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lundi 18 avril 2016

Quelques remarques sur le jihadisme

Ayant beaucoup lu sur le sujet depuis quelques mois, je ne prétends pas pour autant être un "expert", espèce décriée par les temps qui court. Disons que je ne vais pas sur les plateaux télé, je ne risque donc pas de trop subir la foudre des vengeurs. Par ailleurs, j'ai entendu récemment une conférence d'O. Roy, ce qui renvoie à la controverse "entre experts" qui l'oppose à G. Keppel .On en connaît la teneur. Pour O. Roy, la radicalité préexiste au jihadisme, il y a islamisation de la radicalité. Pour Keppel, à l'inverse, l'islam pose une question propre qui porte à la radicalisation, il y a au fond radicalisation de l'islam. On pourrait bien sûr dire que la vérité gît au milieu mais cet artifice ne convainc pas puisque bien peu essayent d'articuler les deux positions. Or, il ne me semble pas que les deux positions soient si incompatibles. Essayons modestement de comprendre comment.

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vendredi 5 avril 2013

La religion comme facteur géopolitique

Nul ne doute que la religion soit un facteur géopolitique. Et pourtant, j'ai toujours eu une sorte de réticence envers cet énoncé. Non qu'il me parut faux, simplement qu'il me semblait un peu court, et pas assez explicatif. Et puis on me demande un article sur le sujet, tandis que je termine l'excellent Grataloup (Géohistoire de la mondialisation, indispensable). Dans le même temps, la conjonction de l'islamisme, de l'élection du pape et de la manif pour tous et partout illustrent l'actualité de ce sujet. Comment dès lors aller un peu plus loin ?

J'ajoute immédiatement une remarque méthodologique : je parle bien de "géopolitique", qui demeure "la discipline qui étudie les rivalités de puissance sur les territoires et les populations qui y habitent" et estime donc tout à fait pertinent de parler de la religion comme un facteur géopolitique : ceci pour répondre à ceux qui ont une vision étriquée de la géopolitique qui ne serait qu'une simple "mécanique des espaces". Fin de la remarque.

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mercredi 13 mars 2013

François 1er, donc...

Ce souverain de la Renaissance n'est probablement pas le modèle auquel a pensé le nouveau pape qui vient d'être élu ce soir. Au risque de commenter l'événement (je rappelle que je ne suis pas très bon pour "le direct"), au risque surtout de tomber dans le magma des blablas journalistiques, quelques mots.

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lundi 11 février 2013

Chapeau, le pape

Lors de l'élection du pape, en 2005, j'avais commis un article sur la signification géopolitique de son élection. Dieu soit loué, je ne l'ai soumis à personne et il n'a donc pas été publié. Je le relisais un an ou deux après et me suis rendu compte à quel point je m'étais trompé, en essayant de surinterpréter la signification de sa nationalité etc. Ecrits de jeunesse, écrits d'apprentissage... Il reste que la décision du jour, annoncée par Benoit XVI, a une grande signification.

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dimanche 25 mars 2012

L'islamisme est un occidentalisme

Ouh ! la! la! Quel déluge médiatique. Pire que DSK, dites. Insupportable. Mais puisque j'entends des interrogations sur l'islamisme, réfléchissons un peu pour constater qu'il est un occidentalisme.

source (intérieur de Saint Sophie : Sophia, la sagesse grecque...)

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samedi 3 décembre 2011

Islam et Révolution

Beaucoup de commentateurs s'inquiètent de la montée de l'islam politique dans la rive sud de la Méditerranée, à la suite du "printemps arabe". Un peu de comparaison historique aiderait peut-être à comprendre le mouvement en cours.

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vendredi 20 novembre 2009

Anglicans romains

Il faut revenir sur l'accord récent intervenu entre le Vatican et un groupe d'anglicans, permettant à ceux-ci de rejoindre l'église catholique.

1/ Lors de son élection, j'avais écrit quelques lignes sur la portée géopolitique de la personnalité de Benoit XVI. Je m'étais trompé (et heureusement, ces lignes n'ont pas été publiées) : on sent bien désormais que ce pape est d'abord tourné vers la réunification religieuse des chrétiens : avec les orthodoxes, les intégristes ou les protestants. Comme s'il voulait résoudre tous les schismes : ceux du XI° siècle, du XVI° siècle ou du XX°...

