plus dangereuses que l'arme nucléaire, à savoir la politique monétaire et la dette.

Monsieur Bernanke ne connait qu'une politique, Taux bas et Quantitative Easing (QE), qui a conduit les Etats Unis dans une impasse totale.

Sa politique a échoué complètement et nous en avons la preuve toutes les semaines depuis six mois : le QE ne crée pas d'emploi, le QE ne fait pas repartir l'immobilier, le QE ne relance pas la croissance.

Au vu de la dégradation des chiffres macroéconomique de ces derniers mois, la probabilité d'un double dip augmente même de façon exponentielle !

Le QE consiste à donner de l'argent gratuitement aux banquiers qui l'emploient à spéculer sur les matières premières ou à souscrire aux adjudications du trésor US avec une garantie de rachat par la FED la semaine suivante avec une petite plus-value. Les banques dans ce schéma se gardent bien de financer l'économie, trop risqué pour elles !!!

L'endettement des Etats-Unis, le montant des créances pourries dans les banques, le taux de chômage sont devenus tel aux USA que le risque systémique n'a jamais été aussi élevé.

Dans cet environnement, comme on l'a vu quasi idyllique, qu'ont fait les marchés ?

Sur le FOREX, malgré tout ce qui se passe sur l'Euro, le dollar continue de baisser ce qui laisse imaginer la valeur que l'on peut donner à ces deux monnaies.

D'où la question pour un gérant : en quoi doit-il libeller ses actif s'il ne veut pas perdre toute valeur.

De plus, cela pose la question de la viabilité des fonds euro des assureurs.

Le marché des governement bonds est complètement sinistré en Europe et aux USA. Il va très probablement piéger encore de nombreux investisseurs car, si aujourd'hui il valorise clairement une récession et sert de refuge pour ceux qui fuient les actions, la très forte augmentation de sa volatilité indique qu'il perd son statut d'actif sans risque et que ce marché est sur le point de craquer. Il est en effet incapable d'absorber les montants gigantesques des émissions mondiales.

Le marché des corporate bonds est déjà tellement suracheté que certains sont en taux négatifs sur six/neuf mois.

Les marchés actions, ici il est inutile de chercher la moindre lueur d'intelligence dans le pricing de cet actif, vous perdriez votre temps. Durant tout le premier trimestre, plus les nouvelles étaient mauvaises, plus les marchés montaient car cela impliquait que Monsieur Bernanke allait continuer d'imprimer des dollars. Il a fallut attendre le mois de juin pour voir enfin les marchés baisser avant d'annuler cette baisse en trois jours sur la fin juin. Pendant cette amorce de repli, le discours est resté constant : « le marché n'est pas cher, les résultats sont bons ». Or, s'il est vrai que les résultats sont bons, ils ne vont pas le rester car ils ont été obtenus au prix d'un chômage hors norme, plus structurel que conjoncturel. De plus, le prix d'une action est composé de deux facteurs, la capacité de génération de résultats d'une part et son taux de capitalisation d'autre part. Et sur ce dernier, il y a beaucoup à dire.

Aujourd'hui, les marchés se calent sur des taux de capitalisation historiques, sans tenir compte et du risque considérable engendré par le dérapage mondial de la dette, les créances pourries des banques, et l'utilisation de façon inconsidérée de l'effet de levier, et du changement total de modèle économique avec des pays du troisième âge surendettés (occidentaux) à tous les niveaux et des pays émergents obligés de leur prêter et de ralentir leur croissance interne pour ne pas trop vite aggraver l'état des ancêtres. Rapportez ce schéma à une population ou même à une famille, la conclusion viendra toute seule !

On peut se demander pourquoi, avec un tel environnement, nous ne sommes pas déjà sur les objectifs de nos joyeux prévisionnistes soit 4 500-4 700 sur le CAC 40, 1 450-1 500 sur le S&P 500.

En fait, dans ce contexte, les taux de capitalisation devraient varier entre 7 et 10 et non pas entre 12 et 15 comme actuellement.

Mes objectifs sont donc de 2 000-2 500 sur le CAC 40….550-600 sur le S&P500.

Bon second semestre !

Olivier Delamarche est le Président de la société Platinium Gestion

égéa : en prime, un autre billet déflagrationniste de l'ami Immarigeon, qui m'a d'ailluers signalé ce texte de Delamarche, merci à lui.

Commentaires

1. Le jeudi 14 juillet 2011, 15:48 par fab

Réjouissant!

