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Occident et mondialisation financière

1/ On aura lu avec le plus grand intérêt la leçon inaugurale que prononcera J.-C. Milner aux rencontres de Pétrarque, et dont un extrait a été publié dans le Monde du 14 juillet.

2/ Pourquoi cet article retient-il l'attention ? parce qu'il dévoile deux mécanismes qui méritent attention.

3/ D'une part, la mondialisation signifie dans les faits la fin de la domination occidentale sur le monde, puisque les ressources (naturelles et travailleuses) sont désormais réparties à travers le monde. Même la domination technologique (dernier avantage comparatif qui restait à l'Occident) n'y suffit plus, puisque les investissements à l'étranger permettent d'organiser tous les transferts nécessaires.

4/ D'autre part, pour maintenir malgré tout cette domination, l'Occident a inventé un capitalisme financier qui a accompagné la mondialisation des échanges et des produits. Ce capitalisme financier a universalisé les pratiques financières, autour de deux centres principaux, New-York et la City.

5/ C'est pourquoi la crise actuelle est si importante, et pourquoi chacun veut à toute force le rétablissement au système d'avant, malgré toutes les protestations de changement (voir par exemple l'entretien accordé ce jour par T. Geitner, secrétaire américain au Trésor ; "Nous ne voulons pas, alors que nous allons sortir de la crise, reproduire certains déséquilibres qui en sont à l'origine. Notre modèle de croissance doit être plus équilibré et plus stable.").

6/ Je reste quant à moi sceptique envers les annonces de rétablissement économique. Les mêmes causes reproduiront les mêmes effets, et on n'a rien changé "au fond" du système (voir billet sur le G 20). On a juste injecté énormément d'argent pour réinstaurer une confiance minimale (voir mon billet ici, et surtout celui-ci sur la confiance).

7/ Je continue à craindre que les déséquilibres du système (voir mes billets sur la fin de la main invisible) ne persistent ; qu'on est à l'aube d'une crise de confiance généralisée, qui touchera cette fois les dettes d'Etat. Ainsi, peu commentent le fait que la balance des capitaux américaines est de plus en plus négative, ce qui signifie une fuite des capitaux des Etats-Unis. Et chacun note le discours chinois critiquant la sous évaluation du dollar.

8/ Ainsi, la crise affecte en profondeur la dernière domination occidentale. Mais au fond, la question ne va-t-elle pas rapidement devenir : qu'est-ce dorénavant que l'Occident ?

O. Kempf

Commentaires

1. Le samedi 18 juillet 2009, 22:37 par

Point 7 : oui, la crise est peut être un drame en 3 actes : acte I, crise financière, acte II crise économique, acte III, crise des Etats.

EGEA : joliment dit.

2. Le samedi 18 juillet 2009, 22:37 par

Bonjour,

Pour moi la question principale qui demeure c'est "où en est-on concernant l'épuration des actifs toxiques?". Car si on n'est même pas foutu de les quantifier (et ça m'en a tout l'air hélas), ce n'est même pas la peine de penser à repartir de l'avant!
Autre souci d'importance : il semblerait que l'on soit déjà reparti vers de nouveaux produits financiers douteux en catimini... N'oublions pas que pour garantir les prêts interbancaires on a aggravé la dette publique des Etats qui eux n'ont personne pour les sortir de l'ornière financière. Sans compter que la zone Euro s'en sort très mal, pire même que les Etats-Unis (repli du PIB de 2,8% outre-Atlantique contre 4,8% pour les pays ayant adopté l'Euro selon les prévisions de l'OCDE). Bref, les lendemains sont encore loin de chanter...

Cordialement

3. Le samedi 18 juillet 2009, 22:37 par Richi

Sauf que les Etats ont quelques caractéristiques propres pour ce qui est de leurs dettes.

  • - Ils sont en principe immortels (ou en tous cas réputés comme tel)
  • - Ils ont la capacité de se procurer des ressources financières par l'impôt ou divers taxes
  • - Ils ont donc la capacité au moins théorique de se sortir tout seul de l'ornière par une action "politique" (au sens noble du terme, pas celle qui rime avec démagogique...)

Par contre pour les citoyens ça veut dire sans doutes redécouvir au final que la dette publique est avant tout leur dette...

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