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Sociologie militaire (MAJ)

Je ne crois pas vous avoir déjà parlé de sociologie militaire. Disons qu'en mes jeunes années, la sociologie générale m'avait intéressé, beaucoup moins la sociologie militaire. Et comme je suis en train de lire un livre de sociologie militaire (si, si), je me suis posé un certain nombre de questions autour de cette discipline. Merci à M. Chillaud et L. Bardiès d'avoir éclairé ma lanterne et nourri ces quelques éléments de description.

Source (blog "sociologies militaires") (NB : le choix de cette illustration est multiple : elle vient d'un site de sociologie militaire, et elle illustre la féminisation, mais aussi l'interaction des armées avec la société civile ; et puis elle est amusante, non ?)

Qu'est-ce que la sociologie militaire, tout d'abord ? dans un sens restreint, une sociologie des armées. Au sens plus large, elle inclut aussi la sociologie des relations armée-Etat-société et la sociologie de la guerre.

Il y a plein d'auteurs américains, mais une des questions que je me posais était celle des auteurs français. A tout seigneur tout honneur, Gaston Bouthoul et sa polémologie, qui est une "sociologie de la guerre". Je ne sais si le mot "sociologie" est adapté, d'ailleurs, Mais au moins, on peut s'accorder sur son nom.

Ensuite qui a inventé la "sociologie militaire", et tout d'abord la sociologie des armées. Un nom est discuté, celui de Pierre Dabezies. Il a certes surtout incorporé les études de défense à l’université, mais ce n'est pas un sociologue au sens propre. Toutefois, comme il a discuté longtemps du thème de la "spécificité militaire" , notamment avec les sociologues pur jus, il est cité comme un des fondateurs.

Sinon, le premier semble être Bernard Boëne, qui a dirigé le cours de sociologie militaire à Coet pendant des années : sur la définition du champ, ses aspects épistémologiques et méthodologiques, Bernard Boëne a énormément écrit. Derrière, on peut ajouter Michel-Louis Martin (et ceux qui ont participé à la vie du centre Morris Janowitz à l'IEP de Toulouse), Hubert Jean-Pierre Thomas (et ceux qui ont œuvré au Centre de sociologie de la défense nationale), Pascal Vennesson. Ajoutons éventuellement Thiéblemont qui a fait de l'ethnologie.

Où trouver des références : Il faut lire le n° de la Revue française de sociologie consacrée à la sociologie militaire. Il date des années 1961 ou 1962. S'il n'y a pratiquement pas de spécialistes qui ont écrit dans le numéro de la RFS qui date de 61 ou 62, il demeure intéressant parce qu'il est surtout une réaction aux événements de la fin de la guerre d'Algérie. Le numéro 6 de Champs de mars (la revue de l'IRSEM) s'est consacré au sujet (La sociologie militaire en France, dernier trimestre 1999). Un numéro spécial de l'Année sociologique consacré aux armées est sorti en 2011. Régulièrement, des articles dans la RDN.

Aujourd'hui, parmi les spécialistes "vivants" et actifs, on peut citer : Laure Bardiès, donc (CREC), Barbara Jankowski (IRSEM), Claude Weber (CREC St-Cyr), Christophe Pajon (CREA-Air), Eric Letonturier, Sebastien Jakubowsky... Je cite également Bastien Irondelle qui est un politiste (Sciences Po), mais qui a intitulé son bouquin "la réforme des armées, sociologie de la décision". Enfin, Jean Joana (Montpellier I) qui vient de publier un livre sur le sujet, Les armées contemporaines, aux presses de Sciences Po (le livre que je suis en train de lire, d'ailleurs).

Enfin, n'oublions pas tous les sociologues militaires,qui travaillent sur ces sujets, notamment autour des Directions de ressources humaines de chaque armée. En effet, bien connaître sa population exige de recueillir, régulièrement, les avis des administrés. Tout un tas de spécialistes œuvrent quotidiennement sur ces sujets, comme des praticiens, alors que nous avons surtout évoqué, jusqu'à présent, des universitaires.

Je suis bien évidemment preneur de toute précision pour compléter ces informations. Merci encore à MC et LB.

MAJ : lisant un livre de stratégie (celui de B Heuser), je note qu'Ardant du Picq, celui qui promut la force morale, utilisait beaucoup les sondages auprès des officiers et des hommes du rang. C'était avant 1870, un lointain précurseur de la sociologie militaire. Le signalant aux spécialistes, on me répond que oui, cf. cette étude dans Res Militaris.

O. Kempf

Commentaires

1. Le lundi 29 juillet 2013, 20:31 par A de M

Je signale en passant qu'en ce qui concerne le "Centre Morris Janowitz" de l'IEP de Toulouse, qui n'a jamais eu de centre que le nom, qu'il a été précédé du Centre d'Etudes et de Recherche sur l'Armée (CERSA) l'un des plus anciens centres de sociologie militaire en France. Il s'y est produit beaucoup de choses entre 1974 et disons 1995, notamment au cours des nombreux événements organisés et suivis. Et si "la sociologie militaire comprend la sociologie des armées, des relations armée-Etat-société et de la guerre", vous pouvez rajouter à votre liste au moins Lucien Mandeville, le fondateur et le directeur de ce centre et d'une grande partie des études et recherches en sociologie militaire en France, même si l'omerta dont il a fait l'objet depuis plusieurs années l'a souvent empêché d'être publié.

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