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mercredi 11 mai 2016

Quelle destruction créatrice de l'UE ?

Pas un jour sans qu'un article, un édito, une tribune ou un essai ne constate la panne de l'Europe. Le diagnostic est assez connu pour qu'il ne soit pas besoin d'y revenir. Là où les choses se compliquent, c'est lorqu'on passe au stade des propositions. Car tout le monde a l'air désormais de passer par pertes et profits l'actuel système européen (les "institutions"). Fort bien, mais comment "passer à autre chose" ?

https://ladestructioncreatrice.files.wordpress.com/2015/01/image-article-v-1.jpg Source

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dimanche 15 juillet 2012

L'Europe entre division et rétrécissement

La division ou plutôt le rétrécissement, semble désormais l’horizon de la survie européenne.

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Constatons tout d’abord qu’elle signifie l’abandon de la ligne stratégique d’élargissement, qui avait orienté l’Union au long des années 2000. On discutait à n’en plus finir du choix entre élargissement et approfondissement. Mais la nécessaire réunification européenne, et la concurrence de l’Otan (qui élargissait à tout va) avaient eu raison des prudences. On s’était retrouvé en 2007 sur les bords de la mer Noire tout en cherchant à surmonter l’échec du référendum sur le traité constitutionnel en 2005. L’arrêt des élargissements s’était focalisé sur le cas turc. Et si on admet des élargissements mineurs (la Croatie ou l’Islande), nul n’imagine d’accueillir aujourd’hui un grand pays.

Toutefois, ...

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mercredi 9 mai 2012

Un week-end d’élections

Il y a donc eu plusieurs élections ce week-end. Et si celle qui eut lieu en France fut importante, le plus intéressant réside dans la comparaison des différents résultats.

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mardi 1 novembre 2011

L'Europe à 3 ou 4 vitesses

L’abasourdissante décision grecque de faire valider l'accord européen par référendum nous place à un de ces moments historiques : pour le coup, on n'a pas besoin de politiciens nous communiquant que l'accord qu'ils viennent de signer au cœur de l'été est historique alors qu'il a fallu aussitôt mettre l'ouvrage sur le métier pour rafistoler le tissu. Pour le coup, voilà une décision fracassante, à portée historique et européenne. L'Europe, et donc la France, abordent désormais des eaux extrêmement troublées dont on ne sait pas s'il sera possible de les traverser sans heurts. Signalons toutefois la première victime : le mythe de l'Europe unie vient de succomber. Dorénavant, il y aura une Europe à plusieurs vitesses.

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jeudi 27 octobre 2011

Recentrage européo-euro

De l'intervention du président ce soir, je retiens quelques aspects géopolitiques.

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jeudi 6 octobre 2011

Barroso, l'état de l'union et Mme Merkel.

C'est un discours qui a quinze jours.... et qui est pourtant sensationnel : Prononcé à moitié en français ( je ne sais si c'est l'habitude) et pour les passages politiques, quand les passages économiques sont dits en anglais...

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Le fond est incroyable, et illustre, si besoin était, les difficultés actuelles de l'Europe. Cela renvoie à la déclaration d'hier de Mme Merkel, qui accepte une révision des traités pour plus de gouvernance...... "Réviser les traités européens ne doit pas être un tabou" a-t-elle dit, acceptant même l'idée qu'il faille recapitaliser les banques européennes "L'Allemagne est prête, si nécessaire, à réaliser une telle recapitalisation").

La crise aiguë ...

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lundi 3 octobre 2011

Europe : quelques signes positifs

Alors que le Frensh bashing s'est mué en European bashing, moyen facile de se décharger vers les autres des problèmes intérieurs qu'on ne veut pas voir (et, l'air de rien, d'enfoncer la tête du malade qui a eu l'audace de créer une monnaie rivale du dollar), alors que la faillite (réelle) du Minnesota en juillet n'inquiète personne quand celle de la Grèce (pas encore avérée, quoique...) inquiète tout le monde, il est bon de mentionner quelques lueurs d'espoir dans ce gloomy stream.

