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jeudi 13 septembre 2018

De retour de la Malmaison

J'ai été visité cet après-midi le château de la Malmaison, ce qui fut une heureuse surprise. Non pas que je sois un bonapartiste caché, loin de là, je n'ai jamais caché mon scepticisme. J'apprécie plus le général que l'empereur, plus Bonaparte que Napoléon, au risque de choquer beaucoup.

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samedi 8 octobre 2016

Intellectuels et néologismes

Un ami, lisant un entretien d'un intellectuel en vogue (entretien non déplaisant, au passage), relève le mot "panéconomie" et me demande si "je valide" ? non, je ne valide pas.

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mercredi 17 juillet 2013

Wars and battle : le jeu

Cela fait plusieurs mois qu'une équipe de passionnés s'est lancé dans ce projet. Il se trouve que j'ai été associé dès le début, je me demande encore pourquoi, et peu importe, au fond. De quoi s'agit-il ? tout simplement de wargames sur tablettes et smartphones (I-Pad ou Android) pour commencer, et autres supports ultérieurement. Wargames ? oui, vous savez, les "jeux de guerre", ou Kriegspiel (voir ce billet débatteur du sujet). Cette simulation initiale de la guerre, qui permet de "rejouer" les batailles, ou tout simplement de les jouer. Voici donc Wars and battle.

Je n'ai jamais été, personnellement, un grand wargamer. D'une façon générale, les jeux me lassent rapidement, qu'il s'agisse des vieux jeux de guerre ou des jeux électroniques. J'avoue avoir un faible ancien pour les échecs, car la rusticité des règles permet des combinaisons rapidement très conceptuelles, mais cela fait à encore des années que je n'ai pas pratiqué. Alors ?

Alors, un projet qui 1/ est d'abord une entreprise, prenant les risques économiques dans un contexte pas forcément le plus épanoui 2/ tournant autour de la stratégie et de l'histoire militaire 3/ avec un portage sur cet orthèse cyber que sont devenus ces outils de mobilité internet, cela fait quand même énormément de centres d'intérêt, surtout quand celui qui a eu l'idée est un vieux copain et que l'équipe est purement française. Je précise que je ne suis pas rémunéré et que je n'ai pas mis un sou dans cette affaire, et que c'est donc bénévolement que j'en parle. Et au fond, les conseils que j'ai pu donner ou les petites présentations que j'ai pu faire sont peu de choses par rapport à la somme de travail de l'équipe, très professionnelle.

En quelques mots, avant de vous laisser découvrir plus en détail : Un jeu de stratégie tour par tour, sur tablette. Multiplateforme. Français et anglais. Solo ou multijoueur. Un portail. Lancement en décembre 2013 (Gettysburg, Normandie 44) puis un jeu tous les deux mois. Cloud, d'où un multi-accès de vos parties. Multi funding via Kickstarter du 15 juillet au 25 août : pour tous ceux qui veulent encourager une start up française, dans leur domaine de prédilection...

Soyez sympa : faites circuler sur les réseaux sociaux... et vos adresses de copains, qui pourraient être intéressés.

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dimanche 1 juillet 2012

Jeu politique : foot, vélo, etc

Chacun connaît la théorie de Pascal Boniface : le sport est désormais l'expression de la géopolitique (oui, je sais, je simplifie...). Bref, un jeu-politique. Dans ma grande série des jeupolitiques (voir ici, ici et ici), et alors que je regarde un match très agréable entre l'Italie et l'Espagne, amusons nous à voir si ce n'est pas un peu le contraire ???

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vendredi 1 juin 2012

Wargame et Kriegspiel

J'ai été assez impressionné par l'avalanche de réactions au jeu concours sur le film de guerre, puisqu'on a dépassé la trentaine de commentaires en deux billets (ici et ici). Sachez que j'ai contacté "Guerre et Histoire" pour que le sujet soit repris ultérieurement, j'y reviendrai en son temps.