Le fait que les analystes financiers se rallient aux thèses des Cassandre n'est pas bon signe.

Selon eux, la prochaine étape est la chute de l'empire romain, en direct sur internet!

Pour rester dans la même veine:
http://www.pauljorion.com/blog/

2. Le jeudi 14 juillet 2011, 15:48 par Pierre-Louis

Au delà des chiffres, il est aussi intéressant de voir l'impact que ce genre de chose peut avoir, "sur le terrain". Etant donné que je suis en contact fréquent avec des sapeurs-pompiers d'un peu partout et entre autre, des pompiers Américains, j'ai découvert que dans la quasi-totalité des cas, les budgets des casernes provenaient de paiement dont le montant était en lien direct avec le prix estimé des habitations. En clair, si ma maison vaut 100.000 Dollars je paye moins que celui dont la maison est estimée à 500.000. Mais avec les effets de la crise, le prix de l'immobilier s'est effondré. Résultat, certains budgets de services incendies ont été amputés de 40 à 45%. Certaines casernes n'ont plus l'électricité faute de pouvoir payer les factures. Quant aux "gros camions", les pompiers Américains commence à comprendre leur douleur quand il faut passer à la pompe, et les casernes ferment, les uns après les autres.

3. Le jeudi 14 juillet 2011, 15:48 par yves cadiou

Le système de financement des pompiers en France est différent de celui qui est décrit par Pierre-Louis pour les pompiers américains. J’ai bien connu le système français, dont j’ai eu à m’occuper il y a environ dix ans. Ce que je dis maintenant est dit sous réserve de changements qui se seraient produits depuis lors. Je crois cependant qu’il y a de vieux principes qui sont immuables. L’exemple permet de constater que nos finances publiques sont relativement à l’abri des secousses de la conjoncture et constituent un élément de stabilité économique.
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Dans chaque département les pompiers sont regroupés (quoique, bien sûr, ils sont géographiquement dispersés) dans un « service départemental d’incendie et de secours » (SDIS). Juridiquement c’est un EPA (établissement public administratif) qui est financé par les collectivités territoriales du département (mairies, intercommunalités, conseil général). Ce financement n’est pas susceptible de subir de fortes variations conjoncturelles (contrairement à la situation américaine décrite par Pierre-Louis) pour trois motifs :
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1 une vieille règle budgétaire, la « règle de la non affectation des recettes », qui date de la Restauration et qui est un des aspects du principe d’universalité budgétaire http://fr.wikipedia.org/wiki/Princi...
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2 Nos impôts locaux sont principalement assis sur des éléments de calcul peu susceptibles de variations brutales (la superficie, l’âge…) et assez peu sur des éléments fluctuants (la « valeur locative » d’une propriété foncière entre en ligne de compte mais elle n’est pas souvent révisée et de ce fait elle n’est pas liée aux fluctuations du marché immobilier). Les ressources financières les plus liées aux fluctuations de l’économie sont finalement la TVA, taxe sur la valeur ajoutée, et la TIPP, taxe intérieure sur les produits pétroliers, mais elles ne concernent que le budget de l’Etat et pour une partie seulement (TVA 130 Mds €, TIPP 25 Mds €). Le budget de l’Etat est d’environ 300 Mds € pendant que celui des collectivités territoriales « pèse » 180 Mds €.
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3 Le financement des pompiers est une « dépense obligatoire » pour les collectivités territoriales, c’est-à-dire que si l’une d’elles oublie d’inscrire cette dépense à son budget, le préfet (chargé de contrôler que les budgets sont conformes à la loi) inscrit d’office la dépense.
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La rigidité de notre système de finances publiques, pour le budget des pompiers comme pour tout le reste, est certes contraignante mais elle présente l’avantage de garantir une certaine stabilité et de mettre nos services publics relativement à l’abri des aléas de la conjoncture. Du fait que les services publics sont acheteurs de prestations et de matériels vendus par le privé, ils sont aussi des agents économiques et de ce fait atténuent les secousses du marché.

4. Le jeudi 14 juillet 2011, 15:48 par Boris Friak

Dans le contexte actuel il est intéressant de suivre les notes attribuées par l'agence Dadong international, une agence de notation chinoise.

La dette des EU est cotée AA+, celle de la France AA-. Les dettes souveraines cotées AAA par Dadong sont très peu nombreuses.

Il ne faut jamais oublier qu'une dépréciation des créances détenues est encore plus dommageable pour le créancier que pour le débiteur.

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