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Les cartes de notre enfance

Soudain, vous recevez un bel album relié en toile, avec une magnifique carte Vidal Lablache. Soudain, un flot de souvenirs remonte à la surface. Notamment ce jour, dans la classe de 9ème (à l'époque, on disait encore 9ème, vous n'imaginez pas les difficultés que j'ai eues pour apprendre CE2 lorsque mes enfants passèrent par là), j'avais reçu un stylo à encre, il ne fonctionnait pas. Je l'agite et, oh! surprise, une goutte part s'écraser sur le mur : plus exactement, sur la carte de France qui était pendue au mur. La maîtresse n'a rien remarqué mais je n'ai, tout au long de cette année là, cessé de trembler à l'idée qu'un jour elle s’étonnerait de cette tâche sur la carte. J'avais attenté au savoir qu'était évidemment cette gigantesque carte et je savais que l'anonymat n'était pas quelque chose de confortable. Toutefois, il s'en est suivi une sorte de complicité avec ladite carte, allez comprendre la psychologie enfantine : nous partagions un secret, elle et moi et je savais qu'elle, au moins, ne me dénoncerait pas.

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Vous l'avez compris : ces cartes remuent des souvenirs d'enfance. Voici pourtant un livre qui les présente de façon sérieuse et analytique ce qui permet d'aller au-delà de la simple corde émotive, ce que d'autres ont joué avec talent et sans vergogne.

Dans une brève introduction, les auteurs (J. Scheibling et C. Leclerc) nous rappellent qui fut Vidal et quel fut le projet de ces cartes éditées par Armand Colin. Puis ils passent aux cartes proprement dites, en deux parties : La France et son empire, les continents.

Chaque carte est reproduite et commentée. Ainsi, à propos de la carte "France: départements", on lit : "Cette carte a été sans doute la plus controversée de la collection, non pas tant par les informations qu'elle donne, mais par l'utilisation pédagogique qui en fut faite". Ainsi, tout est dit selon une triple grille d'analyse : d'une part la description technique de la carte (pourquoi tel choix de représentation, tel dessin?), l'intention pédagogique initiale, enfin l'histoire pédagogique (puisqu'il s'agit aussi de montrer la distance qui existe entre ces cartes de "notre enfance" et ce que l'on peut chercher aujourd'hui).

On le devine, l'ensemble est passionnant et peut donc se lire à plusieurs degrés : parcourir l'album en s'attardant sur chaque carte, pour le plaisir des yeux et des souvenirs, rechercher une sorte de représentation politique partagée du monde telle qu'elle pouvait exister quand la République ne doutait pas d'elle-même, avoir enfin une lecture plus minutieuse et actuelle.

La qualité graphique est remarquable et l'ouvrage est de très belle facture. Bref, exactement le genre de choses que vous pouvez demander pour Noël, qui vous servira aussi bien à gâtifier avec enfants et petits-enfants ou à vous faire plaisir si vous n'avez pas de progéniture.

Les cartes de notre enfance, Armand Colin, 2014

O. Kempf

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