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samedi 15 janvier 2011

Armée de mer

Juste de retour après deux trois jours d'absence, et un léger pb sur le blog, enfin réparé.

Dans un de ses commentaires, Th. Lamidel parle de l'armée de mer : je ne lui reprocherai pas, puisque j'utilise, moi-aussi, de temps à autres, cette expression.

Elle était de coutume (relisez l'appel du 18 juin), jusque dans les années 1960. Depuis les années 1980, les marins sont très susceptibles et ne parlent que de Marine Nationale : effet de la diplomatie navale ? effet de l'action de l'Etat en mer et volonté de se dégager d'une tutelle militaire trop stricte, par rapport à d'éventuelles marges de manœuvres que donnerait l'interministériel ? prescience de la dimension de "sécurité" nationale de la défense, qui ne peut se cantonner à de seuls aspects militaires ? habitude des espaces lisses, forcément commerciaux, et expérience précoce de la complexité de l'espace maritime ?

Un peu de tout cela à la fois, sans doute. Mais dites à un marin "armée de mer", pas de doute, il tiquera.

O. Kempf

mercredi 7 juillet 2010

Espaces maritimes lisses ?

Voici une petite conversation fort intéressante. Les règles Chattam House m'imposent de désigner les deux protagonistes par Armand et Barnard.... Merci à eux de leurs lumières stimulantes.

(peinture tirée d'ici)

Ce débat vient de questions que je posai à Armand et auxquelles il répondait :

  1. 1/ Puisque la mondialisation est maritimisation, ne faut-il pas retourner la géopolitique française, et lui faire privilégier, pour une fois, sa face atlantique plus que sa face continentale ?
  2. 2/ Le développement des opérations de « bon ordre en mer » (constabulary) n’engage-t-il pas un nouveau débat qui renouvellerait celui qu’on a connu autrefois entre jeune école et vieille école : se concentrer sur de petits bâtiments de police, quitte à abandonner les gros bâtiments ? ou, pour être schématique, avoir plus de BPC que de porte-avions ? au risque d’être surpris par une « rupture stratégique » ?
  3. 3/ La puissance est-elle forcément maritime ?
  4. 4/ Le Havre, port du grand Paris, n’est-il pas le moyen de redonner une puissance française ?

J'adore la formule : "la topologie du monde n'est plus euclidienne".

Et vous qu'en pensez-vous : la mer est-elle un espace lisse comme les autres ?

O. Kempf

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lundi 24 mai 2010

Marine et puissance maritime

Voici les quelques notes que j'ai prises lors du séminaire de l'autre jour : c'était particulièrement instructif et cela m'a permis de comprendre, par le haut, des questions fort actuelles : bref, une vision "globale" du fait maritime, qui dépasse la seule puissance navale (militaire). C'était tout à fait passionnant : merci à Laurent Henninger de l'avoir organisé, merci à l'Amiral Paumier, secrétaire général adjoint à la mer, de nous avoir fait part de ses réflexions.

O. Kempf

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samedi 22 mai 2010

Maritime ?

Une question qui est apparue à la fin du séminaire passionnant de l'autre jour : une puissance est-elle forcément maritime ? Est-ce particulièrement vrai aujourd'hui ?

Qu'en pensez-vous ?

O. Kempf

mercredi 31 mars 2010

Histoires de mer

Signalons deux événements qui passionneront tous les amateurs d'eau salée :

1/ Tout d'abord, une belle exposition au musée de la marine sur "tous les bateaux du monde", du 10 mars au 19 septembre : voir également le dossier pédagogique construit sur le sujet.

Et si on se déplace tôt, on peut voir (avant le 3 mais) l'expo de François Bourgeon sur les passagers du vent.

2/ plus intellectuel, un grand colloque de la mer est organisé à Sciences Po le 13 avril après-midi sur le thème : "la mer, une chance pour la France. Le programme est intéressant, s'inscrire auprès du club www.clubsupmer.org pour les anciens membres de clubs mer.

O. Kempf

jeudi 10 décembre 2009

Aéronavale

Que dire de l'aéronavale ?

Précisons tout de suite qu'il s'agit du propos d'un non spécialiste, spécialiste ni de l'action navale, comme M. Couteau Bégarie, ni de l'action aérienne, comme J. Henrotin. Qu'on pardonne donc ce qui constitue un axe d'interrogation personnelle (après tout, un blog sert aussi à ça : chercher des idées, les tester, etc...)

1/ Il semble que ce furent les Japonais qui mirent les premiers au point une aéronavale entre les deux guerres (porte-avions Hosho en 1921, mise en service à partir de 1928, de l'Akagi, du Kaga, du Hiryu, du Soryu, du Ryujo, du Zuiho, du Shoho, du Zuikaku et enfin du Shokaku). Une puissance maritime, donc, et expansionniste, puisque cette aéronavale, au départ conçue pour un appui d'éclairage, devint peu à peu un instrument d'appui à terre (campagne de Chine en 1937). Enfin, avec Pearl Harbour en 1941, les Japonais réalisent à la fois la projection de puissance et le raid.

