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lundi 25 mars 2013

Turquie, du nouveau

La Turquie se débrouille bien, et de façon discrète, ces derniers temps. Ainsi, en juxtaposant deux petits faits et demi qui viennent de se passer, et auxquels j'ai fait allusion avant-hier, il y a bien l'ébauche d'un tournant géopolitique qu'il convient de mettre en valeur.

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vendredi 23 décembre 2011

Loi, Turquie, et maladresse.

Bien : il n'est pas d'usage de tirer sur le pianiste, et il fut un temps où les hommes politiques, à l'extérieur, s'abstenaient de faire le moindre commentaire sur la situation politique nationale. Il fut un temps aussi où l'on séparait nettement ce qui avait trait à la politique intérieure, et ce qui relevait de la politique étrangère, les deux étant rarement connectées. Aussi est-ce avec classicisme et gêne qu'il faut bien commenter l'escalade franco-turque qui se déroule en ce moment. Et on ne peut que dire, avec le ministre des affaires étrangères, 1/ qu'il faut garder de la retenue 2/ que cette loi est malvenue. Quelques commentaires, donc, non pour distribuer des bons et des mauvais points, mais pour examiner les choses si possible différemment, si possible avec hauteur.

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dimanche 4 septembre 2011

Fin du néo-ottomanisme ?

Encore une fois, je reviens sur la Turquie : mais ce pays est particulièrement intéressant à double titre : c'est un pays frontière entre deux continents (la sublime porte est forcément un lieu de passage), ce qui est un trait de fond ; c'est un pays dont le dispositif de politique extérieure (et intérieure) a beaucoup évolué au cours des dernirèes années, et continue surtout d'évoluer : cela explique cette attention soutenue.

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J'avais ainsi mentionné l'idée de néo-ottomanisme. Mais aujourd'hui, celui-ci n'est-il pas dans une impasse ?

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vendredi 17 septembre 2010

Reversi turc

Que dire à la suite du dernier référendum en Turquie ?

Que la Turquie poursuit son jeu de réversi :

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samedi 3 avril 2010

Peut-on parler d'un monde turc ? par F Rioux

Un nouveau thème du mois vient de s'ouvrir sur AGS : Peuples en armes. Nous y reviendrons, bien sûr. Pour autant, il y a encore plein de choses à dire de l'ancien thème sur la Turquie. C'est ainsi que je suis très heureux de proposer ce texte de F. Roux : elle est professeure de géographie en Khâgne. Voici le traitement du sujet qu'elle a donné à ses élèves.Elle est bien entendu extrêmement insatisfaite,jugeant le travail digne du panier, d'autant qu'elle "ne sait rien des Karakalpaks " ce qui semble, on en conviendra, absolument essentiel au sujet (;-))).

Sur la forme, le lecteur découvrira un plan en trois parties et une très longue introduction. Sur le fond, tout y est, bien sûr. Merci Mme Rioux de cette contribution. Et pour se détendre, on ira lire quelques turqueries sur AGS.

O. Kempf

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mercredi 24 mars 2010

Paradoxe turc

Le projet de loi qui vient d'être déposé par le gouvernement turc illustre le paradoxe de la vie politique d'Ankara.

(article publié aussi dans AGs, à l'issue du thème du mois)

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jeudi 18 mars 2010

la Turquie est-elle une puissance orientale, ou occidentale, méditerranéenne ou asiatique ?

Un lecteur assidu d'AGS, qui n'ose curieusement pas commenter, m'envoie toutefois de temps en temps des courriels fort intéressants. IL faut dire qu'il s'agit d'un prof de géographie de Khâgne. Voici donc qu'il me propose une bonne copie d'un de ses élèves, Thomas L. sur le sujet qui fait le titre de ce billet : sujet éminemment géopolitique (et thème du mois d'AGS), même si la Khâgne n'impose pas cette discipline, mais conserve l'attitude de la géographie politique traditionnelle (avec laquelle la GP a des cousinages évidents, il faut en convenir).

Or donc, le dit élève a composé, dans les conditions d'examen, sans documentation, en 5h (mais avec une carte à dessiner, qui a dû lui prendre 3/4h) on est donc dans l'épure du devoir en 4 heures, classique. La comparaison est donc très intéressante, de la part d'un jeune homme de 19 ans.