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mardi 12 avril 2011

Pendant ce temps-là, en Europe.....

Pendant ce temps-là, pendant toutes ces opérations nombreuses (Libye, RCI, Afghanistan, printemps arabe,...) ou ces choses qui intéressent les médias (crise financière européenne, nucléaire japonais), il faut continuer à observer d'autres informations, matrices ces événements à venir.

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vendredi 4 février 2011

Droits de l'homme et UE, par G. Proust

ça peut paraître anecdotique, mais les évenements au voisinage européen (voir ici) posent une vraie question : l'UE, qui est si paisible, si favorable au droits de l'homme, a-t-elle réellement une action ? Surtout, n'y a-t-il pas une concurrence avec le Conseil de l'Europe (celui créé en 1950, et dont dépend la cour européenne des droits de l'homme) ?

UE_et_DH.jpg

Le texte que je vous propose ce soir répond en partie à cette question. Il est écrit par Géraldine Proust, qui travaille à la Direction Communication, Presse et Protocole du Comité des Régions (Union Européenne). Je la remercie vivement de ce texte de référence.

O. Kempf

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dimanche 5 décembre 2010

Europe, crise et surprise stratégique

J'avais évoqué l'Irlande, grand symptôme de la crise économico-financière qui balaye en ce moment l'Europe : je vous avais annoncé un billet sur la dimension plus continentale de cette crise. Nous y voici.

phot_europe_de_nuit.jpg

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vendredi 11 juin 2010

gouvernances européennes

Deux articles passionnants posent la question des gouvernances européennes.

1/ Nathalie Guibert évoque (Minée par une grave crise budgétaire, l'OTAN réfléchit à sa réforme, Monde d'hier soir) la question de la gouvernance de l'Otan : on sent que l'intégration otanienne, structurée, ne donne pas satisfaction avec énormément d'agences qui payent 70 % de sous-traitants... Cela renvoie aux propositions de la commission Albright, encore plus radicales. Surtout, l'Otan manque clairement de "contrôle de gestion" : elle vit encore selon une approche budgétaire totalement décalée et, en fait, obsolète. Surtout, le problème n'est pas dans la "structure militaire" (les états-majors) mais dans la structure civile (Bruxelles et agences). Je ne suis pas sûr qu'une fusion au profit des civils soit la meilleure solution, n'en déplaise au SG.

Mais cela montre surtout que "l'institutionnel" n'est pas forcément la panacée. Même si on aperçoit qu'à la suite des décisions de rigueur allemande ou anglaise (annoncée), la France ne sera plus forcément seule dans son discours de la réforme et sa volonté de mener une RGPP de l'alliance.....

2/ Philippe Ricard (Pilotage de l'économie européenne : le débat franco-allemand s'étend à l'UE, Monde de ce soir) rend compte de la volonté française d'instituer un secrétariat de l'euro. Cela fait penser à la volonté d'un état-major européen pour la PSCD, contrée par l'opposition anglaise. Pour l'euro, l'opposition est allemande (appuyée par GB et Pologne), face à un front français (Italie, Espagne, Grèce et Belgique). Mais autant dans le cas otanien, il y a "trop" de structure, autant il faut convenir ici qu'il n'y en a pas assez.

3/ Ces deux papiers illustrent les difficultés de gouvernance européenne? LE problème, pourtant, va au-delà : il s'agit d'abord de gouvernement. On lira l'excellent papier de JP Maulny, de l'IRIS, qui explique pourquoi il faut aller encore plus bas, constater la mort de la PESD puis de l'Otan, avant de renaître : la leçon vaut pour l'UE : elle doit sans doute mourir pour renaître.... Si c'est possible. (cet article est en ligne, lui... pour ceux du Monde, achetez le journal).

