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Clausewitz (Livre II, chap. 5) « La critique » (pp. 148-156)

Je poursuis ma lecture de Clausewitz, et notamment au milieu du chapitre 4 du Livre II, que j'avais laissée au milieu de l'analyse (pour se remettre dans le bain, voir ici le 1, le 2,)

J’intitulerai cette longue sous-partie « Difficulté d’évaluer les causes ».

1/ « La recherche des causes des phénomènes et l’évaluation des moyens par rapport aux objectifs vont toujours de pair dans l’examen critique d’une action ; seule la recherche des causes déterminera quels objets méritent d’être évalués » (p. 148). « Les difficultés abondent : (...) à mesure que s’élève le point de vue, la multiplicité des objets soumis à évaluation devient patente ». C’est « un vaste champ où il est facile de se perdre ».

2/ Clausewitz donne alors l’exemple de la campagne d’Italie, en 1797, qui mène à l’armistice de Leoben puis à la paix de Campo-Formio (pp. 149-151).

3/ Il poursuit avec l’exemple de la campagne de Russie de 1812 (p. 151).Notons au passage un argument essentiel de la force armée : l’effroi ! « Bonaparte comptait sur l’effroi qui précédait ses armes ». Mais en 1812, « l’effroi s’était quelque peu émoussé au cours des gigantesques combats précédents ; mais en 1797, l’effroi était neuf, le secret d’une résistance portée jusqu’aux extrêmes n’avait pas encore été percé ». L’effroi : base essentielle de la victoire. Faire peur. Terroriser. Et pour y résister, dépasser sa peur et accepter d’aller aux extrêmes, jusqu’au sacrifice de sa capitale.

4/ CVC a parlé du génie du stratège, comme un des facteurs incontournables de la guerre. Il en vient maintenant à parler du talent du stratégiste : « à côté de la compréhension théorique de l’objet d’étude, le talent naturel est essentiel à l’examen critique, car c’est lui qui fera ressortir les enchaînements des choses et saura démêler celles qui sont essentielles » (p. 151). Mais le talent, c’est aussi d’évaluer non seulement les moyens qui ont effectivement été engagés, mais « toutes les possibilités qui doivent d’abord être formulées et en fait imaginées ». Cette imagination permet au stratégiste de se mesurer au stratège. Et donc de le critiquer, au sens commun du mot, car cela permettra « une création autonome qui jaillit d’un intellect fécond » (p. 152). CVC veut sa revanche : à la fois sur Napoléon qui l’a battu à Iéna, mais aussi sur le milieu stratégique allemand qui l’ignore. L’homme, ses amertumes et ses regrets percent sous le penseur.

5/ CVC nous en donne aussitôt un exemple, tout aussi passionnant que les précédents. Lors du siège de Mantoue du 30 juillet 1796, Bonaparte lève le siège pour se porter devant Wurmser. Génial, disent les commentateurs. Non, dit CVC, qui défend l’hypothèse de la circonvallation, l’assiégeant se défendant contre l’armée qui vient par l’élévation de défenses extérieures, tout en poursuivant le siège de la ville (pp. 152-153, puis p. 155). Autre exemple, la campagne de France de 1814 : tout le monde sait le mouvement balayant de Napoléon, de part et d’autre de la Marne, pour contenir les deux armées de Blücher et Schwarzenberg. Chacun s’en émerveille ? pas Clausewitz, qui prône d’aller poursuivre Blücher jusqu’au Rhin, en pariant sur la couardise de Schwarzenberg (p. 153-155).

6/ Critiquer Napoléon : fallait-il qu’il soit audacieux. C’est comme si d’autres se permettaient de critiquer Clausewitz....

O. Kempf

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