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dimanche 20 mai 2012

Karzaï, nouveau Najibullah ?

Il est temps de se réintéresser à l’Afghanistan. En effet, on ne l’apercevait que sous l’angle opérationnel, qu’il s’agisse de COIN ou de retrait. Mais désormais, les préoccupations politiques reviennent au-devant de la scène. Et toute la question, désormais, consiste à laisser en place un régime qui puisse survivre suffisamment longtemps après le départ des Occidentaux pour que sa chute éventuelle lui soit imputée, et non au seul départ des Occidentaux. Bref il s’agit de mettre en place un scénario à la Najibullah.

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samedi 20 mars 2010

Lueurs afghanes

Un article du Figaro de jeudi donne le la : on associe, prudemment, les mots "victoire" et Afghanistan". Certes, aussitôt pour expliquer qu'il y a risque de défaite politique.

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mercredi 24 février 2010

Afghanistan, le doute saisit l'Occident

Je suis donc (comme annoncé ici) passé hier sur France 24, interrogé par Gauthier Rybinski. L'excellent Charles m'a grillé la politesse et s'est dépéché de le publier sur la toute nouvelle AGS TV.

Vous pouvez le visionner directement sur France 24 (excellente chaine au demeurant, la BBC World à la française).

Et puis vous pouvez aussi le lire directement ici sur you tube

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J'y dis que la guerre n'est pas forcément perdue, que l'Occident a une vision toujours supérieure (ces barbares ont le droit de tuer, nous n'avons pas le droit de faire des bavures), que les deux opinions publiques sont la cible de chacun des belligérants (non, je n'ai pas prononcé le nom de Clausewitz, mais je l'ai pensé très fort), ...

La quart d'heure de gloire warholien est donc rempli... Il y a même un type, à la cantine, qui m'a dit "mais vous êtes passé hier sur France 24" : encore un lecteur d'égéa .... super physionomiste, car se souvenant du gars qui causait dans le poste.....

Quoi qu'il en soit, et où que vous le regardiez, si vous pouviez mettre vos commentaires sous ce billet...

O. Kempf

mardi 16 février 2010

L'enjeu afghan d'O. Hubac et M. Anquez

Deux jeunes auteurs publient un excellent bouquin sur l'enjeu afghan : nul doute qu'il va très rapidement devenir la référence en langue française sur le sujet.

Livre_Enjeu_Afghan.JPG

Ils ont bien voulu répondre à mes questions, alors que le livre sort aujourd'hui en librairie : en plus chez un vrai éditeur, convaincu et enthousiaste. Mais à lire l'entretien, vous aurez, c'est sûr, envie de lire le livre. Merci à eux.

"L'enjeu afghan : la défaite interdite" par Olivier Hubac et Matthieu Anquez, chez André Versaille éditeur, février 2010, 281 pages, deux cartes, etc... 19,90 euros.

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mercredi 2 décembre 2009

Obama : tout ça pour ça ?

1/ Le président Obama a donc rendu publique sa décision :

  • acceptation de la stratégie Mc Chrystal
  • un renfort de 30.000 hommes, plus l'ajout de 10.000 de la part des alliés (la France augmenterait de 1.500 h son contingent).
  • l'annonce du retrait, avec un premier début dès 2011 (avant donc les élections de 2012).

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jeudi 22 octobre 2009

Afghanistan : un mieux

Quand j'ai commencé ce billet, l'article de Benoit Durieux n'était pas encore paru et je n'en avais donc pas eu connaissance : la coïncidence n'est pas fortuite. Car de quoi s'agit-il ?

Face au pessimisme ambiant et controuvé (du style « mais qu’est ce- qu’on fout là-bas » ou « l’Afghanistan, nouveau Viet Nam »), souvent le fait d’observateurs dont le point de vue ne s’élève guère au-dessus du zinc (je parle du zinc de comptoir, non celui qui s’envole des bases aériennes), il faut dégager les voies de progrès qu’on peut observer en Afghanistan.

carte_afghanistan.jpg

Rappelons tout d’abord le but de guerre des Occidentaux : empêcher que l’Afghanistan ne redevienne une base arrière du terrorisme international. On en dira ce qu’on voudra, mais il s’agit vraiment de cela : dénier à l’adversaire l’utilisation d’un espace géographique.

Quel est l’horizon ? montrer des résultats tangibles d’ici 2012 (élections américaines et française). Résultats, ce qui ne veut pas dire succès, paix, victoire, .....

Par quoi cela passe-t-il ? par : une action soutenue contre les adversaires, l’afghanisation, la reconstruction, et un dialogue régional.