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Vous savez par ailleurs que je parle assez souvent de jeupolitique (ici et ici). Mais je n'ai jamais parlé de "jeu de guerre". Ce qu'on appelle couramment wargame, ou pour les puristes Kriegspiel (souvenez vous du Jour le plus long, où Romel va jouer un Kriegspiel dans un château la nuit du débarquement...).

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dimanche 6 mai 2012

Jules Verne

Ai visité hier le musée Jules Verne à Amiens : outre que l'on y voit un excellent témoignage d'une maison bourgeoise de la fin du XIX° siècle, et que le musée regorge de trésors, j'en reviens avec quelques réflexions.

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samedi 17 décembre 2011

Cesaria Evora

Cesaria Evora est décédée. Grande chanteuse, avec cette langue un peu portugaise, un peu créole.... et surtout, l'absence totale de glamour, une non-pipolisation, et le mépris des convenances, en fumant comme un pompier. Authentique. Enfin, elle nous avait fait découvrir les îles du Cap-Vert, qui n'étaient pas seulement ce relais des émigrants africains, mais aussi une partie de la Macaronésie....

Les îles fortunées nous ont apporté, par la voix d'une impératrice (prénommée Césaria !), beaucoup de bonheur. RIP.

Un petit clic vous emmènera à la chanson du "petit pays" d'une grande dame. Au revoir, madame : avec tous mes hommages !

O. Kempf

dimanche 10 avril 2011

Dogon et relativité

Ce matin, j'ai enfin réussi à visiter le musée du quai Branly, projet que je formais depuis longtemps et qui peinait à se concrétiser. En même temps, il y avait l'exposition sur l'art Dogon (cette peuplade africaine du centre du Mali). Ce qui amène, forcément, à quelques commentaires.

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vendredi 17 décembre 2010

Au 54, bvd Raspail

La Maison des Sciences de l'Homme a donc fermé ses portes. Anodin, penseront la plupart d'entre vous. Un repère d'intellos, qui n'ont pas grand chose à faire avec la géopolitique.

J'aimerais pourtant l'évoquer brièvement. Et de façon personnelle.

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lundi 4 octobre 2010

L'or des incas

Je suis allé ce week-end visiter l'exposition "l'or des incas" à la Pinacothèque.

Ce fut une heureuse expérience, qui suscite quelques commentaires

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samedi 11 septembre 2010

Mangas entre orient et occident

Me femme me faisait remarquer l'importance des mangas : effectivement, Kempf junior en collectionne une rafale, alors que j'ai toujours considéré que c'était des dessins japonais avec des héros un peu stupides et des gros yeux.

Mais si on va plus loin, on s'aperçoit que c'est le seul produit culturel oriental adopté sans réticence par l'Occident. Au fond, c'est un facteur d'unification "occidentale" en admettant que l'Occident réunissent les pays industrialisés et développés. ce serait la seule vérification d'une unification culturelle de la triade.

Bon, je sais, j'oublie un peu vite Kurosawa et Oshima.

Toutefois, le succès relativement récent des mangas est aussi dû, au-delà de la mondialisation, à un rapport différent à l'image. Les mangas (le peu que j'en ai vu) me semblent avoir moins de textes que les BD européennes, plus écrites et donc littéraires. En un certain sens, leur graphisme épuré (artistique, pour les meilleures, la question n'est pas celle du niveau) correspondrait mieux à une génération de l'image : plus celle d'ailleurs de l'ordinateur que de la télé....

Bref, moins une question "occidentale" que le signe de la disparition de ceelui ci

O. Kempf

mardi 10 août 2010

Disparitions : Cremer et Judt

Au coeur de l'été, voici deux disparitions qui attristeront le lecteur d'égéa : celle de Bruno Cremer et celle de Tony Judt.

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mardi 24 novembre 2009

Pour l'histoire et la géographie obligatoire en terminale S

J'apprends que le ministère de l'éducation nationale envisage de supprimer l'histoire et la géographie en terminale S. Ces matières deviendraient facultatives.

