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Made in Sillicon Valley (D. Fayon)

A l’heure de la transformation numérique, réfléchir à ses origines paraît fort utile. En effet, nous assistons à une quatrième révolution informatique (après l’ordinateur individuel dans les années 80, l’Internet dans les années 90, le web 2.0 dans les années 2000), celle de l’ultra mobilité individuelle : Internet des objets, impression 3D, intelligence artificielle, Big Data, réalité augmentée, blockchain, chatbots, tels sont les mots commun de cette nouvelle vague qui n’est pourtant pas qu’une vague technologique, mais aussi une révolution de méthodes.

Chacun a entendu parler des GAFA, mais l’acronyme NATU est moins connu : Netflix, AirBnB, Tesla, Uber sont les stars de cette révolution. Toutes américaines, comme leur prédécesseurs. Car en même temps, alors qu’on voyait une Amérique géopolitique en déclin relatif (et l’élection de Donald Trump en a été un signe, surprenant mais éloquent), constatons que les Etats-Unis ont su dans le même temps trouver les ressorts d’un renouveau économique tout à fait surprenant, qui a su animer et tirer profit de cette révolution numérique.

Aussi, aller à la source de ce succès, creuser un peu plus loin que les deux minutes du reportage télé, tenter de percer les recettes de ces succès, voici œuvre utile. Elle a été menée par David Fayon, ingénieur français qui, par une opportunité de carrière, est parti trois ans aux Etats-Unis. Passionné de technologie (on lui doit une « Géopolitique de l’internet »), il a mis à profit cette expérience pour enquêter. Trois ans d’entretiens et de questionnements sur le terrain par un connaisseur du sujet : voici au fond l’immense intérêt de ce livre, qui est évidemment beaucoup plus profond et vivant que toute ouvrage de journalisme avec lequel on pourrait le confondre.

Il est structuré en dix chapitres : Fondamentaux de la société américaine (le lecteur averti n’y apprendra pas de grandes nouveautés, convenons-en, mais bon, il faut bien être pédagogique), les trois ères de l’informatique, les fondements américains d’innovation, la Sillicon Valley épicentre numérique du monde, les autres centres américains du numérique, les 9 fantastiques (GAFAM + NATU), les secteurs stratégiques, les autres terres d’innovation dans le monde, le combat numérique entre Etats-Unis et Asie, enfin un chapitre terminal intitulé « réflexions pour la France ».

L’écriture est limpide et soignée (ce qui est rare dans ses ouvrages technologiques) et elle est surtout un entrelac construit de faits, de commentaires et surtout de très nombreux entretiens avec des spécialistes du sujet traité : voici à mon sens l’immense avantage de cet ouvrage, celui de corroborer par des témoignages du terrain ce qui s’y passe. Ainsi, la comparaison entre les différents styles de management dans les Gafa m’a paru tout à fait unique.

De même, on a quelques aperçus originaux comme par exemple la stratégie du thé (p. 132-133), la modification du rapport au risque capitalistique (p. 172) ou le modèle BIS (pp. 201 sqq.) qui donneront plein d’idées. Car voici au fond la grande utilité de ce livre : donner des idées, que ce soit à des start-uppers, des business angels, des responsables de transformation digitale, des chefs d’entreprise, des conseillers en stratégie, des responsables publics. Pour aller plus loin que l’article que vous avez eu dans le dernier Point ou même dans le dernier Challenge.

Made in Silicon Valley Du numérique en Amérique , David Fayon, Pearson, 2017

O. Kempf

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