Binaire et ternaire stratégique
Par Olivier Kempf le mardi 6 septembre 2011, 20:52 - Stratégie - Lien permanent
Je viens d’acquérir deux petits bouquins indispensables :
. et . 
(réf ci-dessous)
J'ai le sentiment qu'on peut raisonner la stratégie à partir d'un certain nombre de dyades (réunion de deux principes opposés et complémentaires.) et triades, qui constituent les éléments fondamentaux d'une "grammaire stratégique".
1/ En rythme ternaire (et non tertiaire comme me le fait gentiment remarquer, à raison, Spurina, merci à lui) :
- la merveilleuse trinité clausewitzienne : politique, stratège, peuple
- Éléments d'un système militaire : hommes, armes, doctrine
- Principes fochiens de la guerre : économie des forces, liberté d'action et couple surprise/sûreté (selon ce qu'en dit Coutau-Bégarie dans son manuel, ce qui m'a surpris puisque je croyais que le troisième principe était la concentration des efforts, mais il apparaîtrait que ce principe a été ajouté ultérieurement : affaire à suivre)
- Facteurs opérationnels : espace, temps, forces
- organisation des forces : mêlée, appui soutien (surface, sous marine, aéronaval ? chasse, bombardement, reconnaissance ?)
2/ En rythme binaire :
- offensive et défensive
- Le rapport sûreté stratégique (extérieur) rentabilité de la bataille/manœuvre (intérieur) (trouvé dans Suire)
- adaptation réactive flèche/bouclier
- dialectique de la stratégie et de la technique
- toutes les frontières (notamment deux à deux dans les triades précédentes) : souveraineté extérieure/intérieure, politico/militaire, stratégique/tactique, ...
3/ L'articulation de ces éléments de la grammaire stratégique suffisait déjà à rendre les choses compliquées. Mais nous suivions encore une approche mécanique, analytique. Or, j'ai l'impression que la réflexion se modifie. Ou, plus exactement, se complexifie, et passe du compliqué au complexe :
- notion d'approche globale
- planétisation et épaisseur des choses
- opérations basées sur les effets (par exemple, passage d'une concentration des efforts à une convergence des effets ?)
- connexion des nouveaux espaces lisses (global commons) : mer, air, cyber, exoespace, ...
- notion de pensée complexe
Pas d'assurance : mais il faut chercher..... (désolé, mais un blog est aussi un instrument de recherche et d'accouchement de pensée)
- Introduction à la stratégie par A. Beaufre
- Introduction à la pensée complexe par E. Morin
- Complexe et compliqué, chaos et anarchie
O. Kempf
Commentaires
Je crains qu'en rythmique l'on dise ternaire et non tertiaire.
Ce commentaire n'a pas vocation à être publié.
egea : mais si. Mais si....Bonjour, bel effort de synthèse, et de sagesse qui nous vient Moyen-Age, qui consiste à manier le rasoir de frère guillaume d’Occam...
La guerre s'y prête bien, du fait du phénomène de polarisation car même lorsqu'on y "joue" à trois, il vaut mieux être l'un des deux.
Je vous propose quant à moi de penser l'utilité politique de la Force (militaire) autour de 3 pôles : Sa crédibilité, sa maîtrise, et sa légitimité.
Bien cordialement
egea : j'avais publié un billet sur le rasoir d'Occam..... Ne le retrouve plus.... Quelle différence faites vous entre crédibilité et légitimité?J'ai publié un article l'an dernier dans DSI (numéro de février 2010) sur cette idée.
disons pour résumer:
La Force (militaire) est un sujet dont la violence est l'objet.
Elle est donc dotée en qualité de sujet d'une dignité d'essence politique qui l'investit d'une légitimité.
Elle doit conserver cette légitimité en restant crédible dans l'usage de la violence (faire mal) tout en maîtrisant cet usage.
L'article développe cette idée en la passant au crible des niveaux tactique, opératif et stratégique où évolue une force militaire.
L'idée en fait était de retrouver des sortes de principes (feux de pâtres) permettant de guider les réflexions dans le cadre des guerres au sein des populations.
Bien cordialement
égéa : merci