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Jeu d'eau (1) : Mer de Chine, déni d'accès et géopolitique

Voilà un bon sujet ! Où l'on mélange la puissance émergente, des considérations militaro-stratégiques, et des aperçus géopolitiques. Autrement dit, entre la mer de Chine, les missiles et les porte avions, la Chine et les États-Unis et les pays riverains, il y a en ce moment un "grand jeu" qui mérite intérêt. Un jeu d'eau ?

source

Merci à PTH qui poursuit son travail remarquable, pour les happy few (mais quand ouvre-t-il donc un blog ?). Ce billet commence par citer son analyse : j'y ajouterai quelques aperçus dans un prochain billet.

Judy DEMPSEY, journaliste à International Herald Tribune et au New-York Time, a produit une brève analyse, pour la Munich Security Conference sur l’effort américain vers le Pacifique. Partant de l’annonce, faite par POTUS en novembre 2011, du déploiement de 2.500 soldats américains en Australie, Judy Dempsey explique que le but des Etats-Unis est de contrer la stratégie de « déni d’accès » que semble vouloir mettre en œuvre la Chine (voir sur le sujet le Focus stratégique de Corentin BRUSTLEIN de l'IFRI).

Bien que les Chinois disposent d’un porte-avions depuis août 2011, qui ne sera opérationnel que dans une dizaine d’années, les Américains s’inquiètent plus de la mise en service d’un missile de moyenne portée, le Dongfeng 21D que de l’émergence d’une flotte de haute mer. Ce missile pourrait avoir la capacité de détruire un porte-avions ce qui empêcherait, potentiellement, l’accès à la Mer de Chine méridionale, constituant, ainsi, une menace sérieuse :

  • «It is clear that we are dealing with a military that is focused and serious about finding ways in which to defeat us should a conflict occur,” he argued. No wonder that China’s Anti-Access/Area Denial potential has turned into one of the main issues preoccupying Washington’s approach to the Asia Pacific

D’ailleurs, POTUS avait clairement annoncé, lors de sa conférence du 5 janvier 2012, que l’armée américaine devait avoir la possibilité d’intervenir dans une zone dans laquelle un adversaire tenterait de lui en interdire l’accès (« the ability to operate in environments where adversaries try to deny us access»)

Le problème pour les Chinois, dans l’application de leur stratégie, est que les pays riverains ne voient pas d’un très bon œil l’arrivée du « Dragon d’eau » (je vous rappelle que le Dragon est le symbole de l’Empereur de Chine et que 2012 est l’année du Dragon d’eau !) et, par contrecoup, apprécient le retour des Etats-Unis dans cette zone…

En dehors de cette rivalité assumée, la Mer de Chine méridionale reste une zone hautement stratégique, tant pour l’important trafic maritime qui s’y déroule que pour les richesses de son sous-sol ce qui pousse encore plus les Américains à vouloir maintenir cette zone ouverte pour leurs navires « gris ». Les Chinois, de leur côté, veulent régler les différents par des entretiens bilatéraux et non multilatéraux tout en déclarant que les Etats-Unis n’ont rien à faire dans cette région. Dès lors, les accords entre les Etats-Unis et le Vietnam et entre les Etats-Unis et l’Inde doivent être considérés comme une action bien comprise pour contrer l’influence grandissante de la Chine (« The U.S., meanwhile, is forging closer strategic ties with Vietnam and India. Both countries are ambivalent about the rise of China, and what that means for China’s growing military and political influence in the region. »).

verbatim PTH.

Merci à lui. O. Kempf

Commentaires

1. Le samedi 28 janvier 2012, 19:00 par

1. Je ne suis pas un spécialiste du ciblage, mais alors pas du tout, mais je ne vois pas comment on peut guider un missile balistique (DF-21) sur une cible mobile. Il faudrait bien qu'il existe un guidage terminale pour que le corps de rentrée trouve sa cible. Un porte-avions américain qui croise à 30 noeuds parcours une belle distance, même en 5, 10 ou 20 minutes.

