Ainsi, nous apprenons aujourd'hui que les Etats-Unis enverront 17.000 hommes en renfort en Afghanistan.
Seulement, pourrait-on dire.
Car si au début, B. Obama annonçait deux brigades (voir ici, billet du 14 juillet)), le chiffre était monté jusqu'à 30.000 hommes.
1/ Cette décision reflète le basculement stratégique qu' on a oublié alors qu'il était très nouveau il y a seulement six mois (voir ici et ici).
Je cite ce que je disais début août dans ce dernier billet :
à l'axe Washington-Islamabad se substituerait un axe Washington-New Delhi, qui relayerait localement l'alliance New Delhi-Kaboul. On chercherait alors un nouvel équilibre nucléaire régional, l'Inde et l'Iran équilibrant un Pakistan devenu fragile, et ayant besoin de pressions accrues pour ne pas imploser, avec tous les risques que comportent cette "bombe islamique
2/ L'hypothèse de cet été se confirme à la lumière de deux éléments :
- le départ de Musharraf (voir ici)
- les attentats de Bombay (voir ici et ici).
3/ Alors, pourquoi seulement 17.000, pourrait-on dire ?
- bien sûr, à cause des difficultés de retrait des troupes engagées en Irak : raison officielle
- également, pour forcer les alliés européens à envoyer eux aussi des renforts : Italiens, Britanniques, Allemands ont déjà annoncé qu'ils le feraient. La France "étudie", laissant placer le doute, j'imagine dans le cadre de la fin des négociations sur les places à obtenir dans la structure.
- mais aussi par volonté de ne pas trop s'engager en Afpak (voir ici). Et voir s'il ne faut pas laisser un "terroristan" (voir ici) se mettre en place.
En conclusion/ Je crois qu'il ne faut pas s'enflammer : je trouve B. Obama très prudent sur la question, alors que c'est sur la comparaison Irak-Afghanistan qu'il avait nourri son ascension dans les sondages. Amorce d'un revirement ? peut-être.
Disons que la thèse de l'alliance indienne, privilégiée à l'alliance pakistanaise, se précise (notez d'ailleurs que sur pression américaine, Islamabad est finalement convenue que les attentats de Bombay avaient été en partie organisés au Pakistan).
Et qu'on peut imaginer l'hypothèse suivante : alors, l'Afghanistan risque bientôt de ne plus être LE problème, mais paradoxalement le début d'une solution au vrai problème, le Pakistan.
Et accessoirement, cela renforcerait le basculement possible vers une alliance avec l'Iran (idée susurrée ici).
Attention : il ne s'agit là que d'hypothèses ....
O. Kempf