On note une longue introduction : je ne saurai trop insister sur l'importance de l'intro, qui détermine la note finale, à deux points près. Notez d'ailleurs la longue accroche préliminaire, qui définit d'entrée le cadre du sujet, avant la définition des termes : c'est une autre technique. L'annonce de plan est très longue, avec curieusement une première phrase sans verbe conjugué, ce qui est un peu maladroit : je trouve les intitulés très (trop?) développés. Mais la plan en trois parties est universitaire, classique, littéraire : on est loin de l'efficacité science-potarde, c'est d'ailleurs tout l'intérêt de la copie : montrer une autre façon de bien traiter un sujet.

Je remarque dix pages en document word, ce qui correspond à 18 à 20 pages manuscrites... Il n'a pas dû chômer. J'ai laissé les commentaires du prof, exigeant comme on peut l'être en prépa.... Ouh ! la! la! je n'y aurais pas fait de vieux os........ Je comprends surtout que ledit prof (qui m'explique gentiment, dans son mail, que décidément, peut-être n'est-ce pas une excellente copie, et que vous comprenez, n'est-ce pas, tout ça tout ça;...) a un super élève qui devrait décrocher de bonnes notes au concours; et surtout que les normaliens ont une sacrément bonne culture !

Merci donc à Thomas, merci à son professeur.

O. Kempf

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samedi 19 décembre 2009

De Byzance à Istanbul (Istamboul)

"C'est Byzance !" dit on parfois pour signifier la munificence d'un lieu, d'un repas, d'une décoration. L'expression date-t-elle de la croisade de 1204 qui vit le sac de Constantinople ? Je ne sais. Mais elle vient à l'esprit en visitant ce matin l'exposition "de Byzance à Istamboul", au grand palais : le genre d'exposition qu'un candidat verra avec plaisir, pour avoir à répondre quelque chose d'intelligent à la question "quelle est la dernière exposition que vous avez visitée ?".

photo_byzance_istamboul.jpgC'est une très belle exposition, mélangeant harmonieusement des objets venant d'Istamboul à ceux dénichés dans les collections françaises. Plein de choses superbes, au long d'un parcours dont le plus important, on s'en doute, va entre le II° et le XVII° siècle . Là est d'ailleurs le seul défaut de l'exposition : il n'y a aucune carte ni aucun plan, ni de la ville, ni des territoires contrôlés, ni des peuples rivaux.... Parti-pris de conservateur, ou oubli malencontreux ? je ne sais, et le catalogue est également chiche en carte, même si on en trouve de-ci de-là une ou deux, et une magnifique reproduction d'une carte de Ptolémée, datant du XVI° siècle et possédée, dit-on, par Mehmet II....

Mais outre l'enrichissement de sa culture générale, le géopolitologue y trouve matière à réflexion.

1/ S'agissant du partage de l'empire romain : il est généralement attribuée à Théodose, par une décision de 395 (voir ici et carte ici). Mais elle est fort différente du Traité de Verdun, qui divise l'empire de Charlemagne en trois parts. Dans le premier cas, le partage ne permettra pas aux Etats successeurs de se moderniser suffisamment, à la différence de ce qui adviendra avec les Carolingiens (création de la France et de la Germanie).

2/ Pourtant, la durée est là, puisque "Byzance" et son empire traverseront dix siècles, jusqu'à la prise de la ville par les Turcs. C'est que cet empire n'a jamais su installer de façon pérenne un système économique et fiscal qui lui permette de durer. D'une certaine façon, l'empire c'est la seule ville, et ses murailles. Est-ce un hasard si la ville n'a été prise que deux fois (en 1204 par les Croisés, en 1452 par les Turcs ) ? Or, un Etat ne peut se réduire à une ville (confer Gênes, Venise, Naples, Bruges, ..). Il doit donc bénéficier d'un territoire, et des ressources pour l'administrer. D'où l'importance géopolitique de l'impôt, que j'ai déjà mentionnée à de nombreuses reprises, et qui se trouve dans le cas de Byzance.

