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Argentine : au-delà d'une élection

La réélection de Mme Kichner au premier tour n'est pas seulement significative d'un moment politique : elle dit aussi beaucoup de l'Argentine, de la mondialisation, et de l'émergence.

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1/ Le succès de Mme Kirchner fait forcément penser à celui d'Eva Peron. A une seule différence : derrière la beauté et la popularité, la seconde (Cristina) accéda au pouvoir quand la première (Evita) en fut écartée, l'une survécut à son mari (Nestor) quand l'autre mourut précocement. Mais C. Krichner ne fut pas la première présidente argentine, puisque ce fut une autre épouse de Peron, Isabel, qui la précéda à cette fonction.

2/ Le point commun reste le parti peroniste et une popularité qui frise le populisme. La politique sociale est active, et l'Etat subventionne énormément le pouvoir d'achat des Argentins.

3/ L'économie est en pleine renaissance : en effet, après avoir annulé 70 % de la dette publique argentine en 2005, le pays est forcément à l'écart des circuits internationaux de financement. L'exemple argentin ne cesse de hanter les esprits des créanciers grecs. Il reste qu'à la différence de la Grèce, l'Argentine produit, ce qui lui a permis de surmonter à la fois la crise et l'isolement qui suivit...

4/ En effet, sa politique est financée principalement par des productions agricoles, notamment de soja (on notera que la majorité de ce soja est transgénique), vendu notamment à la Chine. Par ailleurs, une politique extrêmement protectionniste permet de protéger les entreprises argentines. On voit donc un combiné de politique non libérale (protection, subventions internes, dévaluation du peso) et extrêmement dérégulée (développement des surfaces cultivées, en OGM pour répondre à la demande chinoise).

5/ Dans le vote d'hier, Il faut donc lire une sorte de revanche sur l'histoire . Car le krichnerisme est aussi une politique des droits de l'homme, qui permet d'effacer la période de la dictature vidaliste. Surtout, il s'agit d'une interprétation particulière de la mondialisation, qui prouve que celle-ci n'est pas aussi "néo-libérale" qu'on ne cesse de nous le dire : cela relativise beaucoup l'émergence, puisque celle-ci est certes un rattrapage économique, mais en faussant les règles du jeu.

6/ Au plan régional, on constatera que les relations demeurent convenables avec le Chili, difficiles avec l'Uruguay (question d'un barrage hydroélectrique géant) et plus cordiales avec le voisin brésilien : ainsi il est plus facile aux Argentins de s'entendre avec ceux qui parlent portugais qu'avec ceux qui parlent espagnol. L'Argentine soutient en revanche l'UNASUR, cette union sud-américaine qui marque une certaine autonomie par rapport à la tutelle états-unienne. Notons enfin la relance d'un programme nucléaire, qui doit être surveillé.

7/ On le voit, le système argentin a beaucoup évolué même si on discerne encore des constantes historiques. Ce pays, considéré comme un des plus riches du monde en 1900 (en richesse par tête), passé par des crises politiques et économiques plus profondes les unes que les autres, est actuellement dans une période de renouveau, malgré la persistance de classes très pauvres et d'inégalités toujours criantes.

O. Kempf

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