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Apple, ses emprunts et la géopolitique financière du monde comme il va (mal) (BQ)

Petit texte proposé par B. Quiminal : Intéressant de mêler cyber et guerre économique.... merci à lui. O. Kempf

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Exercice de Géopolitique Financière? Non, ceci n'est pas un exercice.

Apple vient d'annoncer un emprunt obligataire record de USD 17 milliards. Il s'agirait là du deuxième emprunt obligataire le plus important de l'histoire financière émanant d'une société commerciale privée (le montant précédent, datant de à 2009, s'élevait à USD 16,5 milliards).

Le groupe Apple, icône de la société contemporaine, techniciste, informationnelle et consumériste, connaîtrait-elle des difficultés à payer en fin de mois ses salariés?

Telle la République de Chypre, pour d'obtenir un prêt du trio UE/BCE/FMI d'un montant de € 10 milliards, le Conseil d'Administration d'Apple devrait-il se réunir en urgence pour voter un Plan de Sauvetage?

Non. Le 23 avril dernier, Apple annonçait déjà par communiqué de presse: "...le Conseil a augmenté son autorisation de rachat d’actions à 60 milliards de dollars par rapport aux 10 milliards de dollars annoncés en 2012. Cette autorisation de rachat d’actions, la plus importante de l’histoire, devrait être réalisée d’ici la fin de l’année civile 2015."

Le groupe y précisait également: "Apple figure parmi les sociétés qui distribuent le plus de dividendes mondialement, avec un montant annuel d’environ 11 milliards de dollars. Parallèlement à ce programme d’augmentation de rémunération du capital, la Société envisage d’emprunter et devrait très prochainement donner des précisions sur ce point."

Un emprunt géant de USD 17 milliards donc; pourtant le groupe Apple affiche 145 milliards de dollars de liquidités sur ses comptes à fin mars. Une grosse partie des fonds se situant sur des comptes à l'étranger, il aurait été jugé en effet préférable d'emprunter plutôt que de les rapatrier.

"La dette est très bon marché en ce moment aux Etats-Unis et l'argent d'Apple à l'étranger rapporte probablement plus en intérêt que ce que l'emprunt va lui coûter. En plus, ramener l'argent aux Etats-Unis occasionnerait des taxes élevées, rendant l'opération encore moins attractive financièrement", explique ainsi à l'AFP Robert Enderle, un analyste spécialisé dans le secteur technologique

Tous comme les Etats ayant pu ensuite massivement emprunter au travers de marchés financiers qu'ils avaient eux-mêmes dérégulés durant les années 1980 -la France en fût d'ailleurs le laboratoire d'expérimentation-, les entreprises commerciales comme Apple, et leurs conseils, mettent simplement à profit les opportunités qui leur sont proposées.

Opportunités offertes au travers des marchés financiers certes. Mais surtout grâce aux labyrinthes fiscaux permis par des Etats qui, par ailleurs, s'affirment comme désespérément à la recherche de ressources budgétaires. Aux confins, aux intersections de ces labyrinthes se rejoignent entreprises, marchés financiers, comptes bancaires, Powers et Soft Powers, fiscalités, actionnaires, dirigeants. Car les affrontements se livrant dans ces "zones tribales" non-souverainistes peuvent être très lucratifs.

Une voie est d'augmenter les taux de taxation, de créer de nouveaux impôts; une autre est d'élargir et d'approfondir la base et les gisements fiscaux désormais transformés; tels une matière première, dont l'énergie du foyer se serait déplacée du feu de camp à une centrale nucléaire. La levée en masse de l'impôt a caractérisé et permis la naissance des Etats modernes, leur souveraineté. Une faillite face aux nouvelles conditions de levée les menace désormais. Quelles voies les Etats vont-ils emprunter pour survivre: laisser-faire, modification des frontières et des modalités de l'impôt, prédation économique et fiscale?

Sources: Apple, AFP, Boursorama

Achevé de rédiger le 2 mai 2013

Bertrand Quiminal

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