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dimanche 23 août 2009

Renouveau des religions ? pas vraiment

On évoque souvent, ces dernières années, un renouveau des religions... surtout à la suite des attentats du 11 septembre interprétées à la lumière d'Huntington. Le plus souvent, on entend surtout un "renouveau" de l'islam. Tout ceci me semble peu explicatif.

1/ Je vois au contraire non pas un renouveau, mais une crispation des religions. C'est particulièrement vrai de l'islam, mais pas seulement. On voit ces crispations partout : dans l'islam, bien sûr, avec l'islamisme. Mais aussi chez les juifs (Israël se prétend désormais un "Etat juif", et la place des "ultra-orthodoxes" y est évidente et patente). Et chez la plupart des chrétiens : orthodoxes, avec la multiplication des églises autocéphales ; protestantes, avec le développement des fondamentalistes américains, créationnistes et autres évangélistes simplistes ; et catholiques, avec les intégristes. Je connais moins les autres religions, mais il me semble qu'on assiste également en Inde à des crispations religieuses (Sikhs et Hindous).

2/ La plupart du temps, ces crispations sont explicables par un rapport délétère à la modernité.

3/ C'est que derrière ce rapport à la modernité se discerne un rapport délicat à la politique. De ce point de vue, on assiste d'une certaine façon à la fin de l'histoire évoquée par Fukuyama, en ce sens qu'on aboutirait à une société tendanciellement post-historique (lire à ce propos l'article de Claude Leborgne dans le dernier DNSC, qui écrit avec précision ce dont j'avais maladroitement rendu compte au colloque, et qui avait quand même suscité débat, voir ici et ici). Cette modernité, constituée de la démocratie et de l'économie de marché, ne trouverait pas de rivale à sa mesure qui puisse prétendre à améliorer le sort des hommes. Elle aurait donc une tendance universalisante, qui gomme les différences. Nombre d'humains souhaiteraient alors fonder leur résistance identitaire sur la religion.

4/ Si cette hypothèse est bonne, la religion ne serait donc pas ce qu'on croit qu'elle est, une spiritualité personnelle, mais un outil au service d'un dessein politique, en opposition plus ou moins consciente à la modernité. C'est bien pour cela que je parle de crispation.

O. Kempf

samedi 2 mai 2009

Mont athos : plus qu'une curiosité géopolitique

L'Europe connaît de nombreuses exceptions territoriales, aux statuts variés : Monaco, San Marin, Liechtenstein, Kaliningrad, Vatican, Andorre, Luxembourg, îles anglo-normandes, Héligoland, Malte, Gibraltar, Ceuta, .... La plupart constituent des paradis fiscaux, n'en déplaise au G 20. Le cas du Mont Athos est rarement cité, et mérite pourtant un intérêt géopolitique non négligeable.

A l'occasion de l'ouverture au Petit Palais d'une exposition sur l'art du Mont Athos, on s'interrogera utilement sur ce bout de territoire.

carte_mont_AThos.gif (carte extraite de quid.fr)

1/ Presqu'île de 70 km de long sur 10 de large, le Mont Athos est le plus à l'est des trois doigts de la Chalcidique, au nord de la mer Egée. Les premiers moines orthodoxes s'y installent au IX° siècle. Il dispose d'un statut particulier au sein de l'Etat grec, qui l'a maintenu lors de son entrée dans la CEE et qui a été ratifié par l'UE (hors de l'espace Schengen). C'est en effet une république monastique, seule au monde de son espèce.

2/ Le Mont Athos est donc une république théocratique et démocratique. L'importance est dans le ET, on l'aura compris. Un gouverneur civil grec réside dans la "capitale", Karyès, Mais si chaque monastère est "autonome", spirituellement, la Montagne dépend du patriarche de Constantinople (voir par ailleurs cet article du Monde). Et demeure le seul endroit au monde où flotte toujours le drapeau byzantin.

drapeau_byzantin.jpg (extrait de flickr)

3/ Cette république n'accueille pas les femmes ni les touristes. Permettez-moi de savourer comme il se doit cette exception culturelle, opposée à la massification du monde que nous connaissons. Seuls les pèlerins, animés d'une démarche authentique, sont (un peu) accueillis. C'est d'un véritable retrait du monde qu'il s'agit. Changer cette règle le transformerait, immanquablement, en parc naturel, musée ou réserve touristique, une sorte de Venise grecque ou de Mont Saint Michel de la mer Egée.

