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Cyberterrorisme : un discours plus qu'une réalité

Il y a quelques années, quand j'ai commencé ce blog de géopolitique, je regardais avec grande admiration le travail effectué par Yves Lacoste. J'avais lu dès 1983 deux de ses livres... J'achetais de temps en temps Hérodote, la revue de géopolitique et la trouvais carrément bien. Et quelque part, je rêvais d'y écrire. Et bien voilà : c'est fait. Les fiertés qu'on a n'existent qu'à hauteur des admirations qu'on a ressenties préalablement. C'est donc avec ce mélange de joie et d'humilité que je vous l'annonce, simplement. Ainsi, un article sur la notion de cyberterrorisme, qui est je crois assez novateur par certains aspects. Vous trouverez ci-dessous l'introduction. Mais précipitez vous pour ce numéro double sur le cyber (tout le détail et la présentation ici), il est de toute façon passionnant.

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Le 21 octobre 2013, un think-tank israélien publiait son quatrième rapport sur le cyberterrorisme . Le rapport signalait les forums jihadistes en ligne, la notion de loup solitaire, les conversations autour de PRISM , les activités de l’armée électronique syrienne, l’annonce par les cyberguerriers de al-Din al-Qassam de la phase 4 de leur opération Anabil contre le système bancaire américain, le développement d’attaques hybrides par le cybercrime, un tableau de l’activité des hackers iraniens, la désignation par la Réserve Fédérale de Liberty Reserve comme un opérateur de blanchiment d’argent.

Le lecteur est frappé par l’hétérogénéité des faits mentionnés et s’interroge forcément sur les objectifs réels de ce rapport. Il vient d’un des pays les plus en pointe en matière de cyberdéfense, dans une zone où le terrorisme est le plus actif. Pour autant, le rapport ne convainc pas vraiment de l’évidence du cyberterrorisme qu’il prétend décrire. Toutefois, il vient illustrer à quel point le cyberterrorisme est un mot utilisé dans le débat stratégique.

Le cyberterrorisme est une notion qui paraît à la confluence de deux innovations stratégiques majeures de ces dernières années : le terrorisme, qui a pris une importance centrale à la suite des attentats contre le World Trade Center en 2001 ; et le cyberespace, perçu comme un espace stratégique depuis les attaques contre l’Estonie (2007) ou l’affaire Stuxnet (2010), et intéressant à ce titre la géopolitique. Pour autant, le rapprochement des deux n’est pas aussi évident que le discours dominant tend à le présenter. Le cyberterrorisme paraît plus complexe qu’un simple terrorisme dans le cyberespace.

Ainsi, cet article a pour ambition tout d’abord de déterminer les caractéristiques d’un éventuel cyberterrorisme. Relativiser la notion aide alors à comprendre que le cyberterrorisme est une représentation américaine. Toutefois, relativiser ce discours dominant permet de mieux appréhender la réalité du terrorisme dans le cyberespace.

Résumé : Le cyberterrorisme est mentionné depuis plus de dix ans comme un des dangers majeurs du cyberespace. Il sert d’ailleurs à justifier nombre de mesures de surveillance généralisée du cyberespace. Pourtant, l’expérience ne donne aucun exemple de « cyberterrorisme » : il semble bien qu’il s’agisse plus d’un discours (d’une représentation) servant à légitimer une politique de « domination » des réseaux. Les Etats-Unis sont les premiers à développer une telle attitude. Toutefois, cela ne signifie pas pour autant que les terroristes n’utilisent pas le cyberespace, mais selon des voies détournées. Ainsi, le cyberespace serait pour les terroristes plus un outil qu’une cible.

Résumé anglais Cyberterrorism is mentioned over ten years as one of the major dangers of cyberspace. It also serves to justify plenty of general measures of cyberspace surveillance. However, experience shows no example of "cyberterrorism" : it seems it is first one speech (representation) used to legitimize a policy of "domination" of networks. The United States is the first to develop such an attitude. However, this does not mean that the terrorists do not use cyberspace, but in a roundabout way. Thus, cyberspace would be for terrorists more a tool than a target.

Olivier Kempf

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