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lundi 7 décembre 2015

Et maintenant, quelle stratégie de l'EI ?

A la suite des attaques du 13 novembre, on a lu finalement peu d'analyses de la stratégie de l’État Islamique (EI). Certains ont remarqué un "changement de stratégie". Disons qu'il y a eu une rupture apparente. Toutefois, celle-ci est-elle significative de la stratégie de long terme de l'organisation ?

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lundi 25 février 2013

La remise en question des frontières au Proche-Orient

Intangibilité des frontières : j'ai déjà dû évoquer, à propos de l'Afrique (voire de l'Europe, cf. ce billet), à quel point ce "principe" datant de la décolonisation paraissait battu en brèche en Afrique. Je crois que nous approchons du moment où il en sera de même au Proche et au Moyen-Orient. Le processus actuel de déconstruction/Dissolution de l'ordre ancien se poursuit.

source (d'après les cartes de M. Foucher, donnant la date de tracé des frontières dans le monde au cours de l’histoire).

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dimanche 24 juin 2012

Turquie et Syrie, après le F4 abattu

Ainsi donc, voici un avion turc abattu vendredi 22 juin par la défense sol-air syrienne. La chose n'est évidemment pas anodine, et révèle des enjeux internationaux qui dépassent la "simple" crise syrienne. Explications et hypothèses.

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dimanche 12 février 2012

Mécaniques des tensions au Proche-Orient

On ne peut qu'être frappé de la simultanéité des deux crises se déroulant actuellement au Proche-Orient : d'une part la crise syrienne, d'autre part la querelle israélo-iranienne. Les deux sujets sont d'habitude analysés de façon disjointe : tentons de les appréhender d'un même regard.

source (Géographie de la révolte syrienne, par Fabrice Balanche, in Outre-Terre N° 29, 2011/3.

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lundi 28 février 2011

Théories du chaos et de la monarchie arabe (MAJ)

Je trouve le discours de JS Mongrenier le plus intéressant de tout ce que nous lisons actuellement sur ce qui se passe au Maghreb. On lira notamment sa dernière intervention ici.

J'adore d'ailleurs sa conclusion : "Une certitude : en dépit de l’économisme et du moralisme ambiants, nous n’en avons pas fini avec les questions militaires et géopolitiques. Max Weber rappelait avec ironie que les collectivités politiques ne pouvaient descendre du train de l’Histoire comme on interpelle le cocher pour descendre d’une voiture." Cela devrait faire plaisir à un certain nombre de lecteurs d'égéa, notamment ceux d'un billet récent sur le besoin d'armée.... Par ailleurs :

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jeudi 24 février 2011

Le spectre de la guerre civile en Libye : des dominos au chaos par JS Mongrenier

Je recopie ce texte que m'a envoyé Jean-Sylvestre Mongrenier, chercheur à l'institut Thomas More, et qui est d'ailleurs paru sur la page de l'institut : mas peut-être n'y allez vous pas tous les jours, et les bons articles méritent d'être communiqués à des publics les plus larges.

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Merci donc à JS pour cette analyse.

O. Kempf

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lundi 21 février 2011

Proche Orient : de la géopolitique quand même

J'avais évoqué la dimension sociologique (démographique et économique) et donc sociale des premiers mouvements en Tunisie ou en Égypte. Or, ces mouvements ont fait tâche d'huile.

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Mais il ne s'agit plus seulement d'un phénomène social, mais politique, avec des racines, ne l'oublions pas, géopolitiques. Les cas barheini, libyens ou yéménites en sont des exemples frappants.

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dimanche 6 février 2011

répliques proche-orientales

Continuons de commenter ce qui se passe en ce moment en Égypte, et évaluons les conséquences possibles de ce tremblement de terre, et des répliques qu'il peut avoir.

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mardi 1 juin 2010

Israel et la flotille

Chacun évoque l'affaire de la flottille attaquée par les FDI.

1/ L'interprétation générale consiste à dire que les forces israéliennes ont échoué, et que l'opération est un fiasco. Bien sûr à cause des morts, mais aussi à cause de la défaite médiatique.

