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La France, la Russie et le revers

La vente du Mistral à la Russie rappelle furieusement l'amitié franco-russe d'i y a un siècle.

bpc-mistral-marine-nationale-toulon.jpg (photo tirée d'ici)

La France a souvent "joué" la Russie , et souvent comme alliance de revers. Cela mérite quelques commentaires.

1/ Tout d'abord, on peut trouver ce que l'on veut dans l'histoire : aussi bien des alliances lointaines (avec une princesse russe qui épouse un dauphin de France dès le XI° siècle, si ma mémoire est bonne) que des guerres franches (d'Austerlitz à la campagne de Russie et, dit-on, le teme de Bistrot qui daterait de 1815...).

2/ A regarder l'histoire récente, celle qui détermine le cadre géopolitique contemporain, celle surtout qui met en relation la Russie et la France, on voit deux époques : l'une datant de la fin du XIX° siècle, où la France (républicaine !!!) cherche une alliance de revers contre l'Allemagne qui a occupé l'Alsace Lorraine. Ce sera l'amitié franco-russe, et ses conséquences (de la triple entente à Brest-Litovsk).

3/ La seconde date d'après la 2ème guerre mondiale, et plus exactement du gaullisme. Mais alors, la troisième voie cherche une indépendance de l'ordre bipolaire, et les politesses franco-russes (De Gaulle parlait de Russie, non d'URSS) se font en fait non contre l'Allemagne, mais contre les Etats-Unis : s'il ne s'agit pas d'alliance à proprement parler, la finalité reste la même : équilibrer une puissance jugée trop envahissante.

4/ C'est pourquoi l'attitude actuelle mérite des explications. Il y a en effet une sorte d'amitié franco-russe (guerre de Géorgie, vente des Mistral, ...) qui tient à plusieurs causes : moindre dépendance au gaz russe, éloignement de la menace, habitude d'une vision géopolitique de puissance, solidarité de membre permanent, .... Mais elle est curieuse parce que cette fois, elle se fait non pour des motifs d'équilibrage des Etats-Unis ni de la Russie. Au contraire, on observe une sorte de concurrence russophile des puissances ouest-européennes (Italie, Allemagne, France, voire Royaume-Uni).

Il reste que cette disposition paraît plus le fait de l'opportunité que de la décision géopolitique : il faudrait , me semble-t-il, fonder celle-ci au plus haut niveau, si on la juge nécessaire. Mais cela imposerait de l'articuler avec une vision européenne, et une vision transatlantique, quitte à remettre en cause certains pans de ces deux perspectives : vaste programme.....

Références :

  • sur la vente du MIstral : ici, ici et ici
  • Blogs de géopolitique russe : ici et ici.

O. Kempf

Commentaires

1. Le lundi 12 avril 2010, 20:43 par

Ne pourrait-on pas considérer l'actuelle Russie, c'est-à-dire celle que désire forger Medvedev avec les limites que l'on connait, comme une puissance alliée de l'Europe, voire intégrée à l'Europe sur le temps long (on connait le débat russe sans fin sur la définition de leur identité).

Dans une telle perspective, il semble logique que les États européens en quête de puissance, la France et l'Allemagne en tête, se placent pour courtiser le partenaire-allié russe. Celui qui aura ses bonnes grâces en recevra les dividendes le moment venu. Aussi, ce retour français vers la Russie sonne pour moi comme un contrepied à la réaffirmation politique allemande.

En se retournant vers la Russie, la France joue contre l'Allemagne.

égéa : exactement !

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