Le cyberespace est souvent décrit en trois couches : physique (les matériels), logique (les logiciels) et sémantique (l’information qui circule dans le cyberespace). Les études sur la cyberconflictualité se concentrent le pus souvent sur la couche logique. Quasiment rien n’est dit sur l’action dans la couche sémantique. Or, celle-ci paraît absolument déterminante car elle constitue souvent l’objectif final de bien des cyberagressions.
Malgré les points communs, on ne peut réduire l’action dans la couche sémantique à la guerre de l’information ou à la communication stratégique : une cyberstratégie se dirige en premier lieu contre l’adversaire, même si cette action peut passer aussi par le « public ». Elle n’est pas non plus une simple « subversion » : la majorité des cyberagressions (le livre est fondé sur l’analyse d’une quarantaine de cas) combine des actions dans les trois couches et sont composites (espionnage, sabotage et subversion) avec quasiment systématiquement une part sémantique.
Ainsi, gagner le cyberconflit suppose bien sûr des calculs et des computations dans la couche logique. Mais il n’est pas un virus, pas un ver, pas un maliciel, aussi évolué soit-il, qui n’atteigne son but si la dimension sémantique a été omise du calcul stratégique. L’ambition de ce livre consiste bien à favoriser la prise en compte de cet enseignement.
Les auteurs
François Bernard Huyghe, Olivier Kempf et Nicolas Mazzucchi sont chercheurs à l’Institut des Relations Internationales et Stratégiques (IRIS), spécialisés en cyberstratégie et en géoéconomie. Ils ont écrit ce livre à l’issue d’une étude effectuée au profit du Conseil Supérieur de la Formation et de la Recherche Stratégiques (CSFRS).
Gagner les cyberconflits, au-delà du technique
O. Kempf