2/ Raisonnons pourtant d'un point de vue stratégique. Vous êtes la flottille, vous voulez à toute force que "ça se passe mal" puisque votre objectif consiste à prouver que les Israéliens sont des méchants. Ce qui s'est passé est pour vous un succès complet. But atteint. Les 9 morts sont le prix de cette bataille, et il y a des morts lors des batailles (y compris médiatiques.

3/ Mettez vous maintenant à la place d'Israël : laisser passer la flottille, c'est mettre à bas toute la construction théorique justifiant le blocus, donc la relation au Hamas, donc l'opération plomb durci, donc le retrait de Gaza. Impossible, dans les conditions actuelles intérieures israéliennes. Il faut donc l'arrêter à tout prix.

4/ A tout prix. C'est-à-dire réaffirmer la détermination d'Israël. Sachant que Tel-Aviv a de toute façon perdu la bataille médiatique ces derniers temps. Du coup, ce qui s'est passé n'est peut-être pas forcément un "échec" : le blocus tient, et il tiendra. Et Israël est vraiment "méchant" , rétablissant une réputation peut-être affadie depuis l'affaire du Liban sud en 2006 ou celle de Gaza, pas forcément concluantes.

5/ Perte de l'allié turc ? mais confirmation de l'allié égyptien. Gel des négociations avec l'autorité palestinienne ? Oui, mais seulement si vous voulez négocier, ce qui n'est pas le cas. Difficultés avec les États-Unis ? oui, certes. Mais rien qui ne soit gérable à court terme. Car la politique intérieure est une politique de court terme.

Ceci n'est bien sûr qu'une théorie. Mais qui cherche à sortir des explications usuellement avancées.

Autres analyses ici, ici, ici, ici et ici.

O. Kempf

mercredi 10 février 2010

Doctrines stratégiques arabes, par Xavier Haucourt

Un jeune thésard a eu l'amabilité de me consulter. Il travaille en effet sur les doctrines stratégiques arabes : le sujet est ambitieux, et surtout original. Je ne doute pas qu'il suscite votre intérêt, car les premiers constats effectués sont déjà passionnants. Voici donc les quelques remarques qu'il m'a communiquées, mas aussi les embryons de réponse que j'ai formulées. Pourriez-vous l'aider, en ajoutant ou précisant ce qui est ici dit ? nous vous en remercions. Je suis heureux pour ma part qu'égéa contribue, avec d'autres, au renouvellement du corpus stratégiste. Cela passe par votre aide active.

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O. Kempf

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mercredi 11 novembre 2009

L'acmé qui vient

Quel titre ! Mais où va-t-il chercher tout ça ?

1/ Dans le dictionnaire. Un vieux, qui donne encore des définitions qu'on comprend. Je cite : nf (1751, du grec akmê). phase de la maladie où les symptômes morbides sont au plus haut degré d'intensité. Bref, une sorte d'apogée, mais de "quand ça va mal". Le général Gambotti préférerait, j'en suis sûr, le point culminant. Mais bon. L'avantage d'acmé, c'est que c'est juste assez pompeux (en plus, c'est grec) et scientifique (ça fait médecin, comme dans Molière) et qu'en plus on évite tous les mots à quatre syllabes et plus que nos verbeux adorent utiliser, comme paradigme et procrastination et heuristique et... Non, acmé, c'est pas mal. Et vous avez même des chances que votre correcteur ne connaisse pas vraiment, et là, il sera forcément impressionné. Mais ce coup là, il faut ne le faire qu'une fois au cours de la copie. Naturel, en quelque sort, au détour d'une phrase. Sinon, il va voir que vous enflez et bluffez et marchez soufflez.

2/ Bon, si on en venait au sujet du billet, dites. Parce qu'en plus, ça va mal se passer. On sent en effet qu'on approche du moment où "quelque chose" va, nécessairement, se passer. Et c'est au Proche orient, alors que tous les esprits sont tournés vers l'Iran ou la Corée. Bref, on néglige ce Proche Orient, puisque ça fait cinquante ans que ça va mal : que peut-il encore arriver de pire ?