4/ Remarquons enfin que depuis vingt ans le Mont Athos est en pleine résurgence : doublement des vocations depuis les années 1960, moyenne d'âge de 40 ans, énormément de diplômés (bac + 5 en moyenne), arrivée d'une nouvelle génération de moines russes.... Et c'est pourquoi je ne classerai pas ce billet sous "Grèce" mais sous "religion" : car il s'agit probablement du dernier endroit qui unifie l'orthodoxie, qu'elle soit grecque ou russe (pour simplifier). Sans aller jusqu'à identifier une civilisation orthodoxe (comme Huntington l'avait isolée), le Mont est un moyen de réunifier, à sa façon, deux parties de l'Europe. Toutes choses égales par ailleurs, le Mont Athos est une sorte de Vatican orthodoxe (est-ce d'ailleurs un hasard si les statuts étatiques sont, à chaque fois, exceptionnels?).

Ainsi, plus que son statut juridique au sein de l'Etat grec, son véritable sens géopolitique tient à son rôle de refuge de l'orthodoxie.

O. Kempf

Références :

1/ Sur l'exposition du petit palais, du 10 avril au 5 juillet : le site officiel, un compte-rendu de visite, et un entretien avec le commissaire de l'exposition.

2/ Sur l'extraterritorialité du Mont Athos.

3/ Enfin, la dernière référence est bien sûr l'incontournable "géopolitique de l'orthodoxie", de François Thual, dont voici un compte-rendu.

vendredi 13 mars 2009

Papauté

Le sujet de la papauté est actuellement très polémique. Essayons de contribuer au débat sans s'emporter.

1/ L'Église s'affirme à la fois divine et humaine. Cité de Dieu, disait Saint Augustin, en opposition à la cité des hommes. Église à l'image du Christ qui avait cette double nature. Ainsi, elle appartient à deux espaces : l'analyse géopolitique paraît invalide pour l'un des deux, celui des cieux. Mais elle peut apporter des lumières à l'autre, l'espace des hommes.

2/ De récentes décisions catholiques ont suscité une vive polémique. L'une vient du pape lui-même et concerne les intégristes. L'autre vient d'un archevêque brésilien (qui a d'ailleurs été désavoué par la conférence épiscopale de son pays) à propos de l'avortement. Je précise que je suis très choqué par la décision de l'archevêque, car il est des moments où la compassion doit prévaloir sur la doctrine, qui ici ressemble à s'y méprendre à de l'idéologie : qui veut faire l'ange fait la bête. Mais là n'est pas l'objet de ce billet. Car si les deux affaires ont un point commun, c'est l'ignorance de l'effet que ces décisions auront dans le public.

3/ L'Eglise ne peut en effet s'abstraire totalement du monde qui l'entoure. Si elle est dans son rôle en affirmant ses principes (qu'on partage ou non, là n'est pas le débat, du moins pas celui de ce billet), elle doit trouver les voies et moyens que ce message soit audible. Il semble que Benoit XVI ne savait visiblement pas les positions négationnistes de Mgr Williamson. Or, s'il est pasteur, il est en même temps chef d'Etat.

Et il ne peut négliger à ce point les techniques communes de gouvernement, qui passent d'abord par une bonne information, et l'analyse des conséquences de ses décisions. A la suite de Saint Paul, et conformément à sa profonde originalité, l'Eglise doit parler aux nations. Elle est catholique, c'est à dire et au sens propre : universelle. Elle peut -elle doit- trouver les paroles pour proposer son message, sans le trahir. Car en le proposant maladroitement, elle l'a, d'une certaine façon, trahi.

