Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

Chaos et anarchie

Je vous ai dit tout le bien que je pensais du dernier opus de Joseph. J'en ai tiré une citation qui vient compléter, à mon sens, le billet sur complexe et compliqué.

source

Souvent considéré comme l'égal de l'anarchie, le chaos est cependant ordonné. Il constitue donc le contraire de l'anarchie. Il procède de rationalités certes complexes mais susceptibles d'être appréhendées et comprises. C'est p. 435 de son livre.

Vous remarquerez le lien entre le chaos ordonné, obéissant à des rationalités complexes.

Qu'en pensez-vous ?

O. Kempf

Commentaires

1. Le vendredi 26 août 2011, 19:30 par

Bonsoir,

Cette définition me semble un peu étonnante. en effet anarchie signifie "sans maître" et pas "sans règle" (ce serait anomie pour le coup) donc même l'anarchie implique une certaine forme "d'ordre". Quant au chaos, si l'on en croit les physiciens il est source d'ordre (anti-chaos) mais n'est pas lui même une forme d'ordre; cela me laisse donc un peu perplexe et rejoindrait plutôt le cygne noir de Taleb AMHA.

2. Le vendredi 26 août 2011, 19:30 par yves cadiou

Ce qui est rassurant avec les vieilles querelles, c’est qu’on est à l’abri des surprises. Vous aimez relancer des vieilles querelles : l’autre jour vous avez essayé de relancer B4/B5 mais ça n’a pas beaucoup marché. Aujourd’hui vous en relancez une autre parce qu’il y a deux genres de chaos : celui des matheux et celui des littéraires.

Wikipedia : « la théorie du chaos est une théorie mathématique et physique dédiée à l'étude des systèmes dynamiques » ; « dans la mythologie grecque, le chaos est une entité primordiale d'où naît l'univers. » Quand ils parlent de chaos, les matheux se réfèrent à la première définition, les littéraires à la deuxième.

Mais les matheux sont des gens bizarres. Par exemple pour eux, une droite « normale » est une droite perpendiculaire à un plan. Pour les gens normaux la normalité d’une droite c’est d’être droite, tout simplement. Autre exemple en parlant de droite : les matheux sont des gens qui ne comprennent pas qu’en prenant le chemin le plus court pour aller chercher le pain (descendre trois étages, tourner à droite en sortant, prendre à gauche au coin de la rue) ils démentent leur postulat selon lequel « la ligne droite est le chemin le plus court ».

Je suis peut-être injuste en disant que les matheux sont des gens bizarres. Depuis longtemps je me demande s’ils ne sont pas plutôt des humoristes, des pince-sans-rire. Dans ce cas, le prix d’excellence revient à Euclide, avec ses parallèles qui se rencontrent à l’infini depuis 2500 ans.

Entre nous, quel déconneur cet Euclide, hein ? Bien certain que personne n’ira vérifier ou que peut-être quelques uns iront mais n’en reviendront pas de sitôt : pour aller à l’infini il faut une éternité, et autant pour en revenir, ça laisse le temps de rigoler en imaginant la pagaille (le chaos) que ça doit être là-bas, à l’infini.

Pour vous faire plaisir parce que vous voulez lancer une querelle, en voici une : les matheux sont aussi des gens qui croient qu’il faut être marin pour piloter un avion sous prétexte qu’il décolle d’un bateau et atterrit sur un bateau. Mais ce postulat, l’ALAT (qui ne recrute pas seulement des matheux) vient de le démonter en démontrant que pour les hélicoptères sur un BPC il n’est pas indispensable d’être marin.

----------------------------------

Avez-vous observé, sur le dessin qui illustre votre billet, la singularité de l’axe Z ? Il a un seul sens alors que X et Y ont chacun deux sens. Du coup, je suis allé voir à la source pour trouver l’explication de cette bizarrerie et me suis aperçu qu’il n’y a pas grand’ chose à ajouter à l’article qu’on y trouve concernant le chaos et l’anarchie. Je vous adresse quand-même mon commentaire pour débusquer les matheux humoristes.

égéa : mais non, le plaisir n'est pas seulement de lancer des querelles pour faire du trafic. L'avez vous remarqué ? je place le billet sous la catégorie "planétisation" : il s'agit réellement d'essayer de comprendre ce monde "non hiérarchique" pour les uns, post-wesphalien pour  les autres, réticulaire pour les derniers avec donc une infinité de centres... Cela renvoie d'ailleurs à mon dernier billet sur la surprise stratégique, peut-être le plus novateur de la série et qui, curieusement (à mon étonnement du moins) n'a suscité aucun commentaire. Bref, pas seulement du goût pour la polémique à la française, Yves. Même si parfois j'aime bien, aussi, mettre cent balles dans la machine, in ne se refait pas.

3. Le vendredi 26 août 2011, 19:30 par Pierre AGERON

sur les théories de la complexité, cf les travaux d'André Dauphiné dont
http://www.amazon.fr/th%C3%A9ories-...
appliquées à la géographie mais transférables à ttes les sciences d'organisation

4. Le vendredi 26 août 2011, 19:30 par yves cadiou

La querelle, surtout quand elle se passe entre gens de bonne compagnie (avez-vous observé que l’on dit toujours « gens de bonne compagnie » et jamais « gens de bon escadron » ?), la querelle peut amener de bonnes idées. C’est une sorte de « brainstorming » : sur la quantité d’arguments, de bonne foi ou de mauvaise foi, qui s’entrecroisent dans un effort d’imagination pour tenter de prendre le contradicteur au dépourvu, il peut surgir quelques idées nouvelles qui ne manquent pas d’intérêt. Par conséquent, constater que vous aimez lancer des querelles n’est aucunement un reproche ni même un soupçon de vouloir faire de l’audimat.