2. Quand bien même ce serait possible, je ne vois pas en quoi cela inquiète tant les américains alors qu'ils ont des destroyers et croiseurs AEGIS qui évoluent vers des capacités ATBM/ABM.

3. Je m'inquiéterais plus de la flotte sous-marine chinoise et de la géographie particulière des lieux.

4. A moins que l'on m'explique que le DF-21 est crédible comme arme anti-navire.

2. Le samedi 28 janvier 2012, 19:00 par Pascal TRAN-HUU

Je ne suis pas, et loin de là, un spécialiste du ciblage et encore moins un grand marin, toutefois, il faut conserver à l'esprit que la République populaire a mis en œuvre deux systèmes majeurs qu'il ne faut pas négliger: Beidou (Grande Ourse) et Yaogan. Ce dernier dans sa version 9, peut être utiliser pour localiser et guider des missiles sur des bâtiments de surface (http://www.sinodefence.com/satellit...). Une menace suffisamment prise au sérieux par la Navy même si des interrogations subsistent (http://www.9abc.net/index.php/archi...)
En ce qui concerne la réalité de la flotte sous-marine chinoise en mer de Chine méridionale, il faut quand même reconnaître que les sous-marins de la classe Roméo (2 dans la zone), de la classe Ming (6) ou de la classe Song (6) ne constituent pas une menace sérieuse pour la 7e flotte. Les seuls qui pourraient, éventuellement) inquiéter l'US Navy pourraient être les 4 sous-marins de la classe Kilo ou le tout nouveau sous-marin de la classe Yuan... Il est vrai qu'en 2007, un sous-marin de la classe Song avait fait surface au milieu d'un exercice de la marine américaine sans avoir été détecté mais, depuis, les marins ont fait quelques progrés et, surtout ont arrêté de sous-estimer les Chinois...

3. Le samedi 28 janvier 2012, 19:00 par Daniel BESSON

Bonjour ,
Il faut remarquer ici que la stratégie Etasunienne n' pas beaucoup varièe depuis les années 30 lorsqu'il s'agissait de " contrer le Japon ", la stratégie et la réthorique ...
Y compris par exemple dans le choix de Port Darwin en Australie .
A l'époque les ceintures insulaires ( Island Chain ) étaient désignées sous le terme de " tranchées navales " , terme tiré de la PGM encore proche .
Outre les routes commerciales , la MAPL se doit aussi de disposer d'un " bastion naval " pour y déployer en sécurité ses SNLE .
Quand aux missiles anti-navires ils constituent la réponse asymétrique par excellence à une task force . Les Soviétiques l'avaient déja compris :
http://www.ausairpower.net/TE-Sov-A...
http://www.ausairpower.net/APA-Sov-...
Pour voir le parrallélisme avec les années 30 , lire :
La lutte pour le Pacifique - Gregory Bienstock - Payot 1936
Welt in gärung - zeitberichte deutscher geopolitiker - Breitkopf & Härtel 1937
Weltmeere und Weltmächte- Karl Haushofer - 1937
Cordialement
Daniel BESSON

4. Le samedi 28 janvier 2012, 19:00 par Daniel BESSON

Ps : En complément un article en Allemand qui est un des rares a évoquer le rôle de Darwin en Australie et le lien avec son importance en 1942 et 2012 :
http://www.dradio.de/dlf/sendungen/...
http://australia.gov.au/about-austr...
Darwin était connue comme " Baby Singapore " http://trove.nla.gov.au/ndp/del/art...
Daniel BESSON

5. Le samedi 28 janvier 2012, 19:00 par Echo du champ de bataille

Effectivement c'est une menace sérieuse que les stratégies "Anti access" et "Area denial", formes de nouveaux modes d'action du faible au fort. A ce titre, je propose une analyse personnelle : http://lechoduchampdebataille.blogs...
Cordialement

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