2/ Que dire de cette séquence japonaise ?

  • qu'il s'agit d'abord d'un outil pour le milieu maritime (au départ, je crois qu'on pensait qu e les croiseurs étaient plus solides, les avions ne servant qu'à l'action de renseignement) : l'aéronavale serait alors un instrument de domination maritime, sur le milieu marin, conçu comme une entité propre : du mer-mer, en quelque sorte.
  • puis le porte-avion agit en appui d'actions à terre. Le but n'est donc plus le milieu maritime, mais le littoral, et ce qui est derrière le trait de côte. On évolue dans le mer-terre (avec un détour aérien). Ce qui a aujourd'hui du sens puisque (de mémoire, mais je suis sûr qu'un lecteur documenté trouvera les cotes exactes) environ 70 % de la population mondiale vit à moins de 500 Km des côtes.
  • enfin, il s'agit d'un outil géopolitique, à la fois de présence (contrôle d'espace maritime) mais aussi de projection de puissance (grâce à l'avion, alors qu'un BPC sert plutôt à la projection de force).

3/ L'adaptation de l'arme nucléaire sur les PA constituerait une évolution qui me semble marginale à l'outil, puisqu'il ne s'agirait que d'armes "d'ultime avertissement" : on demeure dans la projection de puissance, là aussi sur les littoraux.

4/ L'action au large de l'Afghanistan est symptomatique des qualités et défauts de l'outil :

  • qualité, puisqu'on ne demande à personne l'autorisation de voguer dans l'Océan indien (liberté de manœuvre) ;
  • défaut, puisqu'il faut aller loin à l'intérieur de l'Asie (bien au-delà du trait de côte) et que donc l'autonomie en zone opérationnelle est limitée.

5/ Ce dernier point illustrant plusieurs dimensions elles aussi ambivalentes :

  • celle du temps : il permet à la fois une certaine permanence, mais impose des ravitaillements et des révisions
  • celle de la logistique ! puisqu'il emporte ses stocks, qui ne sont pourtant pas indéfinis
  • celle du coût, car s'il coûte peut-être moins cher qu'un détachement permanent sur une base aérienne projetée, son prix de revient hors opération est une charge importante.

6/ Signalons enfin quelques éléments que je n'ai pas le temps de développer :

  • la capacité à agir en coalition
  • l'affirmation de la souveraineté (et la défense des intérêts outre-mer)

J'espère ne pas avoir dit trop de bêtises : à vous de préciser et débattre, désormais.

Réf : le CR sur AGS d'un colloque en juin dernier

O. Kempf

dimanche 31 mai 2009

Le porte-avion, ou la base ?

Joseph Henrotin a donné une excellente analyse de la nouvelle base française d'Abu Dhabi, récemment inaugurée.

sarkozy-abou-dhabi-3184391povno_1378.jpg

Ne nous y trompons pas, même si Joseph fait semblant de croire qu'il y a encore le choix : cette base remplace le deuxième porte-avion, dont la décision était reportée à la fin de la loi de programmation, manière polie de dire "aux calendes émiriennes".

Pour deux raisons :

  • une stratégique, qui tient à la remise en cause de l'utilité des porte-avions. Pour cela, il faudra suivre avec attention le blog "Alliance géostratégique", dont le prochain thème mensuel évoquera "l'action stratégique en mer". Nul doute que ce débat sera soulevé avec passion. Mais certains expliquent aujourd'hui que "deux" porte avions ne sont pas nécessaires. Je n'ai aucun avis sur la question, mais je constate seulement l'existence du débat, qui n'avait pas lieu il y a seulement un an : alors, on disait qu'il fallait la permanence à la mer, mais que toute la question revenait à savoir s'il fallait la détenir "seuls" ou à plusieurs. Aujourd'hui, c'est la pertinence de cette action qui est aujourd'hui en débat.
  • l'autre financière : à supposer qu'on avait le choix il y a dix mois quand on a décidé de reporter à plus tard la décision, la crise économique actuelle ne laisse plus aucune marge. Le niveau de déficit budgétaire (aux alentours de 6%) est tel qu'il est inenvisageable de construire un 2ème PA. D'autant que les coûts de fonctionnement de l'IMFEAU (Implantation Militaire Française aux Emirats Arabes Unis selon le charabia officiel) seront mis forcément en balance avec le coût de fabrication du sister-ship du De Gaulle.

D'ailleurs, la base d'Abu-Dhabi (BAD ???!) est commandée par un marin.

O. Kempf