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Haute-Silésie 1920-1922 de Rémy Porte

Bertrand Quiminal m'adresse cette fiche de lecture de l'ouvrage du Lcl Remi Porte sur la Haute Silésie. L'occasion de rappeler que Remi Porte est un auteur fécond, blogueur qui tient avec régularité le bloc-note "Guerres et conflits (XIXe - XXIe s.) " et qu'en plus, il organise mardi une discussion sur "Guerre prémonitoire ? La perception des conflits balkaniques (1912-1913) dans la presse illustrée française et britannique" qui aura lieu le 15 mai dans les locaux de l'IHA (8 rue du Parc Royal, 75003 Paris) à partir de 18h00. (sans même parler de cafés historiques)

« Haute-Silésie 1920-1922. Laboratoires des « leçons oubliées » de l’armée française et perceptions nationales. » Rémy Porte. Riveneuve éditions, 2009.

Le lieutenant-colonel Rémy Porte nous invite à un voyage passionnant d’information, d’analyse et de réflexion. Au sortir de la Grande Guerre, les populations de Haute-Silésie, toujours en conflit ouvert, sont amenées, après intervention de puissances étrangères, à déterminer pacifiquement par plébiscite leur avenir : Allemagne ou Pologne ? Histoire contemporaine certes, mais comme l’invite du sous-titre le laisse penser, histoire d’une actualité brûlante également.

Un lieu : la Haute-Silésie. Zone continentale, de confrontation endémique entre peuples germaniques et polonais, dont l’enjeu, géostratégique, économique et minier provoquera dans l’histoire des partitions et découpages multiples.

Une Epoque : 1920-1922. L’Europe exsangue de l’après 1914-1918 « ne veut plus jamais ça ». Au travers de la SDN naissante, la Haute-Silésie sera le théâtre d’opérations internationales menées par une « coalition » comprenant la Grande-Bretagne, l’Italie, la France, sous le commandement de cette dernière.

Un objectif atteint. Avec un contingent de 20 000 soldats, principalement français et par des actions diplomatiques, militaires, économiques, sociales, civiles, restaurer la « paix démocratique », nécessaire préalable à la mise en place d’un vrai plébiscite. Objectif réussi, même s’il conduira, après un résultat 60/40%, à la reprise des combats puis à la création d’une zone neutre et in fine à la partition dans l’ordre de la région. Et ceci avec un taux de perte de l’ordre de 0,10% des troupes engagées par la « coalition ». A noter qu’une part significative de ces pertes surviendra lors de la phase finale du retrait.

La solution pour parvenir à un résultat similaire, dans de multiples régions du monde, est toujours activement recherchée de nos jours. « Les leçons oubliées » du livre de Rémy Porte n’en sont que plus précieuses. Quelques exemples, que les forces internationales ont su utilisés en Haute-Silésie : maintien, en les encadrant, des forces de sécurité locales préexistantes, rôle plus souvent policier que militaire, contrôle des frontières, des axes physiques voire électriques (téléphone et télégraphe dès la veille du vote) de circulation, appui auprès des différentes administrations civiles, choix des langues officielles, mais aussi mise en place de circonscriptions électorales respectant les usages déjà en place ou émission de nouveaux timbres-poste pour l’acheminement du courrier.

Élargissant l’enchaînement des causes et conséquences issues du Traité de Versailles bien au-delà de la région de Haute-Silésie, l’érudition de Rémy Porte nous rappelle également que pour éviter une nouvelle déflagration, « gagner la paix » est tout aussi important que « gagner la guerre ». Au-delà bien évidemment des terribles années 1939-1945, les exemples récents ou en cours sont hélas nombreux.

Une période d’évolution majeure dans les relations internationales : l’approche transdisciplinaire de l’auteur permet d’appréhender ce phénomène. Grâce à la richesse des recherches effectuées parmi les archives des différents pays, l’auteur nous guide sûrement dans sa réflexion Ainsi, nous participons « en direct » à la matérialisation d’une évolution historique majeure : l’influence de la guerre et le développement de la guerre d’influence. Grâce aux photographies parues à l’époque dans « L’Illustration », nous visualisons les représentations des différents belligérants. Nous voyons également un char FT17 et quelques soldats, « les vainqueurs de la Grande Guerre », envoyés par la France pour assurer la « sécurité des opérations de vote et contrôle de foule », encerclés de fait par la foule mais pourtant la tenant en respect.

Le traitement recensé et comparé des instructions de chacun des gouvernements, des échanges diplomatiques et des ordres militaires, des articles de presse, montre les difficultés parfois entraînées par l’imbrication ou l’opposition des différentes entités politiques et publiques des pays protagonistes.

Le rôle de la monnaie, de l’endettement public, des symboles et de la psychologie humaine, des ressources agraires, des industries minières, des facteurs syndicaux, religieux….. constituent autant d’éléments utilisés par l’auteur pour appuyer son propos et accompagner le lecteur dans sa réflexion.

« Haute-Silésie 1920-1922 », un ouvrage qui, résolument, transcende un lieu et une époque pour offrir une perspective riche d’enseignements sur les relations internationales dans leur actualité permanente.

B Quiminal

  • MSIE17
  • Ecole de Guerre Economique

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