O. Kempf

lundi 17 mai 2010

Europe : une heure de vérité MAJ

Souvent, l'expression croisée des chemins ou heure de vérité est utilisée par les auteurs d'articles qui ne savent pas intituler leurs textes; Et souvent, c'est inadapté, car s'il y a toujours des décisions à prendre, on est rarement placé à des carrefours stratégiques qui décident réellement de l'histoire.

(image trouvée sur médiapart)

C'est donc conscient de l'abus de l'expression que je l'emploie. L'Europe paraît à l'heure de vérité.

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mercredi 5 mai 2010

UE : intégration ou désintégration ?

Il faut lire l'excellent article de Bernard Guetta dans Libération de ce matin : "l'incertain accouchement de l'Europe".

Tout est juste.

La première pharse : " Intégration ou désintégration, c’est l’heure du choix."

et la dernière : "pour l'heure, au bord du gué, l'Europe va mal".

Mais au fond, parler de choix revient à dire qu'on a encore les moyens de réagir. Or, les décisions passées, et notamment le retard de réaction européenne à la crise grecque depuis janvier font que je crains qu'il ne soit trop tard : l'évolution ne dépend plus seulement de nos choix, mais aussi du cours des événements. Et la déferlante qui a agité les marchés, comme la "vague de mer" (et non la brise de mer aus échos e grand banditisme) s'est ruée sur les rivages dela Méditerranée, montre que les circonstances décideront à notre place.

Autrement dit : l'Europe ne me semble plus maîtresse de son destin. Cela ne veut pas dire que le pire est sûr.

O. Kempf

vendredi 30 avril 2010

Scénario noir (n°2)

Le précédent scénario noir partait de l’économie. L’attaque des marchés contre le Portugal semble le valider. Il y a toutefois un autre scénario noir, pas seulement économique.

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vendredi 23 avril 2010

Scénario noir

Imaginons un scénario noir. Mais possible.

1/ Les soi-disantes résolutions européennes pour venir en aide à la Grèce ne tiennent pas longtemps. Finalement, les marchés viennent tester le dispositif et on s'aperçoit rapidement que ni le FMI, ni la solidarité de l'UE ne réussissent à sauver la mise en faillite de la Grèce.

2/ Aussitôt, les marchés attaquent les autres points faibles d'Eurolande, Espagne ou Irlande ou Italie ou France. Autant dire que l'euro explose. La crise latente de l'Union européenne devient désormais explicite. On ne peut plus compter sur la solidarité européenne.

3/ Les économies subissent alors une purge : tout d'abord, une sévère récession avec une baisse violente du pouvoir d'achat, accompagnée d'une inflation très vigoureuse, seul moyen de gommer les montagnes de dettes. Accessoirement, l'Allemagne subit au moins autant que les autres, puisque plus personne n'achète ses produits, trop chers. Et elle se raidit encore plus quand elle voit la grosse inflation revenir, elle si vertueuse qui avait tant cherché à éviter cela.

4/ Les troubles sociaux éclatent de ci de là. Ils s'articulent à tous les mouvements populistes européens qu'on a vu émerger ces dernières années. Notamment, les logiques du bouc émissaire se font extrêmement présentes, suivant une modalité girardienne.

5/ Les violences éclatent, d'abord limités puis transfrontalières, selon une continuité des populations (hongrois par ici, roumains par là, flamands ou catalans ou padaniens...).

Pas brillant ? non, mais possible.

O. Kempf

samedi 23 janvier 2010

De la puissance humanitaire : une vocation européenne ?

Je n'ai pas parlé jusqu'à présent de la catastrophe d'Haïti. Dans le billet d’Alain Frachon, on trouve trois idées qui méritent l’attention :

  • L’humanitaire est un facteur de puissance
  • La logistique est un démonstrateur de puissance
  • L’Europe, qui prétend être la championne de l’humanitaire, n’est pas présente.

carte_haiti.gif

Voilà peut-être des clefs pour dégager des idées de ce qui vient de se passer.

