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vendredi 10 juillet 2009

Bulgarie : à l'occasion des élections

Les élections bulgares ont donc eu lieu ce week-end. (voir articles ici et ici)

Cela nous amène à revenir sur ce pays, emblématique à bien des égards.

carte_bulgarie.jpg (carte issue du site europa-planet.com)

1/ C'est tout d'abord un pays des Balkans, au sens propre, puisque la chaîne des Balkans le prend en écharpe au nord de Sofia. C'est un pays riverain de la mer Noire, mais qui a perdu son accès à la mer Egée à la suite des différentes guerres balkaniques. D'ailleurs, la forme du pays a beaucoup varié (perte à un moment de toute la Roumélie, c'est à dire ce qui est au sud de la chaîne des Balkans...).

2/ C'est un pays à la fois slave et orthodoxe (même si l'islam a beaucoup dominé pendant cinq siècles, et que la religion orthodoxe est revenue tardivement). A cet égard, il est extrêmement proche de la Serbie et au-delà de la Yougoslavie : mais celles-ci ont été variablement colonisées plus tardivement, ce qui explique peut-être les difficultés plus nombreuses des années 1990. Slave (le bulgare paraît très proche du slavon, et étonnamment proche du russe). Orthodoxe, puisque Cyrille et Méthode, inventeurs du cyrillique, évangélisèrent la Bulgarie.

3/ Toutefois, il a été durablement occupé par l'empire Ottoman (cinq siècles) et n'a donc pas été au croisement d'influences diverses, comme d'autre s pays de la région proches soit de l'empire russe, soit de l'empire austro-hongrois, soit de la Royal Navy. Il y a donc eu une certain homogénéité, et donc relativement peu de troubles existentiels. L'identité bulgare est durablement marquée par Constantinople. Cela explique d'ailleurs que la capitale, Sofia, ait été choisie à l'extrême ouest du pays, au p^lus loin de la frontière avec la Turquie.

4/ Il reste que le pays nouvellement indépendant (fin XIX°) a eu un XX° siècle défavorisé : il a choisi l'alliance avec l'Allemagne à chaque guerre et n'a donc jamais été vainqueur. Il a ensuite été "occupé" par le communisme soviétique. Toutefois, la proximité identitaire avec la Russie empêche qu'il y ait un ressentiment plus profond que ce qu'on peut connaître en Tchéquie ou en Pologne.

5/ L'ancrage à l'ouest se fait lentement (intégration de l'Otan puis de l'UE), avec une énorme corruption. Toutefois, le pays est tenu, il est un stabilisateur des Balkans, a une attitude responsable en Mer Noire et cherche à développer de nouveaux moyens de coopération avec Ankara comme avec Moscou (gazoduc Southstream). Il reste toutefois très attaché à développer de bonnes relations avec l'Occident (accord de bases de transit aux Américains, envoi de troupes en Irak). De nos jours, il commence à s'intéresser aux perspectives PESD de défense européenne, et la France pourrait utilement chercher à nouer des partenariats avec Sofia, et ne pas se concentrer uniquement sur la Roumanie.

6/ Les élections (voir résultats) ont vu l'apparition d'une liste xénophobe (question rom) mais la liste de la minorité turcophone a eu du succès (cela pose question). Le parti de l'ex-roi Siméon n'a pu dépasser le seuil des 5 % et n'envoie pas de députés (voir ici).

O. Kempf

Références :

  • Le site Courrier des Balkans et sa page bulgare
  • Le blog de l'ambassadeur de France en Bulgarie : vue de sofia
  • Le blog d'un expatrié : ici.