Il va de soi que le géopolitologue, qui est d'abord un honnête homme, qui a souvent eu la chance de faire ses humanités, ne peut qu'être scandalisé par un tel projet. Je ne sais s'il s'agit des conséquences du rapport Ducoing. Je sais seulement que la proposition est parfaitement saugrenue, déculturée, décérébrante, ...

La question ne tient pas à mon avis à ce qu'il s'agisse des "S" ou de tout autre catégorie. Il s'agit surtout d'ôter des qualités que l'on attend aussi des scientifiques.

Surtout, à l'heure de la mondialisation et, localement, de l'européanisation, ces deux matières absolument complémentaires sont plus nécessaires qu'avant, ne serait-ce que pour comprendre "l'épaisseur des choses" et ne pas sombrer dans le sentiment que la terre est plate est que la technologie unifiera tout.

Je précise qu'il faut LES DEUX. Plus j'avance dans mon cheminement intellectuel, plus je me rend compte de l'indéfectible lien entre l'histoire et la géographie. Je le dis d'autant plus aisément que je suis plutôt historien au départ, et que mon intérêt pour la géographie est récent. Je le dis d'autant plus que je prétends que la géopolitique est quelque chose de plus qu'une simple géographie politique, ou qu'une simple réunion d'histoire et de géographie. Mais ces deux disciplines permettent d'appréhender des réalités humaines selon deux dimensions chères au scientifique (et l'ancien bachelier C le dit, là encore, avec aisance), celles du temps et de l'espace.

Je ne sais encore comment faire pour tenter d'influencer les décideurs et les amener à revenir sur cette décision (et je précise que je ne crois avoir jamais signé de pétition, c'est dire si je suis en colère).

Vous pourrez aller voir le billet de Joseph sur la question, qui reproduit un texte de Jacques Sapir (un économiste), qui va dans le même sens.

En attendant, commentez ce billet (pour approuver, dénier, refuser, ajouter, ..). Aujourd'hui, le buzz internet amène certains à réviser leurs décisions.... Et si EGéA est tout petit (il l'est !), il peut contribuer à ce tout petit niveau à influencer les grands...

O. Kempf

mardi 27 octobre 2009

in memoriam : Pierre Chaunu

Le géopolitologue a forcément un faible pour l'école des Annales. Il a lu M. Bloch, L. Fèbvre, F. Braudel, Ph. Ariès,... Je le dis d'autant plus librement que j'ai mis du temps à apprécier ladite école, me méfiant du "quantitatif", que je croyais instrumentalisé politiquement, sans apercevoir les vraies novations de cette école : c'est ce qu'on appelle murir intellectuellement.

Le dernier dinosaure de cette école s'appelait Pierre Chaunu. Dernier représentant d'une époque où être historien signifiait quelque chose (pardon : il y a Leroy-Ladurie, mais je confesse ne pas l'avoir lu ; est-ce un sentiment ? j'ai l'impression qu'il a moins de prestige que les sus-cités). L'histoire dominait. Les géographes en ont longtemps souffert (il faut relire les premières oeuvres d'Y. Lacoste à cet égard, mais j'y reviendrai).

Dernier dinosaure, donc, qui vient de nous quitter. On lui doit deux angles principaux : l'Amérique latine, et la démographie. Et surtout, une extrême sensibilité "à ceux qui sont morts" : ceci explique les sorties tonitruantes de la fin de sa vie, qui ont pu agacer certains, rassurer d'autres.

L'homme, enfin, s'était converti du catholicisme au protestantisme : la démarche est suffisamment singulière pour être relevée. Elle témoigne d'un engagement particulier, qui fait de Chaunu une personnalité d'exception. Adieu, donc, l'ami.

O. Kempf

Références:

  • deux portraits : ici, et ici

vendredi 25 septembre 2009

Buzz médiatique, papier et électronique, français et transalpin

En ce jour de Sidi Brahim (bonne fête à tous les Chasseurs, et notamment à l'ami Laurent), faisons le point sur quelques nouvelles diverses et anodines.