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lundi 4 janvier 2010

L'Europe après Lisbonne : thème du mois AGS

Le nouveau thème du mois sur alliance géostratégique s'intitule : « l’Europe après Lisbonne ». Il a déjà provoqué des réactions : le débat est lancé.....

europe_after_lisboa.jpg

Nous n’avons pas voulu réduire le sujet à « l’Europe de la défense », même si c’est évidemment la première chose qui vient à l’esprit :

  • la nouvelle PSDC (Politique de Sécurité et de Défense Commune) trouvera-t-elle les voies de son expression ?
  • Quel mécano organique faut-il envisager à Bruxelles, entre les nouveaux acteurs (MM. Barroso, van Rompuy, Mme Halton) ?
  • Comment travaillera le futur Service Européen pour l’Action Extérieure (SEAE) ?
  • Comment y intégrer (le faut-il ?) les structures existantes : Direction de Planification et de Gestion des Crises (CPMD), Capacité Civile de Planification et de Conduite (CPCC), État-major de l’UE (EMUE), Centre de Situation (SITCEN) ?
  • Quels liens prévoir entre le haut-représentant et le président du comité militaire ?

L’Europe après Lisbonne, c’est également la question de son unité : elle est arrivée divisée au sommet de Copenhague, alors qu’elle possédait des positions de force; l’échec de la conférence fut d’abord celui de sa désunion.

  • Celle-ci va-t-elle s’accentuer avec Lisbonne, surtout si les conservateurs eurosceptiques arrivent au pouvoir en Grande-bretagne ?
  • Le moteur franco-allemand, qu’on nous dit repartir, sera-t-il aussi vigoureux qu’espéré ?
  • Faut-il relancer le triangle de Weimar (Paris-Berlin-Varsovie) comme le soutien à Mr Westewelle, le nouveau ministre des affaires étrangères allemand ?
  • Faut-il au contraire accepter cette faiblesse apparente, qui est au fond le vrai point fort de l’Europe ?

L’Europe après Lisbonne, c’est enfin celle de ses relations avec le monde.

  • La direction est-ouest est la plus évidente : quel partenariat inventer avec la Russie (discussions de sécurité européenne, réforme de l’OSCE, traité FCE, gazoducs, etc) ? Quelle relation avec l’Amérique, finalement bien éloignée malgré toutes les protestations, et alors que l’Europe la suit sans enthousiasme en Afghanistan ?
  • Mais c’est aussi l’axe nord-sud : au nord, tout d’abord, trop souvent négligé alors que le cercle polaire apparaît le centre de tous les intérêts et que l’Europe l’ignore; au sud, évidemment, avec l’inévitable question de l’avenir de l’UPM, de la question israélo-palestinienne, de la question turque, de la question chypriote; mais aussi des rapports avec l’Afrique ou l’Amérique du sud, qu’il faudrait réinventer…

Réf :

  • Sur les pouvoirs du HR : ici
  • Sur les intentions de M. Westerwelle : ici
  • Sur M. van Rompuy : ici

O. Kempf

jeudi 11 juin 2009

Belgication européenne

Les élections européennes se sont donc tenues dimanche dernier, en même temps que les élections libanaises (voir l'éditorial d'AGS sur le sujet).

Et pourtant, plus que d'une libanisation (découpage électoral selon des communautés fondées sur l'appartenance religieuse), j'ai plutôt l'impression que le scrutin européen témoigne d'une belgication.

Qu'est-ce à dire ?

Que la Belgique a échoué à construire un cadre politique national à partir du moment où les partis n'étaient pas trans-communautaires, mais spécialisés dans chaque région (flamande, wallonne, bruxelloise et eupenoise). Du coup, le système électoral a forcé des ressorts régionaux (qui préexistaient, j'en suis d'accord) au lieu de pousser à une intégration nationale, selon un modèle suisse.

