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Jésus, par J-Ch Petitfils

Voici un livre passionnant, que j'ai dévoré d'une traite : non pas un livre apologétique, mais une enquête d'historien "de bonne foi" sur le phénomène "Jésus".

source

1/ Phénomène, pour marquer l'historicité de Jésus, attestée depuis longtemps par les sources scripturaires : les Évangiles, tout d'abord, mais aussi Flavius Joseph et Tacite, par exemple. Phénomène également pour marquer l'exception du personnage, aussi bien par rapport à son temps que par rapport à sa postérité.

2/ On y apprend entre autres la situation politique de la Palestine, aussi bien lors de la naissance de Jésus (en -6 ou -7) sous Hérode le Grand, que 30 ans plus tard lors de sa prédication et de sa mort (en 33 , donc alors qu'il avait 40 ans !). On y apprend que le Nazôréen appartient à une branche particulière du judaïsme, persuadée que d'elle naîtra le futur Messie. On y apprend que Jean l’Évangéliste n'est pas Jean l'Apôtre, à rebours d'une croyance constante. Que sa prédication eut lieu en Galilée, cette région éloignée de la Judée, et sous domination d'Hérode Antipas, le gendre; alors que Jérusalem est sous la domination d'une sorte de théocratie, s’arrangeant tant bien que mal avec les Romains, et séparée en plusieurs courants : pharisiens, sadducéens, esséniens.... Que si Jésus vient chaque année à Jérusalem, il prêche surtout dans le nord, aux marges . Que son historicité n'en fait pas pour autant un révolutionnaire politique, et que les sicaires et les zélotes n’apparaîtront que plus tard. Qu’enfin, il n'y aura pas de procès proprement dit devant le Sanhédrin, et que Pilate doit composer avec le jeu trouble d'Hanne et de Caïphe.

3/ L'appareil documentaire est tout à fait passionnant (prévoir deux marque-pages : un pour la lecture, un pour aller rapidement aux notes), les annexes aussi (sur les différents Évangiles (les non-canoniques, les synoptiques, celui de Jean qui est le plus historique) mais aussi sur les autres témoignages (suaires de Turin et d'Oviedo, tunique d'Argenteuil).

Bref, un monument d'érudition, absolument indispensable.

Jésus, par Jean-Christian Petitfils, Fayard, 668 pages

O. Kempf

Commentaires

1. Le jeudi 26 janvier 2012, 19:13 par Laurent

Je n'ai pas lu ce livre, et je ne suis pas un spécialiste de cette question. Mais j'ai pensé qu'il ne serait pas inutile de savoir ce que pensent de ce livre beaucoup d'historiens sérieux : l'auteur ne ferait absolument pas œuvre d'historien, c'est-à-dire critique, mais il se contenterait de nous fournir (en la commentant) la version classique et "officielle" de l'Eglise et des Evangiles. Ainsi, et par exemple, il refuserait assez lâchement de prendre parti sur la question du soi-disant "Suaire de Turin", qui est un faux manifeste, comme le rappelle fort opportunément le magazine "L'Histoire" de ce mois. En effet, se contenter, comme le fait Petifils, de dire "je ne sais pas", "je ne me prononce pas" sur cette question du "Suaire" revient, de fait, à couvrir ce faux de son autorité. Un ouvrage très orienté idéologiquement, donc (ce qui son droit le plus strict), mais certainement pas un ouvrage savant, et encore moins un authentique travail d'historien critique.

égéa : Laurent, le Saint Suaire, c'est comme le conflit israélo-palestinien : y pas moyen de discuter sérieusement de ces affaires. D'ailleurs, à chaque fois, il s'agit de foi....

Faux manifeste ? discutable, lis justement l’annexe qui y est consacrée dans le Petitfils. Mais bon : tu commences par dire "je n'ai pas lu ce livre" et tu conclus par "un ouvrage très orienté idéologiquement", "certainement pas un ouvrage savant, et encore moins un authentique travail d'historien critique". Je me trompe, ou il y a comme une contradiction entre l'intro et la conclu ?

2. Le jeudi 26 janvier 2012, 19:13 par Laurent

Certes, certes, je me suis mal exprimé. Je voulais seulement dire que je ne faisais que rapporter (jusque dans le jugement proféré) les propos qui m'avaient été tenus, et dans lesquels je confesse (!) avoir confiance...

égéa : "confiance". Autrement dit, un acte de foi. En soi, ce n'est pas répréhensible. DIsons que quand le jugement proféré l'est au nom d'une "sacro-sainte" (oui, je provoque) scientificité, ça fait sourire. Donc, lis-le, même si le sujet t'est désagréable.

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