Afghanistan dix ans après
Par Olivier Kempf le jeudi 17 novembre 2011, 19:23 - Colloque en stock - Lien permanent
Un certain nombre d'événements, publications et manifestations visent à faire le bilan d'une décennie en Afghanistan. Signalons les pour analyser sereinement, quand il est encore temps, une question qui risque d'être bientôt instrumentée sous des considérations politiciennes.
1/ Signalons tout d'abord le dernier numéro de la Revue de l'OTAN, qui compare les deux pays et pose la question : est-ce le même pays ? pas mal d'articles, intéressant.
2/ Je mentionne également le site de la Documentation française qui consacre une série à l'Afghanistan en guerre, dix ans après le 11 septembre.
3/ Cette même maison organise une conférence débat le 30 novembre prochain, à 17h30 sur le thème « Afghanistan : en sortir ou pas ? », dans le cadre de son cycle « Les mercredis de la Documentation française ».
- Jean de Ponton d’Amécourt, ancien ambassadeur de France en Afghanistan,
- Yves Boyer, professeur à l’École polytechnique et directeur adjoint de la FRS,
- Gérard Fussman, professeur au Collège de France,
- Jean-Luc Racine, directeur de recherche CNRS au Centre d’études de l’Inde et de l’Asie du Sud de l’Ehess,
- et Isabelle Saint- Mezard, docteur en sciences politiques et enseignante à l’Inalco,
feront un bilan, dix ans après le début du conflit afghan, et à la lumière de ses multiples facettes, de l’état des forces en présences et analyseront les perspectives d’avenir de la zone Afpak.
4/ Dans le cadre des publications récentes, rappelons :
- AfPak Afghanistan – Pakistan, n° 50 de la revue Questions internationales de la Documentation française, juillet-août 2011.
- le PE sur AQ et la guerre contre le terrorisme
- L'engagement militaire français en Afghanistan, de O. Barat-Giniès, que j'avais signalé.
O. Kempf
Commentaires
Vous faites allusion, incidemment, à la prochaine élection présidentielle. Elle est déjà dans tous les esprits. Que la question de l’Afghanistan soit « bientôt instrumentée sous des considérations politiciennes », ce serait déjà mieux que de ne pas en parler du tout comme ce fut le cas lors des deux campagnes présidentielles précédentes. Le petit monde politico-médiatique ferait bien de comprendre qu’il ne suffit pas de passer une question sous silence pour qu’elle soit absente des décisions de l’électeur.
Lors de l’élection présidentielle de 2002, l’on peut partiellement attribuer l’échec cuisant du candidat socialiste à son attitude de Premier ministre concernant l’Afghanistan, attitude suiviste et silencieuse qui a dérouté et poussé vers l’abstention ou vers d’autres candidats une partie de l’électorat socialiste. Pour l’élection présidentielle de 2007, la pauvreté des points de vue sur les politiques étrangère et militaire a été remarquée non dans la presse mais sur les systèmes électroniques d’information et de débat qui sont à la disposition de tous désormais : soyons sûrs que l’indigence conceptuelle des candidats a orienté le choix des électeurs vers celui qui, ancien avocat sachant parler à défaut de concevoir, semblait le moins nul.
Que les politiciens parlent bientôt d’Afghanistan, nombreux seront les commentateurs capables d’analyser, publiquement le cas échéant, leurs propos. On commencera par observer que les politiciens mettent ainsi fin à une longue absence sur le sujet.
Babar et Astérix viennent d’intervenir pour nous montrer, si on l’avait oublié, que les élus prennent les électeurs pour des imbéciles, ce qui peut expliquer que l’on tente d’esquiver les questions délicates en s’imaginant que les électeurs n’y penseront pas d’eux-mêmes. Manquer de considération envers les électeurs n’est pas une attitude qui convient en Démocratie. Le débat politique réel a beaucoup changé en dix ans : l’on peut en juger en écoutant les conversations autour de soi dans les lieux publics (pas toujours le café du commerce) où les arguments qu’on entend le plus souvent ne sont plus des arguments repris de la presse comme c’était le cas au XX° siècle.
Au sujet de l’Afghanistan comme de toute autre question les commentateurs attendent de pied ferme sur tous les blogs et sur toutes les listes de diffusion. Essayer d’instrumenter l’Afghanistan, ainsi que plus généralement nos politiques étrangère et militaire, sera aussi risqué que d’essayer de les passer sous silence.
égéa : Babar et Iznogoud, plutôt ?
Le ministre a nommé Babar et Astérix à l’appui de son argumentaire (dimanche 13 novembre sur TF1). Il est vrai qu'il s'agit du ministre de la Jeunesse mais il s'adressait, en principe, à des électeurs adultes.