S'agissant de l'Europe, c'est la même chose. Les listes sont nationales, du coup les thèmes électoraux sont nationaux. Cela favorise mécaniquement les extrêmes (plus ou moins racistes et xénophobes, c'est selon) ou les partis anti-européens. Pas conséquent, à mesure que le temps passe, le désintérêt pour la chose politique européenne s'amoindrit, puisqu'on vote selon des critères nationaux pour désigner un corps politique qui n'est pas national : là est la cause majeure de l'abstention grandissante, à mon sens.

Si l'on voulait lutter contre l'abstention, il faudrait forcer des listes multinationales. Illogique ? pourquoi, puisqu'il s'agit d'un critère fondamental pour la formation des groupes parlementaires au PE. Chaque liste devrait se présenter dans un nombre minimal de pays (quatre ?) avec des candidats venant d'au-moins ces quatre pays, et dans des positions éligibles (selon un critère démographique, par exemple). Par conséquent, le programme développé se ferait sur des thèmes européens, et motiverait l'intérêt.

La solution paraît donc simple. La seule question tient à sa faisabilité, comme on dit maintenant. Pour le coup, rien n'est moins sûr.....

O. Kempf

dimanche 10 mai 2009

Fatigue des élargissements

Dans la sphère européenne de sécurité, on observe une nette fatigue des élargissements.

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1/ S'agissant de l'Alliance Atlantique, l'affaire a commencé au sommet de Bucarest (voir mon billet), et confirmé au sommet de Strasbourg-Kehl (voir mon billet ici sur ce sujet, et celui-ci sur les partenariats). Le refus d'accueillir l'Ukraine et la Géorgie est symbolique de la fin d'une dynamique initiée au milieu des années 1990. Il y aura certes encore de nouveaux membres. Ainsi, la Suède et la Finlande sont très proches d'ouvrir très officiellement le débat chez elles. Mais on ne voit pas très bien comment aller plus loin, y compris dans les Balkans (la Grèce a maintenu son veto contre la Macédoine - ARYM, et on voit peu de progrès en Bosnie, au Monténégro, sans même parler du refus serbe de rejoindre l'alliance).

2/ C'est que l'élargissement, qui avait du sens géopolitique entre 1996 et 2004, n'en a plus aujourd'hui. Car les Alliés se posent la question : quelle valeur ajoutée un tel élargissement apportera-t-il ? une augmentation de notre sécurité commune ? beaucoup en doutent, surtout que l'Alliance a bien d'autres soucis, opérationnels. Sans compter qu'on assiste à un raidissement russe sur la question. Je conviens que celui-ci est probablement surjoué, comme les acteurs qui en font trop (voir les réactions disproportionnées sur l'exercice Otan en Géorgie). Il reste que personne n'a vraiment envie, aujourd'hui, de continuer de provoquer le Kremlin.

3/ De côté de l'UE, on assiste à une problématique similaire : La Slovénie imite la Grèce et pose son veto à l'entrée de la Croatie, pour des raisons de frontières maritimes (vous savez, la frontière, ce truc inutile qui devait disparaître grâce à la construction européenne qui nous assurerait demain un "monde sans frontières"). Et si l'Islande a envie de rejoindre l'UE pour bénéficier de l'euro, personne ne voit les marges de l'Europe intégrer à terme l'UE.

4/ De même, les marges orientales voient la construction d'un partenariat oriental. On ne louera jamais assez la Pologne pour cette proposition à mon sens utile. Elle imite, toutes choses égales par ailleurs, les projets d'Union pour la Méditerranée (voir ce billet sur la Méditerranée, centre ou périphérie)). Cela renvoie à ce que je disais l'an dernier sur les limites du théorème européen de l'élargissement pacifiant.

5/ La conclusion commune à ces deux fatigues d'élargissement est limpide : nous sommes sortis collectivement de l'illusion que l'élargissement est la solution à tout. Même si ce n'est pas aussi formellement énoncé dans une politique collective (et à l'heure d'une campagne pour les élections européennes, ce pourrait être une excellent thème de débat...), chacun ressent bien qu'il faut trouver d'autres manières de dialoguer avec ses confins. N'y a-t-il pas là matrice à une doctrine de politique étrangère européenne ?

