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Marco Polo (Convard, Adam, Bono)

Par de curieuses circonstances, j'ai lu à quelques semaines d'écart Alix en Chine et cet album, Marco Polo à la cour du grand Khan, deuxième volume d'un dyptique commencé l'an dernier chez Glénat. Je mentionne les deux albums même si je ne vais traiter que du dernier, pour signaler cette représentation du héros occidental voyageant à l'autre bout de la terre, acquérant l'estime de l'empereur du cru et revenant, riche d'expérience à défaut d'or. Mais tandis que chez Alix il ne s'agit que d'une "fantaisie", Marco Polo tire son argument de faits réels.

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Voilà en effet l'argument de cette collection, "explora", qui retrace la vie de grands "explorateurs". Elle est agrémentée d'un cahier historique et guidée par un historien de métier, ici Christian Clot qui donne la garantie scientifique à cette demi-fiction.

Faut-il rappeler l'importance du périple de Polo et de son "devisement du monde" ou "livre des merveilles" qui influença toute la fin du Moyen-âge et provoqua bien des désirs d'aventure : point de Christophe Colomb sans rêveries autour des richesses de l'orient, sans fantasmes autour des aventures de Marco Polo. Destin unique, destin retracé, destin qui provoque d'autres destins : le devisement du monde provoquera un basculement du monde même si ce n'est pas la première fois que l'ouest et l'est se rencontrent. Ne mentionne-t-on pas des émissaires indiens venus à la cour d'Auguste (avec un animal jamais vu alors : le tigre) ? La route de la soie (terrestre) et la route des épices (maritime) n'étaient donc pas inconnues, loin de là. La nouveauté tint au récit de Marco Polo et à l'immense popularité qu'il rencontra. En fait, Marco Polo permet de franchir la légende pour arriver au réel : Arthur appartient au mythe, Marco devient un mythe...

Mais là n'est pas le seul point d'intérêt géopolitique : en effet, particulièrement dans ce second album, Marco Polo se trouve auprès de Kubilaï Kan, le plus grand empereur de l'histoire puisqu'il eut le contrôle de 20 % des terres émergées, de Pékin à la Baltique, de l'Iran à la mer de Chine du sud. Cette domination ne pouvait durer que le temps d'un homme, or ce fut précisément à ce moment que Marco Polo parvint en Chine.

Le scénario est habilement construit pour montrer les intrigues de palais, l'échec de l'expédition contre le Japon (avec l'ouragan "kamikaze" qui détruisit la flotte chinoise), la tolérance envers les divers peuples de l'empire, les longues ambassades. Le dessin et la couleur sont très joliment construits et agrémentent la lecture. Il s'agit vraiment d'une BD et non d'un de ces vagues albums avec un pauvre scénario et un dessin étique. Le héros a des aventures de héros de BD : autrement dit, on n'a pas l'impression d'un ouvrage pédagogique, du genre de ceux qu'on offre aux enfants à Noël en se donnant bonne conscience ("Ben avec cette BD, ils s'éduqueront au moins"). Pour autant, il ne s'agit pas non plus d'un chef d'œuvre. Disons que c'est bien fait, très professionnel, plaisant à lire, mais que ça ne laisse pas un souvenir très ému.

Un bon moyen d'appréhender la vie de Marco Polo, ni plus, ni moins.

A. Le Chardon

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