3/ Derrière cette réaction, il y a le sentiment qu'Israël va continuer à poursuivre le gel du conflit. C'est, au fond, ce qui explique la négligence générale. Or, toutes les pièces du puzzle (le jigsaw puzzle : qq'1 sait-il ce qu'est un jigsaw?) terminent leur mise en place. Décrivons :

4/

  • Israël a été tenu en échec en 2006 par le Hezbollah, ce qui constitue une grande première militaire. Quant à l'opération de Gaza, si Israël n'a pas perdu militairement, il a perdu médiatiquement. (voir billets : ici, ici, ici, ici, ici et ici)
  • La Turquie s'éloigne tout doucement et développe un néo-ottomanisme bon teint : avec ses ex ennemis (Kurdes, Arméniens), mais aussi des voisins plus proches (Syrie, Irak, Iran, et même Arabie). Voir mon billet. Le dernier allié musulman d'Israël dans la région s'émancipe.
  • L'Égypte se crispe (voir ici).
  • Du côté de l'autorité palestinienne, on se résout à la politique du pire. Et le pire, c'est qu'il n'y ait plus personne du côté palestinienne, laissant Israël seul. Je l'avais évoqué dans ce billet. Les choses vont encore plus vite que je ne le pensais, lire ici.
  • Au Liban, le gouvernement de M. Hariri est finalement formé après cinq mois : résultat de longues négociations libanaises ? non, de longues négociations syro-saoudiennes. Ce gouvernement est la conséquence du commencement de réconciliation entre la Syrie et le reste du monde arabe.

5/ Dès lors, la bombe iranienne, ou la brouille avec les Etats-Unis ne sont que des événements lointains, vus d'Israël. L'apparente stabilité actuelle est au contraire l'annonciation des pires dangers.

L'acmé est là. Le pire va bientôt arriver, même si on ne sait pas lequel.

O. Kempf

lundi 15 juin 2009

Netanyahou vote Ahmadinedjad

Chacun regarde avec le plus grand intérêt les événements en cours en Iran, et les suites de la manifestation de 1,5 million de personnes dans les rues de Téhéran. Ce soir, le premier mort est tombé (voir l'article du ++Monde++). Voir aussi ce billet de middle east en français.

1/ On lira avec le plus grand intérêt l'excellent édito de Stéphane sur AGS. Sur le caractère frauduleux de la "victoire", lire aussi Alain Gresh ici, ou G. Malbrunot ici. Pourtant, j'attendrai personnellement un peu avant de parler de cette élection.

2/ En revanche, il faut revenir sur les déclarations de Netanyahou (voir ici) à propos des "conditions" de reconnaissance d'un Etat israélien. Vincent Jauvert est le premier à noter la chose (voir ici son excellent billet).

3/ Ces conditions sont quasiment inacceptables par les Palestiniens. Mais le plus frappant n'est pas là, mais dans la simultanéité des dates : Netanyahou a prononcé son discours de "politique étrangère" le lendemain de la proclamation de la victoire d'Ahmadinedjad. Il y a un lien de cause à effet.

4/ Les radicaux israéliens ne cessent depuis quelques mois d'expliquer que la menace sécuritaire pour Israël tient à l'Iran (nucléaire et anti-sioniste), ce qui permet de considérer officiellement le problème palestinien comme marginal. Une politique de dialogue entre l'Occident et l'Iran, amorcée par Obama, aurait en effet eu pour conséquence de séparer le Moyen Orient du Proche Orient. Or, l'actuelle politique israélienne vise à unifier les deux (dans un relent du "grand moyen Orient", théorisé un temps par les néo-conservateurs). Par miroir (mimétique, mais surtout politique), Ahmadinedjad a également besoin d'un Israël radical pour justifier intérieurement sa ligne extrême.

5/ La "victoire" d'Ahmadinedjad constitue donc une bonne nouvelle pour l'actuel gouvernement israélien, qui va pouvoir continuer à négliger la Palestine (d'où les déclarations provocatrices d'hier soir) tout en faisant pression sur les Américains pour renforcer leur soutien face au "danger régional" : ne déclare-t-il pas "La plus grande menace pour Israël, le Proche-Orient et le monde entier, c'est la rencontre entre l'arme nucléaire et l'islam radical", a-t-il déclaré, appelant "à une coalition internationale contre l'armement nucléaire de l'Iran".

Il est donc assez logique de considérer qu'en fait, Netanyahou a voté Ahmadinedjad.