Olivier Kempf

vendredi 13 février 2009

45ème Wehrkunde : suite des discours

Je clos ici la lecture des discours (liste des discours) donnés à la 45ème conférence de sécurité de Munich, début février, et enfin mis en ligne. Voir mon précédent billet.

Discours de N. Sarkozy (ici en français)

Tout d'abord, l'affirmation d'un concept : non pas unipolaire ou multipolaire, le monde est autre : "Nous sommes dans un monde de « puissances relatives ». Du coup, l'unilatéralisme américain a vécu : Une seule puissance ne peut pas régler les grands conflits du monde. Et le président d'ajouter : Quand il y a « des puissances relatives », alors il faut la solidarité et la coopération. Le XXIe siècle sera le siècle de la coopération et de la solidarité. C’est pourquoi, d’ailleurs, je suis tellement attaché à l’amitié avec les Etats-Unis d’Amérique. L’amitié en alliés indépendants et respectueux chacun de ses valeurs. Je trouve que pour un atlantisme, c'est une déclaration d'amour fort distante. Le modèle américain a-t-il vécu ?

Vient la question des élargissements : "devenir membre de l’Union européenne ou devenir membre de l’OTAN, ce n’est pas un droit. Et plus loin : parce que quand on rentre dans l’OTAN, on assume sa part de responsabilités. Dès lors, N. Sarkozy rappelle (avec un style... oral) le ciment actuel franco-allemand : J’ajoute : le partage du fardeau, chacun a du prorata. Je partage ce qui a été dit s’agissant de l’Ukraine et de la Géorgie. Nous avions avec Angela au Sommet de Bucarest, partagé la même conviction et dit les mêmes choses.

A propos de la Russie, à cause du gaz et de la guerre géorgienne, il convient qu' il y a une méfiance croissante entre l’Union européenne et la Russie.Mais aussitôt, il estime qu'il n'y a pas de risque : Il faut restaurer la confiance. (...) Je ne crois pas que la Russie d’aujourd’hui soit une menace militaire pour l’Union européenne et pour l’OTAN. J’ajoute qu’il serait quand même invraisemblable, avec tous les problèmes que porte le monde, que d’organiser une confrontation entre la Russie et l’Europe.

Alors arrive la vraie nouveauté de ce mois de février, l'annonce d'une nouvelle perspective : je pense qu’un objectif serait qu’un jour, entre l’Union européenne et la Russie, nous construisions un espace économique et humain commun. A mon sens, il y a plus là que le simple suivisme de la proposition Medvedev : il y a une profonde émancipation vis-à-vis des Etats-Unis. Non pas que M. Sarkozy n'ait pas été sincère, au début de son septennat, dans son américanophilie. Mais la crise est passée par là, et la désillusion économique traduit peut-être la fin d'un rêve. On lira mon billet où je présentais cette évolution, qui se trouve ici confirmée.

Et immédiatement, il lie la question pan-européenne à l'océan du nord, sujet "brûlant" (si on me pardonne ce mauvais jeu de mot) et que j'évoque régulièrement dans ce blog. A propos de l’Arctique. Le réchauffement climatique conduit à quoi ? L’ouverture de la route du Nord. ''On ne va pas faire de l’Arctique le nouveau territoire d’un conflit entre les Etats-Unis, la Russie et l’Union européenne, cela n’aurait absolument aucun sens''. Ainsi, le président ne se range pas derrière l'Amérique dans l'opposition actuelle qui la confronte à la Russie.

