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lundi 10 juin 2013

Caricature irakienne

Une fois n’est pas coutume, une caricature en provenance d’Irak qui nous permet de poser un regard sur une certaine vision géopolitique qui renvoie dos à dos chrétiens, juifs et sunnites …. alors même que le pays sombre chaque jour un peu plus dans un inquiétant chaos.

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P me transmet cette caricature tirée d’un média irakien d’obédience chiite. Mon correspondant a pris le soin de préciser que, pour les irakiens, se faire traiter de chien est une insulte parfaitement méprisante.

La France suit, certes sans laisse, mais tente tout de même de se faire remarquer.

O. Kempf

mercredi 10 avril 2013

Irak : la tripartition ?

Le Moyen-Orient se complique-t-il, ou se simplifie-t-il ? Les nouvelles du jours nous font revenir sur l'Irak, dont nous n'avions par parlé depuis trois ans... Rien n'est simple.

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mardi 9 mars 2010

Elections irakiennes

Quelques commentaires sur les élections qui viennent de se dérouler en Irak.

1/ Tout d'abord, l'échec d'Al Qaida en Irak signe la victoire, par "symétrie", des États-Unis. Les succès américains sont assez rares pour être signalés. Même s'il faut immédiatement préciser deux choses :

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vendredi 26 juin 2009

De la reprise des attentats en Irak

A l'approche du retrait américain, on constate une reprise des attentats en Irak (voir par exemple l'article du Monde).

1/ L'explication couramment donnée tient au départ des troupes US. PAr exemple, ledit article propose : "En ciblant la majorité chiite qui domine le pouvoir pour la première fois dans l'histoire de l'Irak, ils poursuivent vraisemblablement trois objectifs. D'abord provoquer le réarmement des milices chiites que le gouvernement a eu beaucoup de peine à réduire en 2008. Réenclencher, si possible, la guerre civile qui a sévi entre chiites et sunnites en 2006 et 2007 avec une moyenne de 2 000 morts par mois. Entraver ainsi le retrait américain ordonné par Barack Obama, en démontrant par le sang que les forces irakiennes n'ont pas, seules, la capacité de maintenir l'ordre. Compromettre enfin la reconstruction de l'Etat, entreprise avec un certain succès par le premier ministre, Nouri Al-Maliki, et empêcher ainsi son éventuelle reconduction aux affaires lors des élections de janvier".

2/ Toutefois, il faut s'interroger : n'y a-t-il pas aussi un lien avec ce qui se passe en Iran ? Deux explications pourraient alors être évoqués (je précise immédiatement que ces explications ne se prétendent pas exhaustives ni totalisantes).

3/ On pourrait ainsi voir la volonté des Al-Qaidistes sunnites de reprendre l'avantage dans la concurrence des intégrismes, alors que la ligne dure iranienne prend le dessus avec le binôme Khamenei-Ahmadinedjad. Il s'agirait de dynamiter l'aire d'influence iranienne, négociée de facto entre Américains et Iraniens, en jouant sur la faiblesse supposée du pouvoir irakien, alors que son mentor se dégage. En forçant un irrédentisme chiite, on accentue la fitna (la grande division entre musulmans).

4/ Une autre explication serait totalement opposée. Il s'agirait cette fois-ci des durs de Téhéran qui joueraient la reprise de la guerre civile, afin de déjouer la réussite (sur le tard) du projet néo-conservateur de démocratisation du Moyen-Orient dont la première pièce serait l'Irak. Relancer la guerre civile permet de démontrer que la baisse des troubles n'est que relative, et qu'elle est due au seul occupant américain. Sur le fond, en relançant l'agitation religieuse, il s'agit de préparer la grande jonction des intégrismes des deux bords, le sunnite (Al Qaida) comme le chiite (le binôme Khamenei-Ahmadinedjad). Ce risque a été décrit dans le récent livre d'A. Adler, "Le monde est un enfant qui joue", que j'avais signalé en son temps et dont je rendrai compte bientôt.

