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Cyberstratégie : l'art de la guerre numérique (B. Boyer)

Je manque à tous mes devoirs : voici en effet le livre d'un auteur prometteur, Bertrand Boyer, officier de son état, en scolarité Sup télécom après l'école de guerre. Je l'avais invité au colloque cyberstratégie, il m'avait apporté cet hiver le manuscrit de son livre que j'avais lu et annoté. J'espérais le publier dans la collection cyberstratégie, mais il a été plus rapide, voulant le publier avant l'été. Or, c'est un bon livre, qui fait bien le point de la question. C'est pourquoi, afin de ne pas l'oublier, il me semble opportun de publier la fiche de lecture qui a été mise en ligne par l'EMSST sur son site, vieille maison que je salue au passage en toute amitié. Et oui, j'ai fauté puisque j’aurais dû le signaler fin juin, lorsque BB me l'a remis... mais fin juin et juillet furent assez actifs...., pour tout vous dire !

source

Je demeure toutefois circonspect quant à la possibilité annoncée de pouvoir "attribuer" les attaques, ce qu'on nous annonce comme un progrès à courte échéance... Un lecteur voudra peut-être nous donner des précisions sur ce point. Bravo en tout cas à B Boyer, que nous reverrons sur nos écrans radars....

O. Kempf

Depuis quelques années la blogosphère stratégique française s’est pris de passion pour le cyberespace. J’avais été très surpris de ne pas voir plus d’articles lors de la publication début juin de « Cyberstratégie : l’art de la guerre numérique » de Bertand Boyer. Alors que les colloques se multiplient, qu’après la chaire Casteix à l’Ecole Militaire, Saint-Cyr a ouvert la sienne, et pendant que le sénateur Bockel planchait sur son rapport, Bertrand Boyer, stagiaire de l’EMSST, publiait un traité particulièrement intéressant dans le cadre de la réflexion sur la stratégie du cyberespace. Mais jusque fin juin, bien peu sur les blogs qui habituellement relais immédiatement toute nouvelle publication.

Un ouvrage à mi-chemin entre la stratégie et la technique

L’intérêt de cet ouvrage est de faire le pont entre le stratégiste et le technicien. Fidèle à l’esprit du général Sabatier, l’auteur fait en permanence des allers-retours entre principes stratégiques classiques et application au cyberespace. Et c’est bien ce qui fait la force de cet ouvrage. Bertrand Boyer, après une première partie de carrière opérationnelle a suivi la formation de l’Ecole de Guerre mais également une scolarité à Télécom Paris. Cette double culture lui permet de parler de concepts techniques qu’il connaît sans noyer le non initié dans un vocabulaire ésotérique, de s’interroger sur la possibilité de transposer les principes stratégiques classiques dans une hypothétique guerre numérique, et de ne pas tomber dans l’alarmisme et l’effet d’annonce trop souvent constaté sur le net.

Un ouvrage original

Elle lui permet aussi de s’engager. La plus grande partie de l’ouvrage n’apprend pas grand chose à l’initié, mais permet de récapituler et de structurer ce qui a déjà été dit, pour présenter ensuite quelques réflexions personnelles de l’auteur qui sont son apport à la réflexion en cours.

  • dissuasion : admettant que l’on ne peut pas calquer la dissuasion nucléaire dans le cyberespace, il semble que la simple déclaration unilatérale de possession d’armes numérique suffit à enclencher un mécanisme de dissuasion.
  • anticipation : la grande guerre numérique débute dès le temps de paix. Le renseignement participe à la constitution même de l’arme numérique.
  • attribution : alors que parmi les banalités sur le cyberespace on retrouve généralement l’impossible attribution, l’auteur se base notamment sur ses travaux pratiques à l’ENST et sa réflexion personnelle pour imaginer que l’évolution normative fera tomber cette barrière.

Bref, un ouvrage à lire rapidement, car dans ce domaine les exemples périment rapidement même si les principes perdurent.

Alors que deux milieux s’affrontent (les techniciens qui suivent des conférences de très haut niveau mais qui ne conduisent pas à l ’élaboration d’une stratégie pour le cyberespace, contre les stratégistes qui affirment que s’affranchissant de la technique, une stratégie naîtra comme par magie de leur réflexion) Bertrand Boyer a sa place dans les deux. C’est ce genre d’auteurs qui fera avancer le débat : « Le type d’officier réellement moderne, capable et seul capable d’embrasser l’ensemble des problèmes militaires où s’enchevêtrent de plus en plus les questions tactiques et techniques, est le type de l’officier technicien qui a ensuite acquis la formation classique du commandement. »(Gal Sabatier).

B. Piot

Commentaires

1. Le samedi 18 août 2012, 19:47 par Ouvrage

Le titre est bien trouvé

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