1/ Tout d'abord, une excellente recension de blogs par Bénédicte Trajnek, sur son toujours excellentissime géographie de la ville en guerre : elle a la gentillesse de dire que j'y suis pour qq chose, bravo pour la courtoisie, bravo surtout pour sa recension de rentrée. En plus, elle lance un débat, suite à un de mes billets sur les Balkans.

Profitons en au passage pour apporter deux commentaires :

  • j'ai pris l'habitude d'écrire Kossovo avec deux s, pour respecter les règles françaises d'orthographe : et j'ai longtemps hésité à utiliser le traditionnel Kossovie, qu'on voyait encore au début du siècle dernier. Quant à l'adjectif, il va de soi que je préfère kossovien (ou kosovien) plutôt que kosovar, puisque ce suffixe ne correspond à rien de connu.
  • Au-delà de ce cas particulier, la question des noms de lieux se pose. Elle est double à mon sens : d'une part,la façon dont les "locaux" se nomment, avec ses évidentes conséquences en terme d'identité; d'autre part, de la part de celui qui observe, en l'occurrence le géopolitologue. Je prononce à dessein géopolitologue, et non géopoliticien, pour évoquer le rôle de description et d'analyse. La francisation des noms permet, à mon sens, d'introduire une certaine distance, un néologisme qui évite de prendre part à la "guerre des mots". Mais tout ceci mériterait de plus longs développements.

2/ Quelques blogs ont la gentillesse de me citer, voire de reproduire mes billets (en donnant source et référence, selon la netétiquette) :

3/ Enfin, vous connaissez forcément la revue italienne de géopolitique Limes : toujours excellemment bien faite, avec de très bonnes cartes : il manque ça en France, incontestablement. Ce serait d'ailleurs un beau projet à lancer. Signalons toutefois la revue SE (comme Semestro europeo), bimestrielle, elle aussi italienne, qui est assez jeune : visiblement adossée à un groupe assez puissant (maquette riche), elle est moins géopolitique que Limes, mais cherche visiblement à donner des analyses transverses. Ainsi, le numéro de juin-juillet est-il dédié à la question des réseaux, dans toute l'acception du mot : informatiques, sociaux, mais aussi énergiques, avec par exemple un article sur Nabucco.

Bonne lecture.

O. Kempf

dimanche 9 août 2009

EMKE expose

Mon artiste préféré expose donc cette semaine. SI vous êtes en Bretagne, et particulièrement dans le Morbihan, n'hésitez pas à la découvrir.

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DU 9 au 14 août, chapelle Notre-Dame, La Roche Bernard, 56130

O. Kempf

mardi 21 avril 2009

Expression des militaires : un article intéressant

J'ai lu un excellent article dans la dernière revue de "L'épaulette" qui m'est tombé par hasard dans les mains. Signalons pour ceux qui l'ignoreraient que l'épaulette est l'association des officiers de l'armée de terre de recrutement indirect (ou de recrutement interne, selon une autre appellation). Bref, tous ceux qui ne sont ni Cyrards (pchitezzzz les babouères), ni X, ni Gadzarts, ni commissaires (et j'espère n'avoir oublié personne, que mille pardons pleuvent sur vous comme les pétales de roses au printemps si jamais c'était le cas...).

Or, donc, le général de brigade aérienne Sarazin publie dans ladite revue un article sur le dernier Livre Blanc. Un de plus, me direz vous....

Certes, mais on y trouve un long passage sur la liberté d'expression des militaires qui mérite méditation avantageuse, car il répond d'une certaine façon au billet d'Yves Cadiou, publié sur "Théâtre des opérations" il y a un mois, à propos du militaire et du politique.

