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mercredi 1 décembre 2010

Irlande, UE et souveraineté

Ce qui vient de se passer en Irlande me paraît très éclairant des évolutions de fond actuellement à l’œuvre. Je reviendrai un de ces jours sur les considérations macroéconomiques (européennes et au-delà) pour me cantonner aujourd’hui à la situation irlandaise.

Car il s'y révèle quelque chose d'important.

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dimanche 19 juillet 2009

Referendum irlandais et neutralité militaire

L'Irlande a donc décidé la date du référendum ayant l'approbation du traité de Lisbonne pour objet.

carte_irlande_geo.jpg

1/ On sait que 1/ tout traité international est obligatoirement soumis à référendum en Irlande ; 2/ que le premier référendum sur le traité de Lisbonne avait été rejeté en juin 2008. Le gouvernement irlandais a depuis obtenu des garanties sur des sujets importants pour l'Irlande : la neutralité militaire de l'Irlande, son régime fiscal ou l'interdiction de l'avortement.

2/ Revenons sur la neutralité militaire : elle tire sa source de l'opposition au Royaume-Uni et aux circonstances difficiles de l'indépendance irlandaise (voir histoire de l'Irlande ici et ici). L'indépendance, obtenue entre la Pâques sanglante de 1916 et le traité de 1938 amène l'Eire à rester neutre au cours de la deuxième guerre mondiale.

3/ D'ailleurs, c'est un peu par hasard que l'Irlande rejoint la CEE en 1972 (à cause d'une clause du traité de libre-échange anglo-irlandais, voir ici). On sait les avantages économiques que le pays en retira, devenant à partir des années 1980 un tigre celtique. Mais plus qu'un gain économique, l'Europe a permis à l'Irlande de s'éloigner de l'impérialisme britannique. AU fond, grâce à l'Europe, l'Irlande n'a plus aujourd'hui besoin d'affirmer sa neutralité, et le prétexte de la négociation est largement surfait (au moins sur ce point là).

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4/ L'Irlande ne se joignit donc pas à l'Otan, à sa création. Toutefois, signe de son évolution, elle rejoint le Partenariat pour la Paix en 1999 (voir ici). De même, elle ne participe pas à la fondation de l'ONU en 1945 et ne la rejoint qu'en 1955, devenant ensuite un contributeur habituel des missions de paix onusiennes.

5/ Cette "neutralité" demeure donc "constitutive" de la géopolitique irlandaise, même si on peut remarquer qu'elle a été contingente. Toutefois, elle s'est enracinée dans la conscience nationale, au point de devenir un marqueur du pays, comme le montrent les négociations sur le traité de Lisbonne. Il faut d'ailleurs s'interroger sur la signification de cette neutralité, à l'heure où d'autres pays neutres (Finlande et Suède au premier chef, Autriche dans une moindre mesure) tendent à interroger la notion pour entamer un rapprochement supplémentaire vers l'Alliance atlantique.

6/ Certains déplorent le "déni de démocratie" que constitue ce nouveau référendum, un an après le premier. S'il y a une part de vérité dans ce propos, on peut toutefois noter deux choses.

  • D'une part, la construction européenne est suffisamment difficile et à la merci du moindre référendum négatif, ce qui, s'agissant de l'Irlande où il est institutionnel, devait fatalement arriver. Or, l'Irlande est un des plus grands bénéficiaires de l'UE, ce que chacun admet.
  • D'autre part, et dans la continuité de ce développement soutenu par la démarche européenne, Dublin a connu depuis son référendum les effets de la crise financières mondiale : outre l'affaiblissement du modèle économique (le tigre celtique étant fondé sur l'implantation de firmes américaines en zone Euro, donc intra-communautaires), elle a vu la protection de l'EUro. Une saillie très populaire en Eire est la réponse à la question : "qu'est-ce qui différencie l'Irlande de l'Islande ? " Réponse : une lettre, et l'Euro. Ce qui montre très concrètement, à cette île atlantique, les nombreux bénéficies qu'il y a à témoigner d'une ardeur européenne. Et donc à renouveler un référendum sur le traité, quels que soient les prétextes et arrangement invoqués. La question de la neutralité militaire ne posant, on le sait, aucune difficulté dans ledit traité....

Sur le même sujet :

  • à propos des attentats : ce billet
  • sur le non au référendum : ce billet
  • sur la langue irlandaise : cette page
  • sur "la question d'Irlande" : livre (par Jean Guiffan, éditions complexe, 2006) mis en ligne par google ici.
  • Sur le ministère irlandais de la défense (ici) et sur la mise en ouvre des deux dernières années de la strarégie 2000-2010 (ici)

O. Kempf

mardi 10 mars 2009

Attentat en Irlande du nord

La reprise de la violence en Irlande du Nord (voir ici) (voir également Th. Renard ici) et la recrudescence de groupes de l'IRA, (véritable ou continuité) amène deux commentaires :

1/ Un processus de paix ne s'arrête pas avec l'accord de paix. Si les progrès s'ensablent, ce qui a l'air d'être le cas à Belfast, alors les extrêmes renaissent car les modérés ne peuvent valider leur stratégie de négociation. C'est l'équivalent de ce qu'on observe en Palestine, entre l'Autorité palestinienne et le Hamas.

2/ Ces attentats surviennent au moment ou la rhétorique bushienne de "guerre contre la terreur" a montré toutes ses limites : pas seulement sur le terrain, mais surtout conceptuellement. Chacun admet désormais qu'il est vain de vouloir faire la guerre contre une technique (aussi horrible soit-elle) mais qu'on la fait toujours contre des entités politiques, quel que soit le degré de leur organisation. La guerre se fonde toujours sur des motifs politiques. En affirmant cela, même de l'autre côté de l'Atlantique, on rouvre la porte à une plus grande tolérance envers l'action terroriste, pourvu qu'elle soit justifiée par une cause "admissible". On n'en est plus aux quêtes pro IRA dans les églises nord-atlantiques.... mais il est possible que le desserrage de l'étau conceptuel (celui de l'aversion à toute forme de terrorisme) amène certains mouvements terroristes anciens à reprendre du service.

Seront-ils plus admissibles parce qu'ils sont européens

Il faut espérer que non.

O. Kempf