Au sujet de la dissuasion, je note ses paroles, qui expriment un rapprochement avec la Grande-Bretagne : Cela posera d’ailleurs, dans l’avenir, la question de la complémentarité entre ces puissances nucléaires, forcément indépendantes, et la sécurité de l’Europe dans son ensemble. Il y aurait ainsi un partage des rôles : avec la GB, les affaires militaires et nucléaires (dont ne veulent pas les Allemands) ; avec l'Allemagne, la direction du dialogue avec la Russie et l'écriture d'un nouveau modèle de sécurité pan-européen.

Je remarque enfin l'expression de la doctrine bruxelliste, que j'avais été le premier à déceler il y a deux ans (voir mon article dans DNSC en nov 2007), et qui n'a jamais été aussi nettement exposée par le président : Dans mon esprit les choses sont claires : c’est l’Europe de la Défense et l’Otan, pas l’Europe de la Défense ou l’OTAN. Les deux ensemble.

Discours de J de Hoop Scheffer (voir ici)

Tout d'abord, JHS explique qu'il ne va pas parler de l'Afghanistan, contrairement à l'habitude : symboliquement, cela illustre un certain désengagement psychologique. C'est que chacun pressent qu'il y a bien d'autres sujets à évoquer, même si l'Afghanistan demeure essentiel.

IL note d'abord le besoin de parler à l'est : I believe that there are two partnerships that need to be fundamentally strengthened: the relationship between Russia and the West; and the relationship between the United States and Europe. Toutefois, ce dialogue est une négociation? Répondant aux Russes qui appellent à une négociation sur les traités de limitation des armements, il dit : But I cannot see how we can have a serious discussion of such a new architecture, in which President Medvedev himself says “territorial integrity” is a primary element, when Russia is building bases inside Georgia, which doesn’t want them. IL n'accepte pas le principe d'un veto russe à des élargissements de l'Otan, et déplore la fermeture de la base khirghize de Manas.

A propos des relations avec les US, il explique son inquiétude d'une sorte de découplage, les Européens abandonnant les Américains : I am frankly concerned when I hear the US planning a major commitment for Afghanistan, but other Allies already ruling out doing more Il ajoute donc : in the transatlantic relationship as well, our aspirations for a healthier, more sustainable partnership can only work if both parties do their share. C'est le partage du fardeau qui revient. A ceci près que cette expression (burdensharing) désignait autrefois les dépenses de défense inégales entre les deux rives del'Atlantique. Le nouveau fardeau se paye désormais en hommes sur le terrain.

Car si l'administration Obama, explique-t-il, fait des choses que les Européens ont demandé (climat, Guantanamo, il sera normal que les Européens fassent, eux-aussi, un pas en avant.

Il donne ensuite quelques précisions sur le processus d'écriture d'un nouveau concept, processus qui sera lancé à Kehl-Strasbourg (et adopté au sommet suivant). Le concept devra déterminer le rôle du Conseil OTAN-Russie, la relation OTAN-UE (vers un Berlin + à l'envers), le dialogue avec les autres OI, et notamment les Nations-Unies, et enfin et surtout : Enfin, le nouveau concept stratégique doit aussi élargir la manière dont nous comprenons le "cœur de métier" de l'OTAN, comme je l'exposais au début de mon intervention: rendre plus sûr et plus stable l'espace euro-atlantique, et y promouvoir la démocratie. Nous ne devons pas nous limiter à la défense collective, mais réfléchir aussi à la sécurité collective, et à la dimension humaine de la sécurité. On ne sera pas surpris qu'il précise que le nouveau concept devra évoquer la défense contre les cyber-attaques, en matière de sécurité énergétique - sur les mers, par exemple, ou en protégeant les goulets d'étranglements des flux énergétiques, et aux conséquences du changement climatique.

Ce discours est très complémentaire de celui qu'il a prononcé jeudi devant l'AN (voir mon billet ici).

Le discours d'A. Merkel est toujours en allemand. On pourra en lire un TB compte-rendu chez Victor, ici. Merci Victor !

ON lira enfin les interventions de MM. Holbrooke (ici) et Petraeus (ici)

O. Kempf

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