3/ En effet, la succession ottomane met en place un système nouveau, établi économiquement et fiscalement. Du coup, le sultan peut payer une armée permanente, ce qui est alors unique. Cette organisation fiscalo-militaire semble ainsi constitue le trait distinctif de l'empire ottoman; celui d'une modernité avérée, et donc d'une transition réussie entre le Moyen-Âge (modèle urbain) et la modernité. Surtout, une tolérance religieuse effective permet d'éviter les guerres de religion qui affaiblissent simultanément l'Europe. Une fois que celle-ci a dépassé ce clivage et surmonté son retard, l'empire ottoman perd son avantage comparatif : c'est à partir du XVIII° siècle qu'il perd sa vertu pour devenir au XIX° "l'homme malade de l'Europe" : A cet égard, on peut comprendre l'expression dans un double sens :

  • celui, couramment accepté, d'homme de l'Europe tombé malade ;
  • l'autre, qui est à mon avis tout aussi exact, exprimant que c'est l'Europe la maladie, car l'homme aurait pu être également malade de la peste, comme certains animaux de La Fontaine....

4/ Cela me mène au dernier point, celui des relations particulières entre l'Europe et ce qu'on a longtemps appelé "l'Orient". Car la Turquie, c'est l'Orient, même si c'est un Orient très mâtiné d'Europe. C'est vrai dès le XVI° siècle, et l'exposition le montre bien, expliquant l'ottomanisme comme un mélange curieux de turquicité, de byzantisme, d'européanisme et d'islam. D'une certaine façon, Ataturk veut dépasser ce mélange, mais il succombe lui-même en reconduisant la recette : celle de la conjugaison d'un "progrès occidental" (la laïcité, l'alphabet) et d'une "turquicité" plus ou moins fantasmée qui se sépare de l'Autre (l'Arménien, le Grec, et pas le Kurde....).

Car Même s'il nous est proche, l'orient demeure toujours l'orient....

Renseignements pratiques : voir ici. Jusqu'au 25 janvier 2010

On lira avec intérêt deux livres, en vente à la boutique de l'expo :

O. Kempf

jeudi 17 décembre 2009

Fragmentations turques

Ce qui se passe en ce moment en Turquie est inquiétant

1/ En effet, la cour constitutionnelle a interdit le parti kurde officiel, le PCK (parti des travailleurs du Kurdistan). En soi, ce n'est pas très problématique : cela fait déjà cinq fois qu'il a été dissous, un nouveau parti est déjà né qui prend la relève (le BDP, parti pour la paix et la démocratie) et les députés élus restent en place. Mais c'est le symbole qui est touché, à un moment important. C'est bien pour ça que les émeutes menacent déjà, avec de premiers heurts (voir ici).

2/ Pourquoi le moment est-il important ? parce que le gouvernement turc avait lancé depuis novembre quelques gestes en faveur d'une libéralisation de la question kurde. A l'intérieur du pays, mais aussi avec la guérilla du PKK qui trouve refuge en Irak, dans le Kurdistan irakien.

3/ Or, c'est toute une politique très enracinée qui serait ainsi compromise. Celle-ci était traditionnellement soutenue par le kémalisme. On niait le particularisme kurde (de ce point de vue, on affirme que la langue kurde n'existe pas, et on répète l'affirmation de Mustapha Kemal selon lequel il s'agit de "Turcs des montagnes").

4/ On voit ainsi les ressorts du jeu politique intérieur : le gouvernement est fait d'islamistes modérés. Ceux-ci (démocrates-musulmans, que je nommerai démosulmans) sont donc opposés aux tréfonds de laïcité prôné par le fondateur de la Turquie moderne, M. Kemal. Mais le kémalisme est aujourd'hui en piteux état, et l'opposition a du mal à s'opposer au gouvernement. Toutefois, elle est encore influente dans quelques institutions : l'armée, et la justice, (notamment la cour constitutionnelle).

5/ Ainsi donc, l'affrontement politique laïc contre musulmans se transpose en affrontement "ethnique" : les kémalistes voulant retrouver une certaine popularité en instrumentalisant la question kurde, les "démosulmans" voulant mettre à bas la rigueur laïcisante en cherchant à s'allier les Kurdes (et au-delà, à saper de nombreux symboles du kémalisme, comme par exemple la rupture avec les Arméniens, voir ici).

6/ On est donc loin d'une simple lutte religieuse ou ethnique. Mais les ingrédients y sont. C'est ce qui rend la chose dangereuse.

Le processus ressemble, à bien des égards, à ce qui pourrait arriver en Catalogne (voir ici).

Référence

  • Sur les Kurdes, ces données de l'université québécoise
  • Sur la Turquie et son néo-ottomanisme, ce billet

O. Kempf

jeudi 12 novembre 2009

Turquie et khâgne

Je signale le blog de Philippe Piercy, professeur de géographie en Khâgne.