  • S’agissant de l’action contre les adversaires : incontestablement, et quoi qu'on en dise, les Occidentaux obtiennent des résultats. Depuis combien de temps n'a-t-on pas entendu parler de bavure de l'aviation ? les Talebs avaient promis d'empêcher les élections, elles ont eu lieu. Enfin, de façon plus déterminante (que l'on parle d'AfPak, de PakAf ou de PAkPak, selon les tergiversations en cours à Washington), les Pakistanais maîtrisent (plus ou moins, je le concède, mais au moins y sont-ils) le nord-Waziristan, tandis qu'ils viennent de lancer une opération majeure dans le Waziristan du sud. En clair, on exploite les succès de l'été. En clair aussi, les Talebs pakistanais ont fait une erreur d'attaquer Islamabad. Le raidissement pakistanais, amène peu à peu la ligne Duran à se fermer. Et puisqu'on est à comparer avec des guerres d'un autre âge, cela rappelle, mutatis mutandis (et donc par d'autres moyens), la fermeture de ligne Morice entre Tunisie et Algérie il y a un demi-siècle. Il en ressort que l'action sera plus aisée en Afghanistan.
  • S'agissant de l'afghanisation : cela fait longtemps que sur ce blog, j'explique qu'il faut faire confiance aux valeurs que nous prônons. La tenue des élections, et surtout le principe d'un second tour pallient largement tous les défauts que les intégristes démocrates trouveront au processus (corruption, bourrage d'urnes, intimidations, etc.). Au moins, la morale est-elle sauve : plus que Karzaï, ce sont les valeurs occidentales que nous sommes censés soutenir là-bas qui viennent de gagner. Symboliquement, c'est une victoire.
  • S'agissant des deux derniers points (reconstruction et dialogue régional), les résultats tardent à se manifester.

Ce tableau mitigé est donc bien loin du pessimisme grégaire qui a cours et je rejoins ainsi, par d'autres voies, le discours de Benoît. Il permet de comprendre deux choses :

  • d'une part, cela explique largement les hésitations obamiennes à propos de la suite : renfort, combien, et pour quoi faire ? Il falliat que les élections passassent.
  • d'autre part, cela relativise les échecs qui s'annonçaient pour le président Obama, et que j'avais été prompt à mettre en exergue. Il y a peut-être une voie de sortie, ce qui légitimera a posteriori la stratégie suivie. Cela sera d'autant plus éclatant si un accord est trouvé avec les Iraniens. Alors, ces deux succès tactiques permettront de consolider les positions ailleurs : sur la question du système de santé à l'intérieur, sur la question climatique à l'extérieur (à Copenhague, non loin d'Oslo où le président US recevra, à la même époque, son prix Nobel).

Mais c'est une autre histoire.

O. Kempf

Sur la ligne Morice: plein d'images

dimanche 11 octobre 2009

Les décisions d'Obama au sujet de l'Afghanistan

Passons donc au sujet qui vous intéresse tous, bien moins pipeule (pipeau ?) que le Nobel : quelle décision prendra B. Obama au sujet de l'Afghanistan ?

carte_afghanistan.jpg (carte issue de www.tourist-office.org/carte/760/afghanistan.jpg)

1/ Un article de Joe Klein, dans la dernière édition de Time Magazine datée du 19 octobre et pas encore en ligne, en donne une idée.

2/ En effet, tout Washington (et donc, le monde entier, puisque rien de ce qui bruisse là-bas n'est anodin, aucun scoop n'est le résultat d'une recherche journalistique, toute fuite est organisée et instrumentalisée), tout Washington donc glose des éventuelles dissensions entre le Gal Mc Chrystal et le président Obama. Vous avez sûrement suivi l'épisode, je ne rappellerai donc rien. Or donc, Mc Chrystal demanderait 40. 000 hommes, et Obama tergiverserait. Cela fait d'ailleurs long temps qu'il tergiverse, puisque j'évoquais la question il y a trois semaines.

3/ Or, nous rappelle J. Klein, il est plus que probable que comme tout militaire sérieux, Mc Chrytsal a proposé trois options : une haute (40.000 h), une basse (10.000h) et une moyenne (25.000 h). Donc quand tout le monde s'agit autour des 40.000 h, ("et si Obama ne le choisit pas c'est qu'il bat en retraite etc..."), c'est de la bonne vraie politique politicienne, pas du débat stratégique.

4/ Que va-t-il donc se passer ? Comme d'habitude, le décideur choisira l'option du milieu (celle à laquelle s'attend la planificateur qui l'a proposée) légèrement amendée (parce que sinon, ce ne serait pas la solution du chef, on connait tous ça). Qu'est-ce, l'option du milieu légèrement amendée ? c'est 15.000 h (3 brigades) dont deux à Candahar (que j'aime cette orthographe française, qu'on trouve sur les vieux atlas), et la troisième en entraînement des Forces afghanes (l'afghanisation, on vous dit).

