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mardi 26 octobre 2010

Indus et Pakistan

J'ai déjà eu l'occasion de l'expliquer début septembre : le Pakistan est fils de l'Indus.C'étaient les inondations provoquées par le grand fleuve qui avaient suscité ce billet.

Au-delà de cette intuition (ou plutôt de ce raisonnement), il manquait une vérification sur le terrain. Nous la voici donnée par Frédéric Bobin, dans un passionnant petit article "Les structures de la société pakistanaise remises en cause par les crues de l'Indus" (accessible seulement aux abonnés). On s'y aperçoit de l'importance de ces inondations.

Que dit cet article ? Il constate trois évolutions profondes :

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vendredi 3 septembre 2010

Pakistan : l'Indus inondé

On parle moins des inondations au Pakistan (à supposer que cela ait beaucoup attiré l'attention des Européens ou du reste du monde). L'aide semble baisser plus vite que l'eau (voir ici)

Souvent, les commentaires à portée un peu stratégique se sont portés sur le dérèglement climatique, éventuellement sur la notion de catastrophe naturelle et de gestion de crise. J'y vois quant à moi le révélateur de la question de l'eau au Pakistan, et donc de l'identité de ce pays.

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jeudi 30 avril 2009

Les Talibans et la question pakistanaise

L'extension de la crise afghane amène quelques commentaires.

1/ Tout d'abord, du point de vue de la théorie géopolitique, cela illustre qu'une analyse géopolitique doit respecter le principe du "positionnement relatif". En clair, il n'existe pas de position géopolitique "absolue", car tout dépend de la position d'un pays (d'une zone) par rapport à ses voisins. Par exemple, dire que la France a moitié de frontière terrestres, moitié de frontières maritimes a peu de sens si on omet de préciser que la France est voisine de l'Allemagne et de la Suisse : la première déterminant bien évidemment largement plus son dispositif géopolitique que la seconde. Etc...

2/ Dans le cas qui nous occupe, on ne peut s'intéresser à l'Afghanistan sans évoquer le Pakistan. C'est ce qu'a très tôt compris Obama (on se reportera à des billets d'EGEA d'août 2008 ici et ici, toujours assez pertinents huit moins après). Mais on ne peut évoquer le Pakistan sans évoquer l'Inde. Au point qu'au lieu de l'AfPak dont parlent les Américains, il faudrait parler d'Afpakinde.

3/ Ce qui pose une question : le Pakistan est-il surtout musulman, ou surtout indien ?

4/ Ce qui pose une autre question : puisque le Pakistan est un pays frontière, appartient-il à l'Asie centrale ou à l'Asie du sud ?

5/ Ce qui pose encore une autre question : quelles sont les frontières de ce pays frontière : à l'est (question du Cachemire) et à l'ouest (question de la ligne Duran) ?

6/ Le rapprochement des talibans de la capitale pakistanaise n'est donc pas une extension du conflit afghan vers l'extérieur (comme une sorte de retour de flamme, à l'inspiration de l'ISI qui serait une sorte d'apprenti sorcier, comme cela nous est présenté régulièrement dans les médias occidentaux) ; c'est au contraire la remontée du conflit à son essence première, qui est celle du fondement national pakistanais.

7/ On peut alors être optimiste (relativement) comme A. Adler dans le Figaro de samedi (article pas encore en ligne) : la radicalisation du nord ouest ferait tellement peur aux laïcs du sud est qu'ils se regrouperaient pour choisir définitivement la voie raisonnable et chasser les talibans. On peut aussi être pessimiste, et voir une majorité musulmane gagner jusqu'à provoquer un raidissement militaire, sur le mode de l'Algérie des années 1990.

8/ On peut enfin considérer la possibilité de l'éclatement du Pakistan, laissant un Pakistan indien d'une part (qui conserverait l'arme nucléaire), et une sorte de Pachtounistan à cheval sur les zones tribales pakistanaises et le sud de l'Afghanistan. Mais celui-ci serait alors dépecé selon une logique ethno-linguistique, et partagé entre voisins, avec à la clef un renforcement de l'Iran. Cette voie est la plus probable si les Occidentaux faiblissent.

NB : on lira également le billet de mars attaque sur le sujet.

O. Kempf