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5/ Ces deux explications (concurrentielles) ont un avantage : elles permettent d'élargir le spectre d'analyse et de ne pas rester sur la seule analyse irakienne, mais d'élever la focale à l'échelle du Moyen-Orient. Comme disent les Anglais, "food for thought". Surtout, cela permet d'élargir le discours habituel sur les COIN en Irak : mais sur ce point là, j'attends avec impatience les suggestions de Stéphane Taillat.

O. Kempf

mercredi 4 février 2009

Un Irak adolescent ...

Dans le Monde d'avant-hier, qui relatait les élections irakiennes, on ne peut que sursauter à lire que la démocratie est désormais mature (voir article). Mature ? n'est-ce pas aller un peu vite ? D'accord, 50 % de participation, retour des sunnites, tout ça tout ça.... Mais mature ? ce serait la victoire posthume des néo-conservateurs....

Alors, même s'il y a une part de vérité, il faut raison garder. Analysons.

1/ Le clivage religieux semble dépassé : les radicaux perdent, les nationalistes et les laïques ont le vent en poupe. Le premier ministre invente le terme d'irakiste. J'y vois la conséquence de deux racines fondamentales, qui ne doivent finalement que peu à l'idéologie néo-conservatrice, même si celle-ci peut s'appuyer sur la coïncidence pour justifier, a posteriori, la justesse de ses thèses. A ceci près que les néo-cons paraissent dévalués et inaudibles, pour longtemps. Quelles sont ces causes ?

2/ tout d'abord, l'héritage du parti Baas. On l'a oublié, Saddam Hussein était d'abord un baassiste, donc un laïque, qui voulait inventer une sorte de socialisme arabe. 30 ans de baassisme, surtout quand il est tyrannique, cela recompose une société, surtout quand ce mouvement est présenté comme la voie de la modernité. Or, la difficulté de l'islam constitue justement à se définir par rapport à la modernité. En fait, l'Irak a eu une réponse anticipée à cette question. Il y a des restes profonds dans la Mésopotamie.

3/ ensuite, il faut lire le "Rendez-vous des civilisations" d'O. Todd et de Youssef Courbage pour comprendre que la structure démographique et sociale du Moyen-Orient évolue à toute allure, pour rejoindre une normalité sociétale. Le mouvement de fond pousse à la convergence avec "l'occident", notion si compliquée et si fantasmée qu'on ne sait plus, même en Occident, ce qu'elle signifie. Là encore, les néo-conservateurs n'ont rien vu.

4/ On remarquera surtout que la société irakienne apprend que l'abstention est une défaite. Les sunnites l'ont compris cette fois ci : les Kurdes l'apprendront-ils pour la prochaine fois ?

5/ Outre les facteurs cités plus haut, la solidarité arabe et musulmane demeure le fondement unitaire : il faudra donc voir si justement l'idée nationale irakienne, quoique récente (démembrement de l'empire ottoman), pourra dominer le séparatisme kurde, sachant que quasiment tous les acteurs de la région (Turquie, Iran, Syrie, et même États-Unis) refusent d'appuyer l'indépendance. Les efforts de la Turquie pour simultanément réintégrer les Kurdes (discours sur la turquicité des Kurdes, octroi récent d'une télévision en langue kurde) et combattre le PKK devraient favoriser une autonomie du nord de l'Irak qui n'irait pas au terme de l'indépendance. Si c'était le cas, un modèle irakien survivrait et dépasserait la seule contrainte de la tyrannie pour perdurer. A l'inverse, un séparatisme kurde poussé à son terme, qui aurait sa logique, recentrerait l'Irak sur la Mésopotamie arabe et musulmane, qui consisterait une autre représentation. Les deux évolutions sont possibles. Et en fait, également probables. On est dans une situation où l'initiative individuelle, où la contingence peuvent durablement influencer le destin. La géopolitique n'est pas systématiquement déterministe.

6/ On remarquera pour finir qu'on est frappé de constater, à travers le Moyen-Orient, que la différence entre chiites et sunnites n'est plus aussi essentielle qu'on l'a longtemps cru. Le fait arabe domine l'appartenance religieuse : c'est la deuxième mort d'Huntington.

7/ Ainsi, la démocratie irakienne paraît tout juste adolescente : ce n'est déjà pas si mal, et inespéré six ans après 2003.

O. Kempf