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dimanche 11 mars 2012

Jeu transatlantique

Pour les États-Unis, l'Europe n'est ni un problème ni une solution (H. Védrine). Pour l'Europe, les États-Unis ne sont plus une solution, et déjà un obstacle, sinon un problème.

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dimanche 12 juin 2011

Bob Gates et l'Europe

Robert Gates, le secrétaire d’État américain à la défense, a donc asséné un discours carabiné à Bruxelles, lors de sa tournée d'adieu : en effet, l'homme qui a servi les deux présidents Bush et le président Obama, qui a conduit la guerre d’Afghanistan et a été réticent à celle de Libye, cet homme est sur le départ. Son profil consensuel n'en fait pas un apôtre du néo-conservatisme: on est loin du kaganisme pur et dur à la mode "l'Amérique est Mars et l'Europe est Vénus", comme dans "La puissance et la faiblesse" (bon bouquin au demeurant, même s'il a été écrit par un néo-conservateur).

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Et ses remarques, qui ont attiré les commentaires des grands média (Figaro, Monde, Bruxelles2), méritent d'être commentées.

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samedi 21 novembre 2009

Atlantide et Atlantique

Je signale un billet très fouillé faisant le point de toutes les hypothèses, des plus structurées aux plus farfelues, sur "l'Atlantide".

Pourquoi en parler sur EGéA ?

  • parce que les mythes sont utiles à comprendre des réalités, et que s'il ne faut pas les prendre au pied de la lettre, ils peuvent indiquer des vérités concrètes, et pas seulement symboliques
  • parce que c'est un mythe "occidental"
  • parce que l'Atlantide se trouverait à la porte de l'Atlantique, et symboliserait l'orientation de l'Europe vers l'ouest
  • parce que le A d'EGEA signifie atlantiques, et que j'ai une certaine faiblesse pour cet océan

Peu importe donc de savoir où se trouve l'Atlantide, ni même s'il a existé. Le plus intéressant réside dans l'actualité de ce mythe, et l'intérêt qu'il continue de susciter. Comme si, inconsciemment, on voulait trouver une origine commune et transatlantique à l'Occident moderne. Ainsi, nous "Occidentaux" pourrions dire "nos ancêtres les Atlantes".

Là est probablement une des raisons de cet engouement pour la question. Un engouement moderne et durable, qui mérite d'être remarqué en tant que tel. D'une certaine façon, une "représentation" collective, intéressante justement parce qu'elle est au croisement de plusieurs mythes : le lien transatlantique, la culture grecque (Platon), la science ... Que des mythes "occidentaux".

L'Atlantide serait le creuset d'une identification culturelle commune et partagée. Cela va donc bien au-delà de l'intérêt pour le bizarre et du mauvais ésotérisme.

Et ça motive l'intérêt de la géopolitique.

O. Kempf

samedi 26 septembre 2009

L'affaiblissement transatlantique

Constater l'arrêt programmé de la politique britannique du grand large, c'est aussi s'interroger sur l'affaiblissement du lien transatlantique. Or, il tire sa source, principalement, des États-Unis : ça a vraiment commencé sous Clinton, ça s'est poursuivi avec Bush, et il en est de même, quoi qu'on en dise, avec BHO.

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En fait, l'affaiblissement transatlantique est d'abord la résultante d'un désintérêt américain. Mais surtout, il est la conséquence de l'affaiblissement américain.

Ou encore : ce ne serait pas parce que la puissance américaine s'intéresserait à autre chose que le lien transatlantique fléchirait, c'est parce que leur puissance fléchit que les États-Unis n'ont plus la force de porter ce lien transatlantique. Ce qu'on ne sait pas, c'est si la réciproque est vraie : le lien transatlantique renforce-t-il encore les États-Unis ?

A noter que cela a des répercussions ailleurs : ainsi, la Pologne, traditionnellement américanophile, virerait-elle sa cuti (voir ici ce qu'en dit J. Quatremer). Quand à la défense européenne, brocardée par JDM (voir ma fiche de lecture), elle aurait selon N. Gros-Verheyde des vertus qu'on ne voit pas assez.