Références :

  • Sur l'Iran : mon billet
  • Sur les élections de juin et leur importance, mon billet

O. Kempf

jeudi 4 juin 2009

Obama, discours du Caire et Palestiniens

J.-Ph Immarigeon me faisait remarquer, tout à l'heure au colloque de défense nationale (remarquable, j'y reviendrai), les mots du président Obama lors de son discours du Caire d'aujourd'hui (on peut le lire dans son intégralité ici) :

"Ceci dit, il est également indéniable que le peuple palestinien, qui regroupe des musulmans et des chrétiens, a souffert en quête d’un territoire. Depuis plus de soixante ans, il connaît la douleur de la dislocation. Beaucoup attendent dans des camps de réfugiés en Cisjordanie, à Gaza et dans des terres voisines de connaître une vie de paix et de sécurité à laquelle ils n’ont jamais eu le droit de goûter".

Soixante ans. Sous entendu, la question de l'occupation ne date pas de 1967 et de la seule Cisjordanie, mais de 1948. Ce qui légitime un peu la revendication palestinienne au "droit au retour", même si les Américains savent qu'il n'est plus question de cela. Toutefois, cela augmente la pression sur le gouvernement israélien. Il est probable que ce discours n'a pas dû vraiment plaire du côté de Tel-Aviv. Même si les responsables déclarent le contraire (voir ici). Pour un aperçu des réactions, voir ici.

Faut-il pour autant chercher la petite bête ? Derrière le discours, et alors que les signes se multiplient en direction de l'Iran (tandis que la France paraît, quant à elle, demeurer sur une ligne plus dure envers Téhéran), le président américain maintient la pression diplomatique sur Israël et cherche à décorréler le cas Perse du cas israélo-palestinien.

Le timing est bon, avec un discours au monde arabe juste avant les élections de ce week-end et de la semaine prochaine (voir mon billet ici). On lira avec le plus grand intérêt le compte-rendu du débat télévisé entre les deux principaux candidats iraniens

Il faut au moins constater la cohérence de la ligne diplomatique américaine, qui est aujourd'hui très lisible. En effet, au contraire de la construction d'un "grand Moyen-Orient", le nouveau gouvernement sépare bien les choses : Proche-Orient, Moyen-Orient, Asie centrale et Asie du sud. Il y a certes des passerelles entre chacun de ces théâtres, mais qui ne justifient pas leur "globalisation". C'est d'une certaine façon le pied de nez au discours de la "globalisation" qu'on nous a seriné depuis quinze ans. Et ça, c'est nouveau. Et surtout, géopolitiquement très pertinent.

Pour juger de son efficacité, rendez-vous dans un mois.

O. Kempf

samedi 23 mai 2009

Les prochaines élections de juin

Des élections importantes se tiendront en juin. Non, je ne parle pas des élections européennes, même si ce sont effectivement des élections importantes. Je parle des élections qui se tiendront au Proche et au Moyen-Orient.

1/ Il s’agit en effet de la réplique des élections israéliennes de février. Réplique au sens de riposte, mais aussi au sens des tremblements de terre : il s’agira probablement d’un autre tremblement de terre, différent mais lié au premier.

2/ Les élections israéliennes de l’hiver ont vu le succès des radicaux : l’aile droite du Likoud, avec Netanyahou, et le parti improbable de Lieberman, encore plus extrême dans sa négation du problème palestinien. Peu importe que Kadima ait viré en tête : ce parti était dans l’impossibilité de réunir une coalition de gouvernement ; Comme s’il fallait aller jusqu’au bout d’une ligne dure, avant de se rendre à l’évidence, celle de la négociation. Le gouvernement israélien est donc aujourd’hui animé d’un projet au sens propre jusqu’au-boutiste.

3/ On aurait pu s’attendre à ce que la riposte politique passe par les élections palestiniennes. Or, ce n’est pas ce qui est advenu. Car les déterminants de la question proche-orientale se trouvent bien ailleurs que dans un Proche-Orient circonscrit au duo Israël – Autorité palestinienne. D’une certaine façon, en déniant à l’AP un quelconque rôle politique, Israël force à trouver une solution ailleurs. C’est d’ailleurs ce que ne cesse de dire M. Nétanyahou : la plus grande menace contre Israël ne se trouve pas à Ramallah, mais à Téhéran.