L'intérêt de cet extrait, qui mérite donc sa publication, tient à son analyse juridique précise des obligations légales ayant trait au droit d'expression des militaires. Que dit donc le général Sarazin ? Ceci :

  • La « logique floue » du droit d'expression.
  • Deuxième élément ayant à la fois un rapport avec le statut et le Livre Blanc, l'expression des militaires. Après la parution du Livre Blanc et durant quelques jours, l'affaire des critiques exprimées par des militaires anonymes du groupe dit Surcouf a fait la une des médias. Ce qu'on retiendra ici ne se rapporte pas au fond de ces critiques mais au fait que les multiples intervenants s'exprimant sur le sujet semblaient avoir chacun une conception particulière du droit d'expression des militaires et/ou de leur devoir de réserve. Pendant un temps même, on a évoqué la recherche des auteurs en vue de les sanctionner. Cette idée n'a, officiellement au moins, pas eu de suites et, dans un sens, on peut le regretter car les débats juridiques qui en auraient forcément résulté auraient peut-être permis de clarifier ces notions.
  • Afin d'éviter d'être accusé de faire preuve d'une naïveté désarmante, indiquons être bien conscient qu'en la matière il restera vain d'espérer trouver des définitions précises relatives au droit de réserve — on y reviendra plus loin - et sur les limites à ne pas franchir. Toutefois, notre époque versant de plus en plus dans le juridisme pointilleux, il n'est peut-être pas inutile de rappeler, par delà les idées justes ou fausses reçues, sur quels textes officiels reposent aujourd'hui le droit d'expression des militaires. On le sait, les autorités ont fait amplement savoir que la demande d'autorisation préalable pour s'exprimer sur un sujet militaire avait été supprimée dans le nouveau statut mais, militaires ou non, nos concitoyens savent-ils ce qui demeure ? C'est-à-dire l'essentiel.
  • Service et discrétion
  • (...), Le troisième alinéa de l'article L4121-2, pour sa part, enjoint aux militaires de « faire preuve de discrétion pour tous les faits, informations ou documents dont ils ont connaissance dans l'exercice ou à l'occasion de l'exercice de leurs fonctions ». On notera d'abord que ce troisième alinéa est identique à celui qui s'applique aux fonctionnaires civils dans l'article 26 de leur statut général, à ceci près qu'au lieu de « discrétion », il est écrit « discrétion professionnelle ». À voir le nombre de fonctionnaires civils venir, régulièrement et de leur propre chef, commenter à la télévision les péripéties ou conséquences des actes de service de leurs collègues, on peut se demander si cet ajout leur vaut absolution...
  • En général, comme dans le cas particulier du groupe Surcouf, à partir du moment où la discussion concerne un projet largement débattu par les élus et dans les médias, on voit qu'il est difficile pour les autorités de s'appuyer sur cette nécessaire discrétion des militaires liée aux faits connus dans « l'exercice de leurs fonctions » pour reprocher un manquement au statut.
  • Du compte rendu a posteriori à l'avertissement a priori
  • Depuis longtemps on sait que la caractéristique des militaires est de rendre compte de l'exécution des ordres reçus. Ce principe est réaffirmé (art. 7 du RDG) mais l'évolution des choses comme l'actualité récente va certainement donner plus d'importance à deux autres : « Le militaire peut individuellement saisir de propositions visant à améliorer les conditions d'exécution du service » et « Quand il constate qu'il est matériellement impossible d'exécuter un ordre, il en rend compte sans délai » (art. 11 et 7 du RDG).
  • Dans la tragique embuscade afghane, on a lu et entendu diverses accusations relatives au défaut de préparation et d'équipement des troupes ;si ces faits sont avérés et que les responsables sur le terrain plaident cette insuffisance de moyens, est-il exclu qu'on leur demande quand et sous quelle forme ils en ont averti leur commandement ?
  • Ceux, civils ou militaires, qui se sont élevés contre la démarche de Surcouf au cri « un militaire ça ferme sa gueule et ça obéit aux ordres » ont certainement en tête une époque où il ne serait venu à personne l'idée de reprocher à un subordonné cette absence de réaction préalable. Au contraire, a-t-on jamais vu un décideur accueillir avec sérénité l'annonce ou la démonstration anticipée de l'échec de ses décisions ?
  • Ajoutons qu'entre « rendre compte sans délai de l'impossibilité d'exécuter un ordre » et refuser de l'exécuter, il n'y pas un grand pas qui aurait été franchi, début octobre, par une unité néerlandaise en Afghanistan.
  • Souhaitons que cela n'arrive pas en France mais que le législateur ne se voile pas la face, on ne peut vouloir rendre, éventuellement, les exécutants responsables de l'exécution des ordres reçus tout en continuant à leur interdire toute forme de discussion. N'oublions pas que si le RDG, que les militaires de 60 ans et plus ont connu, exigeait que les ordres soient « exécutés littéralement sans hésitation ni murmure », la suite de la phrase était «, l'autorité qui les donne est responsable et la réclamation n'est permise au subordonné que lorsqu'il a obéi ».
  • Comment imaginer que ce changement de libellé est anodin et sans conséquences pratiques ?
  • Loyalisme, honneur et pétition