Bref, le paysage bougerait plus rapidement qu'il ne semble.

O. Kempf

jeudi 10 septembre 2009

L'avenir de l'alliance euro-américaine

1/ Il faut signaler le dernier numéro de "Politique américaine", qui paraît aux éditions Choiseul : "L'avenir de l'alliance euro-américaine".

Comme d'habitude, l'article de J. Dufourcq permet de faire un point lumineux sur le sujet, alors que les meilleurs esprits s'interrogent,dans les cénacles spécialisés, sur la question : en effet, la révision du concept stratégique force chaque capitale à réfléchir à ses positions.

On lira aussi Christian Olson, et Stanley Sloan, mais aussi - et surtout- des considérations sur les relations avec la Russie (Gardner, Gheciu).

2/ Faisons simple : il s'agit de trouver l'architecture qui conciliera :

  • le souhait des pays européens de conserver une relation transatlantique privilégiée
  • le souhait américain d'utiliser l'outil otanien dans leur grande stratégie asiatique
  • la lente émergence de l'UE en matière de défense
  • le besoin européen d'organiser des relations avec une Russie qui, quoiqu'on en dise, a évolué et réclame un cadre de coopération
  • la nécessité d'appréhender les marges : au sud avec la Méditerranée et, plus loin, l'Afrique ; le nord avec l'Arctique ; l'Orient avec le Proche Orient et le Caucase, et au-delà Moyen Orient et Asie centrale.
  • la définition des liaisons avec les autres acteurs (ONU, OCE, UA)

Cette réponse devra, pour chacun de ses points, avoir deux dimensions :

  • une géopolitique (Acceptabilité politique, intrication avec les autres dimensions RI) et les grands risques actuels (démographie, écologie, basculement vers l'Asie) et les conséquences économiques (BITD).
  • une de défense, cf le débat des deux guerres, et ses différentes conséquences : en termes capacitaires, mais aussi conceptuelles, (approche globale, réforme de structure, modalités de l'article 5), dimensions anciennes et nouvelles (nucléaire, cyber, terrorisme, maritime, renseignement, interagence, ...)

O. Kempf

lundi 27 juillet 2009

Les Europes et Obama

Évoquer les relations transatlantiques (thème du mois d'AGS) suppose une certaine stabilité. Or, si e thème est intéressant c'est parce qu'on s'interroge sur la variation américaine, due au changement de présidence.

1/ B. Obama a donné les messages qu'il fallait pour se réconcilier avec l'Europe : mots doux à propos de Guantanamo, lettre à l'alliance atlantique, discours du Caire qui semble mettre un terme à la ligne huntingtonienne de l'administration Bush, politesse sur l'Europe de la défense, adoucissement concernant le protocole de Kyoto, etc.

2/ Force est de constater qu'il n' pas été suivi de retour :

  • aucun renfort conséquent en Afghanistan
  • pas d'accueil des prisonniers de Guantanamo

Bref, rien de ce qu'il espérait des Européens ne s'est concrétisé. Comme par ailleurs il ne rencontre ps vraiment plus de succès en politique étrangère, c'est pour lui frustrant. Du coup, le ressentiment laisse la place à l'indifférence (voir ici) et il n'a plus rien à dire ni à demander aux Européens (voir ici)

3/ DU coup, les priorités européennes d'Obama ne sont pas celles où on l'attend. Il s'agit du nucléaire et de la Russie. A chaque fois, pour résoudre le problème iranien.

4/ Le nucléaire, en partant de l'illusion que le désarmement convaincra l'Iran de respecter l'esprit du TNP. voir ici. C'est le sens du discours de Prague.

5/ La Russie en espérant qu'elle acceptera de suivre les Etats-Unis dans les pressions sur Téhéran voir ici. Moyens : en gelant pour cela le Bouclier anti-missile (qui coûte cher et qui est peu crédible), et en décalant le soutien à l'Ukraine et à la Géorgie (c. le voyage actuel de J. Biden dans la région, ù il ne parle que de démocratie.... ce qui est plein de sous entendus).