4/ C’est là qu’on en vient aux élections de juin. Elles revêtent une importance croissante à cause du sens que le nouveau gouvernement américain, celui de M. Obama, leur donne. En effet, on comprend bien la ligne américaine, manifestée lors de l’entrevue accordée cette semaine à M. Netanyahou à Washington : non, la question palestinienne n’est pas négligeable car elle est d’abord locale et impose une solution à deux Etats ; et non, l’Iran ne peut plus être considéré comme le principal problème de la région.

5/ Du temps de G. W. Bush, les Etats-Unis ne pouvaient menacer sérieusement l’Iran d’une attaque contre lui, car ils étaient englués en Irak et en Afghanistan : la marge de manœuvre militaire était quasi nulle. Israël était alors présenté comme l’instrument d’exécution des menaces américaines contre Téhéran : « certes, je ne peux intervenir directement contre vous mais Israël le peut, lui :modifiez donc votre comportement, sinon je ne le retiendrai pas ». Dès la fin du deuxième mandat de G. Bush, le discours évolua : d’une part à cause de l’amélioration de la solution irakienne, d’autre part à cause de la vacuité de la menace israélienne. Malgré toutes les démonstrations de force, chacun comprit que les choses avaient changé, qu’il n’était plus possible de détruire d’un coup l’ensemble des installations nucléaires iraniennes comme cela avait été fait contre l’Irak ou contre la Syrie : à la différence de ces deux précédents, l’Iran était à la fois trop avancé et avec un dispositif trop dispersé pour qu’une telle menace fisse effet.

6/ Le gouvernement israélien a donc beau faire, personne ne croit plus qu’il soit capable de mener une attaque efficace contre le dispositif iranien. Surtout, il n’a plus le soutien de Washington. Celui-ci a trop besoin de l’Iran, tant en Irak qu’en Afghanistan ; il croit désormais aux vertus d’une solution négociée, en laissant à l’Iran un statut de pays du seuil. Enfin, l’aplanissement du différend iranien permettra de mettre Israël en face de la réalité, qui consiste à trouver une solution viable à la question palestinienne. Ainsi, M. Obama est-il l‘allié objectif de tous les réformateurs de la région, en Iran, au Liban ou en Israël. C’est ce qu’il a dit clairement à Israël cette semaine.

7/ Toutefois, cette stratégie n’a de chance de réussir que si elle rencontre des gouvernements prêts au dialogue dans deux pays de la région. Et cela dépend des élections qui se tiendront en juin.

8/ Le 7 juin, il y aura ainsi des élections au Liban. Si le Hezbollah gagne la majorité absolue, cela raidit considérablement la donne et ferme la voie à une résolution négociée au sujet du Golan (et des fermes de Chebah) ; si au contraire, la ligne sunnito-druzo-chrétienne gagne, (ce qui est aujourd’hui possible), l’hypothèque est levée. Mais cela n’empêche qu’une fermeture, cela ne fabrique par une ouverture. Celle-ci se trouvera ailleurs.

9/ Car le plus important réside dans les élections du 17 juin en Iran. En envoyant depuis le début de l’année de multiples signaux d’apaisement, M. Obama a tout fait pour empêcher la réélection de M. Ahmadinedjad. Si un candidat plus conciliant est élu, alors le dialogue sur la question iranienne sera possible. Ce qui aura les conséquences les plus positives sur les théâtres environnant (Irak et Afghanistan) et, par ricochet, sur la question palestinienne.

Ainsi peut-on affirmer, sans manier le paradoxe, ces élections de juin permettront de contrer l’alliance objective qui existe aujourd’hui entre MM. Netanyahou et Ahmadinedjad.

O. Kempf

vendredi 16 janvier 2009

La guerre de Gaza, vu du Hamas

Essayons de voir la guerre en cours avec les yeux de l'autre belligérant, ceux du Hamas. Et en sortant de la vision larmoyante et morale que les partisans de la cause palestinienne emploient à l'excès, la desservant par la même occasion. J'y suis incité par la lecture de l'excellent billet de Zeus Irae (ici), qui vient régulièrement commenter mes billets ces derniers temps, et je le remercie au passage de sa contradiction fructueuse. On lira aussi avec intérêt l'article de M. Dalhan dans le Monde d'hier soir (ici).