Il s'appelle "géodatas".

Or, la Turquie est au programme du concours des khâgneux cette année. Ils sont donc à la recherche de ressources.

Je leur signale ce que j'ai déjà publié :

  • sur le néo-ottomanisme : ici
  • sur le rapprochement avec l'Arménie : ici, et ici
  • sur le rapprochement avec la Russie : ici
  • sur Ergenekon : ici
  • sur la Mer Noire et Southstream contre Nabucco : ici et ici.
  • sur Chypre : ici

Il faudrait que j'évoque encore plusieurs choses : d'une part, la mer Noire pour la Turquie (et donc, la clef du Bosphore), d'autre part, la mer Egée et la relation avec la Grèce, ensuite laïcité kémaliste et démocratie musulmane, enfin les influences turques (langues turques et diasporas).

Bon vent à ce blog, à ses lecteurs, aux géographes de tout poil et aux khâgneux qui, eux aussi, préparent des concours difficiles.

O. Kempf

mercredi 14 octobre 2009

La bascule turque : un néo-ottomanisme ?

La récente décision turque d'annuler un exercice qui intégrerait l'aviation israélienne marque une évolution dont on discernait les signes depuis plusieurs mois.

carte-turquie.jpg

1/ Plusieurs facteurs contribuent à cette évolution. Ils sont d'abord extérieurs :

  • la démarche vers l'Europe se heurte à l'hostilité déclarée de la France, et masquée de l'Allemagne (les récentes déclarations d'un administrateur de la Bundesbank viennent de le révéler, d'autant que la CDU vient de gagner les élections) : à force de dire à la Turquie qu'il faut attendre, celle-ci se sent encline à penser à autre chose ;
  • l'affaiblissement des États-Unis, d'autant qu'un contentieux s'était établi au moment de la gouvernance Bush. L'arrivée d'Obama, plus ouvert vers l'islam, favorise d'ailleurs le retournement turc ;
  • l'affaiblissement russe, réel malgré les rodomontades de Moscou, allège la pression au nord (voir billet) ;

2/ Ils sont ensuite intérieurs :

  • il ne s'agit pas seulement d'un gouvernement "islamo-démocrate", prêt donc à relativiser énormément de choses
  • il s'agit aussi et principalement de l'affaiblissement durable du kémalisme, considéré dans les faits comme l'héritage du passé et non, ce qu'il prétendait constituer, un facteur de modernisation.

3/ Dès lors, on observe un double mouvement. Le premier marque une désoccidentalisation (désolé pour ce néologisme) :

  • moins d'efforts pour se rapprocher des canons européens, avec une sorte de fatalisme : on ne renâcle même pas quand l'inauguration récente de l'année turque en France ne donne pas lieu à des fastes protocolaires qu'on a vu accorder çà d'autres nations
  • séparation dans les faits d'avec Israël : autrefois, les deux pays étaient les parias du Proche Orient, ce qui les rapprochaient, d'autant plus qu'Israël était considéré comme le bras armée de l'occident, à la fois européen et américain. Mais si on se libère de ces deux parrains, on peut abandonner le filleul....

4/ Et en contrepoint, une orientalisation (re-excuses) :

  • rapprochement avec la Syrie et l'Iran
  • souplesse à propos de la question kurde, aussi bien à l'intérieur qu'au nord de l'Irak
  • rapprochement avec l'Arménie (voir billet)

Il s'agit d'autant de gestes, incroyables il y a seulement cinq ans.

5/ Ils servent en plus un double discours :

  • envers l'occident : "nous suivons l'ouverture obamienne, c'est vous qui renouez avec la Syrie, et vous ne cessez de nous dire d'être plus souple avec les Kurdes et les Arméniens : dont acte"
  • envers le proche-orient : "au fond, je suis un oriental comme vous, et nous nous connaissons depuis tellement longtemps qu'il faut bien constater que nous avons tout pour nous entendre".

Gagnant des deux côtés, et très habile.

En fait, il faut bien constater un néo-ottomanisme de la Turquie : c'est le sens profond des changements qui se déroulent sous nos yeux.

La pierre de touche de la bascule réside à Chypre : selon le résultat des négociations, la Turquie décidera de quel côté elle penche vraiment. C'est peut-être pour cela qu'on n'entend plus parler de l'île d'Artémis, alors que 2008 avait ouvert des perspectives intéressantes...

O. Kempf