6/ Cela n'arrange pas les Europe. Car elles sont ici plusieurs.

7/ L'Europe orientale est déçue. La Tchéquie et la Pologne qui ont pris des risques politiques pour le BAM voient que l'affaire tombe à l'eau.

8/ Les pays nucléaires de l'Europe occidentale ne sont pas ravis du nouveau discours nucléaire (même si la question est moins problématique en Grande-Bretagne, qui s'en accommoderait mieux, alors que le nucléaire est encore dogmatique en rance.

9/ On observe ainsi des déceptions réciproques qui ne sont pas dites, tout se passe en famille : on préfère taire qu'évoquer, quitte à ne plus vraiment se parler, sauf lors des mariages et des baptêmes : les fêtes de famille qui ne servent qu'à ça.

EN langage international, ça s'appelle des sommets.

O. Kempf

lundi 13 juillet 2009

Encore un voyage d'Obama en Europe.

Ainsi, Obama est encore venu en Europe. C'est la troisième fois, après la série G20 OTAN Prague, puis le passage par Auschwitz et les plages du débarquement au retour du Caire. Et plus il vient, moins il a de choses à dire.

Oh ! oui, les G X (5, 7, 8, 13+1, 14, 20, 35, 716, 678942788431, ... ) ne servent à rien. D'accord.

Mais là, ça a encore moins servi que d'habitude.

L'accord avec les Russes sur le nucléaire ? lisez ce billet, vous verrez que c'est du pipeau. Même le truc le plus embêtant (le nucléaire) peine à convaincre.

Alors ?

Alors, est-ce seulement une affaire transatlantique, ou est-ce la diplomatie Obama dans son ensemble ?

O. Kempf

lundi 6 juillet 2009

B. Obama et la Russie

Ainsi donc, B. Obama est en Russie.

Juste une question : et si on assistait à une sorte de retournement d'alliance (tel que celui imaginé avec l'Iran) : USA et Russie s'alliant (pour le pôle Nord, pour l'Asie centrale, pour circonvenir la Chine), quitte à délaisser l'Europe ?

Juste une question.... car en géopolitique, il faut envisager l'inenvisageable....

O. Kempf

mercredi 15 avril 2009

Du périple européen de M. Obama

La séquence de la semaine dernière a été donc celle du séjour européen de M. Obama : G 20 (voir billet), sommet de l'Otan, discours de Prague, étape stambouliote.

1/ Commençons par le moins important : le sommet de l'Otan. En fait, malgré toutes les avances (Guantanamo, déclarations polies, passage obligé sur le renforcement de l'Europe de la défense, stratégie afghane euro-compatible), le président Obama n'a émis qu'une demande : des troupes. Encore l'a-t-il fait sotto voce, car il a vite constaté que malgré tous les efforts, les Européens n'en avaient cure. On a eu peine à additionner 5000 hommes de renforcement pour l'été, à l'occasion de la présidentielle.

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Il a pu en tirer plusieurs conclusions :

- Les néo-conservateurs n'avaient peut-être pas totalement tort quand ils dénonçaient la pusillanimité européenne, pratiquant à double titre le principe du passager clandestin : tant pour les dépenses de défense (qui vont aller en diminuant encore) que pour les engagements de troupes. Cela peut s'expliquer de ce côté-ci de l'Atlantique (après tout, pourquoi pas?), Cela se comprend beaucoup moins aux environs du Potomak.

- Du coup, il a les coudées franches pour faire ce qu'il veut en "AfPak", d'autant qu'il a mis les moyens, avec le "surge", de forcer la décision. Que cela s'avère efficace dans la durée est une autre affaire : il ne demandera plus leur avis aux Européens.