Pourquoi votre dernier billet sur la surprise stratégique n’a pas suscité de commentaires, je ne sais pas. Mais je peux vous dire pourquoi il n’en a pas suscité de ma part : timidité. Lorsqu’on le survole avant de le lire, on y observe des termes très mystérieux, certains en italique (rationalité limitée, neuroéconomie ) d’autres écrits normalement comme si de rien n’était (je ne les cite pas pour ne pas dévoiler l’étendue de mon ignorance), mais surtout on y trouve des noms propres, en gras, (Clausewitz, Herbert Simon, Georges Shackle, Slavoj Žižek, Rumsfeld) dont on ignore jusqu’au prénom s’il n’est pas précisé, à l’exception de Donald parce que c’est marrant et à l’exception de Carl. De celui-ci on sait seulement que « von » n’est pas son deuxième prénom et l’on sait aussi, parce qu’on lit à peu près égea, que le centre de gravité est l’endroit où c’est le plus grave (non ? Ce n’est pas ça ? Vous voyez que j’ai raison de rester en retrait). Si je commente je crains de passer pour l’idiot du village virtuel. Au contraire si je ne commente pas je garde le bénéfice du doute. Quant aux autres commentateurs qui se sont abstenus, ce n’est certainement pas pour les motifs ci-dessus : ce peut être aussi parce qu’on est au pire moment des vacances, le moment où l’on prépare la rentrée.

égéa : désolé pour mon pédantisme : j'ai découvert Shackle il y a deux mois, et Internet aidant plus un ou deux articles qu'on m'a passés, font que je peux désormais étaler ma science. Zizek, j'en entends parler depuis un ou deux ans, : commentaires sur égéa, café stratégique, quotidien préféré, .... Homme à la mode, certainement. Herbert Simon est ultra connu chez les économistes, ce que je suis un peu. Les autres, vous les connaissez.

5. Le vendredi 26 août 2011, 19:30 par oodbae

Buongiorno,

+1 pour NM & egea
Il est intéressant de lire le court article auquel l'image est liée. On y lit la conclusion suivante quant à la définition du chaos:
" Le vrai ordre émerge constamment de partout et de nulle part, comme un attracteur étrange, narguant les contrôleurs sur leur écran et défiant leur intelligence. Le chaos est un ordre hors de contrôle… C’est l’ordre moins le pouvoir, comme l’anarchie."


Mise à part la contemplation émerveillée ressortant de la phrase, les huit mots suivants expriment bien la notion de chaos:
"le chaos est un ordre hors de contrôle".

C'est assez clair. On rejoint là les "known unknowns". Il y a bien un ordre mais on ne le connaît pas. Par application à l'art militaire, le général avisé s'adapte au cours de la guerre ou de la bataille, conscient de l'absence de son contrôle sur une part de la guerre, ou de la bataille. Le chaos règne souvent sur un champ de bataille, ou y est au moins toujours présent. C'est pourquoi une bataille ou une guerre semble suivre sa propre vie, parce que son caractère chaotique la soumet à un ordre inconnu.

@Cadiou: Les mathématiciens sont, j'en suis sûr, conscients de ne pas prendre le chemin le plus court vers la boulangerie en descendant 3 étages. Cependant, le chemin le plus court ne signifie pas le plus sûr. Même les mathématiciens possèdent un sens de la survie et il est peu probable que l'un d'entre eux se jette du troisième étage tel Icare, au nom d'un principe d'Euclide déjà connu depuis 2500 ans et dont les limites furent déjà dépassées au XIX par les développements de la géométrie non-euclidienne.
(De plus, il ne faut pas les prendre pour des c***. Est-ce qu'on reproche à un général de ne pas fusiller ses enfants lorsqu'ils refusent d'obéir au beau milieu d'une randonnés familiale?)

En ce qui concerne l'infini, vous semblez bien vous marrer à imaginer le trajet pour le mesurer. Mais ce qui vous fendra encore plus le ciboulot, c'est peut-être de méditer sur cette phrase: "l'univers infini est encore en expansion !!!".

Enfin, un bateau et un avion ont ceci en commun qu'ils flottent tous deux.

Les mathématiciens comprennent le monde à travers sa pureté conceptuelle. C'est pour ça qu'on les prend pour des fous, car tellement de personnes se satisfont de la grossiereté imprécise du monde et de nos sociétés. Mais imaginez un instant quelle ponctualité la SNCF proposerait elle si aucun mathématicien, Euclide par exemple, n'avait inventé le concept de parallélisme. Et même la SNCF existerait elle si aucun mathématicien n'avait rassuré les ingénieurs de la SNCF en leur disant que deux rails parallèles ne se croiseront qu'à l'infini (tant qu'ils sont montés sur un plan euclidien)?

Désolé si ca ne vous fait pas rire. Je n'ai pas d'humour. Mais je ne suis pas mathématicien non plus .

salutations,

6. Le vendredi 26 août 2011, 19:30 par Neo

Ce qui est par contre amusant c'est que le chaos mathématicien est globalement une équation linéaire infinie, à laquelle en vulgarisant au ras des pâquerettes, il manque toujours un paramètre. Soit finalement, un vase en expansion que l'on remplit de variables différentes les unes des autres... J'avoue, pour l'instant il n y a rien de drôle...
Par contre, l’étymologie du mot (khaos en grec ou chaos en latin) correspondait à ce vide absolu qui régnait avant la création de l'univers...
Marrant non ?

égéa : spirituel plus que "marrant", AMHA... MAis intéressant, en tout cas.

Ajouter un commentaire

Le code HTML est affiché comme du texte et les adresses web sont automatiquement transformées.

La discussion continue ailleurs

URL de rétrolien : http://www.egeablog.net/index.php?trackback/1126

Fil des commentaires de ce billet