1/ Le Hamas, présenté comme croquemitaine par Israël, suivi en cela par les Occidentaux, ne dispose finalement que de très peu d'armes : - les quelques roquettes qu'il fabrique (visiblement seul, avec peu de soutien extérieur). Militairement, il a cessé les attentats suicide qui l'ont fait ranger dans les organisations terroristes. - la non reconnaissance d'Israël - sa survie aux coups - le constat par les Palestiniens que la voie de la négociation ne mène à rien (l'Autorité palestinienne, ayant choisi le dialogue avec Tel-AViv, n'a rien apporté aux Palestiniens depuis... des années). - quelques réseaux extérieurs, avec les Frères musulmans égyptiens, avec la Syrie, avec Téhéran (de loin). Tous plus fragiles les uns que les autres. Par conséquent, le Hamas domine la bande de Gaza (D'ailleurs, sa disparition entraînerait une anarchie dont il n'est pas sûr qu'elle soit préférable à sa présence qui régit la population gazaenne).

2/ Quels que soient les coups frappés par Tsahal en ce moment, sa survie me paraît assurée car il y aura toujours des "jeunes" pour remplacer les militants qui sont tombés ces jours passés. Et la disparition d'un ou deux responsables politiques à Gaza favorisera l'émergence de nouvelles têtes. Les roquettes continuent de partir, marquant symboliquement la volonté d'en découdre.

3/ Les roquettes pourront cesser ou dimiuner, provisoirement. Et les tunnels ne seront vraisemblablement jamais contrôlés en totalité. Il y aura donc persévérance de l'affrontement.

4/ Or, cet affrontement est existentiel. Pas seulement pour le Hamas, même si c'est d'abord le cas du Hamas. On a l'impression que les deux parties n'existent que parce qu'il y a affrontement. C'est évident s'agissant du Hamas. Mais cela semble également le cas de la part d'Israël.

5/ La conclusion est simple : le Hamas perdurera à l'opération en cours. Il n'y a pas de solution militaire. Celle-ci est fondamentalement politique. Et elle est entre les mains d'Israël, car c'est le seul à avoir l'initiative.

6/ C'est ici que l'on peut évoquer un scénario différent du 3ème scénario que je vous ai proposé avant-hier : A cause de leur fermeté alors qu'ils sont atuellement au pouvoir, les tenants d'une politique de négociation (Livni et Barrack) réussissent à former une coalition : ils ont donné à l'électeur israélien le sentiment que le camp de la paix ne braderait pas la sécurité d'Israël. En ce sens, la guerre en cours est un bien (insoupçonné) si elle les conduit au pouvoir. D'autant que cette fermeté n'empêchera pas le constat qui existera à l'issue des élections : le Hamas existe toujours. Une voie de négociation est alors possible, non seulement avec la Syrie, mais aussi avec les Palestiniens. Il y a à ce moment une alternative, selon le résultat des élections palestiniennes de février (à supposer qu'elles se tiennent) : soit la Fatah, soit le Hamas. Ce sera plus facile avec le Fatah. Pour le reste, chacun connaît les voies du réglement : retour aux frontières de 1967, partage de Jérusalem, abandon par les Palestiniens du droit au retour. Si cette initiative politique réussit (favorisée, on s'en doute, par le gouvenrement Obama), on assiste à un incroyable retournement de situation. Le Fatah gagne a légitimité qu'il a perdue. Les régimes arabes modérés soupirent de soulagement, et la voie extrémiste à Téhéran est subitement affaiblie, puisqu' Hamadinedjad n'a plus de fonds de commerce pour faire campagne : les voies d'une négociation générale au Moyen-Orient s'ouvrent alors avec d'excellentes perspectives. Avouons que ce scénario est plausible : c'est-à-dire envisageable, avec des chances de se réaliser. Mais 1/ que ces chances sont faibles. Et 2/ que surtout elles reposent sur le sort des élections israéliennes de février, dont on ne peut préjuger actuellement, malgré les sondages. Tout ceci pour dire que si l'on veut une victoire des réalistes (donc des opposants à Netanhyaou), il faut s'accommoder de la conduite actuelle des opérations. Ce qui est tout sauf une garantie, d'ailleurs.

Mais l'intérêt (et le défaut) des scénarios prospectifs, c'est qu'ils aident à penser la réalité future por mieux comprendre la réalité actuelle. Ce n'est pas de prévoir l'avenir.

O. Kempf