- Enfin, il s'est rangé aux critiques anti-otaniennes qui font florès aux Etats-Unis. On a cru qu'il s'agissait d'un prurit bushiste. C'est oublier que la réticence envers l'AA date de la campagne du Kossovo, menée, ne l'oublions pas, par M. Clinton. En clair, ce sont les démocrates qui les premiers ont dénoncé l'inanité de l'AA. Obama a constaté, très rapidement, que rien n'avait fondamentalement changé dix ans plus tard. L'égoïsme européen fait plus pour détruire l'Alliance que les rodomontades des anti-Otan canal historique. Cela étant dit, cet égoïsme ne favorise pas plus la construction de la défense européenne, (on lira à ce sujet l'édito de Carl von C. dans le dernier DSI). Et que la seule solution semble être, logiquement, le repliement sur soi de chaque Etat. M. Sarkozy serait ainsi beaucoup plus gaulliste qu'on ne le dit, et qu'il n'en a probablement conscience.

2/ Un voyage inutile, donc, entre un G 20 peu convaincant et un sommet de l'AA décevant ? Oh! que non. D'abord, car le plus important, à Londres, a été la rencontre avec Medvedev. On se reportera à la déclaration officielle, ou au CR de l'AFP.

120860915.jpg Qu'on les résume :

  • - affirmation des obligations prévues par l'art VI du TNP
  • - négociation d'un nouveau traité appelé à remplacer START avec CR intermédiaire dès le mois de juillet
  • - engagement à discuter des nouvelles conditions d'une défense anti-missile
  • - soutien à l'AIEA, à l'initiative globale contre le terrorisme nucléaire,,
  • - engagement du Pdt Obama à ratifier le TICE (interdiction des essais nucléaires)
  • - promotion d'un nouveau traité interdisant la production de matières fissiles
  • - considérations communes sur la Corée du nord et l'Iran.

Mais le point clef est probablement plus loin : "nous avons commencé les discussions que la sécurité et la stabilité en Europe". On cite la proposition du président Medvedev faite en juillet dernier, et on cite le Conseil Otan-Russie à égalité avec l'OSCE.

Je ne crois pas qu'il s'agit seulement d'une politesse (on fait semblant de reprendre le dialogue entre super grand comme au bon vieux temps, afin de faire plaisir à Medvedev) : au contraire, la sécurité européenne se fera sur une base américano-russe, les Européens étant associés à la marge, et l'Otan n'étant qu'une option parmi d'autres..... et à égalité avec l'OSCE..... !

3/ Le troisième événement du voyage est bien sûr le discours de Prague : non qu'il ait eu lieu à l'occasion d'un sommet USA/UE, mais parce que le président Obama a donné son principe : il faut un désarmement nucléaire. C'est l'alternative au BAM. Ce désarmement passe dans un premier temps par :

- la négociation du successeur du START permettra de réduire l'arsenal américain, mais aussi "nous chercherons à inclure dans cette entreprise tous les Etats dotés de l'arme nucléaire". La France est loin d'être satisfaite de cette position.... - ratification du TICE - promotion d'un nouveau traité interdisant la production de matières fissiles

Le désarmement est suivi, dans un deuxième temps, d'une promotion de la non prolifération, par la consolidation du TNP. , avec notamment la création d'une banque internationale d'approvisionnement en combustible nucléaire.

On le voit, là encore, les objectifs bushiens demeurent, mais la méthode change. On verra si elle est couronnée d'effets.

Conclusion

L'insistance sur le nucléaire n'est pas anodine. Elle constitue en fait l'outil qui va permettre d'animer une approche commune à deux théâtres, mais aussi d'une certaine façon au troisième :

- elle permet d'avoir une politique européenne

- elle permet d'avoir de nouvelles propositions avec l'Iran, et donc d'alléger la dépendance états-unienne à Israël

- elle permet enfin de considérer le problème de l'AfPak : ce n'est plus le terrorisme qui est dangereux (par lui-même), c'est le fait que le Pakistan, puissance nucléaire, soit dans une grande instabilité.

Je reviendrai, bien évidemment, sur l'ensemble de ces éléments.

O. Kempf