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Irak : la tripartition ?

Le Moyen-Orient se complique-t-il, ou se simplifie-t-il ? Les nouvelles du jours nous font revenir sur l'Irak, dont nous n'avions par parlé depuis trois ans... Rien n'est simple.

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Il y a trois ans, j'expliquais qu'il n'y a pas fatalité à la dictature. Sauf quand le vainqueur des élections ne joue pas le jeu, et arrête ses opposants même s'ils sont ministres de son gouvernement. Ce n'est pas très subtil, mais M. Maliki n'a pas l'air d'être très subtil.

On ne peut plus vraiment accuser les États-Unis, qui ne sont plus là depuis maintenant quelque temps. Ce qui se passe tient à la fois de ressorts intérieurs, mais aussi d'influences extérieures, régionales.

Bref, M. Maliki joue la carte chiite, et donc s'aligne sur l'Iran (et indirectement, accepte le lien trans-moyen-oriental : c'est-à-dire l'horizontale chiite qui mène de l'Iran à la Méditerranée. La fiction de l'unité irakienne a donc disparu. Le seul enjeu est la répartition des richesses. Tant pis pour le nord kurde qui a obtenu de facto son autonomie. Tant pis pour les sunnites de la province d'Anbar, qui se révoltent de plus en plus ouvertement. Le fractionnement irakien est un risque à courir.

Car il opère dans un environnement dégradé par la crise syrienne. Les arabes sunnites du Golfe (Saoudiens et Qataris) n'ont eu de cesse de jouer les sunnites arabes du nord, en Irak ou en Syrie. Ils ont d'abord joué la rébellion, ainsi que cela été maintes fois constaté. Ils jouent probablement aussi les sunnites irakiens. L'idée sous-jacente consiste à parier sur l’éclatement conjoint de la Syrie et de l'Irak, et de former sur ses ruines un état cohérent et sunnite, entre Irak et résidu de Syrie, et tant pis si les Kurdes se retrouvent (cela explique d'ailleurs que les Turcs ne soient pas très chauds à ce projet). Bref, une réincarnation du vieux projet d’unification du parti Baas, autrefois laïque (et révolutionnaire). Mais dans ce cas, réunissant non pas l'entière Mésopotamie, mais un État réduit à une haute-Euphratie.

Mais patatras.

  • D'une part, la rébellion syrienne est de plus en plus fragmentée, et sous influence des islamistes d'Al-Nosra (les plus virulents, les plus internationalistes : vous ai-je déjà dit que l'islamisme est un internationalisme ?).
  • D'autre part, Bachar Assad non seulement résiste, mais reprend localement du terrain.
  • Enfin, pour couronner le tout, la fusion rêvée se fait, mais entre islamistes, puisque Al Nosra et Al Qaida en Irak fusionnent (la fusion des révolutionnaires non-laïques : l'inverse du projet Baas, avec probablement les mêmes chances de réussite de long terme). Or, AQ est incontrôlable par les sunnites du Golfe. Inadmissible.

On n' en est là. Pas sûr que les manifestations sunnites des grandes tribus d'Anbar suffisent à forcer une solution en Irak. M. Maliki a encore des cartes en main. Et le Moyen Orient demeure compliqué !

O. Kempf

Commentaires

1. Le mercredi 10 avril 2013, 22:08 par Mannerheim

Un éclatement reste en effet envisageable puisque, en plus des conflits disons communautaires, les frontières Est de la Syrie et Ouest de l’Irak sont totalement artificielles et datent de l’accord franco-britannique Sykes-Picot de 1916.
En Irak, la découverte de gaz dans la province d'Anbar, où les sunnites sont majoritaires, permettrait un rééquilibrage concernant le partage du gâteau des ressources énergétiques du pays. Au delà des influences des pays voisins, la répartition des réserves de pétroles et de gaz restera un des nerfs de la guerre pour une éventuelle division formelle du pays.

égéa : tout à fait d'accord, sur les deux points.

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