5/ Est-ce tout ? Non : ainsi que l'évoquait subrepticement le général Mc Chrystal, on passera de la Contre insurrection au contre terrorisme. En clair, on s'intéresse à Al Qaida, d'autant plus qu'on voit le succès à portée de drones (la moitié des dirigeants d'AQ auraient déjà été tués).

6/ Qu'en dire ?

  • Qu'on commence à vraiment parler de stratégie.
  • Que les deux brigades vont servir à remplacer les Canadiens et les Hollandais qui décidément, quittent le pays l'an prochain. Bilan à somme nulle, donc. Obama ne peut faire moins.
  • Qu'il faut bien tenir Kandahar, puisque c'est le noyau de l'insurrection.
  • Qu'au-delà de tous les discours, maintenant qu'on sépare peu à peu AQ des autres sujets, on va pouvoir distinguer les talebs des Pachtounes.
  • Qu'on s'intéresse enfin à une position clef sur le terrain, un vrai "centre de gravité". Géographiquement circonstancié : cela faisait longtemps.
  • Et que ça permet, pendant ce temps là, de laisser les délices orientales (oui, ça se met au féminin quand c'est pluriel comme orgue et amour) se chamarouiller autour de l'élection présidentielle, dans une sorte d'afghanisation de la démocratie : on verra plus tard la question temporelle, et celle de la légitimité.
  • D'autant que simultanément, les Pakistanais continuent de mettre au pas leurs propres taliban, qui ont commis l'erreur de commettre un attentat à Peshawar, épicentre de leur zone.

Plein de choses, en fait. Et vous trouvez que les décideurs ne discutent pas de stratégie ?

O. Kempf

NB : Oui, je sais, chamarouiller n'est pas dans le dictionnaire : mais ça sonne bien, non ? Et tout un chacun comprend ce que ça veut dire.

jeudi 20 août 2009

Afghanistan : alentours géopolitiques

Je signale cet excellent article de F. Bobin, qui traite d'une "nouvelle" géopolitique de l'Afghanistan.

Bien évidemment, ce n'est pas la géopolitique qui est nouvelle, elle est au contraire tout à fait traditionnelle. ce qui est en revanche nouveau, c'est la façon de le présenter publiquement dans un média de grande diffusion.

Pourquoi classique, pourquoi nouveau ?

1/ Classique, parce que l'auteur parle de puissances : les États-Unis qui sont en retrait, l'Iran qui s'intéresse à son voisin (et notamment à la minorité chiite, avec les hazarates qui représentent 15 % de la population, et se trouvent notamment dans le centre du pays, et non à l'ouest (Herat) comme je le pensais. l'Iran renoue ainsi avec un grand jeu du XVIII° siècle, celui d'avant, quand la Perse s'opposait à l'empire moghol... La Russie revient plus finement qu'autrefois, grâce à la légitimité de son investissement de longue date, et d'acteur d'Asie centrale. La Chine, enfin, que le réveil Ouïgour du mois dernier a davantage encore amené à s'intéresser à son voisin occidental. Bref, on est bien loin de l'AfPak qu'on nous présentait traditionnellement (attention : cela ne veut pas dire que l'AfPak est faux : juste qu'il est incomplet). On est dans un pays, entouré de frontières, avec au-delà des frontières des "voisins" qui ont des actions.

2/ Car là est le "nouveau" : justement dans cette volonté de ne pas s'enfermer dans une opposition (pardonnez mon simplisme) Occident contre talibans, qui est la poursuite de la victoire stratégique de Ben Laden d'il y a huit ans : être et demeurer le "grand ennemi" de l'Occident - au moins de l'Amérique, à lire le dernier discours de B. Obama. Bref, variation subtile du "eux et nous", du "choc des civilisations", du "la drogue et l'extrémisme" qui est si convenu et qui fait qu'on a bien du mal à expliquer ce qu'on fout là-bas.

Et si on admettait qu'on a des intérêts ?

NB : Par rapport au discours habituellement défaitiste qu'on entend depuis quelques mois, félicitons nous des succès remportés de l'autre côté de la ligne Duran : le leader des talibans pakistanais tué, et le porte-parole du mouvement TTP arrêté (voir ici). Sans qu'on s'en rende compte, la Pakistan est en train de changer le cours de la guerre, en privant les afghans d'arrière-cour. C'est une excellente nouvelle, qui doit être confirmée dans la durée et qui devra être rétribuée dûment. Peut-être est-ce là l'amorce d'une victoire (ou plutôt, d'une non-défaite) du côté de Kaboul.

O. Kempf