  • Dans ces propos au Figaro du 13 juillet 2008, le ministre de la Défense rappelle que le droit d'expression des militaires « est encadré par deux obligations : le devoir de réserve et l'obligation de loyauté. » On reviendra sur le devoir de réserve mais concernant l'utilisation du terme « loyauté » à la place du loyalisme (...), on n'y verra qu'un simple lapsus dans la mesure où les termes sont proches même si la loyauté se rapporte plutôt au principe de fidélité à une personne alors que le loyalisme s'envisage davantage par rapport à un système gouvernemental
  • S'agissant de l'honneur, on peut penser que beaucoup n'associeront pas cette qualité avec le fait de s'exprimer de façon anonyme même si la déclaration du journal indiquant que le groupe des militaires est « tenu à l'anonymat » s'apparente plus à un coup de marketing éditorial qu'à une évidence légale ; deux jours après la parution de l'article en cause, le ministre de la Défense débattait du Livre Blanc, ainsi que de Surcouf, sur la chaîne parlementaire avec deux généraux parfaitement identifiés.
  • L'autre point précis pouvant être reproché aux intervenants est celui d'avoir signé un papier collectif en infraction avec l'art. 11 du RDG. Mais là encore, si ce papier avait été signé par le seul général Durand ou Dupont, quel écho aurait-il eu ? Pour preuve, quelles réactions à l'article « Menace sur notre capacité militaire » du général Thomann paru dans Le Monde du 13 mai 2008 ?
  • Le devoir de réserve
  • Sans vouloir jouer sur les mots, notons d'abord que cette expression, ou sa sœur « l'obligation de réserve », est en quelque sorte l'Arlésienne des textes législatifs car si on la cite souvent, on ne la trouve dans aucune loi. Seul, un décret l'utilise « Les fonctionnaires de police peuvent s'exprimer librement dans les limites résultant de l'obligation de réserve à laquelle ils sont tenus et des règles relatives à la discrétion et au secret professionnels. » On note en la circonstance que réserve, discrétion et secret professionnel sont des notions non confondues.
  • Pour les militaires, le statut (...) évoque « la réserve exigée par l'état militaire » et le RDG demande de « faire preuve de réserve ». Le statut des magistrats (Art. 10), de même, leur interdit « toute démonstration de nature politique incompatible avec la réserve que leur imposent leurs fonctions. » Pour sa part, la loi citée en note 5 ne fait état d'aucune « réserve » demandée aux fonctionnaires « classiques ».
  • Pour autant, des fonctionnaires sont régulièrement sanctionnés pour ne pas avoir été suffisamment «réservés ».
  • Si on se réfère à un site officiel, on lit que : « ... L'obligation de réserve est une construction jurisprudentielle complexe qui varie d'intensité en fonction de critères divers (place du fonctionnaire dans la hiérarchie, circonstances dans lesquelles il s'est exprimé, modalités et formes de cette expression). C'est ainsi que le Conseil d'État a jugé de manière constante que l'obligation de réserve est particulièrement forte pour les titulaires de hautes fonctions administratives en tant qu'ils sont directement concernés par l'exécution de la politique gouvernementale. A l'inverse, les fonctionnaires investis d'un mandat politique ou de responsabilités syndicales disposent d'une plus grande liberté d'expression. .... »
  • En effet, il apparaît, de façon paradoxale, que la seule manière de savoir, juridiquement, si un fonctionnaire a outrepassé les « limites de sa réserve » ~ est que sa hiérarchie le sanctionne et qu'il intente ensuite une action en Conseil d'Etat.
  • Peut-être existe-t-il des études approfondies sur la jurisprudence en la matière mais à défaut de les connaître, un rapide détour vers le site du Conseil semble indiquer que bien des cas sur lesquels cette juridiction doit statuer sont caractérisés par l'outrance des propos ou des comportements sanctionnés. De ce fait, elle donne souvent raison à la hiérarchie. Il lui arrive cependant de la désavouer... tout en reconnaissant qu'il y a eu manquement à la réserve : « ... ces propos, qui ont pu constituer un manquement au devoir de réserve auquel il était tenu, notamment en raison de son rang, des fonctions qu'il exerçait et de l'assistance devant laquelle il s'exprimait, n'ont pas revêtu une gravité de nature à justifier sa non admission dans le corps des officiers de réserve... » .
  • En résumé, l'impression, superficielle certes, qui s'en dégage est bien que « les modalités et forme de cette expression » comptent pour beaucoup dans les arrêts du Conseil. Toutes choses égales par ailleurs, les militaires souhaitant s'exprimer seraient avisés d'en tenir compte.
  • En guise de conclusion.
  • Les quelques éléments ci-dessus avaient pour but de montrer que si les positions statutaires et règlements limitent l'expression des militaires, elles limitent tout autant les mesures de rétorsion discrétionnaires pouvant être prises à leur encontre ; à chacun d'en juger au vu des pièces du dossier.
  • On soulignera cependant le fait que depuis soixante ans l'évolution de la société française tend à faire du militaire un citoyen à part entière, cette évolution est évidemment lente car assujettie au poids des traditions et idées reçues. Concernant le droit d'expression des militaires, elle ne pourra se concrétiser que si lesdits militaires s’appliquent à en user avec détermination. Évidemment il faudra, comme jours, des premiers pour sortir de la tranchée à leur risques et périls , et une intelligence en accord avec la réserve exigée. En tout cas et contrairement peut-être à ce qu'ils pourraient croire, ou qu'on voudrait leur faire croire, le statut leur laisse, en la matière, une latitude certaine.