4/ L'actuel gouvernement de l'Eglise donne enfin l'impression d'être communautaire. "Pais mes brebis" : certes ! Il reste que ce recroquevillement sur soi trahit une attitude géopolitique : celle de l'obsidionalité (sentiment d'être assiégé) qui n'est pas du meilleur signe. Le repliement verse rapidement dans le communautarisme, et donc l'abandon de l'universalité.

5/ On comprend le projet du pape : en accueillant les "frères séparés", il évitait la scissiparité, l'indépendance, la fragmentation : il prenait les mesures pour recoudre son territoire déchiré. Mais la recherche de la brebis perdue jette le trouble dans le troupeau..... Utilisons un autre vocabulaire : les exemptions données à la province autonomiste menacent l'unité nationale. Le pape, comme beaucoup d'autres chefs d'Etat, est confronté à un séparatisme.

6/ C'est ainsi que sa décision n'est pas si "théologique" qu'on veut bien le dire. C'est pour résoudre ce problème, son problème, très terrestre, celui du séparatisme qu'il a tout tenté pour le recoudre. Au risque d'énormes dégâts collatéraux.

Il n'est jamais simple de faire face à une sécession.

O. Kempf

mercredi 11 mars 2009

Israël et Pakistan : des ressamblances troublantes

Observez Israël et Pakistan : les ressemblances sont troublantes.

1/ Un pays récent, fondé en 1947-48, sur un territoire auparavant sous domination anglaise.

2/ Une même identité laïque, mais fondé sur un critère "religieux". Même si le pays n'est pas une théocratie, ni un régime directement inspiré par la religion.

3/ Une même remise en cause de ce critère, qui a du mal à subsister entre d'un côté, un laïcisme extrême et de l'autre, une radicalité religieuse qui prend de plus en plus de poids.

4/ La détention de l'arme nucléaire.

5/ Des rapports obsidionaux avec les voisins sur qui le pays à "pris" sa terre : Inde d'un côté, Palestine de l'autre. ET par conséquent, un régime qui se militarise pour "défendre le pays". La fabrication de l'ennemi ayant p^ris le pas sur toute autre considération.

6/ La détention de l'arme nucléaire

7/ Un parrainage américain.

8/ La persistance endémique d'une situation conflictuelle aux confins (Cachemire et Afghanistan dans un cas, Liban et Gaza dans l'autre).

9/ Un système malgré tout démocratique, même s'il est perverti : par les coups d'Etat dans un cas, par la proportionnelle dans l'autre, empêchant à chaque fois la légitimation démocratique sur des temps assez longs.

10/ Des perspectives qui se sont assombries continument ces dernières années.

Qu'en retenir ? que dans la durée, le critère religieux (ou péri religieux) ne suffit pas à fonder un pays.

Bien sûr, il y a énormément de différences entre les deux nations, et il n'est pas besoin de s'appesantir sur elles.

O. Kempf

samedi 24 janvier 2009

Orthodoxie russe

La semaine qui s'annonce est d'importance pour la Russie (voir le très bon article du Figaro ici). En efet, le conclave des orthodoxes devra désigner un nouveau patriarche. Or, l'orthodoxie est un des fondements de la représentation géopolitique des Russes. L'homme aura, de fait, une influence géopolitique.

Je suis sceptique envers les discours pan-slaves ou pan-orthodoxes. En revanche, il y a certainement des affinités qui peuvent avoir du sens (par exemple entre Grecs et Serbes, etc....). Mais dans le cas qui nous intéresse, on remarquera le grand regain d'orthodoxie en Russie (qui s'accompagne d'ailleurs du développement, méconnu, de sectes du type des témoins de Jéhovah, etc...).

Le futur patriarche devra, c'est évident, adopter une attitude constante envers les autres religions (catholicisme d'une part, judaïsme d'autre part), mais aussi, d'un point de vue politique, envers son pouvoir politique (qui voudra l'instrumentaliser) ou vis-à-vis de l'Occident. Cela intervient après le décès, la semaine dernière, du fameux Olivier Clément qui avait bien aidé le même Occident à mieux comprendre l'orthodoxie.

Bref, le géopolitologue ne s'intéresse pas qu'aux guerres ou aux conflits....

NB : on se reportera aux quelques billets sur la religion et la géopolitique (voir catégorie ici) dont certains évoquent l'orthodoxie.

O. Kempf