Je trouve ce texte particulièrement éclairant. Y a-t-il un juriste (fin, comme il se doit, car les juristes sont toujours fins, n'est-ce pas M. le juge?) pour confirmer, préciser ou démentir ce qui est dit dans cet article ?

O. Kempf

dimanche 8 mars 2009

Transboréal

La géopolitique est souvent "macroscopique". Il manque d'une "micro- géopolitique", allant enquêter sur le terrain pour se rendre compte de ce qu'il y a. Les journalistes le font parfois, les voyageurs aussi. Je signale donc l'excellente maison d'éditions Transboréal, et sa librairie de la rue Berthollet.

C'est là que j'y ai découvert "Le roi des trois orients", superbe livre illustré de François Place, qui renouvelle le genre de la bande dessinée : imaginez une tapisserie de Bayeux imprimée sur de multiples pages, chaque bord droit de la page de droite collant au bord gauche de la page suivante.... et suivant, ainsi, le cheminement d'une caravane le long de la route de la soie. L'auteur permet ainsi à la fois de séquencer les étapes du voyage, mais aussi de représenter la longueur de la route....

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Est-on loin de la géopolitique ? Non, car derrière ce livre pour enfant transparaît une éducation de l'espace, si négligée aujourd'hui.

O. Kempf

mercredi 4 février 2009

Citation (route)

Cette jolie citation (dont je n'ai pas trouvé les références) :

"Il n'y a que les routes, pour calmer la vie" Roger Nimier

O. Kempf